Car pourtant, après avoir vaincu l'alliance de la finance et du fascisme en 1945, et poursuivant leurs renaissances selon l'idéal volontariste de Franklin Roosevelt, les nations exprimaient alors un optimisme et une volonté humaniste rayonnants, qui se sont traduits par les libérations des colonies (souvent malgré leurs empires de tutelle), les révolutions vertes, les révolutions scientifiques du nucléaire et de la science médicale, pour culminer avec la promenade de Neil Armstrong sur la Lune, objectif de la mission d'Apollo 11.
Depuis, il apparaît que nous avons, en tant que peuples, décidé que ce progrès était suffisant en l'état, et que les nations n'avaient pas toutes les mêmes besoins, les mêmes droits à la vie et au développement. Des intellectuels sinistres apparurent à chaque coin de rue, dans chaque colloque, dans les ministères et les intitutions internationales, persiflant toujours la même rengaine pessimiste.
Et cela fait bientôt quarante ans que leurs pestilences percolent dans tous les domaines du savoir, dans tous les ouvrages culturels, et dans la pensée politique de droite comme de gauche. Il n'est que de regarder la substance du "verdissage" des partis, de la mort apparente de la créativité scientique et de la corruption nihiliste de la culture.
D'où cela vient-il ? Qui a fait ça ? L'un des responsables de cette catastrophe universelle est Claude Lévi-Strauss, qui vient d'être rappelé par son Créateur après une longue, très longue vie à répandre un venin triste et stérile.
Déjà, à l'occasion de son élection à l'Académie Française en 1973, lors d'un entretien avec un journaliste de l'ORTF, il déclarait ceci :
L'article qui suit, de Christine Bierre, chercheuse et cadre militant du parti Solidarité et Progrès, explique ce qu'a représenté Lévi-Strauss dans la destruction de la culture et du progrès des états-nations, et en quoi il représente la pensée "sauvage" de l'oligarchie.
(L'on peut aussi consulter avec profit cet article : Lewis Henry Morgan, les racines racistes de l'anthropologie - Paul Glumaz, tiré du Fusion n°101.)
Bonne lecture
— Christine Bierre, Paris, le 5 novembre 2009 (Nouvelle Solidarité) —
Claude Lévi Strauss, l’un des intellectuels les plus néfastes du XXe siècle a quitté ce monde le 30 octobre dernier, après une longue et intense vie de 101 ans. De quoi accusons-nous Claude Lévi Strauss ? D’avoir porté des coups assassins contre la notion même de la vérité, au nom d’un relativisme culturel sorti tout droit des bas fonds de sophistes Grecs contre lesquels Socrate et Platon se battaient déjà à leur époque.
C’est Claude Lévi-Strauss qui a rendu populaire auprès des millions d’étudiants et d’intellectuels à l’échelle internationale, l’idée qu’on ne peut pas comparer les bienfaits d’une culture par rapport à une autre ; que toutes les cultures se valent entre elles dès le moment où elles ont développé un système des règles logiques qui leur est propre.
Questionné par swissinfo.ch sur l’apport essentiel de l’ethnologue français, Pierre Centlivres, un ethnologue suisse, confirme qu’en effet Lévi-Strauss « n’établissait pas de différence de nature entre « sauvages » et « civilisés » et « qu’il estimait que nous n’avons pas une position et les critères qui permettent de porter des jugements hiérarchiques sur les autres cultures ». A la question de savoir si Lévi-Strauss était le dernier de grands penseurs des Lumières, Centlivres répond sans détour qu’il « est très difficile de qualifier Lévi-Strauss d’homme des Lumières, car il était marqué par un désenchantement, un pessimisme profond. Il voyait dans le progrès, non pas la lumière justement, mais une menace » !
