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2 janvier 2005 7 02 /01 /janvier /2005 00:05

CHAPITRE II
Principes généraux des Devoirs d'une Nation envers elle-même.


§.13         Une Nation doit agir convenablement à sa nature.

            Si les Droits d'une Nation naissent de ses Obligations (§.3), c’est principalement de celles dont elle-même est l’objet. Nous verrons aussi que ses Devoirs envers les autres, dépendent beaucoup de ses Devoirs envers elle-même, sur lesquels ils doivent se régler & se mesurer. Ayant donc à traiter des Obligations & des Droits des Nations, l’ordre demande que nous commencions par établir ce que chacune se doit à elle-même.

            La règle générale & fondamentale des Devoirs envers soi-même est, que tout Être moral doit vivre d'une maniére convenable à sa nature, naturae convenienter vivere. Une Nation est un être déterminé par ses attributs essentiels, qui a sa nature propre, & qui peut agir convenablement à cette nature. Il est donc des Actions d'une Nation, comme telle, qui la concernent dans sa qualité de Nation, & qui sont convenables, ou opposées à ce qui la constituë telle ; ensorte qu'il n'est point indifférent qu'elle commette quelques-unes de ces actions & qu'elle en omette d'autres. La Loi Naturelle lui prescrit des Devoirs à cet égard. Nous verrons dans ce prémier Livre quelle est la conduite qu'une Nation doit tenir pour ne point se manquer à elle-même. Il faut d'abord en crayonner une Idée générale.


§.14         De la Conservation & de la Perfection d’une Nation.

            Il n’est plus de devoirs pour qui n'existe plus, & un être moral n’est chargé d'obligations envers lui-même, qu'en vûë de sa perfection & de son bonheur. Se conserver & se perfectionner, c'est la somme de tous devoirs envers soi-même.

            La Conservation d'une Nation consiste dans la durée de l’Association Politique qui la forme. Si cette association vient à finir, la Nation, ou l’État ne subsiste plus quoique les individus qui le composoient existent encore.

            La Perfection d'une Nation se trouve dans ce qui la rend capable d'obtenir la fin de la Société Civile ; & l’État d'une Nation est parfait, lorsqu'il n'y manque rien de tout ce qui lui est nécessaire pour arriver à cette fin. On sçait que la perfection d'une chose consiste en général, dans un parfait accord de tout ce qui constituë cette chose-là, pour tendre à la même fin. Une Nation étant une multitude d'hommes unis ensemble en Société Civile ; si dans cette multitude tout conspire à obtenir la fin que l’on se propose, en formant une Société Civile, la Nation est parfaite : & elle le sera plus ou moins, selon qu'elle approchera plus ou moins de ce parfait accord. De même, son état externe sera plus ou moins parfait, selon qu'il concourera avec la perfection intrinsèque de la Nation.


§.15         Quel est le but de la Société Civile.

            Le But, ou la Fin de la Société Civile est de procurer aux Citoyens toutes les choses dont ils ont besoin pour les nécessités, la commodité & les agrémens de la vie, & en général pour leur bonheur ; de faire ensorte que chacun puisse joüir tranquillement du sien & obtenir justice avec sûreté ; enfin de se défendre ensemble contre toute violence du déhors.

            Il est aisé maintenant de se faire une juste idée de la perfection d'un État, ou d'une Nation ; il faut que tout y concourre au but que nous venons de marquer.


§.16         Une Nation est obligée de se conserver.

            Dans l’Acte d'Association, en vertu duquel une multitude d'hommes forment ensemble un État, une Nation, chaque particulier s'est engagé envers tous à procurer le bien commun, & tous se sont engagés envers chacun à lui faciliter les moyens de pourvoir à ses besoins, à le protéger & à le défendre. Il est manifeste que ces engagemens réciproques ne peuvent se remplir qu'en maintenant l’Association Politique. La Nation entiére est donc obligée à maintenir cette Association. & comme c’est dans sa durée, que consiste la conservation de la Nation, il s'ensuit que toute Nation est obligée de se conserver.

            Cette Obligation, naturelle aux Individus que Dieu a créés, ne vient point aux Nations immédiatement de la Nature, mais du Pacte par lequel la Société Civile est formée : Aussi n'est-elle point absoluë, mais hypothétique ; c’est-à-dire qu'elle suppose un fait humain, sçavoir le Pacte de Société. & comme les Pactes peuvent se rompre d'un commun consentement des Parties, si les particuliers qui composent une Nation consentoient unanimément à rompre les nœuds qui les unissent, il leur seroit permis de le faire, & de détruire ainsi l’État, ou la Nation ; mais ils pécheroient sans doute, s'ils se portoient à cette démarche sans de grandes & justes raisons ; car les Sociétés Civiles sont approuvées de la Loi Naturelle, qui les recommande aux hommes, comme le vrai moyen de pourvoir à tous leurs besoins & de travailler efficacément à leur propre perfection. Si y a plus, la Société Civile est si utile, si nécessaire même à tous les Citoyens, que l’on peut bien regarder comme moralement impossible le consentement unanime de la rompre sans nécessité. Ce que peuvent ou doivent faire des Citoyens, ce que la pluralité peut résoudre, en certains cas de Nécessité, ou de besoins pressans ; ce sont des questions qui trouveront leur place ailleurs : On ne peut les décider solidemment sans quelques principes, que nous n'avons pas encore établis. Il suffit pour le présent d'avoir prouvé qu'en général, tant que la Société Politique subsiste, la Nation entiére est obligée de travailler à la maintenir.


