20 décembre 2007
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Trichet joue à Nosferatu...ou l'inverse ?
" [...] Essentiellement, tout cela vient du fait que les responsables des échanges des biens de l'humanité ont échoué, de par leur propre entêtement et leur propre incompétence, ont admis leur échec, et ont abdiqué. Les pratiques des usuriers sans scrupules se trouvent dénoncées devant le tribunal de l'opinion publique, rejetées aussi bien par les coeurs que par les esprits des hommes.
En réalité, ils ont essayé. Mais leurs efforts portaient l'empreinte d'une tradition périmée. Confrontés à l'effondrement du crédit, ils n'ont proposé que le prêt de plus d'argent. Dépouillés de l'appât du profit par lequel ils induisaient notre peuple à suivre leur fausse direction, ils en vinrent aux exhortations, plaidant la larme à l'oeil pour le retour de la confiance. Ils ne connaissent que les règles d'une génération d'égoïstes. Ils n'ont aucune vision, et sans vision le peuple meurt. [...] " (Extraits du discours d'investiture de Franklin Delano Roosevelt, 4 mars 1933)
Nous sommes en 2007, à la fin de l'année, le 19 décembre. Les acteurs du système financier international - mort et en état de décomposition avancée - tentent par tout les moyens de clôturer "proprement" les comptes annuels de leurs banques et autres institutions financières, tout en faisant attention à ce que la nouvelle de leurs faillites ne fasse pas la une des journaux. Quitte à envoyer en pâture aux "journalistes" notre nano-président en pleine crise de donjuanisme, fôlatrant chez Mickey avec une Messaline qui s'est tapée tout le bottin mondain international.
Le déluge d'argent gratuit tant souhaité est arrivé : la catastrophe est manifestement si grande que les banquiers centraux ont abandonnés tout scrupule concernant l'inflation, et lachent les dollars, les euros et les livres-sterling en quantité astronomiques, anonymement, en échange de rien - ou d'obligations pourries et autres CDOs et ABPs, dont la valeur réelle est nulle -, pour une durée illimitée et à des taux défiant toute concurrence. C'est pas moi qui le dis, c'est Le Monde :
La BCE vient au secours de banques menacées par les crédits à risque
LEMONDE.FR avec AFP
La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé, mardi 18 décembre, avoir alloué 348,6 milliards d'euros aux banques, un montant massif de liquidités visant toujours à rétablir la confiance sur le marché monétaire, secoué par la crise du crédit aux Etats-Unis. La BCE leur a accordé cet "argent frais" au taux avantageux de 4,21 %, inférieur aux niveaux des taux interbancaires pratiqués actuellement sur le circuit monétaire, selon un communiqué destiné aux marchés financiers. (C'est pratique : j'emprunte à 4.21%, je prête à 5% ou plus, et je gagne la différence sans avoir quitté mon fauteuil.)
Le montant est nettement supérieur à leurs besoins, évalués par la BCE à 180,5 milliards. La veille, elle avait annoncé qu'elle mettrait à la disposition des banques un montant illimité. En abreuvant de nouveau le marché de liquidités, la BCE espère aider les établissements financiers, échaudés par la crise des crédits immobiliers à risque, à reprendre confiance. Elle veut ainsi contribuer à soulager les tensions sur le marché monétaire.
[...]
Selon le Wall Street Journal, il s'agit de la deuxième fois en neuf ans d'existence que la BCE procède à une telle opération à taux fixe et pour un montant illimité. La précédente a eu lieu le 9 août, lorsque les marchés financiers s'étaient trouvés une première fois frappés par une contraction des liquidités, en raison de la crise du marché des crédits hypothécaires américains. Cette nouvelle opération fait suite à l'initiative commune de plusieurs banques centrales, le 12 décembre, pour apporter aux marchés financiers des liquidités à des taux favorables.
La BCE, la banque centrale américaine (Fed), la banque centrale suisse, la Banque d'Angleterre et la banque centrale canadienne s'étaient associées à cette opération.
De son côté, la Fed a mis, lundi, aux enchères 20 milliards de liquidités pour apporter aux banques les fonds dont elles ont besoin, mais qu'elles peinent à emprunter à cause de la méfiance généralisée qui règne sur les marchés depuis le début de la crise provoquée par l'effondrement du marché des crédits hypothécaires américains cet été.
