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29 juin 2008 7 29 /06 /juin /2008 15:00
    D'abord, cet article de dimanche soir sur lefigaro.fr, pour vous donner le contexte et l'esprit du moment :


 L'Iran prévoit de creuser 320.000 tombes

J.B. (lefigaro.fr) Avec AFP
29/06/2008 | Mise à jour : 20:06 |

Selon un membre de l'état-major, il s'agirait d'une mesure de précaution dans l'éventualité d'une attaque contre le pays.

L'Iran semble se préparer à l'éventualité d'une attaque contre son territoire. Le général Mir Fayçal Bagherzadeh, membre de l'état-major des forces armées iraniennes, a annoncé que son pays avait en effet prévu de creuser 320.000 tombes dans ses provinces frontalières pour les «soldats ennemis», au cas où le pays serait agressé. Le général était cité dimanche par l'agence semi-officielle Fars.

«En application de la convention de Genève (...) sur les situations de guerre et conflits armés, les mesures nécessaires ont été prises pour enterrer les soldats ennemis (...) et il a été prévu de creuser entre 15.000 et 20.000 tombes dans chacune des provinces frontalières (...) soit au total 320.000 tombes», a ainsi expliqué le général Bagherzadeh. Il a ajouté qu'en cas de nécessité, des «tombes communes» seraient prévues.

Le général iranien a ajouté qu'il «fallait diminuer la peine des familles des soldats tués dans le cas d'une éventuelle agression contre notre pays (...) et empêcher la répétition de la longue et amère expérience de la guerre du Vietnam».

Israël «à portée de missiles»

Cette déclaration intervient alors que les responsables américains ont toujours affirmé que toutes les options étaient sur la table pour arrêter le programme nucléaire iranien et que des responsables israéliens ont évoqué la possibilité d'une attaque contre les installations nucléaires du pays. Ainsi l'ancien chef du Mossad (services secrets israéliens), Shavtaï Shavit, a déclaré qu'Israël avait un an pour détruire les installations nucléaires iraniennes, sinon il risquait d'être la cible d'une attaque à l'arme atomique de la part de l'Iran, dans une interview au
Sunday Telegraph. «Le pire des scénarios est que Téhéran possède l'arme nucléaire d'ici environ un an. Le temps qui reste pour y faire face ne cesse de se réduire», a-t-il affirmé.

En Iran, le chef des Gardiens de la Révolution, le général Mohammad Ali Jafari, a lancé samedi une mise en garde à Israël, soulignant qu'en cas d'agression, l'Etat hébreu se trouvait «à portée des missiles de la République islamique».

L'Iran et l'Occident s'opposent sur le programme nucléaire de la République islamique. Les Etats-Unis et Israël, entre autres, accusent Téhéran de chercher à acquérir l'arme nucléaire sous couvert de programme civil, ce que ce dernier réfute.
.

    Ensuite, cette information, dont l'existence m'a été rapportée par Kévin :
    Un énorme rassemblement a eu lieu samedi à Villepinte, organisé par le Conseil National de la Résistance Iranienne, front officiel de l'Organisation des Moudjahidine du Peuple Iranien (OMPI) de Maryam Radjavi.
    Le relais médiatique donné à cet évènement a été assez disproportionné, si l'on considère l'intérêt et l'histoire de cette organisation, comme le montrent les différents articles suivants :



samedi 28 juin 2008, mis à jour à 20:46
La résistance iranienne rassemblée près de Paris
Reuters/L'Express

Près de 70.000 personnes se sont rassemblées à Villepinte, près de Paris, pour réclamer que l'Organisation des Moudjahidine du peuple iranien (OMPI) soit retirée des listes des organisations terroristes, annonce le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI).

Le Parlement britannique a décidé lundi de retirer l'OMPI de sa liste noire, poussant les membres du CNRI, sa vitrine politique, à réclamer la même mesure au niveau européen.

Dans son discours, la présidente du CNRI Maryam Rajavi a dénoncé "l'étiquette terroriste injuste dont l'OMPI est affublée", responsable selon elle de nombreux maux pour le peuple iranien mais aussi pour l'Irak et tout le Moyen-Orient.

L'OMPI reste inscrite sur la liste noire de l'UE en dépit d'une décision prononcée en sa faveur par le tribunal de première instance des Communautés européennes.

Laure Bretton, édité par Guy Kerivel


    Ou celui-ci :

PARIS (AFP) — L'opposition iranienne à l'étranger a rassemblé samedi des dizaines de milliers de personnes près de Paris pour demander à l'UE et aux Etats-Unis de supprimer l'Organisation des Moudjahidine de la liste des entités terroristes, quelques jours après une décision de Londres en ce sens.

Des délégations de parlementaires venues d'Allemagne, d'Australie, de Belgique, du Canada, des Etats-Unis, de Grande Bretagne, d'Irak, de Jordanie étaient présentes au rassemblement, qui a réuni plus de 70.000 personnes selon les organisateurs.

"J'appelle le Conseil des ministres de l'Union européenne à rayer le nom de l'OMPI (Organisation des moudjahidine du peuple iranien) de la liste des entités terroristes", s'est écriée la dirigeante de l'opposition, Maryam Radjavi.

"Mettez fin à cette étiquette de terroristes que vous nous collez", a ajouté Mme Radjavi, pour laquelle les gouvernements occidentaux "ont aidé le premier parrain du terrorisme au monde" en inscrivant le nom de l'OMPI sur la liste des organisations terroristes.

Mme Radjavi a été accueillie sous une pluie de confettis par une foule en délire dans un immense hall du parc des expositions de Villepinte, au nord de Paris.

"Enlevez cette chaîne avec laquelle vous entravez les mains et les pieds de la résistance à la dictature religieuse" de Téhéran, a-t-elle ajouté.

Alors que la France prend dans trois jours la présidence de l'UE, Mme Radjavi lui a demandé de "mettre fin à cet énorme scandale qui éclabousse la politique étrangère" de Paris et sa "lutte contre le terrorisme", et "contribue à rendre les mollahs plus arrogants".

Elle a dénoncé des "gages" accordés, selon elle, par Washington au régime de Téhéran, dans une tentative d'"amadouer les mollahs".

"Arrêtez cette complaisance car vouloir dialoguer avec ce régime équivaut à faire cuire des pierres: c'est de la perte de temps", a-t-elle affirmé sous les applaudissements de la foule qui criait "Démocratie et liberté avec Maryam Radjavi".

Le rassemblement "est particulièrement significatif à trois jours de la présidence française de l'UE. En tant que président, la France joue un rôle de premier plan dans la crise de l'Iran", ont souligné les organisateurs.

Les intervenants ont plaidé pour un Iran "libre et démocratique".

Ils ont aussi salué la décision de Londres de supprimer les Moudjahidine de leur liste des organisations terroristes.

Le Royaume-Uni a retiré l'OMPI mardi de sa liste des entités terroristes, au lendemain d'un vote en ce sens des parlementaires britanniques. Le gouvernement britannique a dit qu'il se pliait à cette décision même s'il n'était pas d'accord.

Les Moudjahidine du peuple sont toujours considérés comme une organisation terroriste par l'UE --où d'importants actifs de l'organisation ont été gelés-- et par les Etats-Unis.


    Cet article de l'AFP est particulièrement significatif, en ce qu'il souligne le rôle que l'Empire britannique veut confier au tout récent Chevalier Grand Croix Honoraire de l'Ordre du Bain, Napoléon III V2.0 et futur "président" de l'Europe pour six mois, j'ai nommé bien sûr Nicolas Sarközy de Nagy-Bösca, président de la République Française.

   
Organisation délirante, terroriste et opportuniste, ployée par des états belliqueux dans les différentes régions frontalières de l'Iran, remplie d'aspirants au martyr, d'assassins, de barbouzes et d'idéologues psychopathes, bénéficiants de soutiens très riches et haut placés dans les sphères impériales britanniques, l'OMPI/CNRI a réussi selon la presse à rassembler entre 35 000 et 70 000 personnes à Villepinte, venant "d'Allemagne, d'Australie, de Belgique, du Canada, des Etats-Unis, de Grande Bretagne, d'Irak, de Jordanie".

    Cela fait tout de même beaucoup de monde, et par conséquent un budget peu discret.
    La question à laquelle pourtant personne n'a encore répondu est celle du financement de l'opération, mais entre les convictions impériales de Kouchner et le vote il y a trois jours du parlement anglais, auxquels il faut ajouter des agents du système financier international en faillite qui cherchent désespérément à détourner l'attention, il y a le choix. Une bonne attaque sur l'Iran, ça occupera bien les peuples. Mais j'hypothétise.

    Une autre question est celle du nombre étonnant de participants : 35 000 à 70 000 ! J'ignorais que la diaspora Iranienne était si bien organisée, si unie et si militante, sauf le respect que je dois aux patriotes Iraniens, aux vrais.

    Et finalement, c'est par RFI que sort la nouvelle : Ah oui ! ils sont organisés, et très riches, puisqu'ils ont importés un grand nombre de leurs "participants" :

Les Moudjahidine recrutent à tour de bus
par  RFI

Article publié le 28/06/2008 Dernière mise à jour le 28/06/2008 à 06:36 TU

Le Conseil national de la résistance iranienne dit attendre quelque 30 000 sympathisant lors de son grand rendez-vous de Villepinte ce samedi. Le but : obtenir le retrait des Moudjahidine de la liste des organisations terroristes établie par l'Union européenne. Mais les méthodes du mouvement sont à l'image de celles utilisées par le régime de Téhéran pour remplir les rangs de ses manifestations anti-américaines, peu orthodoxes.


Selon le grand quotidien polonais Gazeta Wyborcza, plusieurs milliers d’étudiants seraient en route pour Paris afin de représenter la Pologne au rassemblement de soutien aux Moudjahidine du peuple. Vingt-cinq autocars remplis d’étudiants seraient partis de la seule ville de Poznan.

D’où vient cet engouement soudain de jeunes Polonais pour la cause de la résistance iranienne ? Selon les informations recueillies par RFI, aucune association polonaise n’a participé à l’organisation de ce voyage. C’est par échange d'e-mails et par le bouche-à-oreille que s’est répandue la nouvelle d’une offre d’un week-end à Paris, voyage, repas et hôtel compris, pour l’équivalent de six euros. Pour pouvoir en bénéficier, une seule condition : participer à un rassemblement samedi dans l’après-midi.

L’offre a connu un énorme succès, et les étudiants polonais comptent profiter du temps qui leur reste en dehors de la réunion de Villepinte pour profiter de Paris.
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Les Moudjahidine du peuple sont considérés comme des organisations terroristes par l'Union européenne et les Etats-Unis, en revanche le Royaume-Uni les a définitivement ôtés de sa liste nationale au début de cette semaine.


    Pas mal, n'est-ce pas ? Mais il y a plus détaillé : les journalistes bénévoles du site
Iran-Resist ont fait l'enquête sur cette affaire, et c'est leur article qui a été pompé sans remerciement par RFI. Je ne sais pas très bien qui sont ces gens, mais l'article est de qualité. Le voici :

Iran : Les bons plans des Moudjahidine pour ce week-end !
28.06.2008

Aujourd’hui à 15h, les Moudjahidine du Peuple vont se réunir au Parc des expositions de Paris Villepinte pour exposer devant des caméras complaisantes, les leurs et celles de pays donateurs comme les Etats-Unis, leurs nombreux jeunes supporters venus applaudir leurs généreuses idées démocratiques. Cette manifestation ne recèle pas uniquement une imposture idéologique mais aussi deux autres impostures qui donnent la mesure de ce que serait un Iran dirigé par les Moudjahidine du Peuple.

La première imposture et sans doute la plus importante est celle de l’identité des supposés supporters qui seront réunis aujourd’hui à Villepinte. Il ne s’agit pas d’iraniens, mais d’étudiants polonais à qui l’on a promis un week-end à Paris pour la modique somme de 5 euros (20 zlotys).

La tricherie a été révélée hier par un des grands quotidiens polonais la Gazeta Wyborcza et prend les allures d’une affaire d’Etat. Le quotidien polonais a découvert qu’un groupe d’iraniens du Conseil National de la Résistance Iranienne s’est rendu à Poznan, ville universitaire, pour inviter les étudiants à Paris pour aller manifester leur soutien aux femmes iraniennes.

Le groupe offrait le voyage en car, deux nuits à l’hôtel et tous les frais de bouche pour uniquement 5 euros. Les sms et e-mails ont circulé sur le bon plan et les étudiants ont fait le job de recruteurs pour les généreux iraniens. Selon le journal, vendredi matin, 25 cars de 77 places ont quitté Poznan en direction de Paris.

Après la parution de l’article dans la Gazeta Wyborcza, Poznan découvre qu’elle n’est pas la seule ville universitaire polonaise à avoir été l’objet des assiduités de ces voyagistes mystérieux. On estime à au moins 5000, le nombre total des étudiants dupés. Après la découverte de l’ampleur de l’opération, les parents ont commencé à contacter leurs enfants dans les cars à destination de Paris, mais il semble qu’aucun n’ait pu quitter les cars, peut-être sont-ils encadrés par des employés de l’OMPI ! Les parents ont cependant appris que les étudiants qui refuseront d’assister au rassemblement de Villepinte devront régler la totalité des frais du voyage (au moins 200 euros) aux organisateurs. Depuis, tous les appels vers ces étudiants sont rejetés.

