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1 novembre 2004 1 01 /11 /novembre /2004 10:58

PRINCIPES DE LA SCIENCE SOCIALE
PAR M. H.-C. CAREY (De Philadelphie)

henry_charles_carey.jpg

 

TRADUITS EN FRANÇAIS PAR MM. SAINT-GERMAIN-LEDUC ET AUG. PLANCHE

  1861

 

 

 

 

 

CHAPITRE IV :

DE L'OCCUPATION DE LA TERRE.

 

Notes de bas de page

 

 

Chimie animale, Ière part., §.14.             Retour

Manuel d'Économie politique, de Peshine Smith, traduit par Camille BAQUET, p. 44.45, Paris, Guillaumin, 1854, in-18.             Retour

3  L'auteur établit sa théorie dans les termes suivants :
« Lorsque des hommes font un premier établissement dans une contrée riche et fertile, dont il suffit de cultiver une très-petite étendue pour nourrir la population, ou dont la culture n'exige pas plus de capital que n'en possèdent les colons, il n'y a point de rente ; en effet, qui songerait à acheter le droit de cultiver un terrain, alors que tant de terres restent sans maître, et sont, par conséquent, à la disposition de quiconque voudrait les cultiver, etc… Si la terre jouissait partout des mêmes propriétés, si son étendue était sans bornes et sa qualité uniforme, on ne pourrait rien exiger pour le droit de la cultiver, à moins que ce ne fût là où elle devrait à sa situation quelques avantages particuliers. C'est donc uniquement parce que la terre varie dans sa force productive, et parce que, dans le progrès de la population, les terrains d'une qualité inférieure ou moins bien situés sont défrichés, qu'on en vient à payer une rente pour avoir la faculté de les exploiter. Dès que par suite des progrès de la société on se livre à la culture des terrains de fertilité secondaire, la rente commence pour ceux de la première qualité ; et le taux de cette rente dépend de la différence dans la qualité respective des deux espèces de terre, etc. Dès que l'on commence à cultiver les terrains de troisième qualité, la rente s'établit aussitôt pour ceux de la seconde, et est réglée de même par la différence dans leurs facultés productives. La rente des terrains de première qualité hausse en même temps, car elle doit se maintenir toujours au-dessus de celle de la seconde qualité, et cela en raison de la différence de produits que rendent ces terrains, avec une quantité donnée de travail et de capital, etc.—Les terres les plus fertiles et les mieux situées seront les premières cultivées, et la valeur échangeable de leurs produits sera réglée, comme celle de toutes les autres denrées, par la somme de travail nécessaire, sous ses diverses formes, depuis la première jusqu'à la dernière, pour les produire et les transporter jusqu'au lieu de la vente, etc. — Lorsqu'une terre de qualité inférieure est soumise à la culture, la valeur échangeable du produit brut haussera, parce qu'il faut plus de travail pour la production de celui-ci. »
(RICARDO, Principes de l'Économie politique et de l'impôt, ch. 2. — Collection des principaux économistes, t. XIII. Paris, Guillaumin, 1847.)             Retour

4  Sur la carte du Genesee, publiée en 1790, on trouve indiquées les circonscriptions territoriales établies ; et ces circonscriptions, ainsi qu'on peut le voir, existent à la jonction ou près du point de jonction des rivières de Canisteo, de Cahoctin et du Teoga, à l'endroit où est situé Corning, aux environs d'Hornellsville et à la Source du Canisteo, etc., etc. (Voy. Histoire des documents relatifs à New-York, t. II (édit. in-8°), p. 1,111.)             Retour

5  Le lecteur peut s'en convaincre en se reportant à la carte du Jersey oriental, dressée en 1682, et dont on vient de publier une nouvelle édition.             Retour

