PRINCIPES DE LA SCIENCE SOCIALE
PAR M. H.-C. CAREY (De Philadelphie)
TRADUITS EN FRANÇAIS PAR MM. SAINT-GERMAIN-LEDUC ET AUG. PLANCHE
1861
CHAPITRE XIX :
CONTINUATION DU MÊME SUJET.
Notes de bas de page
1 Le mot absentee (absent) implique, en anglais, l'idée d'un propriétaire qui dépense ses revenus hors de son domaine, dans une autre résidence ; ce qu'on ne peut rendre par un seul mot. (Note des traducteurs). Retour
2 Voy. antérieurement, Chap. XVII, § 4, p. 482, relativement à cette assertion « que l'ouvrier doit d'être employé, à tout événement, aux pertes que subit celui qui l'emploie. » L'effet de ce système erroné, pour pervertir les idées, n'a jamais été démontré d'une façon plus évidente que dans le document auquel nous avons emprunté cette citation. Le raisonnement tout entier, en ce qui concerne le rapport entre le chef d'industrie et l'ouvrier, est précisément le même que nous trouvons dans les journaux de la Caroline ; et cependant, ce document a été publié par ordre de la Chambre des communes d'Angleterre ! Retour
3 Essai sur le principe de population, liv. I, chap. Ier. Retour
4 MILL père. Éléments d'économie politique, trad. par PARISOT, p. 57. Retour
5 « Après une certaine phase peu avancée dans le progrès de l'agriculture ; aussitôt qu'en réalité les hommes se sont adonnés à la culture avec quelque énergie et lui ont appliqué des instruments passables ; à partir de cette époque, la loi de la production résultant de la terre, est telle que dans tout état donné de la science agricole, en augmentant la somme du travail, le produit n'augmente pas à un égal degré ; en doublant celui-ci, on ne double pas celui-là ; ou pour exprimer la même idée en d'autres termes : tout accroissement de produit s'obtient par un accroissement plus que proportionnel dans l'application du travail à la terre. » MILL, John, Stuart. Principes d'économie politique, trad. par DUSSARD et COURCELLE-SENEUIL, tom. I, chap. XII, p. 203. Retour
6 JOHN STUART MILL. Principes d'économie politique, trad. par DUSSARD et COURCELLE-SENEUIL, tome I, chap. XII, p. 203. Retour
7 Revue d'Édimbourg. Octobre 1849. Retour
8 MAC CULLOCH. Principes d'économie politique, trad. par AUGUSTIN PLANCHE, tom : I, chap. x, p. 309. Retour
9 « Fonder un vaste empire dans la vue seulement de créer un peuple d'acheteurs et de chalands, semble, au premier coup d'oeil, un projet qui ne peut convenir qu'à une nation de boutiquiers. C'est cependant un projet qui accommoderait extrêmement mal une nation toute composée de gens de boutique, mais qui convient parfaitement bien à une nation dont le gouvernement est sous l'influence des boutiquiers. » (Richesse des nations, traduction du comte GERMAIN GARNIER, tome II, chap. VII, p. 243). A l'égard des mesures qui ont été adoptées pour mettre en pratique cette idée, et pour exalter le trafic aux dépens du commerce. Smith a exprimé son opinion dans les termes suivants : « Empêcher un grand peuple de tirer tout le parti qu'il peut de chacune de ses propres productions, ou d'employer ses capitaux et son industrie de la manière qu'il croit lui être la plus avantageuse, c'est une violation manifeste des droits les plus sacrés de l'espèce humaine. » (Ibid. p. 202). Retour
10 On trouvera le principal point d'accord entre Smith et ses partisans dans ses chapitres sur la Monnaie, où il a commis de graves erreurs. Retour
11 Dans les notes de son édition de la Richesse des nations, M. Mac Culloch dit à ses lecteurs « qu'il serait inexcusable » de leur faire perdre leur temps « en cherchant à prouver par des arguments l'avantage d'avoir les subsistances à bon marché. » Faciliter la production, continue-t-il, « et faire en sorte que les denrées soient à meilleur marché et s'obtiennent plus facilement, ce sont là les principaux motifs qui stimulent les facultés inventives et conduisent à la découverte et aux perfectionnements des machines et des procédés pour épargner le travail et diminuer le prix, p. 520. Les mots prix et coût sont traités ici comme s'ils se rapportaient à la même idée ; tandis que l'un se rapporte à la valeur du blé en argent, et l'autre à sa valeur, lorsqu'on mesure celle-ci par le travail. C'est précisément à mesure que les facultés inventives sont stimulées, que le premier s'élève, ainsi qu'on peut le constater en comparant la Pologne avec la France, ou l'Angleterre sous Georges I, avec la même Angleterre sous Georges III. C'est alors, conséquemment, que le second baisse, ainsi qu'on peut le voir en comparant la France d'aujourd'hui avec la France du temps de Louis XV, ou l'Angleterre actuelle avec l'Angleterre sous les Plantagenets. Plus sont nombreux les découvertes et les « perfectionnements des machines, moins sera considérable le coût des subsistances, plus sera grande la tendance à une hausse du prix et plus sera rapide le progrès dans le condition de l'homme. » Retour
12 Voy. plus haut, § 10, chap. VIII, p. 253. Retour
13 Dans un débat récent, à la Chambre des communes, il a été constaté que dans les établissements de blanchiment de toiles de l'Angleterre et de l'Écosse, les hommes, les femmes et les enfants étaient obligés de travailler, de seize à vingt heures par jour, et sous l'influence d'une température tellement élevée que très-souvent « les clous du parquet s'échauffaient et faisaient venir des ampoules aux pieds des individus employés dans les chambres, appelées ordinairement « chambres de mortalité » à raison de la mortalité exorbitante à laquelle elles donnent lieu. » Pour remédier à de pareils maux et protéger les travailleurs, particulièrement ceux auxquels leur âge, encore tendre, ne permet pas de se protéger eux-mêmes, et dont l'existence aujourd'hui, ainsi que l'a dit un des orateurs, « est dépensée absolument comme celle des bestiaux sur une ferme, » on proposa de restreindre le nombre des heures de travail ; mais le bill formulé à cet effet fut rejeté, après un discours de sir James Graham, discours dans lequel, ainsi que le verra le lecteur, le travailleur est regardé comme un pur instrument, que le trafic doit mettre en œuvre :
« Il est admis que l'industrie du blanchisseur de toiles est exposée à la plus rude concurrence de la part des rivaux étrangers, et qu'elle exige toute l'habileté et toute l'énergie du manufacturier anglais pour lutter contre elle avec succès. Il en est exactement de même que dans une arène, où doivent courir deux chevaux, doués s exactement des mêmes qualités ; si vous chargez l'un d'eux d'un poids de trois livres en sus, sa défaite est assurée ; il en est de même à l'égard de l'industrie. M. Tremenheere admet l'âpreté de cette concurrence, mais en même temps qu'il établit très-nettement que si vous suivez son conseil, les frais additionnels de production seront de 10 % et l'addition, au prix de vente, de 1 %, il soutient que c'est là une chose tout à fait insignifiante. C'est là, en matière d'industrie, une proposition tellement étonnante que je ne puis, pour cela seul, consentir à prendre M. Tremenheere pour guide. Si le résultat est tel qu'il l'affirme, d'ajouter 10 % au coût de production, je prédis immédiatement, que par un acte législatif, aussi précipité, aussi imprudent et extravagant, vous assurerez le succès de nos rivaux étrangers, dans cette branche d'industrie. » Retour