Très inquiets, soupçonnant que leurs enfants soient retenus contre leur gré, les parents et le journal ont poussé plus loin leur enquête et ont découvert que le CNRI était en fait la vitrine potable des Moudjahidine du Peuple, mouvement classé comme terroriste par l’Union européenne. Ils ont adressé une demande au ministère polonais des affaires étrangères pour arrêter cette opération d’embrigadement abusif qui dans la loi française relève de l’escroquerie [1] et de l’abus de faiblesse [2], délits sévèrement punis par la loi.

Les Moudjahidine, ex-complices de l’ignoble Khomeiny, sont actuellement sur la liste des mouvements terroristes de l’UE. Ils espèrent être retirés de cette liste en déclarant qu’ils représentent une alternative au régime des mollahs. Les Moudjahidine prétendent être un mouvement populaire disposant d’un vaste réseau de sympathisants et d’informateurs en Iran et un nombre en expansion d’adhérents jeunes en Iran comme hors de l’Iran parmi les exilés. Ces adhérents soutiendraient le parcours des Moudjahidine, leur idéologie ou encore leur programme sans cesse modifié pour s’adapter aux exigences de leurs donateurs ! En réalité, c’est tout le contraire ; il s’agit d’un mouvement islamiste et marxiste, mercenaire anti-émeute pour le compte de Saddam Hussein, adepte des camps de rééducation pour ses membres et ses adversaires, haïs en Iran mais aussi hors Iran et surtout composé de vieux. C’est pourquoi il a besoin de gonfler ses effectifs et surtout il a besoin des jeunes visages pour peupler ses rassemblements.

Ces rassemblements ont une autre particularité : en tant que mouvement terroriste, les Moudj ne sont pas autorisés à organiser des rassemblements ! Ils font appel à certains organismes amis ou des succursales de leurs organisations, succursales dirigées par des membres du CNRI. C’est le cas de ce rassemblement à Villepinte qui est organisé par l’Association Nationale des Académiciens Iraniens, organisme fantôme basé à Londres et dirigé par Mohammad-Ali Cheykhi, membre du CNRI !

Ce rassemblement avec une foule de jeunes est important car l’OMPI fait un intense lobbying avec l’aide de plusieurs élus, sénateurs et personnalités français [3] afin que la France qui présidera à partir du 1er juillet le Conseil européen accède à sa demande de retrait dès le 2 juillet, date à laquelle aura lieu le réexamen de la liste européenne des organisations terroristes.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG
[1] L’Escroquerie | est une fausse présentation (tromperie) d’une offre, d’une personne ou d’un organisme, souvent appuyée par des techniques de persuasion, et destinée à soutirer des avantages indus, notamment pécuniaires. L’escroquerie, sanctionnée par le droit pénal est différente du canular.

L’escroquerie est le fait, soit par l’usage d’un faux nom ou d’une fausse qualité, soit par l’abus d’une qualité vraie, soit par l’emploi de manœuvres frauduleuses, de tromper une personne physique ou morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice ou au préjudice d’un tiers, à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à fournir un service ou à consentir un acte opérant obligation ou décharge. |

[2] L’Abus de faiblesse ou d’ignorance | est caractérisé par les circonstances lorsque celles-ci montrent que cette personne n’était pas en mesure d’apprécier la portée des engagements qu’elle prenait ou de déceler les ruses ou artifices déployés pour la convaincre à y souscrire, ou font apparaître qu’elle a été soumise à une contrainte. |

[3] Elus sénateurs et personnalités français membre du lobby de l’OMPI | Jacques Desallangre (député GDR de l’Aisne), Jean-Pierre Brard (député GDR de la Seine Saint-Denis), Michel Françaix (député PS de l’Oise), José Bové, Philippe Dallier (sénateur UMP de la Seine Saint-Denis), Patrick Roy (député SRC du Nord), Odette Duriez (député SRC de Pas-de-Calais), Michel Champion (maire de Gournay-sur-Marne), Gilbert Mathon (député SRC de la Somme), Jean-Louis Christ (député UMP du Haut-Rhin), Anne Ferreira (députée européenne PS), Catherine Neris (députée européenne PS), Marie-Arlette Carlotti (députée européenne PS) | liste publiée à la page 15 du METRO du jeudi 26 juin 2008 – n° 1408


    Qui Paye ? Pourquoi tenter de blanchir cette organisation ? Quel mauvais vent se lève donc sur l'Iran ?

    En 2003, sous Chirac et sa politique d'opposition aux crimes des néoconservateurs anglais, israeliens et américains au moyen-orient, le CNRI avait reçu de la part de la France un sévère avertissement : 165 de ses cadres, y compris Maryam Radjavi, avaient été saisi par les services du renseignement français pendant plusieurs jours, jours pendant lesquels, à Paris,
deux fanatiques de ce mouvement s'étaient immolés par le feu en protestation. Pire, ces fanatiques avaient avec eux un enfant, immolé aussi à la cause glorieuse de madame la soi-disant présidente en exil d'Iran.

    Mais aujourd'hui, les patrons du sieur Sarkozy préparent
le bombardement et éventuellement l'invasion de l'Iran. Notre armée est transformée en Coloniale semi-privée (le fameux "Livre Blanc"), les terroristes du CNRI-OMPI organisent des manifestations digne de Nuremberg à Villepinte avec l'accord bien entendu des autorités, et Félix Rohatyn et ses Partenariats Public-Privé couche avec Christine Lagarde. Tout ça, ça sent la guerre, je crois.

Vous parlez d'une "rupture" !


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17 juin 2008 2 17 /06 /juin /2008 19:32
Etienne Chouard, leader du camp du Non lors de la campagne référendaire sur le traité constitutionnel européen, qui s'appelle maintenant le traité de Lisbonne - mais seul les numéros des articles ont changé -  s'exprime dans le journal Le Monde d'aujourd'hui au sujet de la manière toute particulière dont nos représentants conçoivent la démocratie et le respect de la souveraineté des peuples européens.
Je trouve ça très bien, même si je me demande quelle mouche a piqué ce journal, qui d'habitude se garde bien de donner la parole aux non-cooptés.
Après le joli NON des irlandais, qui nous
venge de la forfaiture parlementaire du congrès de Versailles ratifiant ce que le peuple souverain avait rejeté à la majorité, il n'est pas temps de crier victoire, nous dit-il : ce n'est qu'un répit.
Une autre interview de monsieur Chouard ici.

Bonne lecture.
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10 juin 2008 2 10 /06 /juin /2008 20:17
    Le 22 janvier dernier, je vous avais proposé un tour de presse commenté sur l'évènement du moment dans le monde financier : la menace de dégradation des assureurs monolignes (ou "monolines"), qu'on appelle en France les "réhausseurs de crédits". L'affaire faisait trembler de peur et de fièvre les banques antropophages de Londres et Wall-Street, et de joie les opposants à la dictature financière internationale, dont je suis.
    Pourtant, depuis, la menace semblait s'être éloignée et, à part FGIC et AMBAC, le calme semblait revenu. Mais, comme le dis si bien notre bon Jean de la Fontaine : " Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés". Et donc, depuis janvier, les bons docteurs Bernanke et Trichet, l'un accusant le poumon et l'autre le foie,
l'un gavant le malade et l'autre le saignant, s'affairaient au chevet des pauvres créatures, et tentaient de les soulager du poids de leurs papiers "toxiques" : les titres hypothécaires, CDO's et autres titres de dettes monétisés.
    Depuis janvier donc, ils ont prié les banques en possession de ces titres, dont les assureurs monolines garantissent la valeur, de les déposer en pension auprès de la Réserve Fédérale et de la Banque Centrale,
en échanges de liquidités qu'on a fort bien vues dégringoler en déluge sur les marchés des matières premières, dernier refuge du spéculateur aux abois.
    Soit dit en passant, le fait que la BCE prennent ces titres en pension signifie que c'est toi, lecteur, ainsi que tous les citoyens d'Europe, qui êtes en train d'offrir un tour gratuit aux truands de la spéculation et du pillage financier, en assumant pour eux le risque inhérent à ces titres, pendant une période pouvant aller "jusqu'à trois ans", dixit Trichet il y a quelques semaines. Après, quand tout cela se sera calmé, il faudra le leur rendre. Comment ? Vous n'êtes pas d'accord ? Ah mais monsieur, c'est prévu dans le traité de Lisbonne, comme ça l'était dans le traité constitutionnel.
    Les banques s'étant purgées, il semble qu'on ait décidé de débrancher les Monolines, qui agonisaient là, sous perfusion, dans l'attente du sauvetage de ceux qui étaient autrefois leurs clients.
    C'est ainsi que semble le voir cet excellent article, trouvé sur le site
Contreinfo, que je vous propose de lire de suite :

Monolines : le pronostic vital est engagé

C’est Standard & Poor’s qui a eu la première le courage d’annoncer aux grandes malades que sont les monolines le diagnostic confirmant ce que tous pressentaient. Ambac et MBIA ont perdu leur note AAA, autant dire leur fond de commerce, et le potentiel de contagion de la dégradation du papier qu’elles assurent va coûter quelques dizaines - voire centaines - de milliards à un secteur financier qui se serait volontiers épargné cette nouvelle épreuve.

Contre Info, 7 juin 2008

Les lecteurs de Contre Info savent depuis longtemps que les monolines, les assureurs du crédit, sont l’un des points faibles du sytème financier - l’autre étant la pyramide instable des Credit-Default Swaps, atteignant aujourd’hui le montant astronomique de 62 000 milliards de dollars, que Warren Buffet qualifie « d’arme de destruction financière massive. » ( c'est effectivement le prochain épisode, si les patriotes ne se réveillent pas)

Après plusieurs mois d’atermoiements durant lesquels les agences de notation hésitaient à prononcer le verdict que tous les observateurs savaient inévitable (et pour cause - voir ci-dessus) , Standard & Poor’s a décidé franchir le pas. Les monolines - dont la valeur réelle se situe dans le registre du junk - se sont vues retirer la note d’excellence, pourtant indispensable à l’exercice de leur activité.

Les notations attribuées aux deux majors du secteur, Ambac et MBIA, ont été rétrogradées de deux niveaux, passant de « AAA » à « AA ».

Le métier des réhausseurs de crédit consiste à assumer le risque intrinsèque de défaillance sur les titres adossés à des crédits, permettant ainsi de leur attribuer la note AAA, indice d’une fiabilité maximum.

Cette décision de S&P équivaut à leur arrêt de mort. La qualité de leur assurance ne pouvant par nature être supérieure à la notation de l’entreprise, elles ne sont plus à même de délivrer la garantie AAA exigée par la plupart des investisseurs.

L’agence de notation Moody’s, qui a placé à nouveau les assureurs sous observation, devrait vraisemblablement imiter sous peu sa consoeur.

MBIA assure 668 milliards de crédit et Ambac 551 milliards.

Depuis le début de la crise, le cours de MBIA a perdu 91% et celui d’Ambac 97%.

Il est difficile de chiffrer dans l’immédiat l’ampleur des secousses qui vont à nouveau ébranler le système, mais une chose est sûre : la baisse de la note des assureurs, lorsqu’elle sera confirmée par Moody’s, va se propager sur celle du papier qu’ils garantissent.

D’ores et déjà, l’économiste Yves Smith fait état d’une première estimation. Sur les 1 200 milliards d’actifs garantis par les monolines, 600 milliards seraient détenus par les banques.

Selon Barclay’s, les dépréciations totales induites par cette rétrogradation atteindraient 143 milliards. UBS les estime à 203 milliards.

Citi, Merrill et UBS enregistreraient à elles trois entre 40 et 70 milliards de pertes.

Outre les banques, les municipalités sont également concernées. Historiquement, les monolines avaient débuté leur activité en garantissant les emprunts des collectivités locales. Des milliers d’obligations émises par les municipalités, dont Mobile, en Alabama, et Yonkers, dant l’état de New York, ont été dégradées par Standard & Poor’s.

Tous les gestionnaires de fonds qui se sont engagés auprès de leurs clients à ne détenir que des actifs classés AAA vont devoir également procéder à des ventes ou tenter de réassurer le papier désormais à découvert.

Sont concernés de la même façon les collatéraux gagés auprès de la Fed en échange des liquidités massives que la banque centrale a accordées aux banques. La Fed exige du AAA et contraindra les banques à reprendre les actifs dégradés.

De toute évidence, il s’agit d’un nouveau tournant dans cette crise, et il s’annonce délicat à négocier pour des établissements déjà fragilisés par les centaines de milliards qui se sont évaporés depuis le début de la crise.

Contre Info avec Bloomberg, Yves Smith

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26 mai 2008 1 26 /05 /mai /2008 22:34
[...] souligne que l'approvisionnement en denrées alimentaires de toutes les personnes partout dans le monde doit prendre le pas sur tout autre objectif; [...]