6  Voyez la carte d'Holme, publiée en 1681, et dont il a paru dernièrement une nouvelle édition.             Retour

7  Dans les pays assez civilisés pour admettre la construction de canaux et de chemins de fer, chacun est à même de vérifier le fait, en observant le contraste que présente l'aspect des terres qui bordent leur parcours, et de celles qui avoisinent les anciennes grandes routes. On constatera presque toujours que ces dernières gravissent le sommet de chaque colline qui se trouve dans le voisinage de leur direction générale, lors même, qu'au point de vue de la distance, il n'y a point d'économie à passer sur la hauteur au lieu de contourner sa base. On remarque ordinairement que la longueur du chemin de fer, reliant deux villes très-éloignées l'une de l'autre, est moindre que celle des anciennes routes qui formaient la route de voyage avant la construction de ce dernier, bien qu'il soit soumis à des conditions qui lui interdisent d'abréger la distance, au moyen de l'augmentation des pentes, beaucoup plus que la route ordinaire suivie par les voitures. Mais la grande route est bordée de champs cultivés et de maisons ; elle avait été faite pour faciliter les communications entre celles-ci ; elle avait été tracée par les pieds des hommes avant d'être achevée par l'agent-voyer ; et le but pour lequel elle avait été construite l'a forcée de suivre la direction prise par la population, sans tenir compte de la peine que sa pente rapide donnerait aux attelages destinés à la parcourir. Au contraire, la voie ferrée est tracée par des ingénieurs pour lesquels le problème à résoudre consiste, à réduire à son minimum la force applicable à la traction de lourds fardeaux, eu égard à la distance et à la pente. Elle plonge à travers les marais et les forêts, comme si elle voulait fuir les habitations des hommes. Au moment opportun, celles-ci s'élèveront parallèlement à elle ; car elle a fait dessécher les marais et pénétrer la lumière du soleil au sein des sombres forêts ; mais à l'ouverture d'une voie ferrée nous sommes frappés, ordinairement, de voir juxta-posés ce chef-d'oeuvre de l'industrie et les merveilles de la nature la plus sauvage. (Peshine Smith, Manuel d’économie politique, trad. par Camille BAQUET, p. 54. Paris, Guillaumin, 1854, in-18.)             Retour

8  L'extrait suivant d'un article inséré dans le « Merchant's Magazine » nous offre des faits si nombreux à l'appui du système d'opérations adopté dans toute l'étendue des États-Unis, qu'on ne peut guère manquer de le lire avec intérêt :
« La proposition proclamée par M. Carey (contrairement aux théories admises depuis longtemps, de Ricardo et de Malthus) et soutenue récemment par M. Peshine Smith dans son Manuel d'économie politique, à savoir que les pionniers occupent d'abord les terrains de qualité inférieure, est un fait qui frappe, dans toute l'étendue de la région de l'Ouest, au Sud et au Nord. On trouve toujours les plus anciens établissements sur les terrains où le bois est clair-semé et sur les collines comparativement stériles, sur les prairies desséchées des hautes terres. Les plaines sablonneuses et les solitudes couvertes de pins de la Géorgie, de l'Alabama, de la Floride et de l'État du Mississipi reçurent les premiers émigrants. Les premières habitations du Texas furent construites sur les prairies des hautes terres, parsemées de leurs flots de bois, qui offraient au bétail des pâturages sans limites et que recouvraient çà et là quelques petites pièces de blé. La fumée qui s'éleva des premières huttes construites sur les bords du Mississipi sortait des roches et des pentes escarpées de ses rives, dans le voisinage desquelles se trouvent aujourd'hui les terrains les plus ingrats. Dans l'État d'Arkansas et dans celui du Missouri, on trouve les premiers colons au milieu des terres boisées de pins et des hauteurs, vivant encore à l'état de chasseurs ; leur civilisation et leurs terres ne sont guère plus améliorées (si toutefois elles le sont) qu'au jour où ils devinrent des Squatters. Sur l'Ohio, la vérité de cette situation apparaît plus manifestement. Les premiers pionniers choisirent Wheeling, Marietta, Limestone, North-Bend et Vevay comme emplacements primitifs pour des villes, dans les parties agricoles les plus pauvres, sur les bords de la rivière ; et la première population fixée le long de la rivière, dans tout son parcours, se répandit sur les hauteurs et défricha ses premiers champs et ses premiers petits morceaux de terre, sur le sol maigre des hautes terres couvert de chênes rabougris. Dans cette région, vingt acres ne valent pas un acre des riches terrains bas que les premiers colons dédaignèrent, à un prix qui ne dépassait guère la rétribution allouée à l'arpenteur pour fixer les bornages. Et maintenant, sur toute l'étendue du Bas-Ohio, on voit la cabane déserte du colon tombant en ruine, à côté de quelque source jaillissante ; le petit morceau de terre qu'il a défriché est encombré aujourd'hui de ronces et de buissons, et entouré d'une forêt déserte et silencieuse, comme le jour où pour la première fois ses échos furent troublés par le retentissement de la hache du bûcheron. Ou, si elle est encore habitée, elle est bornée par un petit champ de maïs à l'aspect maladif, dont le sol est trop ingrat pour engager le spéculateur à entrer dans la demeure du Squatter, qu'il aperçoit la tête encore couverte d'un bonnet en peau de lapin et portant à ses pieds des mocassins.
Sur les âpres penchants des collines de ce pays, on voit, par centaines, ces monuments abandonnés et en ruines de la présence des premiers pionniers. George Ewing, frère de l'honorable Thomas Ewing, de l'Ohio, fut un des premiers qui s'établirent dans cette région et s'y fixa, alors qu'il pouvait choisir entre les meilleurs terrains d'alluvion, sur un terrain qui, à cette heure, ne vaut guère plus que le prix auquel il en fit l'acquisition, du gouvernement, il y a quarante ans ; et le champ où il a enseveli les père et mère d'un des hommes les plus éminents de son pays reviendra bientôt à son état sauvage primitif. Et pourtant George Ewing était un homme doué d'intelligence, de sagacité et d'un jugement sain ; et bien que d'un esprit moins cultivé, il n'était pas, sous le rapport des facultés naturelles, inférieur à son frère. Ce fut lui qui, aidé de son père, traça le premier sentier où put passer un charriot, et il fut aussi l'un des premiers blancs qui traversèrent l'Ohio. Il se fixa d'abord dans le voisinage de la riche vallée de Muskingum, puis en vue des terres fertiles du Scioto, et il alla chercher successivement les régions les plus riches de l'Ohio, du Kentucky et de l'Indiana, devançant toujours le flot de l’émigration, lorsqu'il pouvait choisir d'abord tous les terrains situés sur les bords de la rivière ; et cependant, à sa mort, il n'y avait pas une acre de terre en sa possession qui valût le double du prix qu'il l'avait payé au gouvernement. Ce sont là des faits remarquables dans l'histoire des premiers colons, et qu'il est difficile d'expliquer autrement que par les motifs que leur assignent Carey et Smith. »             Retour