Les résultats de cette adjudication, lancée lundi à 15 heures GMT (16 heures à Paris), ne devraient pas être connus avant mercredi matin, et elle va s'accompagner d'une autre opération dans les jours à venir, portant le total des liquidités mises sur le marché par la Fed à 40 milliards de dollars (quelque 27 milliards d'euros). La BCE avait déjà annoncé la semaine dernière que l'opération de refinancement qui doit débuter mardi serait d'une durée exceptionnelle de deux semaines.
En décidant, lundi, que celle-ci aurait lieu à un taux plancher de 4,21 %, elle fait passer aux banques le message qu'elles pourront disposer de ressources quasi illimitées à un taux inférieur à celui du marché jusqu'à la fin de l'année, une période toujours délicate pour les institutions financières qui doivent clôturer leurs comptes.
Ailleurs, on feint la surprise, mais on sent que la main tremble d'effroi au dessus du clavier :
La BCE agit dans l'urgence pour aider les banques
LE MONDE | 18.12.07
Une semaine après avoir participé à une action concertée exceptionnelle avec quatre autres instituts d'émission pour apaiser les tensions sur le marché monétaire, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé, lundi 17 décembre, de franchir un nouveau cap.
La BCE a annoncé qu'elle ouvrait grand les vannes du crédit pour venir en aide aux banques touchées par la crise des crédits immobiliers américains à risque - les fameux subprimes. Dans un communiqué, elle a indiqué qu'elle satisfera toutes les demandes de refinancement des banques commerciales sans limite de montant (A taaable !). Ces prêts seront accordés au taux de 4,21 %, bien inférieur aux taux observés sur le marché, qui ont frôlé les 5 % au cours des derniers jours. (Comme c'est gentil...)
Cette initiative reflète la détérioration de la situation financière des banques européennes. IKB en Allemagne, Northern Rock en Grande-Bretagne se retrouvent en situation de quasi-faillite (Cherchez le mot en trop !) tandis que le géant suisse UBS a dû faire appel au fonds d'Etat singapourien pour le secourir.
Cette décision surprise de la BCE entre en totale contradiction avec son discours mettant en garde contre les risques inflationnistes et témoigne de la gravité de la crise bancaire. (Surprise-totale-témoigne-gravité-crise : en voilà au moins une qui est réveillée)
Anne Michel
Je voudrais tout de même avertir le lecteur qui serait tenté de se distancier de ces réalités : cette augmentation exponentielle de l'émission monétaire, vue d'en bas, signifie vaporisation de l'épargne, chute vertigineuse du pouvoir de maintenir un foyer (la partie essentielle du pouvoir d'achat), disparition des capacités de remboursement d'emprunt. L'hyperinflation est une technique d'usuriers qui consiste à faire payer par la population en masse les dettes de quelques pervers. Qui n'est pas concerné ?
Mais même cette orgie de liquidités n'est pas suffisante pour sauver le système, disent ceux qui savent, comme par exemple cette voix de Francfort :
BCE et BoE ouvrent les vannes pour détendre le marché
Reuters - 18/12/07
FRANCFORT (Reuters) - Poursuivant la mise en oeuvre de la stratégie d'intervention concertée annoncée la semaine dernière, la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d'Angleterre ont généreusement pourvu en liquidités le marché monétaire.
Pour la première fois depuis sa première injection - le 9 août - suivant le déclenchement de la crise du crédit, la BCE a retenu la totalité des soumissions bancaires au-dessus d'un certain taux à l'issue de son appel d'offres de refinancement hebdomadaire. (C'est-à-dire qu'elle a dit oui à tout, ou presque)
Elle a servi 348,6 milliards d'euros à deux semaines au taux marginal de 4,21% contre 4,18% la semaine dernière. [...]
"(La BCE) jette tout ce qu'elle peut sur ce problème de liquidité", commente un intervenant.
La BCE a lancé parallèlement vendredi une opération d'apport de liquidité de 10 milliards de dollars à 28 jours. Les résultats en seront connus mercredi, jour où elle doit annoncer une nouvelle opération de ce type, d'un montant de 10 milliards de dollars également, mais à 35 jours. (Et avec ça, qu'est-ce que je vous sert ?)
La Réserve fédérale a proposé un montant de 20 milliards de dollars également et la Banque nationale suisse (BNS) a offert jusqu'à quatre milliards de dollars à une décote par rapport au taux d'escompte de la banque centrale américaine.
Les résultats de toutes ces adjudications sont prévus mercredi.