    Une civilisation que l'on donnait pour morte peut-elle connaître un réveil salvateur ? Peut-elle tourner volontairement le dos aux principes mêmes qui, tout en lui ayant donné l'illusion de la puissance, l'ont portée au bord de l'abîme ? Peut-elle redevenir belle ? Peut-elle de nouveau être pour les peuples qu'elle a engendrés, et pour ceux qu'elle a inspirés, le futur ?

    Ce serait une révolution, et aussi la plus belle oeuvre de l'humanité. On peut en apercevoir les premières lueurs dans le texte qui suit, voté par le parlement européen le 22 mai 2008, qui ne peut qu'émouvoir et enthousiasmer, et qui est tellement loin des horreurs auxquelles les eurocrates nous ont habitués.

    Bonne lecture.



Résolution du Parlement européen du 22 mai 2008 sur la hausse des prix des denrées alimentaires dans l'UE et les pays en développement

Le Parlement européen ,

—  considérant que cette année marque le 60e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme, qui consacre, en son article 25, paragraphe 1, le droit à l'alimentation,

—  vu les conclusions du sommet alimentaire mondial de 1996 et l'objectif de réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim d'ici 2015,

—  vu les obligations contenues dans le pacte international des Nations unies relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, et notamment son article 11 sur le droit à l'alimentation, pacte auquel tous les États membres de l'Union européenne sont parties,

—  vu la session extraordinaire du Conseil des droits de l'homme des Nations unies qui sera consacrée à "L'impact négatif sur la réalisation du droit à l'alimentation de la crise alimentaire mondiale résultant, entre autres, de l'explosion des prix des denrées alimentaires", le 23 mai 2008 à Genève,

—  vu la déclaration conjointe du Conseil et des représentants des gouvernements des États membres réunis au sein du Conseil, du Parlement européen et de la Commission européenne sur le consensus européen sur l'aide humanitaire de l'Union européenne intitulée le consensus européen sur l'aide humanitaire(1) ,

—  vu l'article 33 du traité CE,

—  vu le "bilan de santé" en cours de la PAC,

—  vu les récentes recommandations de l'évaluation internationale des sciences et technologies agricoles au service du développement (EISTAD) sur la production alimentaire mondiale, lancées et finalisées avec le soutien du programme des Nations unies pour le développement, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), la Banque mondiale et d'autres organismes de la communauté internationale,

—  vu les rapports du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC),

—  vu les négociations actuelles du cycle de Doha pour le développement,

—  vu la déclaration de Kigali du 22 novembre 2007 pour des accords de partenariat économique (APE) en faveur du développement, adoptée par l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE,

—  vu sa résolution du 25 octobre 2007 sur la hausse des prix des aliments pour animaux et des denrées alimentaires(2) ,

—  vu l'article 103, paragraphe 4, de son règlement,

A.  considérant que, après des années de stagnation ou de chute des prix des produits de base, les augmentations des prix mondiaux du blé ont atteint 181% au cours des 36 mois précédant février 2008, que les prix du riz ont augmenté de 141% depuis janvier 2008 et que, dans l'ensemble, les prix mondiaux des denrées alimentaires ont augmenté de 83%,

B.  considérant que la hausse des prix a retardé de sept ans la réalisation des objectifs en matière de réduction de la pauvreté et que, selon les calculs de la Banque mondiale, plus de 100 millions de personnes dans le monde en développement pourraient s'enfoncer plus profondément encore dans la pauvreté à la suite de la montée en flèche des prix des denrées alimentaires,

C.  considérant que 854 millions de personnes dans le monde souffrent de la faim ou de la malnutrition (insécurité alimentaire), et que ce chiffre augmente de 4 millions chaque année; considérant que 170 millions d'enfants sont sous-alimentés et que 5,6 millions d'enfants meurent chaque année de malnutrition;

D.  considérant que la crise alimentaire actuelle est également la conséquence d'un accroissement de la spéculation sur les produits agricoles et alimentaires;

E.  considérant que, d'après la FAO, l'alimentation représente 60 à 80% des dépenses de consommation dans les pays en développement et environ 10 à 20% dans les nations industrialisées; considérant que l'augmentation des prix des denrées alimentaires frappe le plus durement les ménages à faible revenu,

F.  considérant que, ces dernières décennies, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et l'Organisation mondiale du commerce ont imposé la libéralisation des échanges dans les pays en développement, ce qui a permis, dans de nombreux pays, de généraliser un modèle d'agriculture à grande échelle misant sur les exportations au détriment d'une production alimentaire locale et durable et aux dépens des marchés locaux de denrées alimentaires,

G.  considérant que les hausses de prix exacerbent les problèmes d'accessibilité, particulièrement pour les personnes à faibles revenus ou dépourvues de revenus,

H.  considérant que la demande de denrées alimentaires augmente avec l'accroissement de la population mondiale, en particulier dans des pays émergents comme la Chine et l'Inde; considérant que la planète, qui peut, selon la FAO, nourrir 12 milliards d'êtres humains, n'est pas, de façon générale, à court de nourriture; considérant que les récoltes de blé et de riz ont été très bonnes en 2007; considérant que, sur les récoltes de 2007, 1,01 milliard de tonnes seulement sera probablement utilisé pour l'alimentation humaine, tandis qu'une part importante servira à l'alimentation animale (760 millions de tonnes) et environ 100 millions de tonnes à la production d'agrocarburants; considérant que les dernières estimations prévoient une hausse de la production mondiale de céréales en 2008 de 2,6%, pour atteindre un chiffre record de 2,164 milliards de tonnes, mais que ces évaluations dépendent de conditions climatiques favorables,

I.  considérant que de nombreux pays en développement ne réalisent pas leur potentiel de production alimentaire; considérant que l'absence d'investissement dans l'agriculture, le développement rural et la formation des agriculteurs, dans les pays en développement et de la part des organismes financiers internationaux, a exposé en particulier les petits agriculteurs à une concurrence déloyale, qui a aggravé leur pauvreté et leur vulnérabilité tout en réduisant leur aptitude à produire suffisamment de denrées alimentaires,

J.  considérant que l'un des obstacles les plus importants à la croissance de la production agricole dans les pays en développement réside dans le fait que, souvent, les petits agriculteurs n'ont pas accès aux prêts ou aux microcrédits qui leur permettraient d'investir dans des graines, des engrais et des systèmes d'irrigation améliorés, et ce parfois parce qu'ils ne sont pas propriétaires de leurs terres et qu'ils ne peuvent donc pas les affecter en garantie de leurs emprunts,

K.  considérant que le Programme alimentaire mondial (PAM) a signalé que 260 000 000 seulement des 750 000 000 USD nécessaires ont fait l'objet, jusqu'à présent, d'un engagement ferme pour couvrir les besoins 2008,

L.  considérant que l'impact de la hausse des prix des produits de base devient une force déstabilisante au sein de l'économie mondiale et a déjà provoqué des émeutes dans plusieurs pays,

M.  considérant que la hausse des prix des denrées alimentaires intensifie le besoin d'une réponse politique intégrée et d'une stratégie complète pour affronter les problèmes alimentaires,

Droit à l'alimentation

1.  souligne le caractère fondamental du droit à l'alimentation et la nécessité d'améliorer l'accès par tous et à tout moment à une alimentation suffisante pour une vie active et saine; souligne que les États ont l'obligation de protéger, de respecter et de faire respecter ce droit humain fondamental; considère que le fait que 2 milliards de personnes vivent toujours dans une pauvreté extrême et que 850 millions d'êtres humains souffrent chaque jour de la faim témoigne de la violation systématique du droit à l'alimentation, consacré dans les instruments internationaux sur les droits de l'homme; demande donc des mesures appropriées pour mettre en œuvre le droit à l'alimentation consacré dans la déclaration universelle des droits de l'homme; demande instamment au Conseil d'assurer la cohérence de toutes les politiques nationales et internationales en matière d'alimentation avec les obligations découlant du droit à l'alimentation;

2.  invite donc le Conseil à confirmer son attachement aux objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en réaffirmant ses engagements en matière de financement et en adoptant un plan d'action OMD de l'Union lors du Conseil européen de juin 2008, plan d'action qui devrait arrêter des étapes et actions spécifiques sur la base d'un calendrier dans des domaines clés comme l'éducation, la santé, l'eau, l'agriculture, la croissance et l'infrastructure, pour contribuer à la réalisation des OMD à l'horizon 2015, le but étant, entre autres, d'éradiquer la faim d'ici 2015;

3.  est préoccupé par les effets que la spéculation sur les produits alimentaires de bases, notamment par les fonds alternatifs (hedge funds ) de matières premières, engendre pour la faim et la pauvreté; invite la Commission à analyser l'impact de la spéculation sur les prix des denrées alimentaires et à présenter des mesures appropriées sur la base de cette analyse;

4.  attire l'attention sur le fait que
cette crise alimentaire est étroitement liée à la crise financière au cours de laquelle les injections de liquidités auxquelles ont procédé les banques centrales pour prévenir des faillites sont susceptibles d'avoir intensifié les investissements spéculatifs dans les produits de base; invite le FMI et le Forum de stabilité financière à procéder à une évaluation de cet "effet secondaire" et à en tenir compte lorsqu'ils proposent des remèdes globaux;

5.  rappelle que les personnes les plus touchées par cette crise sont les couches les moins favorisées de la population et souligne donc la nécessité de politiques sociales fortes, pour autonomiser les populations pauvres ou défavorisées et atténuer les effets de la crise alimentaire actuelle;

Production alimentaire durable

6.  souligne que l'approvisionnement en denrées alimentaires de toutes les personnes partout dans le monde doit prendre le pas sur tout autre objectif; souligne que les denrées alimentaires devraient être disponibles à des prix raisonnables, conformément à l'article 33 du traité CE;

7.  rappelle la nécessité d'assurer une régulation intérieure et mondiale des marchés agricoles, dans l'intérêt du pouvoir d'achat des consommateurs, des revenus des agriculteurs, des industries de transformation et d'une politique alimentaire durable de l'Union;

8.  rappelle que le premier objectif de la PAC est de garantir la stabilité des marchés, la sécurité et des prix raisonnables pour les consommateurs et souligne la nécessité d'une PAC après 2013, afin d'assurer une politique alimentaire durable de l'Union tout en respectant le caractère durable, la sécurité et la qualité des produits agricoles;

9.  souligne que le coût des matières premières est une composante relativement mineure du coût total de nombreuses denrées alimentaires; invite la Commission et les États membres à analyser les écarts observés entre les prix à la production et ceux qui sont facturés par les principaux détaillants;

10.  demande donc de réaliser une analyse d'impact sur le rôle des détaillants dans la chaîne alimentaire, étant donné l'augmentation disproportionnée des prix des denrées alimentaires au détail par rapport au coût de la vie; invite les détaillants à offrir un prix équitable aux producteurs tout en proposant aux consommateurs des denrées alimentaires à des prix raisonnables;

11.  souligne que les stocks actuels de céréales de l'Union permettraient de tenir 30 jours au maximum et se demande si le niveau de nos stocks alimentaires est suffisant, en particulier si des crises devaient se produire; demande à la Commission d'élaborer des stratégies visant à mettre en place des stocks alimentaires pour prévenir les crises à l'avenir;

12.  demande d'améliorer les prévisions en matière de production agricole afin de pouvoir identifier beaucoup plus tôt les tendances dominantes de l'offre alimentaire mondiale;

13.  insiste sur le fait que la situation des revenus des agriculteurs européens doit être prise en compte; attire l'attention sur le fait que, compte tenu de la hausse des coûts des aliments pour animaux, de l'énergie, des engrais et d'autres intrants, d'une part, et de l'obligation de respecter différentes normes impliquant toujours plus de frais, d'autre part, les revenus des agriculteurs doivent augmenter considérablement si l'on veut qu'ils puissent continuer à satisfaire la demande en produits alimentaires; souligne que les revenus agricoles n'ont que peu augmenté et que les agriculteurs de certains États membres ont même vu leurs revenus diminuer;

14.  demande que la promotion des politiques agricoles durables soit intégrée dans tous les instruments d'élargissement et de voisinage;

15.  demande que les exploitants des pays tiers soient soumis au même niveau de contrôle que les producteurs de l'Union, mais reconnaît qu'il est nécessaire d'aider les pays en développement à se conformer aux normes phytosanitaires de l'Union;

16.  se félicite de la décision prise par les ministres de l'agriculture de l'Union d'adopter la proposition de la Commission de suspendre les obligations de mise en jachère pour 2008 et prend note des estimations de la Commission selon lesquelles cette initiative libérera environ 2,9 millions d'hectares pour la production de céréales et augmentera la récolte de cette année de près de 10 millions de tonnes;

17.  invite la Commission à procéder à une évaluation de l'impact sur la sécurité alimentaire des politiques actuelles de l'Union en matière de politique agricole commune, d'objectifs de production d'énergie renouvelable, d'aide au développement et d'accords commerciaux internationaux, afin d'améliorer la sécurité alimentaire mondiale;