9  Beaucoup de petites parcelles de terrain, connues sous le nom de prairies humides il y a quinze ans, et dédaignées par le premier colon, ont été desséchées parce qu'on les a ensemencées chaque année, et qu'on y a fait paître des animaux domestiques, sans qu'on ait employé d'autre drainage que celui qui s'est opéré naturellement, ni d'autre moyen que d'y laisser pénétrer le soleil et l'air atmosphérique, en détruisant le rempart inaccessible des hautes herbes des fondrières (slough-grass).
Les prairies sèches se ressemblent généralement beaucoup par leur aspect quant à la surface. On voit partout des petites portions de prairie plate, mais ce qui constitue une prairie sèche, c'est qu'elle doit être onduleuse. Au milieu des vagues de cet immense océan de gazon magnifique, oeuvre de Dieu, se trouvent des fondrières, la terreur du premier émigrant et la plus grande richesse de son successeur. Car elles lui fourniront souvent de l’eau, et toujours, et infailliblement, elles lui donneront un pré naturel d'une excessive fécondité. Ces fondrières sont les moyens de drainage de la prairie sèche. Elles sont, en général, presque parallèles, et le plus souvent presque à angle droit relativement au cours des rivières ; elles se trouvent à une distance de 40 à 50 perches l'une de l'autre, et ont souvent une étendue de plusieurs milles. Le sol de la prairie sèche a souvent, dans nette région, de 10 à 12 pouces d'épaisseur, celui de la prairie humide est généralement bien plus profond, et l'alluvion, comme dans tous les autres pays, d'une profondeur irrégulière et souvent étonnante. (Procès-verbaux de la Société pomologique. Syracuse, 1849.)             Retour