Pourtant, signe de l’idéologie pessimiste qui ronge la plupart des nos organes de presse, les principaux journaux de notre pays ont consacré des pages et des pages entières au panégyrique de Lévi-Strauss, quatre pages dans Libération et quatre pages dans Le Monde, pour n’évoquer que ceux-là ! Le Monde publie, sans aucun commentaire, cette phrase clé de ce « grand homme » qui refusait d’établir une différence de nature entre l’homme et l’animal : « On m’a souvent reproché d’être antihumaniste. Je ne crois pas que ce soit vrai. Ce contre quoi je me suis insurgé (…) c’est cette espèce d’humanisme dévergondé issu, d’une part, de la tradition judéo-chrétienne, et d’autre part, plus près de nous, de la Renaissance et du cartésianisme qui fait de l’homme, un maître, un seigneur absolu de la création. J’ai le sentiment que toutes les tragédies que nous avons vécues, d’abord avec le colonialisme, puis avec le fascisme, enfin les camps d’extermination, cela s’inscrit non en opposition ou en contradiction avec le prétendu humanisme sous la forme où nous le pratiquons depuis plusieurs siècles, mais, dirais je, presque dans son prolongement naturel. Puisque c‘est, (…) d’une seule et même foulée que l’homme a commencé par tracer la frontière de ses droits entre lui-même et les autres espèces vivantes, et s’est ensuite trouvé amené à reporter cette frontière au sein de l‘espèce humaine, séparant certaines catégories reconnues seules véritablement humaines, d’autres catégories qui subissent alors une dégradation conçue sur le même modèle qui servait à discriminer espèces vivantes humaines et non humaines. »
Pourquoi ces idées sont-elles si dangereuses ? Le moindre livre d’histoire nous informe sur les civilisations dont les conceptions se sont traduites par une démographie croissante et un niveau de vie, de culture et de progrès grandissant par habitant et par km2, et celles qui ont, au contraire, périt car elles n’ont pas su faire face aux défis de leur temps. Ne pas intervenir alors pour donner le « feu » aux civilisations qui ne l’ont pas encore, tels des Prométhée modernes, est passible, tout comme dans la vie quotidienne, de non-assistance à des personnes en danger. Car si l’humanité est diverse en termes de langues, de culture et d’histoire, et c’est l’une de ses grandes richesses, les grands principes qui permettent d’assurer sa survie et son développement, en termes de connaissance des lois de la nature, relèvent, eux, de l’universel. Contrairement a ce que défend Lévi-Strauss, toute société qui ne développe pas les pouvoirs conceptuels de ses citoyens pour pouvoir fournir l’énergie suffisante et les technologies nécessaires à son développement, besoins dont l’approche est identique pour toutes les sociétés, périra. Ceci représente aussi la grande différence de nature qui existe entre nos amis les bêtes, et nous : notre capacité à réfléchir, à découvrir des principes physiques universaux qui régissent notre monde et de nous en servir pour le progrès de l’espèce.
Au fond, il y a quelque chose de parfaitement oligarchique dans l’attitude de Lévi-Strauss qui apprécie les « sauvages », à partir de son existence bien confortable dans un pays développé du secteur avancé et du haut de sa position à la tête du Comité qui a dirigé la création du Musée des Arts Premiers de Jacques Chirac, sans pour autant vouloir adopter leur façon de vivre. Chacun est bien à sa place ! C’est pour cela, qu’il en soit conscient ou non, que les opinions de Claude Lévi-Strauss ont été bien utiles aux colonialistes, en France et ailleurs, pour justifier l’arriération des peuples dont on voulait assurer la domination.
Il n’est pas surprenant de ce point de vue d’apprendre que la carrière de Lévi-Strauss fut lancée au début par Célestin Bouglé, un proche de la synarchie anglaise d’avant-guerre à Paris, représentant aussi de la Fondation Rockefeller. Célestin Bouglé était le fondateur du Centre de Documentation Social où avant guerre l’on retrouvait des individus associés aux synarques anglo-américains tels Raymond Aron, Robert Marjolin et même Marcel Déat, d’abord Socialiste puis Pétainiste et collaborateur des Nazis. Charles Rist, économiste de renom international, sous-gouverneur de la Banque de France avant la guerre et fondateur de l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES), faisait aussi parti des ces groupes. Expulsé de l’enseignement universitaire à cause des lois juives de Pétain, Claude Lévi-Strauss s’exila aux Etats-Unis où il travailla à la New School for Social Research de New York, autour de laquelle d’autres exilés se sont rassemblés tels Leo Strauss, qui allait ensuite fonder le courant des néoconservateurs américains que l’on vit sévir autour de George Bush Jr, ainsi que la philosophe Hannah Arendt, ancienne maitresse du philosophe Heidegger, y compris après qu’il eut pris sa carte au Parti Nazi.