18.  souligne qu'il convient de donner la priorité aux denrées alimentaires sur les carburants, et que la production de biocarburants doit être liée à des critères de durabilité stricts; fait observer que ces critères doivent être respectés pour la réalisation des objectifs proposés en matière de biocarburants;

19.  admet que le subventionnement par l'Union des cultures destinées à la production de biocarburants ne se justifie plus, mais souligne, en y insistant, que 2 à 3% seulement des terres agricoles de l'Union sont actuellement affectées à ce genre de production et que les médias accusant les biocarburants d'être à l'origine de la crise alimentaire actuelle font preuve d'exagération, du moins en ce qui concerne l'Union; reconnaît cependant que la politique menée dans certains pays comme les États-Unis, qui consiste à consacrer davantage de terres à la culture du maïs aux fins de la production de bioéthanol, a eu des répercussions sur le prix et la disponibilité du maïs et d'autres céréales sur le marché alimentaire mondial;

20.  demande néanmoins à la Commission et aux États membres de faire davantage pour promouvoir l'utilisation et la production des bioénergies de seconde génération, qui transforment le fumier et les déchets agricoles plutôt que des produits agricoles primaires;

21.  souligne en particulier qu'une forte priorité doit être accordée à la collecte des déchets urbains et des résidus agricoles et forestiers, ainsi qu'à la conversion de ceux-ci en gaz, ce qui permettrait tout à la fois l'évolution des technologies appropriées et laisserait du temps pour étudier la compatibilité entre production alimentaire et production énergétique;

22.  se déclare vivement préoccupé par le fait que le coût des aliments composés pour animaux a augmenté de 75 EUR par tonne, et qu'il continue à augmenter du fait d'une grave pénurie en céréales fourragères, ce qui représente un coût supplémentaire de 15 000 000 000 EUR pour le secteur européen de l'élevage;

23.  considère que la crise actuelle nécessite une discussion immédiate et approfondie entre les institutions européennes et les États membres sur le rôle que peut jouer la biotechnologie moderne afin d'assurer la production continue de denrées alimentaires à des prix raisonnables;

Amélioration des politiques de développement


24.  estime qu'un véritable combat contre la faim passe par une politique mondiale de développement durable permettant aux pays en développement de produire suffisamment d'eau et de nourriture pour alimenter leurs populations;

25.  soutient les pays en développement dans leurs efforts pour assurer l'accès à l'alimentation à leurs populations locales; estime qu'il y a lieu d'aménager une marge d'action élargie réaliste pour permettre des dispositions et des mesures nationales destinées à développer ce secteur; considère le Malawi comme un exemple positif d'un pays en développement où la production alimentaire a doublé au cours des trois dernières années et souligne que l'Union joue un rôle en soutenant cette évolution; invite la Commission à aider à faire connaître cette situation, afin qu'elle puisse servir d'exemple dans d'autres pays en développement;

26.  invite les États membres de l'Union et la communauté internationale à répondre rapidement à l'appel d'urgence extraordinaire lancé par le PAM et à aider celui-ci à relever les nouveaux défis de la lutte contre la faim; considère néanmoins qu'il convient de réduire la dépendance à l'égard des opérations d'aide alimentaire et souligne donc la nécessité d'une action à moyen et long terme en vue de prévenir de nouvelles conséquences dommageables et de s'attaquer aux racines de cette crise;

27.  demande une augmentation urgente et substantielle des investissements dans l'agriculture, l'aquaculture, le développement rural et l'agro-industrie dans les pays en développement, centrée sur les agriculteurs pauvres et les petites exploitations utilisant des systèmes de production alimentaire agro-écologique; rappelle que 75% de la population pauvre mondiale vit dans des zones rurales, mais que 4% seulement de l'aide publique au développement (APD) est consacrée à l'agriculture; invite donc la Commission et les États membres à mieux tenir compte de la question de l'agriculture dans leurs politiques de développement, à promouvoir l'adaptation de la programmation du 10e Fonds européen de développement (FED) en étroite coopération avec les pays en développement et à réexaminer les documents de stratégie par pays afin de donner une priorité plus élevée à l'agriculture; souligne le rôle des ONG et des autorités locales pour trouver des solutions agricoles innovantes, en partenariat avec les populations des pays en développement, et invite la Commission et les États membres à soutenir et à promouvoir leurs projets;

28.  souligne la nécessité de veiller à ce que les petits agriculteurs des pays pauvres, qui sont surtout des femmes, aient accès à la terre, aux services financiers et aux crédits, aux semences à haut rendement, aux systèmes d'irrigation et aux engrais; souligne que les investissements dans le secteur agricole doivent se centrer davantage sur l'irrigation, les routes rurales, la recherche et les connaissances locales, la formation et l'échange de bonnes pratiques, en vue d'élaborer des méthodes culturales durables et performantes, d'assurer la propreté de l'eau potable, de développer l'éducation et de renforcer la production locale et les échanges; demande donc à la Commission de renforcer ces aspects dans son action et de soutenir les organisations de producteurs, les microcrédits et d'autres programmes de services financiers, ainsi que l'accroissement des investissements dans l'agriculture;

29.  invite la Banque européenne d'investissement (BEI) à étudier la possibilité de mettre en place sans plus tarder un fonds de garantie destiné à promouvoir des modèles nationaux de microcrédit, de prêt et de couverture des risques en phase avec les besoins des producteurs locaux de denrées alimentaires, notamment dans les pays en développement les plus pauvres;

30.  souligne la nécessité d'une coopération en matière de changement climatique entre l'Union et les pays en développement, en particulier la nécessité de transferts technologiques et de renforcements des capacités; souligne que le changement climatique doit être intégré dans l'ensemble de la coopération au développement de l'Union et que quelques mesures de protection simples pourraient aider les fermiers à préserver les récoltes des sécheresses et autres désastres, et invite la Commission à explorer ces mesures; invite la communauté internationale à intensifier ses efforts de lutte contre la désertification, la dégradation des sols et les sécheresses, de façon à améliorer la sécurité alimentaire et l'accès à l'eau, en particulier dans les pays pauvres;

31.  souligne l'importance d'investissements appropriés dans le domaine de la recherche, avec l'objectif de faire progresser les rendements dans toutes les régions du monde;

32.  demande, en particulier, que tout développement sur les OGM soit suivi attentivement, ainsi que tout débat public à ce sujet;

33.  estime que les pays doivent avoir le droit à la souveraineté alimentaire et à la sécurité alimentaire, et ont le droit de protéger leur marché contre des importations de produits subventionnés; estime que ce subventionnement des produits agricoles à l'exportation déstabilise les marchés locaux dans les pays en voie de développement;

Commerce international équitable

34.  considère que l'ouverture des marchés agricoles doit s'effectuer de façon progressive, en fonction de l'évolution de chaque pays en développement, et sur la base de règles commerciales équitables d'un point de vue social et rationnelles d'un point de vue environnemental; estime que les produits sensibles qui répondent à des besoins de base pour les populations des pays en développement ou présentent une importance particulière pour la sécurité alimentaire et le développement rural dans les pays en développement devraient être exclus de la libéralisation totale, afin de prévenir des dommages irréversibles pour les producteurs locaux; souligne que l'Union doit promouvoir un système préférentiel et asymétrique dans les négociations commerciales avec les pays en développement, afin de leur permettre de conserver certains outils de gestion de l'offre et d'autres instruments de développement dans leurs marchés; souligne que les pays les moins avancés disposent d'un accès au marché européen sans quotas ni taxes dans le cadre de l'accord "Tout sauf les armes" (TSA);

35.  souligne que, dans les négociations actuelles sur les accords de partenariat économique (APE), la priorité de la Commission doit être de répondre aux besoins de développement exprimés par les pays ACP; rappelle que, pour faire face à ce défi, les APE doivent s'accompagner des nouveaux financement promis par l'initiative Aide pour le commerce (2 000 000 000 EUR par an d'ici 2010) et de la promotion de l'intégration régionale;

36.  souligne qu'il est impératif que le cycle de Doha débouche sur un résultat positif, équilibré et équitable; souligne que le résultat du cycle de Doha devrait apporter des incitants positifs aux pays en développement à investir dans leur agriculture et leur production alimentaire; invite la Commission à soutenir les propositions visant à inclure une action sur les prix des denrées alimentaires de base dans le cycle actuel des négociations à l'OMC;

37.  réitère son appel à la Commission et au Conseil en vue de promouvoir le commerce équitable et d'autres régimes éthiques qui contribuent à relever les normes sociales et environnementales en soutenant les petits producteurs et les producteurs marginalisés dans les pays en développement, en réduisant la volatilité et en garantissant des prix et des revenus plus équitables; encourage les autorités publiques de l'Union à intégrer les critères de commerce équitable et de durabilité dans leurs politiques de marchés publics;

Promotion de la démocratie


38.  souligne que la crise alimentaire actuelle démontre la nécessité de promouvoir la stabilité politique, l'intégration régionale, la démocratie et les droits de l'homme, non seulement au sein de l'Union, mais aussi dans le monde entier; invite donc toutes les parties concernées à promouvoir les valeurs humaines et démocratiques et l'état de droit dans le traitement de la crise alimentaire actuelle et des problèmes de sécurité alimentaire à long terme;

39.  charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, aux gouvernements et aux parlements des États membres, à la Banque mondiale, au G8, au Secrétaire général et à l'Assemblée générale des Nations unies, aux coprésidents de l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE et au Parlement panafricain.

(1)    JO C 25 du 30.1.2008, p. 1.

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25 mai 2008 7 25 /05 /mai /2008 12:12
Europe va-t-elle de nouveau mettre au monde une Renaissance ? Sera-t-elle capable de voir, à travers la puissance séductrice de l'Empire financier, la chimère ? Persuadera-t-elle ses enfants, des deux côté de l'océan Atlantique, de rompre avec la tyrannie globale de la City ? C'est ce qu'on peut espérer en lisant cette tribune au titre exceptionellement violent, eût égard à la personnalité de ses auteurs.
Londres a déjà réagi, par la voix de M. Evans-Pritchard, en qualifiant cet appel de "menace grave pour la City".
Le coup a porté !



La finance folle ne doit pas nous gouverner

    Cette crise financière n'est pas le fruit du hasard. Elle n'était pas impossible à prévoir, comme le prétendent aujourd'hui des hauts responsables du monde des finances et de la politique. La sonnette d'alarme avait été tirée, il y a des années déjà, par des individus lucides. La crise incarne de fait l'échec de marchés peu ou mal régulés et elle nous montre une fois de plus que ceux-ci ne sont pas capables d'autorégulation. Elle nous rappelle également les inquiétantes inégalités de revenus qui ne cessent de croître dans nos sociétés et jette de sérieux doutes sur notre capacité à nous engager dans un dialogue crédible avec les nations en développement concernant les grands défis mondiaux.

    Les marchés financiers sont devenus de plus en plus opaques et l'identification de ceux qui supportent et évaluent les risques se révèle être un défi titanesque. Le secteur bancaire dit "de l'ombre", peu ou pas régulé, n'a fait que croître au cours des vingt dernières années. Les grandes banques ont participé à un jeu de "creation and distribution" de produits financiers extrêmement complexes et elles se sont embarquées dans la vente, sous un emballage assez douteux, de dettes liées à des emprunts immobiliers à haut risque. Des régimes de primes inadéquats, une vision à trop court terme et les conflits évidents d'intérêt ont encouragé les transactions spéculatives.

    Les prêts hypothécaires douteux, basés à tort sur l'idée que les prix de l'immobilier continueraient d'augmenter sans cesse, permettant ainsi de rembourser la dette contractée, ne sont que les symptômes d'une crise plus large en matière de gouvernance financière et de pratiques commerciales. Les trois plus grandes agences de notation au monde ont noté ces drôles de valeurs comme étant relativement sans risque. Une banque d'investissement a gagné des milliards de dollars américains en spéculant à la baisse sur les titres subprimes tout en les vendant à ses clients, ce qui résume de façon plus qu'éloquente la perte de toute éthique dans le monde des affaires !

    Nous avions été mis en garde des dangers de cette situation. Alexander Lamfalussy et le Comité des sages, dans un rapport sur les marchés des valeurs européennes (2001), ont souligné le lien entre l'apparente efficacité accrue de ces marchés et le prix à payer en matière de stabilité financière. Paul Volker, il y a quelques années, avait déjà exprimé son inquiétude. Paul Krugman a également pointé le doigt vers les menaces posées par des entités financières non régulées en croissance il y a à peu près une décennie. En 2003, Warren Buffett a taxé les produits dérivés d'"armes financières de destruction massive".

    Un rapport de la Banque d'Angleterre sur la stabilité financière a mis en avant le fossé dangereux existant entre les créanciers et les conséquences de leurs décisions. Le problème réside dans le modèle actuel de gouvernance économique et d'entreprise axée sur une maigre réglementation, sur un contrôle inadéquat et sur une offre trop faible de biens publics.