10  Le bas Mississipi est entouré de chaque côté par une vaste ceinture de terrains peu élevés connus sous le nom du Marais (the swamp). A Memphis, à l'angle sud ouest du Tennessee, la falaise arrive jusqu'au bord oriental de la rivière et ensuite, s'en éloignant vers l'est, ne revient à la rivière que dans les environs de Natchez.
Tandis que la partie montagneuse du pays a été défrichée, et que des établissements s'y sont formés avec cette rapidité qui caractérise les progrès des États de l'Ouest, le Marais, malgré sa fertilité incomparable, est resté pour ainsi dire un désert. Le hardi planteur qui, abandonnant les terrains épuisés de la Virginie ou les Carolines, cherche une localité où le sol puisse récompenser plus libéralement les travaux du cultivateur, tremble d'exposer ses esclaves aux miasmes délétères des lagunes stagnantes, et aux fatigues à endurer pour détruire cet amas de ronces aussi dures qu'un fil métallique. En quelques endroits, il est vrai, de riches fermiers, qui ont résolument et patiemment affronté de pareils dangers et de pareils obstacles, ont réussi à créer des fermes magnifiques, où le rendement d'une balle de coton par acre n'est qu'une récolte ordinaire. Malheureusement une crue d'eau vient souvent submerger toute l'exploitation, couvrent les champs de bois entraîné par les flots, emportant dans sa course les bestiaux et ne laissant que des ruines après le travail d'une année. Mais le Marais a d'autres habitants qui, heureusement pour eux, se trouvent placés dans une position plus indépendante, puisqu'ils ne doivent rien à la fortune, et que, par conséquent, on ne peut s'attendre à ce qu'ils aient aucun tribut à lui payer ; ce sont les bûcherons, les déchargeurs, les trappeurs, les chasseurs d'abeilles et les chasseurs d'ours, et les pêcheurs, qui ont bâti leurs cabanes près de quelque lac ou de quelque bayou et qui, tranquilles sur leurs moyens d'existence tant que flottera sur l’eau ce qu'ils en ont retiré, et tant que leurs bras pourront manier la hache et le mousquet, suivent tout à fait à la lettre le précepte de l'Écriture, et n'ont aucun souci du lendemain. (Correspondance de la Tribune de New-York.)             Retour

11  Il n'existe probablement pas au monde une portion de terre plus riche que celle de la Basse-Virginie et de la Caroline du nord, dont le marais Terrible forme une partie, mais qui, par cette raison même ne peut, quant à présent, être soumis à la culture. Voici la description que nous en trouvons dans un article récent de la Tribune de New-York:
« Entre Norfolk et la mer, à l'est, se trouve le comté de la Princesse Anne, ne présentant aucune élévation qui puisse s'appeler colline, mais couvert de marais et de lagunes. Le comté de Norfolk est situé au sud de la ville, et comprend le marais Terrible qui se prolonge dans la Caroline du nord ; et au-delà, à 40 ou 50 milles, on trouve le comté, voisin de la cité d'Élisabeth, sur le détroit d'Albemarle, pays entièrement bas et coupé par des criques, des lagunes et des marais d'eau salée. A l'ouest du comté de Norfolk est celui de Nansemond, pays tellement bas et plat que les bateaux à vapeur remontent la rivière de Nansemond, et qu'en pratiquant de légères tranchées dans la terre, on peut leur faire traverser tout le comté. Au nord-ouest de celui-ci, l'île du comté de Wight s'étend de la rivière James à la rivière Noire, formant une branche du Chowan ; et cette île, ainsi que le comté de Southampton, qui est le plus rapproché à l'ouest, est formée du même terrain plat et sablonneux, de marais et de ruisseaux stagnants. Quelquefois la couche superficielle est sablonneuse, et immédiatement au-dessous de celle-ci on trouve un lit de boue fétide, donnant de l'eau de puits qui n'est pas bonne à boire. Tout ce pays est couvert de marne. Si l'on traverse la baie septentrionale de Norfolk, la ville d'Élisabeth domine le point de la péninsule formé par les eaux de la baie, le Hampton-Ronds et le Back-Bay, et se trouve presque au niveau de l'eau. En remontant la rivière de James qui, en certains endroits, a une largeur de plusieurs milles, l'eau est très-peu profonde sur les bords, qui sont parfois légèrement élevés. Les bois de haute-futaie qui croissent sur les terrains élevés sont surtout le chêne et le pin ; puis l'érable, le frêne, l'orme, le cyprès et autres bois de marécage sur les terrains bas, ainsi que de nombreuses pousses de buissons de marais. »             Retour

12  La plaine étroite qui s'étend le long de la côte (tels sont les termes dont se sert Murray dans son Encyclopédie géographique, à l'article MEXIQUE) est un espace de terrain où les plus riches productions des tropiques croissent avec une exubérance à laquelle on ne peut guère rien comparer. Et cependant, tandis que la végétation du climat est si riche et se développe sous des formes magnifiques et gigantesques, elle est presque infailliblement funeste à la vie animale ; deux résultats qui, suivant Humboldt, sont pour ainsi dire inséparables dans ce climat. Les Espagnols, épouvantés par cette atmosphère pestilentielle, « n'ont fait de cette plaine qu'un passage pour arriver à des districts situés dans des lieux plus élevés, où les Indiens indigènes aiment mieux soutenir leur existence par de pénibles travaux de culture que de descendre dans les plaines, où tout ce qui contribue au bien-être de la vie se trouve libéralement et spontanément prodigué par la nature. — Dans toute l'étendue du Mexique et du Pérou, les traces d'une civilisation avancée sont confinées sur les plateaux élevés. Nous avons vu, sur le sommet des Andes, les ruines de palais et de thermes à des hauteurs variant entre 1,600 et 1,800 toises (10,230 à 11,510 pieds anglais). HUMBOLDT.             Retour