Pour sa part, la Banque d'Angleterre a conclu son opération de refinancement de 10 milliards de livres à trois mois au taux minimal de 5,36%. L'argent a été absorbé (Trad : Ils se sont rués dessus) quoique la demande ait été mitigée (Sans blague ?). De précédentes adjudications avaient tourné court car la BoE avait fixé un taux minimum bien supérieur à son taux d'intervention et aucune banque ne voulait donner l'impression d'être à ce point dépourvue de cash qu'elle aurait soumissionné à n'importe quel taux.
La plupart des experts estiment que l'action concertée de la Fed, de la BCE, de la BoE, de la BNS et de la Banque du Canada, entre autres, ne suffira pas à résoudre la crise du crédit à elle seule. (Et c'est vrai : le refinancement des dettes pourries est un puit sans fond. La manne financière des banques centrales est versée dans le tonneau des Danaïdes.)
Par Mike Peacock
Ou cette voix de Paris, du journal français apparement le plus prolixe sur la question :
La BCE soulage ponctuellement les banques
LE MONDE | 19.12.07
Les banques prises dans la tourmente de la crise des subprimes sont soulagées, au moins pour quelque temps. L'opération massive et inédite entreprise par la Banque centrale européenne (BCE), mardi 18 décembre, a apaisé ponctuellement les désordres du marché monétaire qui affectaient les établissements les plus fragiles. L'autorité a permis aux banques d'emprunter pour deux semaines un montant spectaculaire de 348,6 milliards d'euros au taux de 4,21 %. L'objectif était de leur permettre de se refinancer (Qu'est-ce que je vous disait) à moindre coût et d'éviter une paralysie totale du marché du crédit interbancaire.
Depuis cet été, la crise des subprimes - du nom de ces crédits hypothécaires américains à risque nichés dans les comptes de certaines banques - a provoqué un mouvement de défiance généralisé. Les établissements financiers, ignorant dans quelle mesure leurs homologues détiennent ces produits explosifs, refusent de se prêter mutuellement ou n'acceptent de le faire qu'à un coût très élevé.
Or, en fin d'année, les établissements sont traditionnellement à la recherche de liquidités pour "habiller" leur bilan, c'est-à-dire pour améliorer la présentation de leurs comptes (Qu'en termes élégants ces choses-là sont dites !). Ce phénomène, cumulé aux effets de la crise, a exacerbé les tensions déjà très vives sur le marché monétaire faisant grimper dangereusement le loyer de l'argent.
SAUVETAGE
L'action de la BCE n'est pas isolée. Elle s'ajoute à une opération orchestrée par la Banque d'Angleterre qui a offert le même jour 11,35 milliards de livres (15,8 milliards d'euros) au marché à des échéances diverses et à des taux avantageux.
Ces deux opérations interviennent aussi quelques jours après l'annonce d'une action concertée de soutien aux marchés impliquant, outre la BCE et la Banque d'Angleterre, la Réserve fédérale américaine (Fed), la banque du Canada et la Banque nationale suisse (BNS).
Mais par son ampleur, l'action européenne semble la plus efficace. En ouvrant ainsi massivement les vannes du crédit, elle a su rassurer le marché et fait baisser significativement le niveau des taux interbancaires. (Tu m'étonnes)
Ces injections de liquidités pallient ainsi au manque de marge de manoeuvre de la BCE pour résoudre la crise. Du fait de tensions inflationnistes, la banque centrale rechigne à baisser son taux d'intérêt censé réduire mécaniquement et globalement le coût du crédit. (L'un des rôles majeurs de la BCE est de contrôler l'inflation, c'est pourquoi ce ne sont pas les prix qui montent - quoique -, mais les revenus qui chutent).
Reste à savoir si les effets de ce sauvetage ne seront pas éphémères. "L'action de la banque centrale permet de gagner du temps mais cela ne règle pas le fonds du problème", estime Jean-Louis Mourier, analyste chez Aurel Leven. Les établissements bancaires n'ont pas soldé leurs comptes et dévoilent encore régulièrement de nouvelles pertes liées aux subprimes. "Tant qu'il restera des incertitudes, la confiance ne sera pas rétablie. Pour le moment personne n'a trouvé "La" solution pour régler ce problème", alerte M. Mourier. (Si : ceux qui appellent à un Nouveau Bretton Woods)
L'action spectaculaire de la BCE illustre aussi la gravité de la crise. Celle-ci ne semble plus circonscrite aux subprimes et la sphère financière. Désormais la menace d'une récession aux Etats-Unis et le ralentissement de la croissance en Europe inquiètent aussi les marchés et incitent les banques à la prudence.
Claire Gatinois
J'espère que personne ne se demande plus quelle est la nature de l'indépendance des banques centrales...