    La crise financière ne démontre que trop clairement que l'industrie financière est incapable d'autorégulation. Il est impératif d'améliorer le contrôle et le cadre réglementaire des banques. Il faut également revoir les cadres réglementaires pour les instruments d'investissement. L'utilisation d'instruments financiers (comme les CDO, obligations adossées à des actifs financiers divers) doit être réglementée. Toutes les institutions financières devraient, à l'instar des banques, maintenir des réserves minimales, et le ratio d'endettement ne peut rester illimité. Enfin, les régimes de primes doivent être revus afin d'éviter que la prise de risques inconsidérés ne soit encouragée sans une certaine prudence.

    En ce qui concerne les conséquences de cette crise sur l'économie réelle, il semble que les experts économiques du monde entier aient été frappés d'un accès de timidité. Presque tous les instituts de prévisions revoient leurs évaluations de croissance à la baisse pour les pays développés en 2008 et 2009. Mais personne n'ose dire clairement si l'Europe est menacée d'une récession économique ou pas. Certains symptômes toutefois ne trompent pas. Dans le cas de l'Union européenne, une récession cette année ou l'année prochaine aurait des conséquences dramatiques.

    L'inégalité croissante de revenus s'est produite parallèlement à une croissance continue du secteur financier. Il est vrai que les progrès technologiques ont contribué de façon significative à des différences de plus en plus importantes de revenus en favorisant la main-d'oeuvre hautement qualifiée. Toutefois, les politiques mal avisées ont également eu un impact majeur dans ce domaine. Le capital financier représente à présent quinze fois le produit intérieur brut (PIB) de tous les pays. La dette cumulée des ménages, des entreprises financières et non financières et des autorités publiques américaines représente plus de trois fois le PIB des Etats-Unis, soit deux fois le niveau enregistré lors du krach boursier de 1929.

    Le monde des finances a accumulé une masse gigantesque de capital fictif mais qui n'améliore que très peu la condition humaine et la préservation de l'environnement. Cette crise financière a permis de cerner un peu mieux les alarmantes disparités de revenus qui n'ont fait qu'augmenter au cours des dernières décennies. L'ironie de la chose est que les salaires et les primes de nombreux PDG ont atteint des niveaux extrêmement élevés alors que le rendement de leurs sociétés stagnait ou même baissait. L'enjeu éthique est donc majeur !

    Les marchés libres ne peuvent faire fi de la morale sociale. Adam Smith, père du laisser-faire économique, a également écrit la Théorie des sentiments moraux (PUF, 1999) et Max Weber a établi le lien entre le dur labeur et les valeurs morales d'une part, et l'avancée du capitalisme de l'autre. Le capitalisme décent (soit un capitalisme respectueux de la dignité humaine, pour reprendre les propos d'Amartya Sen) requiert une intervention publique efficace. La recherche du profit constitue l'essence de l'économie de marché. Mais lorsque tout est à vendre, la cohésion sociale s'effrite et le système s'effondre. La crise financière actuelle réduit la capacité de l'Occident à entamer un dialogue plus constructif avec le reste du monde sur les défis mondiaux, sur la gestion des effets de la mondialisation et du réchauffement de la planète - alors que le boom économique extraordinaire de l'Asie pose de nouveaux défis sans précédent.

    Les augmentations spectaculaires des prix de l'énergie et des produits alimentaires viennent aggraver les effets de la crise financière et sont de mauvais augure. Il est très significatif que les fonds spéculatifs ont contribué à la hausse des prix des denrées de base. Les citoyens des pays les plus pauvres en seront les plus touchés. Nous risquons de nous trouver face à une misère sans précédent, à une prolifération d'Etats en faillite, à des flux migratoires plus importants et à davantage de conflits armés.

    Certains clament haut et fort que l'Europe compte "des économies solides", avec un meilleur contrôle financier et une meilleure réglementation qu'aux Etats-Unis. On pourrait dire qu'il en est en partie ainsi. Mais n'oublions pas les problèmes croissants sur les marchés immobiliers au Royaume-Uni, en Espagne et en Irlande et le marasme économique qui se répand partout en Europe. Pensons également au nationalisme économique et au populisme qui ont tous deux le vent en poupe.

    Les décideurs européens, tant au niveau de l'Union qu'au niveau national, doivent apporter une réponse ferme à l'actuelle crise financière. Nous avons besoin de pragmatisme, d'ouverture d'esprit et de coopération dans la poursuite d'objectifs communs.

    L'Europe doit étudier ces évolutions et identifier les conséquences prévisibles dans le court et le long terme afin d'élaborer des propositions à l'adresse de la communauté internationale permettant de contrer les effets et les causes profondes de cette crise.

    Il est temps de créer un comité de crise européen qui rassemble des représentants politiques de haut niveau, d'anciens chefs d'Etat et de gouvernement ou des ministres des finances ainsi que des économistes renommés et des experts financiers de tous les continents. Ce comité doit se donner comme tâche de :

- Procéder à une analyse détaillée de la crise financière dans le contexte plus large que nous avons essayé de décrire plus haut ;

- Identifier et évaluer les risques socio-économiques que comporte la crise financière pour l'économie réelle, en particulier en Europe ;

- Proposer une série de mesures au Conseil de l'UE afin d'éviter ou de limiter ces risques ;

- Présenter au conseil des ministres, aux Etats membres du Conseil de sécurité de l'ONU, au directeur général du FMI et à toutes les autorités et instances concernées une série de propositions afin de limiter les effets de la crise et préparer une conférence financière mondiale afin de repenser les règles de la finance internationale et de la gouvernance concernant les thèmes économiques mondiaux.

    En 2000, nous nous sommes accordés pour faire de l'Union européenne la région la plus compétitive au monde. Cette ambition a été réitérée en 2005. Nous devons garantir que la compétitivité de l'Europe soit soutenue et non minée par les marchés financiers. Nous devons agir sans plus tarder : pour nos citoyens, pour davantage d'investissements, pour la croissance économique, pour la justice sociale, pour des opportunités d'emplois, et en définitive, pour un meilleur avenir pour tous les Européens.

    Jacques Delors, Jacques Santer, anciens présidents de la Commission européenne ;

    Helmut Schmidt, ancien chancelier allemand ;

    Massimo d'Alema (Italie), Lionel Jospin (France), Pavvo Lipponen (Finlande), Goran Persson (Suède), Poul Rasmussen (Danemark), Michel Rocard (France), anciens premiers ministres ;

    Daniel Daianu (Roumanie), Hans Eichel (Allemagne), Par Nuder (Suède), Ruairi Quinn (Irlande), Otto Graf Lambsdorff (Allemagne), anciens ministres de l'économie et/ou des finances.
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20 avril 2008 7 20 /04 /avril /2008 22:22
   

    Vous l'avez peut-être noté, c'est la ferme conviction de ce site que la junte sarkozienne a été élue grâce au soutien de puissances financières et politiques aux desseins ténébreux, afin de faire régner l'ordre en France durant la phase chaotique de l'effondrement du système financier mondial, et afin de soumettre la population au joug de la dette financière illégale que les parasites de Londres ont réussi à imposer à la nation aux cours des vingt dernières années.
    Deux axes sont explorés par les brutes tape-à-l'oeil du gouvernement :

- Destruction systématique de l'héritage social du
Conseil National de la Résistance et du Front Populaire.
- Instauration d'un système de droit d'exception permanent inspiré entre autre de la doctrine de Carl Schmitt, l'auteur du
Ermächtigungsgesetz, du Führerprinzip (dont les fondements sont explicites chez Heidegger), et du Reichstagsbrandverordnung.

    La
loi Dati sur la rétention de sûreté provient exactement de ce corpus légal, comme l'a souligné dans son rapport à l'Assemblée le député UMP Georges Fenech, qui depuis a perdu son fauteuil pour des raisons que j'ignore (trop bête ?).

    Larecherchedubonheur présente aujourd'hui le documentaire "Réfutations III",en quatre parties, du réalisateur et journaliste Thomas Lacoste, provenant du site
l'autre campagne, qui fait intervenir sur la question un certain nombres de personnes qu'il me semble raisonnable de qualifier de "sérieuses" :
Jean Bérard
, historien, Université de Paris VIII, membre de l'Observatoire international des prisons (OIP) ;
Jean-Pierre Boucher
, juge de l'application des peines au Tribunal de Grande Instance de La Rochelle et ancien président du Syndicat de la magistrature ;
Christian Charrière-Bournazel
, avocat et bâtonnier de Paris ;
Sophie Desbruyères
, conseillère d'insertion et de probation (CIP), secrétaire nationale du syndicat national de l'ensemble des personnels de l'administration pénitentiaires (Snepap-FSU) ;
Claude-Olivier Doron
, philosophe, AMN Paris VII (REHSEIS) et secrétaire éditorial des Cahiers du Centre Canguilhem ;
Véronique Mao
, surveillante pénitentiaire, secrétaire nationale de l’Union générale des syndicats pénitentiaires (UGSP-CGT) ;
Emmanuelle Perreux, juge de l'application des peines au Tribunal de Grande Instance de Périgueux et présidente du Syndicat de la magistrature;
Daniel Zagury
, psychiatre, chef de service au Centre psychiatrique du Bois-de-Bondy, expert auprès de la Cour d'appel de Paris.

Pour soutenir cette initiative et les futurs opus de la série "Réfutations" vous pouvez acheter le DVD 12€ (frais de port inclus) par paiement en ligne www.lautrecampagne.org ou par chèque à l’ordre de L’Autre association, 3, rue des Petites Ecuries, F-75010 Paris.

Toute demande d'information sur le film doit être adressée à : info@labandepassante.org



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23 février 2008 6 23 /02 /février /2008 16:24
badinter.jpgMonsieur Badinter s'alarme du fond, de la forme et des possibilités de dérives de la loi de "rétention de sûreté" :

Robert Badinter : "Nous sommes dans une période sombre pour notre justice"
LE MONDE | 23.02.08

Nicolas Sarkozy a demandé, vendredi 22 février, au premier président de la Cour de cassation de lui faire des "propositions" pour que la rétention de sûreté des criminels dangereux à leur sortie de prison s'applique immédiatement. Le Conseil constitutionnel avait pourtant censuré une telle application, jeudi. Qu'en pensez-vous ?


Il est singulier de demander au plus haut magistrat de France les moyens de contourner une décision du Conseil constitutionnel, dont le respect s'impose à toutes les autorités de la République selon la Constitution elle-même. Si le président entend passer outre la décision du Conseil, une voie lui est ouverte : demander au Parlement la révision de la Constitution. Rendez-vous au Congrès !

Comment interprétez-vous la décision du Conseil constitutionnel ?

Le Conseil constitutionnel a admis la conformité à la Constitution de la rétention de sûreté. Mais, dans le même temps, tout en disant que ce n'est pas une peine, il la traite comme telle, en déclarant qu'elle ne peut être rétroactive. En pratique, le système ne sera pas applicable avant quinze ans. Et même après, sa mise en oeuvre risque d'être problématique. En plus de la censure de la rétroactivité (de la loi pénale la plus dure), le Conseil constitutionnel a fait une réserve d'interprétation importante, en imposant à la juridiction compétente de "vérifier que la personne condamnée a effectivement été en mesure de bénéficier, pendant l'exécution de sa peine, de la prise en charge et des soins adaptés au trouble de la personnalité dont elle souffre".

D'où l'alternative : soit les soins n'ont pas été donnés et le détenu ne pourra pas aller dans un centre de rétention de sûreté ; soit la prise en charge et le traitement sont intervenus - ce qui implique que la prison aura bénéficié de toutes les ressources nécessaires, changement radical par rapport à la situation actuelle - et dans ce cas, il n'y aura sans doute pas lieu de l'envoyer dans un centre de rétention de sûreté. Nous retrouvons là une situation proche de la loi sur l'ADN : le Conseil constitutionnel la valide, mais en fait elle est quasiment inapplicable. De surcroît, d'ici quinze ans, la majorité politique aura sans doute changé.

Le Conseil a donc retiré une partie du venin de la loi. Mais il a accepté le principe de la détention pour dangerosité, hors toute commission d'infraction. Qui ne voit le brouillard dans lequel on va plonger la justice ? On crée l'emprisonnement pour raisons de dangerosité, concept éminemment flou. Une personne sera enfermée, non plus pour les faits qu'elle a commis, mais pour ceux qu'elle pourrait commettre. On perd de vue l'un des fondements d'une société de liberté. On est emprisonné parce que l'on est responsable de ses actes. Nous passons d'une justice de responsabilité à une justice de sûreté. C'est un tournant très grave de notre droit. Les fondements de notre justice sont atteints. Que devient la présomption d'innocence, quand on est le présumé coupable potentiel d'un crime virtuel ?

Mais ce tournant est désormais constitutionnel.
Lorsque j'étais président du Conseil constitutionnel (1986-1995), j'avais posé sur mon bureau une affichette : "Toute loi inconstitutionnelle est nécessairement mauvaise. Mais toute loi mauvaise n'est pas nécessairement anticonstitutionnelle." Le fait que la loi sur la rétention de sûreté ait été jugée conforme à la Constitution ne change pas sa nature : ce sera toujours une mauvaise loi. Il y a eu des heures de gloire pour la justice : la fin de la torture, du bagne, l'abolition de la peine de mort, la possibilité pour un citoyen français de faire un recours à la Cour européenne des droits de l'homme. Aujourd'hui, nous sommes dans une période sombre pour notre justice.