13  « La totalité de l'immense territoire de Costa-Rica, à l'exception des vallées supérieures que j'ai citées, forme une forêt impénétrable, connue seulement des animaux carnassiers qui parcourent ses profondeurs, inaccessibles au soleil, et de quelques peuplades indiennes indépendantes ; mais cette forêt recèle des richesses qui se trouveront inépuisables, le jour où les ressources naturelles du pays se seront développées, par suite de l'immigration, sur une grande échelle, d'une race d'hommes plus robustes. Le sol est d'une fertilité merveilleuse et renferme dans son sein quelques mines très-riches. Mais les immigrants ne doivent pas oublier que si cette fécondité est un garant de la richesse qu'ils peuvent acquérir, elle atteste en même temps les obstacles considérables contre lesquels ils auront à lutter. En effet, elle est produite par l'extrême humidité de l'atmosphère et par les pluies continuelles qui durent sept mois dans les parties colonisées du pays ; et que l'on peut dire durer toute l'année, dans les districts qu'ils devront arracher à l'état de désert. » (Correspondance de la Tribune de New-York.)             Retour

14  « Des inondations, s'élevant à une hauteur de 40 pieds et au-delà, sont fréquentes à cette époque de l'année dans les grands fleuves de l'Amérique du sud ; les ilanos, de l'Orénoque sont transformés en une mer intérieure. Le fleuve des Amazones inonde les plaines qu'il traverse sur une vaste étendue. Le Paraguay forme des lagunes qui, ainsi que celles des Xarays, ont plus de 300 milles de long, et filtrent insensiblement pendant la saison de sécheresse. (GUYOT, La Terre et l'Homme, p. 136.)             Retour

15 Sur l'autre côté des Andes, le changement est complet. Ni la mousson, ni ses vapeurs n'arrivent aux côtes occidentales. A peine les plateaux du Pérou et de la Bolivie profitent-ils de ses avantages par les tempêtes qui éclatent aux limites des deux atmosphères. La côte de l'Océan Pacifique, de Punta-Parina et d'Ametope, jusqu'à une distance considérable au-delà des tropiques, de l'équateur au Chili, est à peine rafraîchie par les pluies de l'Océan […] La sécheresse et la solitude du désert sont leur partage, et sur le bord des mers, en vue des flots, ils en sont réduits à envier aux contrées voisines du centre du continent, les dons que l'Océan leur refuse tandis qu'il les prodigue à d'autres. (Ibid., p. 151.)             Retour

16  MAC CULLOCH. Dictionnaire géographique.             Retour

17  GAN EDEN. Tableau de Cuba, p. 234.             Retour

18  Encyclopédie géographique. Article BRÉSIL.             Retour

19  Revue d'Édimbourg. Janvier 1851. Articles DEVON ET CORNOUAILLES.             Retour

20  Les Celtes, les Romains et les Saxons, p. 87.             Retour

21  Telles sont les terres décrites par Éden, il n'y a pas encore soixante ans, comme « formant les tristes pacages des oies, des porcs, des ânes, de chevaux à moitié élevés et de bestiaux presque mourant de faim, » et qui s'étendaient alors sur un espace de plusieurs milliers d'acres, mais qui n'avaient besoin que d'être entourées de clôtures et soignées, pour devenir aussi fertiles et acquérir une aussi grande valeur qu'aucune de celles aujourd'hui mises en culture. La plupart du temps, toutefois, il est clair que la culture s'est développée sur des terrains si complètement dépourvus de valeur que, même aujourd'hui, malgré tous les progrès de l'ère moderne, on ne peut les rendre productives, ainsi qu'on le verra par l'extrait suivant d'un ouvrage que nous avons déjà cité :
« Dans une grande partie de l'Angleterre, nous trouvons des indices évidents d'une culture ancienne appliquée à la terre, culture qui est aujourd'hui commune et est sans doute restée abandonnée pendant plusieurs siècles ; il n'est pas impossible qu'elle ait été l'oeuvre de la charrue romaine… » — M. Bruce a observé des traces analogues sur les terrains en friche du Northumberland, et c'est probablement avec raison qu'il les attribue aux Romains. (Ibid., p. 206.)             Retour

