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11 décembre 2004 6 11 /12 /décembre /2004 00:14

CHAPITRE XI

Du Souverain qui fait une Guerre injuste.

 

§.183     Une Guerre injuste ne donne aucun droit

            Tout le droit de celui qui fait la guerre vient de la justice de sa Cause.   L’injuste qui l’attaque, ou le menace, qui lui refuse ce qui lui appartient, en un mot qui lui fait injure, le met dans la nécessité de se défendre, ou de se faire justice les armes à la main ; il l’autorise à tous les actes d'hostilité, nécessaires pour se procurer une satisfaction complette.   Quiconque prend les armes sans sujet légitime, n'a donc absolument aucun droit ; toutes les hostilités qu'il commet, sont injustes.

 

§.184     Combien est coupable le Souverain qui l’entreprend

            Il est chargé de tous les maux, de toutes les horreurs de la Guerre : Le sang versé, la désolation des familles, les rapines, les violences, les ravages, les incendies sont ses œuvres & ses crimes.   Coupable envers l’Ennemi, qu'il attaque, qu'il opprime, qu'il massacre sans sujet : coupable envers son peuple, qu'il entraîne dans l’injustice, qu'il expose sans nécessité, sans raison ; envers ceux de ses sujets que la guerre accable, ou met en souffrance, qui y perdent la vie, les biens, ou la santé : coupable enfin envers le Genre-humain entier, dont il trouble le repos, & auquel il donne un pernicieux exemple.   Quel effrayant tableau de misères & de crimes ! Quel compte à rendre au Roi des Rois, au Père commun des hommes ! Puisse cette légère esquisse frapper les yeux des Conducteurs des Nations, des Princes & de leurs Ministres ! Pourquoi n'en attendrions-nous pas quelque fruit ? Les Grands auroient-ils perdu tout sentiment d'honneur, d'humanité, de Devoir & de Religion ? Et si notre foible voix pouvoit, dans toute la suite des siècles, prévenir seulement une Guerre ; quelle récompense plus glorieuse de nos veilles & de notre travail ?

 

§.185     à quoi il est tenu

            Celui qui fait injure, est tenu à la réparation du dommage ou à une juste satisfaction, si le mal est irréparable, & même à la peine, si la peine est nécessaire pour l’exemple, pour la sûreté de l’offensé, & pour celle de la société humaine.   C’est le cas du Prince auteur d'une Guerre injuste.   Il doit restituer tout ce qu’il a pris, renvoyer à ses fraix les Prisonniers ; il doit dédommager l’Ennemi, des maux qu'il lui a fait souffrir, des pertes qu'il lui a causées ; relever les familles désolées, réparer, s'il étoit possible, la perte d'un Père, d'un Fils, d'un Epoux.

 

§.186     Difficulté de réparer les maux qu’il a faits

            Mais comment réparer tant de maux ? Plusieurs sont irréparables de leur nature.   Et quant à ceux qui peuvent être compensés par un équivalent ; où puisera le Guerrier injuste, pour racheter ses violences ? Les biens particuliers du Prince n'y pourroient suffire.   Donnera-il ceux de ses sujets ? Ils ne lui appartiennent pas.   Sacrifiera-t-il les Terres de la Nation, une partie de l’Etat ? Mais l’Etat n'est pas son Patrimoine (Liv.I §.61) ; il ne peut en disposer à son gré.   Et bien que la Nation soit tenue, jusqu’à un certain point, des faits de son Conducteur ; outre qu'il seroit injuste de la punir directement pour des fautes dont elle n'est pas coupable, si elle est tenuë des faits du Souverain, c’est seulement envers les autres Nations, qui ont leur recours contre elle (Liv.I §.40 & Liv.II §§.81, 82) ; le Souverain ne peut lui renvoyer la peine de ses injustices, ni la dépouiller pour les réparer.   Et quand il le pourroit ; sera-t-il lavé de tout, & pur dans sa Conscience ? Acquitté envers l’Ennemi, le fera-t-il auprès de son Peuple ? C’est une étrange Justice, que celle d'un homme qui répare ses torts aux dépens d'un tiers : il ne fait que changer l’objet de son injustice.   Pesez toutes ces choses, ò Conducteurs des Nations ; & quand vous aurez vû clairement, qu'une Guerre injuste vous entraîne dans une multitude d'iniquités, dont la réparation est au-dessus de toute votre puissance, peut-être serez-vous moins prompts à l’entreprendre.

 

§.187     Si la Nation & les gens de guerre sont tenus à quelque chose

            La restitution des Conquêtes, des Prisonniers, & des effets qui peuvent se retrouver en nature, ne souffre point de difficulté, quand l’injustice de la Guerre est reconnuë.   La Nation en Corps, & les particuliers, connoissant l’injustice de leur possession, doivent se dessaisir, & restituer tout ce qui est mal acquis.   Mais quant à la réparation du dommage, les Gens de guerre, Généraux, Officiers & Soldats, sont-ils obligés en Conscience, à réparer des maux, qu’ils ont faits, non par leur volonté propre, mais comme des instruments dans la main du Souverain ? Je suis surpris que le judicieux GROTIUS prenne sans distinction l’affirmative (a(a) Droit de la G. & de la P. Liv.III Chap.X).   Cette décision ne peut se soutenir que dans le cas d'une Guerre si manifestement & si indubitablement injuste, qu'on ne puisse y supposer aucune raison d'État sécrette & capable de la justifier, cas presque impossible en Politique.   Dans toutes les occasions susceptibles de doute, la Nation entière, les particuliers, & singulièrement les Gens de guerre, doivent s'en rapporter à ceux qui gouvernent, au Souverain.   Ils y sont obligés, par les principes essentiels de la Société Politique, du Gouvernement.   Où en seroit-on, si, à chaque démarche du Souverain, les sujets pouvoient peser la justice de ses raisons ; s'ils pouvoient refuser de marcher, pour une guerre, qui ne leur paroîtroit pas juste ? Souvent même la prudence ne permet pas au Souverain de publier toutes ses raisons.   Le devoir des sujets est de les présumer justes & sages, tant que l’évidence pleine & absoluë ne leur dit pas le contraire.   Lors donc que, dans cet esprit, ils ont prêté leur bras pour une guerre, qui se trouve ensuite injuste ; le Souverain seul est coupable, lui seul est tenu à réparer ses torts.   Les sujets, & en particulier les Gens de guerre, sont innocens ; ils n'ont agi que par une obéissance nécessaire : Ils doivent seulement vuider leurs mains de ce qu’ils ont acquis dans une pareille guerre ; parce qu’ils le posséderoient sans titre légitime.   C’est là, je crois, le sentiment presque unanime des gens de bien, la façon de penser des Guerriers les plus remplis d'honneur & de probité.   Leur cas est ici celui de tous ceux qui font les Ministres des Ordres souverains.   Le Gouvernement devient impossible, si chacun de ses Ministres veut peser & connoître à fond la justice des Commandemens, avant que de les éxécuter.   Mais s'ils doivent pour le salut de l’Etat, présumer justes les Ordres du Souverain, ils n'en sont pas responsables.


  

 

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