Si la gauche revient au pouvoir, va-t-elle abroger cette loi ?

Quand la gauche reviendra au pouvoir, je souhaite qu'elle supprime cette loi sur la rétention de sûreté. Elle n'en sera pas quitte pour autant. Il faut repenser le traitement des criminels dangereux. Des solutions sont là, inspirées des exemples hollandais et belges.

Il faut, dès le début de l'instruction, procéder aux examens pluridisciplinaires nécessaires pour établir un diagnostic de l'auteur présumé du crime. A partir de ce diagnostic, s'il est affecté de troubles graves de la personnalité qui relèvent d'un traitement médico-psychiatrique, il est placé dans une structure hospitalière fermée, pour une durée indéterminée, variant selon son état. Ou bien il apparaît qu'il peut répondre de son acte devant la justice, et on doit utiliser le temps de l'emprisonnement, de longue durée s'agissant de criminels, aux traitements nécessaires. Il ne faut pas que la prison soit un temps mort. Cela vaut pour tous les prisonniers et encore plus pour tous ceux qui sont atteints de troubles de la personnalité. Mais cela demande un investissement important, auquel la France ne s'est pas résolue.

Craignez-vous un nouveau durcissement de la loi ?

Le prochain fait divers saisissant nous le dira. Lorsqu'un crime grave aura été commis par une personne qui aura tué ou violé plusieurs années auparavant, mais n'aura été condamnée qu'à une peine de dix ans par exemple, au lieu des quinze ans prévus par la loi, on demandera l'abaissement de ce seuil à ce niveau. Ainsi, par touches successives, on verra s'étendre le domaine de la rétention de sûreté.

Propos recueillis par Alain Salles
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23 février 2008 6 23 /02 /février /2008 02:02
photo-rachida-dati-sarkozy.JPG    Dans l'article précédent, je faisais écho de la déclaration stupide d'un député qui vantait les qualités de la loi de "rétention de sûreté", demandée par Nicolas Sarkozy et présentée par Rachida Dati, en soulignant qu'elle s'inspirait du droit allemand. Des gens polis ont confirmé qu'en effet la loi Sicherungsverwahrung fut votée par l'Allemagne de Weimar en 1933. Certains ont précisé, mal à propos, qu'elle fut signée en novembre 1933. Enfin, d'autres, plus impertinents, ont signalé qu'elle avait même été signée par le Reichstanzler, le chancelier, un certain Adolf Hitler.
    Tout cela pourrait paraître anecdotique. Je crois pourtant que cela nous permet de lever un coin du voile sur la construction jusqu'ici discrète, par le gouvernement Fillon, d'un système de droit d'exception inspiré des philosophies juridiques et constitutionnelles de Carl Schmitt, de Leo Strauss et d'Alexandre Kojève - bref, une philosophie fasciste. Ce gouvernement là, dont la mission est de mater la France durant la tempête financière en cours, et de la dissoudre dans un genre de dictature financière européenne post-westphalienne, sait apparemment de qui s'inspirer pour préparer ce pourquoi il a été embauché.
    Depuis les débuts de ce gouvernement, le commun des mortels ne voyait que peu de chose des actes de l'équipe Fillon. Comme je l'avais écris dans l'article précédent :

    [...] L'autre méthode consiste à faire voter discrètement et en grand nombre, par des parlements à la botte, des lois apparemment anecdotiques et inextricables pour le commun des mortels, mais constituant in fine
un corpus légal tout à fait cohérent, qui correspondra étonnamment bien au projet de dictature corporatiste supranationale paneuropéenne du traité de Lisbonne. Bottom-up et Top-down, en quelque sorte.
    C'est ainsi que le gouvernement Fillon travaille, dans l'ombre, bien protégé par le bouclier médiatique sarkozien.


   Le Conseil Constitutionnel vient de corriger astucieusement le projet de madame Dati, sans toucher au fond cependant. La partie essentielle pour les fascistes a été supprimée. Laquelle ? La rétroactivité.
    Rappel du champ d'application de cette loi :

« Art. 706-53-13. – À titre exceptionnel, les personnes dont il est établi, à l’issue d’un réexamen de leur situation intervenant à la fin de l’exécution de leur peine, qu’elles présentent une particulière dangerosité caractérisée par une probabilité très élevée de récidive parce qu’elles souffrent d’un trouble grave de la personnalité, peuvent faire l’objet à l’issue de cette peine d’une rétention de sûreté selon les modalités prévues par le présent chapitre, à la condition qu’elles aient été condamnées à une peine de réclusion criminelle d’une durée égale ou supérieure à quinze ans pour les crimes, commis sur une victime mineure, d’assassinat ou de meurtre, de torture ou actes de barbarie, de viol, d’enlèvement ou de séquestration.

« Il en est de même pour les crimes, commis sur une victime majeure, d’assassinat ou de meurtre aggravé, de torture ou actes de barbarie aggravés, de viol aggravé, d’enlèvement ou de séquestration aggravé, prévus par les articles 221-2, 221-3, 221-4, 222-2, 222-3, 222-4, 222-5, 222-6, 222-24, 222-25, 222-26, 224-2, 224-3 et 224-5-2 du code pénal.

    Donc, sans la rétroaction, cette loi ne commencera à être appliquée que dans quinze ans. Bon.
    Mais sur le fond, que vaut-elle ? Comment interprèter cette notion : "
[...] elles présentent une particulière dangerosité caractérisée par une probabilité très élevée de récidive parce qu’elles souffrent d’un trouble grave de la personnalité [...]" ?
    La réponse vient de la bouche du président lui-même. Il l'a donné lors d'un entretien animé avec le philosophe (discutable) Michel Onfray, avant son élection :

[...]
Nicolas Sarkozy: Je me suis rendu récemment à la prison pour femmes de Rennes. J'ai demandé à rencontrer une détenue qui purgeait une lourde peine. Cette femme-là m'a parue tout à fait normale. Si on lui avait dit dans sa jeunesse qu'un jour, elle tuerait son mari, elle aurait protesté : « Mais ça va pas, non ! » Et pourtant, elle l'a fait.

Michel Onfray : Qu'en concluez-vous ?

N. S. : Que l'être humain peut être dangereux. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous avons tant besoin de la culture, de la civilisation. Il n'y a pas d'un côté des individus dangereux et de l'autre des innocents. Non, chaque homme est en lui-même porteur de beaucoup d'innocence et de dangers.

M. O. : Je ne suis pas rousseauiste et ne soutiendrais pas que l'homme est naturellement bon. À mon sens, on ne naît ni bon ni mauvais.
On le devient, car ce sont les circonstances qui fabriquent l'homme.

N. S. : Mais que faites-vous de nos choix, de la liberté de chacun ?

M. O. : Je ne leur donnerais pas une importance exagérée. Il y a beaucoup de choses que nous ne choisissons pas. Vous n'avez pas choisi votre sexualité parmi plusieurs formules, par exemple. Un pédophile non plus. Il n'a pas décidé un beau matin, parmi toutes les orientations sexuelles possibles, d'être attiré par les enfants. Pour autant, on ne naît pas homosexuel, ni hétérosexuel, ni pédophile. Je pense que nous sommes façonnés, non pas par nos gènes, mais par notre environnement, par les conditions familiales et socio-historiques dans lesquelles nous évoluons.

N. S. : Je ne suis pas d'accord avec vous. J'inclinerais, pour ma part, à penser qu'on naît pédophile, et c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a 1 200 ou 1 300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n'est pas parce que leurs parents s'en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d'autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l'inné est immense.
[...]

    C'est selon moi ainsi qu'est entendue, par les concepteurs de cette loi, la notion de trouble grave de la personnalité. La négation d'une détermination sociale (extérieure), l'affirmation d'une détermination génétique (intérieure), l'inexistence affirmée du jugement souverain de l'individu, c'est-à-dire de sa capacité de rédemption, voilà comment Nicolas Sarkozy pense l'homme. C'est par là que passera l'abus.
    Si le gouvernement avait suivi la décision du Conseil constitutionnel, j'aurais accepté de bon gré de classer mes soupçons dans la case "Fariboles et Elucubrations". Mais ce gouvernement n'est, hélas, pas surprenant : il a un agenda à respecter, à tout prix.
    La preuve ? le président de la République lui-même, furieux, vient de se jeter entièrement dans la bataille pour faire corriger "l'erreur" du Conseil Constitutionnel, en sautant à pieds joints sur l'article 62 de la Constitution Française.
    Voici ce qu'en dit le Figaro :


Rétention de sûreté : Sarkozy insiste
M. D. 22/02/2008

Nicolas Sarkozy a affirmé hier que «l 'application immédiate de la rétention de sûreté aux criminels déjà condamnés reste un objectif légitime pour la protection des victimes  ».

L'Élysée souhaite rendre possible l'enfermement à vie des criminels dangereux en dépit de la censure partielle de la loi par le Conseil constitutionnel.

Moins de vingt-quatre heures après la censure partielle du projet de loi de Rachida Dati sur l'enfermement à vie des criminels dangereux, le président de la République a lancé hier soir une contre-offensive rarissime sur le terrain du droit. Nicolas Sarkozy a clairement affirmé, dans un communiqué, que «l 'application immédiate de la rétention de sûreté aux criminels déjà condamnés reste un objectif légitime pour la protection des victimes». Clairement, il s'agit de contourner la décision prononcée jeudi soir par le Conseil constitutionnel.

L'article 62 de la Constitution, stipule qu'«une disposition déclarée inconstitutionnelle ne peut être promulguée ni mise en application» et que les décisions du Conseil constitutionnel «ne sont susceptibles d'aucun recours et s'imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles».

La voie choisie par le chef de l'État pour imposer l'application immédiate de cette loi passe par la plus haute hiérarchie judiciaire. Nicolas Sarkozy se tourne vers le premier président de la Cour de cassation, Vincent Lamanda. À lui «d'examiner la question et de faire toutes les propositions nécessaires». Dès hier soir, l'option choisie par le chef suscitait de vives réserves de la part des syndicats de magistrats.

Commission de trois magistrats

Auparavant, les explications de texte avaient marqué la journée autour de la décision du Conseil constitutionnel : dans un arrêt qualifié de «sophistiqué» par plusieurs magistrats, les Sages avaient donné leur feu vert à l'enfermement à vie d'individus déjà condamnés, mais ils se sont opposés à la mise en œuvre immédiate.

En l'état, «l'application de cette loi ne serait pas avant 2023», résume le professeur de droit constitutionnel Dominique Rousseau à la lecture de l'arrêt : les personnes actuellement en détention ne peuvent, en effet, pas se voir appliquer cette mesure. Et comme le texte prévoit que les délinquants concernés seront les condamnés à quinze ans de réclusion ou plus, cela amène effectivement à l'année 2023. Selon Dominique Rousseau, le Conseil constitutionnel « s'est montré extrêmement habile en ne censurant pas la loi mais en la rendant inapplicable dans l'immédiat».

De fait, seuls les criminels qui seront condamnés à partir de la promulgation de la loi donc à partir de cette année pourront être enfermés à vie si leur dangerosité, à l'issue de leur incarcération, présente toujours un risque aux yeux des professionnels. Une commission de trois magistrats décidera de ce placement en rétention à l'issue de la peine de prison. Prévue initialement pour un an, cette période de sûreté pourra être ensuite renouvelée indéfiniment.

Le ministère de la Justice avait annoncé pour l'été prochain l'ouverture d'un premier centre expérimental à Fresnes (Val-de-Marne).

Selon un document publié jeudi, 32 détenus dangereux et libé­rables prochainement étaient poten­tiellement concernés par cette mesure, mais il s'agissait alors de la mouture la plus large de la loi.

    Et ce qu'en dit Le Monde :

Rétention de sûreté : Nicolas Sarkozy appelle la Cour de cassation à la rescousse
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 22.02.08

Au lendemain de la censure partielle par le Conseil constitutionnel de la loi sur la rétention de sûreté, Nicolas Sarkozy a demandé au premier président de la Cour de cassation, vendredi 22 février, de lui faire "toutes les propositions" pour permettre "une application immédiate" du texte. "L'application immédiate de la rétention de sûreté aux criminels déjà condamnés (...) reste un objectif légitime pour la protection des victimes", a assuré le porte-parole de l'Elysée, David Martinon, dans un communiqué faisant part de la décision du chef de l'Etat de se tourner vers la Cour de cassation.

La loi permettant la détention illimitée de criminels supposés dangereux a été validée dans son principe, mais les Sages en ont cependant limité l'impact. Entre autres restrictions, le Conseil a pratiquement interdit son application aux condamnés actuels et aux personnes condamnées pour des faits commis avant la publication de la loi.