22  Si nous jetons les yeux sur la carte de la Grande-Bretagne, sous l'empire romain, nous voyons des étendues considérables de terre que semblaient fuir les grandes routes, et sur lesquelles il ne parait pas avoir existé de villes. C'étaient des districts forestiers représentés, au moyen âge par les forêts giboyeuses de Charnwood, Sherwood, etc. Plusieurs des plus considérables étaient hantées par des sangliers, quelques-unes même par des loups (Ibid., p. 207).             Retour

23  La contrée marécageuse du duché de Cambridge est aujourd'hui si bien drainée que la presque totalité du sol a acquis une très-grande valeur et donne d'abondantes récoltes de froment… Lorsque nous contemplons ce spectacle, nous ne pouvons nous empêcher d'être frappés du succès qui a suivi l'application d'une habileté considérable, d'une énergie et d'une persévérance consommées, à la mise en oeuvre, au profit de l'agriculture, de cette immense étendue de terrain jadis presque sans valeur. (Encyclopédie britannique. Nouvelle édition.)             Retour

24  Progrès de la nation, p. 155.             Retour

25  C'est ainsi que les choses se passent à l'égard de deux villes dont l'une s'appelle Over-Combe, dans laquelle résident les yeomen, qui s'occupent de cultiver et d'exploiter le terrain situé sur la hauteur, et l'autre Nether-Combe, habitée par les individus qui doivent concourir à la fabrication du drap, tels que tisserands, foulons, teinturiers et autres artisans. (William Worcester, écrivain qui vivait entre 1450 et 1465, cité dans l'Histoire du château de Combe, par Scrope.)             Retour

26  Si l'on compulse les livres censiers (documents sur l'impôt foncier et autres) des anciens temps, on constatera qu'en même temps que la terre compacte (la terre à blé et à fèves) est demeurée stationnaire, ou plutôt a perdu de sa valeur, la terre légère, ou ce qu'on appelle la terre ingrate, a haussé considérablement par suite d'un système perfectionné d'exploitation agricole. (Rapport des commissaires sur la loi des pauvres.)             Retour

27  On trouve encore d'autres preuves, et qui ne sont pas moins intéressantes, de l'existence d'une ancienne population, dans les coins reculés des highlands de l'ouest, où les Écossais Dalriadiques formèrent, pour la première fois, un établissement, sur le territoire qui a porté leur nom pendant plusieurs siècles.... Dans plusieurs districts du même voisinage, et particulièrement au milieu des scènes qui ont emprunté un nouvel intérêt à cette circonstance, que le grand Campbell y a passé une partie de ses premières années, le voyageur curieux peut reconnaître sur les hauteurs, au milieu des « bruyères désolées, des indices de ce fait, qu'il y a existé une culture avancée à une époque antérieure, culture bien supérieure à celle qui apparaît aujourd'hui dans cette région. Le sol, sur le penchant des collines, semble avoir été contenu par des murs de pygmées, et ces singulières terrasses se rencontrent souvent à de telles hauteurs qu'elles doivent donner une idée très-vivante de l'espace occupé et de l'industrie développée par une ancienne population, dans les mêmes lieux où de nos jours le pâturage brouté par quelque gros bétail engage seul à revendiquer la propriété du sol. Dans d'autres districts, on peut encore suivre la trace des sillons à moitié effacés, sur les hauteurs qui ont été abandonnées pendant plusieurs siècles au renard et à l'aigle. Des indices d'une ancienne population, ajoute l'auteur, se rencontrent dans de nombreuses parties de l'Écosse et ont enfanté la superstition « des sillons hantés par les Elfes, » nom sous lequel ils sont généralement connus. (WILSON, Annales antéhistoriques de l'Écosse, p. 74 )             Retour

28  On distingue encore des traces nombreuses de ces habitations primitives creusées dans la terre sur la mousse de Leuchar, dans la paroisse de Skene, et dans d'autres localités du comté d'Aberdeen, sur les bords du Lock-Fine, dans le comté d'Argyle, dans les comtés d'Inverness et de Caithness, et quelques autres districts de l'Écosse, qui ont jusqu'à ce jour échappé à l'invasion de la charrue. (Ib., p. 123.)             Retour

29  Sur l'une des landes les plus sauvages, dans la paroisse de Tongland, dans le Kirkenbrightshire, on peut voir un spécimen semblable ; il consiste en un cercle de onze pierres, avec une douzième au centre de dimension plus considérable, l'éminence formée par le tout apparaissant un peu au-dessus de la mousse. (Ib., p. 116.)             Retour