Comme pour appuyer le propos de l'article de Madame Bierre, l'auteur inconnu du blog putréfié Biosphère-lemonde, écologiste malthusien radical, offre cet In Memoriam extraordinaire à Claude Levi-Strauss, en citant un de ses persiflages, que l'on peut lire en entier ici :
Lévi-Strauss, in memoriam
Une source d’inspiration de ce blog, Arne Naess, est mort au début de cette année 2009. Un autre de mes maîtres à penser, Claude Lévi-Strauss, vient de mourir. Plutôt que de vaines éloges, je lui laisse la parole, une parole qui à mon avis donnera une colonne vertébrale à notre XXIe siècle :
« J’ai connu une époque où l’identité nationale était le seul principe concevable des relations entre les Etats. On sait quels désastres en résultèrent. (…) Puisque au cours du dernier siècle j’ai assisté à une catastrophe sans pareille dans l’histoire de l’humanité, on me permettra de l’évoquer sur un ton personnel. La population mondiale comptait à ma naissance un milliard et demi d’habitants. Quand j’entrai dans la vie active vers 1930, ce nombre s’élevait à deux milliards. Il est de six milliards aujourd’hui, et il atteindra neuf milliards dans quelques décennies à croire les prévisions des démographes. Ils nous disent certes que ce dernier chiffre représentera un pic et que la population déclinera ensuite, si rapidement, ajoutent certains, qu’à l’échelle de quelques siècles une menace pèsera sur la survie de notre espèce. De toute façon, elle aura exercé ses ravages sur la diversité, non pas seulement culturelle, mais aussi biologique en faisant disparaître quantité d’espèces animales et végétales.
De ces disparitions, l’homme est sans doute l’auteur, mais leurs effets se retournent contre lui. Il n’est aucun, peut-être, des grands drames contemporains qui ne trouve son origine directe ou indirecte dans la difficulté croissante de vivre ensemble, inconsciemment ressentie par une humanité en proie à l’explosion démographique et qui - tels ces vers de farine qui s’empoisonnent à distance dans le sac qui les enferme, bien avant que la nourriture commence à leur manquer - se mettrait à se haïr elle-même, parce qu’une prescience secrète l’avertit qu’elle devient trop nombreuse pour que chacun de ses membres puisse librement jouir de ces bien essentiels que sont l’espace libre, l’eau pure, l’air non pollué.
Aussi la seule chance offerte à l’humanité serait de reconnaître que devenue sa propre victime, cette condition la met sur un pied d’égalité avec toutes les autres formes de vie qu’elle s’est employée et continue de s’employer à détruire.
Mais si l’homme possède d’abord des droits au titre d’être vivant, il en résulte que ces droits, reconnus à l’humanité en tant qu’espèce, rencontrent leurs limites naturelles dans les droits des autres espèces. Les droits de l’humanité cessent au moment où leur exercice met en péril l’existence d’autres espèces.
Le droit à la vie et au libre développement des espèces vivantes encore représentées sur la terre peut seul être dit imprescriptible, pour la raison très simple que la disparition d’une espèce quelconque creuse un vide, irréparable, à notre échelle, dans le système de la création.
Seule cette façon de considérer l’homme pourrait recueillir l’assentiment de toutes les civilisations. La nôtre d’abord, car la conception que je viens d’esquisser fut celle des jurisconsultes romains, pénétrés d’influences stoïciennes, qui définissaient la loi naturelle comme l’ensemble des rapports généraux établis par la nature entre tous les êtres animés pour leur commune conservation ; celle aussi des grandes civilisations de l’Orient et de l’Extrême-Orient, inspirées par l’hindouisme et le bouddhisme; celle, enfin, des peuples dits sous-développés, et même des plus humbles d’entre eux, les sociétés sans écriture qu’étudient les ethnologues.
Par de sages coutumes que nous aurions tort de reléguer au rang de superstitions, elles limitent la consommation par l’homme des autres espèces vivantes et lui en imposent le respect moral, associé à des règles très strictes pour assurer leur conservation. Si différentes que ces dernières sociétés soient les unes des autres, elles concordent pour faire de l’homme une partie prenante, et non un maître de la création.
Telle est la leçon que l’ethnologie a apprise auprès d’elles, en souhaitant qu’au moment de rejoindre le concert des nations ces sociétés la conservent intacte et que, par leur exemple, nous sachions nous en inspirer. »
Source : L’ETHNOLOGUE DEVANT LES IDENTITES NATIONALES
Discours de Claude Lévi-Strauss à l’occasion de la remise du XVIIe Premi Internacional Catalunya, 2005.