L'annonce de la décision présidentielle a provoqué la stupéfaction de l'Union syndicale des magistrats (USM), majoritaire dans la profession. "C'est une décision ahurissante, unique dans l'histoire de la Ve République", a estimé son secrétaire général, Laurent Bedouet. "Jamais un président n'a demandé au président de la Cour de cassation comment contourner une décision du Conseil constitutionnel", a-t-il ajouté. Il a rappelé l'article 62 de la Constitution, qui stipule que les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d'aucun recours.

    Fort bien. Voici donc un président de la République tout-à-fait disposé à trahir la constitution quand ça l'arrange. Cela commence à faire beaucoup, non ?
    Serait-il temps de commencer à envisager la destitution ?


   

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20 février 2008 3 20 /02 /février /2008 14:24
Sicherungsverwahrung.jpg    Monsieur Sébastien Fontenelle, auteur du blog salutaire "Vive le Feu", m'a fait choir sur mon postérieur ce matin ! Son dernier article est terrible !
   Il présente la dernière déclaration en date de Herr Georges Fenech, rapporteur UMP de la commission des Lois de l'Assemblée nationale, au sujet de la loi sur la "rétention de sûreté".
    Voici l'article :



Si-Adolf-Hitler-L'A-Fait-Pourquoi-Qu'On-Le-Ferait-Pas?
165ab85cd5b8123658e4283db0c6ed14.jpg


Pour (se) justifier (de) l'immonde loi sur la "rétention de sûreté" qu'elle vient de faire adopter par le Parlement (couché), la droite haineuse et revancharde nous a (res)sorti l'un de ses couplets de prédilection: "Pourquoi-qu'on-le-ferait-pas-chez-nous-puisque-ça-se-fait-ailleurs?"

(Argument notoirement débile, mais il ne faut pas non plus trop demander à des gens qui ont fait allégeance à Nicolas Sarkozy.)

Georges-Fenech.jpg Le très (très) droitier Georges Fenech, rapporteur UMP de la commission des Lois de l'Assemblée nationale, a notamment fait valoir, en substance, que: "Si-les-Allemands-le-font-pourquoi-qu'on-les-imiterait-pas?"

(Oui, hein?

Pourquoi?)

Georges Fenech, transi d'admiration pour ce modèle germanique, a plus spécifiquement expliqué: "La mesure de "détention de sûreté" (Sicherungsverwahrung) a été introduite dans le Code pénal allemand en 1933".

Et, en effet, "Le Canard enchaîné" le révèle ce matin: c'est bien ce qui s'est passé.

Même, cette loi, si merveilleuse que l'UMP veut la même, a été paraphée par: "Der Reichstanzler".

Le chancelier du Reich, qui était, comme tu sais, un certain Hitler.

Non seulement les gars inventent une loi infecte, mais ils brandissent, pour te la fourguer, le parrainage d'Adolf Hitler: ça fait quelque peu froid dans le dos et ça se passe évidemment de commentaires, mais faut quand même admettre que, dans le moment précis où le petit chef de l'Etat français instrumentalise dans les cours de récré la mémoire de la Shoah, ça révèle, pour le moins, une espèce de folie obscène.



    L'on ne devrait pourtant pas s'étonner que, d'une majorité dirigé par un Fillon, sorte ce genre de chose. (pardon)
    Voici ce qu'en pense le Nouvel Obs, et la lettre ouverte au Conseil Constitutionnel de plusieurs membres du monde judiciaire.
    Moi, personnellement, je trouve utile les éructations décomplexées des fanatiques sarkoziens : leur stupidité arrogante permet de percer la brume ouatée dont a besoin le gouvernement Fillon pour faire sa cuisine anti-CNR (voir Herr Kessler, où Herr
Beigbeder).

carl_schmitt.jpg    Cela fait tout de même quelques années que les facultés de droits, Sciences-Po, voire l'ENA, portent aux nues le juriste en chef du troisième Reich, l'appendice indispensable - au même titre que Herr Heidegger - de Hjalmar Schacht et d'Adolf Hitler, j'ai nommé Carl Schmitt, l'inventeur du Führerprinzip, du Reichstagsbrandverordnung et du Ermächtigungsgesetz, auxquels se rattache le Sicherungsverwahrung.
    La méthode des Nazis pour mettre en place les lois d'exceptions, copiée par Dick Cheney et ses complices le 11/09/2001, a été radicale : C'est l'incendie du Reichstag, avec dans le rôle du Ben Laden de l'époque, un communiste du nom de Marinus van der Lubbe.
    L'autre méthode consiste à faire voter discrètement et en grand nombre, par des parlements à la botte, des lois apparemment anecdotiques et inextricables pour le commun des mortels, mais constituant in fine un corpus légal tout à fait cohérent, qui correspondra étonnamment bien au projet de dictature corporatiste supranationale paneuropéenne du traité de Lisbonne. Bottom-up et Top-down, en quelque sorte.
    C'est ainsi que le gouvernement Fillon travaille, dans l'ombre, bien protégé par le bouclier médiatique sarkozien.

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19 février 2008 2 19 /02 /février /2008 13:09
A priori, c'est une créature dont les propos peuvent sonner agréablement à l'oreille du progressiste. Mais il y a des trucs bizarres. Voyez par exemple cette interview parue dans les échos du 11 février :

L'Amérique a besoin d'un nouveau New Deal
[ 11/02/08  ] les échos


Rohatyn.jpgAncien Ambassadeur des Etats-Unis en France et vice-chairman de Lehman Brothers.

La crise financière que nous traversons n'est-elle qu'une crise de plus ?

Cette crise est différente. Elle est plus inquiétante et plus dangereuse. Plus inquiétante car nous ne pouvons pas aujourd'hui identifier clairement le problème ni en mesurer la durée et l'ampleur. Plus dangereuse car il est difficile d'imaginer des solutions ou des parades pour l'avenir. Lors des crises du peso mexicain, de la Russie, du fonds LTCM ou de la bulle Internet, les problèmes étaient identifiables et mesurables. L'épreuve était, certes, douloureuse mais on savait ce qu'il fallait faire. Cette fois-ci, il ne faut pas se leurrer, la crise n'est pas uniquement financière, mais aussi immobilière ce qui va avoir de lourdes conséquences sociales. Cela me rappelle un peu le milieu des années 1970 quand la ville de New York a été à deux doigts de faire faillite.

Vous pouvez d'autant mieux en parler que vous avez été l'architecte du sauvetage de New York ?

Avec beaucoup d'autres. Mais à l'époque, Helmut Schmidt et Valéry Giscard d'Estaing nous avaient mis en garde lors d'un sommet des chefs d'Etat et de gouvernement : une faillite de New York risquait de provoquer un effondrement du dollar. La crise à laquelle nous sommes confrontés aujourd'hui est beaucoup plus globale. Cela a de quoi effrayer.

Cet impact économique global s'annonce très lourd ?


Si nous évitons que la première économie du monde ne tombe dans une phase de récession sévère, nous éviterons sans doute le pire. Mais si la récession aux Etats-Unis est profonde, la crise le sera aussi. Nous nous sommes mis dans une position de vulnérabilité. On peut admirer les Etats-Unis pour leur flexibilité et leur dynamisme mais nous devons constater que des pans entiers de notre économie sont en crise. Notre industrie traditionnelle, comme l'automobile, est à la peine. L'immobilier et la construction vont mal. Et maintenant, le secteur financier est affecté : trois des secteurs clefs de notre pays souffrent de façon simultanée.

Les banques centrales peuvent-elles sauver la situation ?

La finance s'est globalisée et s'est articulée autour de trois pôles, les Etats-Unis, l'Europe et le tandem sino-japonais. Mais les structures de contrôle, elles, ne se sont pas adaptées. Prise séparément, chaque banque centrale est trop isolée et suit sa propre politique. L'Amérique baisse ses taux. L'Europe pas. Nous aurions besoin d'un régulateur plus global, capable d'imposer des règles et de parler d'une seule voix. Avec Ben Bernanke et Jean-Claude Trichet, nous disposons d'hommes très compétents. Ils se penchent sur les problèmes. Mais il s'agit d'une première étape pour restaurer la confiance. En termes de régulation purement américaine, nous avons d'autre part commis une sérieuse erreur en abolissant à la fin des années 1990 la loi Glass-Steagall qui empêchait les banques de réseaux de prendre des participations dans les banques d'affaires.

En Amérique, le président Bush et le Congrès se sont mis d'accord sur un plan de relance. Cela sera-t-il suffisant ?

Ce plan de relance est énergique mais il faut faire plus, sur un plus long terme. Les mesures de soutien aux ménages ne sont prévues que pour un an. Nous devons aussi envisager un programme beaucoup plus vaste d'investissements dans les infrastructures, définir de grands projets portant sur une dizaine d'années. Nous devons réinvestir dans notre pays. La Chine vient bien de décider d'investir plus de 60 milliards de dollars d'ici à 2020 dans la construction d'une centaine de nouveaux aéroports. Nous devons, nous aussi, avoir de grands projets.

Vous voulez réhabiliter Keynes ou faire revivre le New Deal de Franklin D. Roosevelt ?

Tout en restant un fervent capitaliste, je n'ai jamais caché que j'étais keynésien et quand je vois dans quel état sont aujourd'hui les Etats-Unis je regrette que les keynésiens soient minoritaires. Nous avons parfois tendance à l'oublier, mais, avec le New Deal, Roosevelt a sans doute sauvé le capitalisme. Sans son intervention durant la grande crise des années 1930, l'Amérique aurait pu basculer dans le socialisme. Aujourd'hui nous sommes en général hostiles à l'intervention d'un Etat considéré, a priori, comme bureaucratique. Mais les dérèglements actuels prouvent que l'on ne peut pas se reposer totalement sur le marché ! Dans un pays où des ponts s'écroulent, des routes sont délabrées, où un ouragan comme Katrina détruit la Nouvelle-Orléans et symbolise l'impuissance du gouvernement, comment peut-on encore prétendre que l'Etat n'a pas de rôle positif à jouer ? Le New Deal a prouvé que le gouvernement pouvait intervenir sans dénaturer le système. Aujourd'hui nous avons besoin d'un nouveau New Deal.

Que peut-on faire concrètement ?

Ce que l'Amérique a fait, elle peut le refaire. La base de notre économie restera toujours le secteur privé mais il ne faut pas oublier que ce pays a, aussi, été bâti sur de l'investissement public. De Jefferson qui a acheté la Louisiane à Eisenhower qui a construit un réseau d'autoroutes gratuites en passant par les chemins de fer transcontinentaux construits sous Lincoln, les exemples ne manquent pas. Mais le mécanisme de répartition de l'investissement entre l'Etat fédéral, les Etats et les villes a été cassé dans les années 1960-1970. Le pouvoir central investit de moins en moins, les collectivités locales n'ont pas les moyens financiers de se substituer à l'Etat et, du coup, des infrastructures aussi cruciales que les routes ou les écoles se dégradent. On a évalué qu'il faudrait dépenser 1.600 milliards de dollars sur cinq ans pour remettre simplement à niveau nos infrastructures essentielles. C'est indispensable pour notre qualité de vie mais aussi pour notre productivité et donc pour les emplois de demain. Pour l'instant rares sont ceux qui sont prêts à entendre ce discours.

Les esprits peuvent-ils évoluer ?

Ils évoluent déjà. Depuis deux-trois ans, nous avons créé un groupe bipartisan d'hommes d'affaires, de politiques et d'universitaires. Notre but est simple : nous voulons que l'Amérique se dote d'une sorte de Banque mondiale en version domestique. Dotée au départ d'un capital d'environ 60 milliards de dollars par l'Etat, cette banque pourrait ensuite lever des fonds et emprunter de l'argent pour financer de grands projets. Elle n'assurerait jamais plus de 50 % de l'investissement afin de conserver un fort lien avec le privé. Cela ne va pas se faire du jour au lendemain mais notre proposition fait de plus en plus l'objet de discussions. Nous progressons.

Les Américains, qui ne respectent pas tous l'héritage rooseveltien, sont-ils prêts à accepter ce discours ?

Ce pays a été construit par des gens qui ont fuit des Etats ou des Eglises qui les persécutaient. Il y a donc naturellement une forme de réticence face au pouvoir central. Tant que le monde est simple et que l'économie fonctionne bien, ce genre d'attitude peut même se défendre. Mais le monde d'aujourd'hui est devenu beaucoup plus complexe. Les conséquences humaines de la globalisation sont, par de nombreux côtés, de plus en plus lourdes. Le gouvernement a un rôle à jouer dans l'infrastructure, l'éducation ou la réduction des inégalités. La crise actuelle pourrait être l'occasion d'une prise de conscience des Américains.

Vous refusez d'être totalement pessimiste ?