30  Le Morvan, territoire contenant cent cinquante lieues carrées, à travers lequel, il y a à peine quarante ans, on ne trouvait ni une route royale, ni une route départementale, ni même un seul chemin de grande vicinalité en bon état. Point de pont, quelques arbres bruts, à peine équarris, jetés sur les cours d'eau, ou, plus ordinairement, des pierres disposées ça et là pour passer les ruisseaux. Ainsi, cette contrée, au cœur de la France, était une véritable impasse pour tous les pays voisins, une sorte d'épouvantail pour le froid, la neige, les aspérités du terrain, la sauvagerie des habitants, un vrai pays de loup, dans lequel le voyageur craignait de s'engager. Et cependant cette même contrée, jadis partie intégrante de l'État des Éduens, avait suivi les progrès de ce peuple ami et allié des Romains, le plus civilisé de la Gaule et dont la capitale (Autun) avait mérité le titre de soeur et émule de Rome (Soror et oemula Romae). Il était sillonné par de belles voies militaires dont on rencontre encore de longs vestiges parfaitement conservés ; on y découvre fréquemment des médailles antiques, des ruines d'anciennes résidences, largement distribuées, ornées de sculptures dont on retrouve les fragments, et parquetées avec des mosaïques qui révèlent la magnificence de leurs anciens maîtres. On peut en apprécier le mérite par la belle mosaïque d'Autun (Bellérophon terrassant la Chimère), transportée récemment à Paris et à Londres, et celle du Chaigneau, au milieu des bois de Chastellux. La multiplicité et la perfection de ce genre d'ouvrages attestent une grande opulence et une recherche exquise, fruits d'une antique civilisation détruite par les temps de barbarie, et que la civilisation moderne est loin d'avoir égalées (Journal des économistes. Décembre 1852. Article de M. Dupin aîné.)             Retour

31  « Ces individus, habitant le pays situé entre la Méditerranée, le Rhône et la Garonne, pour la plupart vassaux du comte de Toulouse, surpassaient de beaucoup en civilisation, aux douzième et treizième siècles, toutes les autres parties de l'ancien territoire gaulois. On y faisait un plus grand commerce avec les ports de l'Orient (où la signature de leur comte avait plus de créait que le sceau du roi de France). Les villes de ce pays jouissaient de la constitution municipale et même avaient l'apparence extérieure des républiques italiennes. Ils possédaient la littérature la plus raffinée de toute l'Europe, et leur idiome littéraire était classique en Italie et en Espagne. Chez eux, le christianisme, ardent et même exalté, ne consistait pas dans une foi implicite aux dogmes et dans l'observance, en quelque sorte machinale, des pratiques de l'église romaine. […] Pour arrêter cette contagion intellectuelle, il ne fallait rien moins que frapper le peuple en masse, et anéantir l'ordre social d'où provenaient son indépendance d'esprit et sa civilisation. De là la croisade contre les Vaudois et les Albigeois, qui aboutit à l'incorporation de ces provinces au royaume de France, la plus désastreuse époque dans l'histoire des habitants de la France méridionale. La vieille civilisation de ces provinces, dit en continuant M. Thierry, reçut un coup mortel par leur réunion forcée à des pays bien moins avancés en culture intellectuelle, en industrie et en politesse. » (Histoire de la conquête de l'Angleterre par les Normands, par Augustin THIERRY, t. IV, 4ème édit. Paris, J. Tessier, 1836.)             Retour

32  Journal des Économistes. Novembre 1855, p. 210.             Retour

33  La raison de ce fait nous est ainsi démontrée, avec la plus grande exactitude, par l'un des voyageurs les plus éclairés de nos jours, qui a étudié avec une extrême attention chaque partie de la péninsule scandinave :
« Quel motif, dit-il, aurait pu pousser une population d'émigrants, venue du Tanaïs (le Don), sur les rives duquel la tradition fixe primitivement leur séjour, à se diriger vers le nord après avoir atteint les bords méridionaux de la Baltique, à traverser la mer pour s'établir sur les rochers déserts et inhospitaliers et sous l'âpre climat de la Scandinavie, au lieu de se répandre sur les pays plus favorisés du ciel, au sud de la Baltique ? — Nous faisons une appréciation erronée des facilités comparatives qui existaient pour se procurer les subsistances, aux premiers âges du monde, dans les pays septentrionaux et dans les pays méridionaux de l'Europe. Si une peuplade de Peaux-Rouges, sortie des forêts de l'Amérique, eût été transportée tout à coup, du temps de Tacite, dans les forêts de l'Europe situées au-delà du Rhin, où auraient-ils trouvé, vivant dans ce qu'on appelle l'état de chasseur, c'est-à-dire dépendant pour leur subsistance des productions spontanées de la nature, où auraient-ils trouvé, disons-nous, répandus avec profusion les moyens et les facilités de pourvoir à leur existence ? Incontestablement dans la péninsule Scandinave coupée par d'étroits bras de mer, par des lacs et des rivières regorgeant de poissons, et dans un pays couvert de forêts où abondent non-seulement tous les animaux de l'Europe qui servent à la nourriture de l'homme ; mais encore où l'on peut, dans les nombreux lacs, rivières, étangs et précipices de ce parc de chasse, se les procurer et les atteindre, avec bien plus de facilité qu'au milieu des plaines sans bornes sur lesquelles, depuis le Rhin jusqu'à l'Elbe, et de l'Elbe à la Vistule, il faudrait cerner les animaux sauvages pour les arrêter dans leur fuite. » (LAING, Chroniques des Rois de la mer. Dissertation préliminaire, p. 39.)             Retour

34  Le gouvernement de Pskow occupe le neuvième rang relativement à l'étendue relative de son territoire cultivable, tandis qu'à raison de la mauvaise qualité du sol, il est l'un des plus pauvres par rapport à ses forces productives. D'un autre côté, les gouvernements de Podolie, de Saratow et de Wolhynie, qui constituent les parties les plus fertiles de l'Empire, occupent un rang bien inférieur à beaucoup d'autres, si l'on considère l'étendue de leur territoire cultivé. (TEGOBORSKI, La Russie, t. I, p. 131).             Retour

35  Révélations sur la Russie, t. 1. p. 355.             Retour

36  TACITE, Moeurs des Germains, ch. 43.             Retour

37  « Cette étendue ressemble en réalité au grand Océan solidifié. De lieue en lieue elle se déroule avec une triste uniformité qui oppresse l'âme, et que n'interrompt la vue ni d'un village, ni d'une maison, ni d'un arbre. Le nom sous lequel cette plaine est connue est celui de Puszta, qui veut dire vide ; et ce nom la peint fidèlement. Elle est aride, nue et désolée, et l'on n'y rencontre même pas un seul ruisseau. Çà et là se dresse contre le ciel la longue perche d'un puits à poulie, semblable au bras d'un fantôme ou au mât d'un navire échoué. Parfois un troupeau de bestiaux erre à l'aventure cherchant quelqu'herbage et gardé par les pâtres de la montagne. Le seul autre signe qui révèle la vie, c'est une grue ou une cigogne, se tenant sur une seule patte au milieu d'un marais blanchi par la soude pulvérulente, ou un vautour tournant dans les airs en quête d'une proie. Un silence profond règne sur la plaine, et lorsqu'il est interrompu par la voix du pâtre ou le mugissement des bestiaux, le son fait tressaillir ; car il part, on ne sait d'où, porté sur les ailes du vent Ses habitants sont des Hongrois purs et sans mélange, du même sang que ces Magyares qui, partis des plaines du fond de l'Asie, erraient dans ces régions cherchant de nouveaux champs et de nouveaux pâturages. Tout homme est cavalier et capable d'être soldat, ou prêt à le devenir pour la défense de son pays. Les habitants de la Puszta sont des pâtres qui conduisent, de pâturage en pâturage, de grands troupeaux de chevaux, de buffles, de taureaux blancs comme la neige, de moutons et de porcs, et qui vivent toute l'année sous la voûte des cieux. Les plus sauvages parmi ces hommes sont les porchers, et leur qualité distinctive la plus considérée est d'être des champions redoutables. Par dessus tout, ils sont les héros de la plaine, et leurs plaisirs mêmes sont belliqueux et sanguinaires. »             Retour

38 Bruce, Lettres sur la Hongrie, N. 12.             Retour

39  Gregorovius, La Corse, p. 143.             Retour

40  Ibid., p. 144.             Retour

41  Grote, Histoire de la Grèce, t. III, p. 368.             Retour

42  Grote, Histoire de la Grèce, t. II, p. 108.             Retour

43  Leake, Voyages en Morée, t. Il, p. 366.             Retour

44  Voyez Hooke, Journal d'un voyage d’Himalaya.             Retour

45  Chronique des Rois de la Mer, Saga 1.             Retour

46  Revue d'Édimbourg. Janvier 1851. Articles DEVON ET CORNOUAILLES.             Retour

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