La conjonction de cette crise et de l'élection présidentielle américaine sont une opportunité. Ces sujets de fond vont faire partie du débat électoral. La crise actuelle le prouve : on ne peut pas compter uniquement sur le marché et sur la finance pour redistribuer plus ou moins équitablement les richesses. Je ne sais pas ce que choisira mon pays mais le débat va avoir lieu. Il ne se passera peut-être rien. Mais, s'il doit se passer quelque chose, c'est maintenant ou jamais. Sortir de la guerre en Irak est un préalable. Nous ne pouvons pas nous battre sur tous les fronts à la fois. Mais il faut se rendre à l'évidence. L'image des Etats-Unis a été ternie par la guerre en Irak. Aujourd'hui, la crise financière est un revers de plus. Nous n'avons pas donné l'image d'un pays d'investisseurs sérieux mais celle d'un pays de parieurs appâtés par le gain. C'est très mauvais.

L'Amérique a-t-elle le blues ?

Les Américains, qu'ils soient démocrates ou républicains, savent que quelque chose cloche et que le pays avance dans la mauvaise direction. Ils sentent que le monde de demain sera plus dur pour leurs enfants qu'il ne l'a été pour eux. Cela n'est guère rassurant. En fait, nous avons subi deux chocs. Le 11 septembre 2001, nous avons découvert que nous étions vulnérables sur le terrain de la sécurité. Aujourd'hui nous prenons conscience que nous sommes, aussi, économiquement fragiles.

Les Etats-Unis sont-ils retombés dans la même ornière que durant les années 1970 ?


Nous avons un pétrole cher, un dollar qui s'affaiblit et nous avons une guerre sur les bras, et la menace d'une nouvelle stagflation. Mais l'analogie n'est pas totale. Dans les années 1970, nous étions en crise mais nous ne doutions pas. Nous étions encore l'incontestable « numéro un » mondial. L'automobile c'était General Motors et personne n'imaginait que GM puisse faire faillite. Nous avons encore des Google, d'excellentes universités et une vraie capacité d'innovation. Sans être condamnés, nous ne sommes plus les incontestables champions du monde. Il faut en tirer les leçons.

Ne craignez-vous pas une dérive nationaliste ou protectionniste ?

Nationaliste non. Protectionniste oui. Des mesures protectionnistes seront sans doute envisagées mais on ne va pas se transformer en forteresse. On sent, certes, dans la campagne une volonté politique un peu démagogique de répondre à certaines demandes de l'opinion publique. Mais l'Amérique reste pragmatique. On le voit actuellement avec la montée de fonds souverains dans le capital des banques, même s'il est probable que des règles seront adoptées pour encadrer quelque peu ces investissements. Même si l'on va exiger plus de transparence afin qu'ils restent cantonnés à la sphère économique et ne deviennent pas des prises de participations politiques.

Quel camp, républicain ou démocrate, vous semble le plus à même de relever tous ces défis ?

L'élection présidentielle est l'occasion de choisir un leader susceptible de reconnaître l'ampleur de nos problèmes et de tenter de les surmonter. Et ma préférence serait, naturellement, que ce soit un candidat démocrate qui l'emporte.

La France aussi a changé l'an dernier de président. Cela a-t-il vraiment eu un impact sur la relation franco-américaine ?

Il y a une incontestable amélioration de notre relation. L'attitude du président Sarkozy envers l'Amérique va favoriser le rapprochement transatlantique. Cela pourrait aussi favoriser un retour de la France au sein du commandement intégré de l'Otan. Nous pouvons maintenant travailler ensemble et montrer la voie sur des sujets économiques, politiques et militaires.

PROPOS RECUEILLIS À NEW YORK PAR DAVID BARROUX.


Son parcours
Né à Vienne, élevé en France, résidant aux Etats-Unis depuis 1942, Félix Rohatyn est depuis toujours un pont entre les deux rives de l'Atlantique. Entré en 1948 chez Lazard Frères & Co, Rohatyn le « banker » aura multiplié les « deals » qui font le charme de la banque d'affaires, mais se sera également très tôt mis au service du public en participant, par exemple, dès le milieu des années 70, au plan de sauvetage financier d'une ville de New York au bord de la faillite. Entre 1997 et 2000, le « banker » se fera diplomate en devenant ambassadeur des Etats-Unis à Paris.

Son actualité
Depuis son retour aux Etats-Unis, Félix Rohatyn a replongé dans la finance. Après avoir monté sa propre firme, l'homme qui, à soixante-dix-huit ans, est toujours au conseil d'administration de LVMH (propriétaire des « Echos ») et de Publicis, est devenu en 2006, conseiller de Richard Fuld, le PDG de Lehman Brothers. Il est également vice-« chairman » de cette banque et « chairman » de son comité de développement international. En parallèle, au sein du Center for Strategic and International Studies, il est l'un des membres fondateurs d'un groupe d'experts cherchant à favoriser l'investissement dans l'infrastructure publique.


    Une vraie berceuse, n'est-ce pas ? Si j'avais étudié à Sciences-Po, j'aurais même eu un orgasme.
    Mais Félix Rohatyn est un BANQUIER. C'est la voix de la City de Londres. Veuillez donc relire l'interview avec cette idée-là, elle prend un tout autre sens.

    Voici deux points à considérer, pour comprendre selon moi pourquoi ce monsieur cause aux français :
    1 - Le système financier internationale est mort, l'oligarchie financière doit donc organiser un nouveau système pour conserver le pouvoir.
    2 - Les USA et l'Europe sont en période politique instable : élections présidentielle aux USA, mise en place des structures supranationales du Traité de Lisbonne en Europe.

    Où est Rohatyn
dans ce tableau ? Il prétend amener une relance par l'investissement par le biais de la création d'une "banque mondiale", capable de lever des fonds et "d'emprunter de l'argent" pour financer des grands travaux, mais "jamais à plus de 50%", afin de "conserver de fort lien avec le privé".

    Qu'est-ce que ça veut dire,
une "banque mondiale", capable de lever des fonds et "d'emprunter de l'argent" ? Cela veut dire que cette banque est dénuée de la capacité de créer de la monnaie. Cela veut donc dire que pour obtenir son financement, elle devra emprunter chèrement aux banques privées, qui disposent de la manne des banques centrales des deux côtés de l'Atlantique.
    Cela veut dire en réalité que les banques privées internationales veulent s'organiser en consortium et imposer une structure de financement de la relance qui leur garantit le contrôle de l'économie.

    Quant à la question du Financement des projets,
"jamais à plus de 50%", afin de "conserver de fort lien avec le privé", je crois que c'est clair : Il s'agit d'un programme de privatisation systématique des infrastructures. Celles-ci, particulièrement aux USA, ont été tellement abandonnées que, comme l'entretien le souligne, il y faudrait investir 1600 milliards de dollars. Cela concerne tout : ponts, barrages, routes, réseaux ferrés, hopitaux, écoles etc...
    Félix Rohatyn vend ce programme sous le nom de PPP, "Partenariat Public-Privé" - en anglais : "Public-Private Partnership" -. Il est l'un des principaux promoteurs de cette doctrine depuis plusieurs années.

    Lorsqu'il lui est demandé "Vous voulez réhabiliter Keynes ou faire revivre le New Deal de Franklin D. Roosevelt ?", il répond qu'il est Keynésien. Quelle doctrine défend Keynes ? Voici un indice : la préface de la Théorie Générale de J. M. Keynes, publiée en 1936, était consacrée à la politique du docteur Schacht et faisait l'apologie de la méthode de préfinancement de l'économie par le troisième Reich.
   Je sais bien qu'on enseigne partout sur le territoire français (et ailleurs) que Roosevelt était keynésien, mais il n'y a rien de plus faux.


    Enfin, l'on pourrait être étonné lorsqu'il précise qu'il est protectionniste, mais pas nationaliste. En effet, traditionnellement, les politiques douanières sont des prérogatives d'état-nation. Mais non, lui parle d'une doctrine de grand blocs économiques (Amériques du NAFTA, Europe de Lisbonne et Eurasie du traité de Shangaï, en gros) pratiquant le libéralisme le plus radical dans leurs frontières, et l'instrumentalisation conflictuelle des politiques douanières en dehors. Je crois me souvenir que c'est aussi une doctrine de Von Hayek.
    C'est aussi la doctrine défendue par le plannificateur à long terme George Orwell, dans son essai futuriste 1984.
    Ce que Rohatyn dit en l'ocurrence, c'est qu'il ne croit pas du tout au rôle de l'état-nation dans les structures politico-économiques de demain, que lui et ses copains préparent activement.

    D'autres aspects de cette interview peuvent paraître innocents, mais ont pourtant du sens, historiquement parlant : par exemple, il rappelle son rôle dans la crise budgétaire de New-York -
Cela me rappelle un peu le milieu des années 1970 quand la ville de New York a été à deux doigts de faire faillite -. En effet, il a été l'architecte du "redressement" de New-York - le plan Big MAC -, en appliquant à la ville et à sa population une politique d'austérité draconienne, pour le compte, déjà, d'un consortium bancaire. Sa fameuse phrase, à l'époque, était : « Il n’y a pas d’alternatives faites de plaisir et de souffrance, mais seulement des alternatives faites de souffrance et d’agonie. L’idéal est d’éviter l’agonie, mais on ne peut pas éviter la souffrance. » (Felix Rohatyn, 1975). Tout un programme.
On dirait du Fillion.

    Des rumeurs non dénuées de fondements associent aussi Rohatyn avec les régimes militaristes et les politiques d'austérité génocidaires d'Amérique du Sud dans les années 70.

lagarde.jpg    Tout cela sent la "théorie du complot" ? Bon, si vous voulez. Mais pourtant, voici notre ministre des finances, Mme Christine Lagarde, au CV "exemplaire", qui annonce par le biais d'un câble Reuters, le 13 février :

Reuters le 13/02/2008 15h35
Le gouvernement veut encourager le partenariat public-privé

PARIS, 13 février (Reuters) - La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a présenté mercredi en conseil des ministres le projet de loi visant à multiplier les contrats de partenariat entre les secteurs public et privé.

"Il s'agit de faire du contrat de partenariat un instrument qui trouve pleinement sa place dans la commande publique, et non plus un simple outil d'exception", explique-t-on dans le compte rendu du conseil des ministres.

Le projet de loi étend le recours à ces contrats, jusqu'ici limité à des situations spécifiques, telles que l'urgence et la complexité du projet.

Il sera désormais possible d'y recourir "lorsque l'intérêt économique et financier" sera démontré "à l'issue d'une évaluation des différents modes d'action dont dispose la personne publique pour répondre à ses besoins".

Le contrat de partenariat pourra également être utilisé "à titre expérimental et pour une période limitée", jusqu'au 31 décembre 2012, pour répondre à certains besoins spécifiques de l'enseignement supérieur, des chercheurs, de la police, de la gendarmerie, du système pénitentiaire, du ministère de l'Intérieur et de celui de la Défense./EP

    Vous avez bien lu. Les PPP (Voulant dire, dans l'esprit de Lagarde : les projets de privatisation du gouvernement français collaborant avec les institutions du traité de Lisbonne) concernent
l'enseignement supérieur, la recherche,  la police,  la gendarmerie, le système pénitentiaire, le ministère de l'Intérieur et celui de la Défense. C'est une doctrine qui est en ce moment en cours d'application dans l'Europe entière, et qui est très avancée aux USA, particulièrement dans le domaine énergétique, pénitencier et militaire, pour autant que j'en sache.

    Elle prétend se justifier, cette doctrine, par le fait que 1-les nations sont endettées, 2-elles n'ont plus le droit de créer du crédit ou d'emprunter aux banques centrales ou nationales (cf article 123 du traité de Lisbonne), 3-elles doivent donc avoir recours aux financements privés pour le maintien de leurs fonctions et le développement des infrastructures, mais 4-elles doivent en échange tranférer la gestion de celles-ci (les fonctions et les infrastructures) au privé, sinon, pas de sous.

    Cette politique est une politique de cartelisation internationale et de démantèlement des états-nations (fondés, rappelons-le, sur la doctrine du Bien Commun).
180px-Time-magazine-cover-montagu-norman.jpg    Dans l'entre-deux guerres, cela été tenté en mettant en place une internationale fasciste composées de régimes miltaristes nationalistes anti-patriotiques, financés plus ou moins discrètement par des cartels financiers et industriels, pour terroriser les peuples et les assujettir. Mussolini, Salazar, Hitler, Dollfuss, Franco, Metaxas et Pétain, pour ne donner que les grands noms, et leur maître -directement ou indirectement-, le gouverneur de la Banque d'Angleterre de 1920 à 1944, M. Montagu Collet Norman.

    Les fascistes des années 30 ont perdus, le modèle nationaliste du fascisme a été abandonné au profit d'une doctrine supranationale, dont la mise en place a commencé dès les années 50, et qu'on voit bien assez apparaître au grand jour maintenant

    Et c'est quoi, un Schacht, me direz-vous ? C'est le nom de famille de Hjalmar Schacht, quasi-membre de la famille de M. Norman, et banquier de Hitler et du NSDAP (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiter Partei), le Parti Nazi.
hitler-schacht-copie-1.jpgHerr Hitler et son contrôleur, Hjalmar Schacht.

    Il manque plein de détails et de références à cet article, mais je l'ai quand même posté, vu l'ambiance internationale. C'est pourquoi, s'il y a des questions, j'y répondrai dans la modeste mesure de mes moyens et connaissances
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