§.17         Et de conserver ses Membres.

            Si une Nation est obligée de se conserver elle-même, elle ne l’est pas moins de conserver précieusement tous ses membres. Elle se le doit à elle-même ; puisque perdre quelqu'un de ses membres, c'est s’affoiblir & nuire à sa propre conservation. Elle le doit aussi aux Membres en particulier, par un effet de l’Acte même d'Association ; car ceux qui composent une Nation se sont unis pour leur défense & leur commun avantage : Nul ne peut être privé de cette union & des fruits qu'il en attend, tant que de son côté il en remplit les conditions.

            Le Corps de la Nation ne peut donc abandonner une Province, une Ville, ni même un particulier qui en fait partie, à moins que la nécessité ne l’y contraigne, ou que les plus fortes raisons, prises du salut public, ne lui en fassent une Loi.


§.18         Une Nation a droit à tout ce qui est nécessaire à sa conservation.

            Puis donc qu'une Nation est obligée de se conserver, elle a droit à a droit à tout ce qui est nécessaire à sa conservation. Car la Loi Naturelle nous donne droit à toutes les choses, sans lesquelles nous ne pouvons satisfaire à notre obligation ; autrement elle nous obligeroit à l’impossible, ou plûtôt elle se contredirait elle-même, en nous prescrivant un devoir & nous interdisant en même tems les seuls moyens de le remplir. Au reste, on comprend bien sans-doute, que ces moyens ne doivent pas être injustes en eux-mêmes & de ceux que la Loi Naturelle proscrit absolument. Comme il est impossible qu'elle permette jamais de pareils moyens ; si en quelque occasion particuliére, il ne s'en présente point d'autres pour satisfaire à une obligation générale, l’obligation doit passer, dans ce cas particulier, pour impossible, & nulle par conséquent.


§.19         Elle doit éviter tout ce qui pourroit causer sa destruction.

            Par une conséquence bien évidente de ce qui vient d'être dit, une Nation doit éviter avec soin & autant qu'il lui est possible tout ce qui pourroit causer sa destruction, ou celle de l’État, qui est la même chose.


§.20         De son droit à tout ce qui peut servir à cette fin.

            La Nation ou l’État a droit à tout ce qui peut lui servir pour détourner un péril menaçant & pour éloigner des choses capables de causer sa ruine ; & cela par les mêmes raisons qui établissent son droit aux choses nécessaires à sa conservation. Le.

 

§.21         Une Nation doit se perfectionner elle & son État.

            Le second devoir général d'une Nation envers elle-même est de travailler à sa perfection & à celle de son état. C'est cette double perfection qui rend une Nation capable d'atteindre le but de la Société Civile : Il seroit absurde de s'unir en Société, & cependant de ne pas travailler à la fin pour laquelle on s'unit.

            Ici le Corps entier de la Nation & chaque Citoyen en particulier se trouvent liés d'une double obligation ; l’une venant immédiatement de la Nature, & l’autre résultant de leurs engagemens réciproques. La Nature oblige tout homme à travailler à sa propre perfection, & par là déjà il travaille à celle de la Société Civile, qui ne pourroit manquer d'être bien florissante, si elle n'étoit composée que de bons Citoyens. Mais cet homme trouvant dans une Société bien réglée les plus puissants sécours pour remplir la tâche que la Nature lui impose rélativement à lui-même, pour devenir meilleur & par conséquent plus heureux ; il est sans doute obligé de contribuer de tout son pouvoir à rendre cette Société parfaite.

            Les Citoyens qui forment une Société Politique s'engagent tous réciproquement à avancer le bien commun & à procurer autant qu'il se pourra l’avantage de chaque Membre. Puisdonc que la perfection de la Société est ce qui la rend propre à assurer également le bonheur du Corps & celui des Membres ; travailler à cette perfection est le grand objet des engagemens & des devoirs d'un Citoyen. C'est surtout la tache du Corps entier, dans toutes les délibérations communes, dans tout ce qu'il fait comme Corps.


§.22         Et éviter tout ce qui est contraire sa perfection.

            Une Nation doit donc aussi prévenir & éviter soigneusement tout ce qui peut nuire à sa perfection & à celle de son état, ou retarder les progrès de l’une & de l’autre.


§.23         Des Droits que ces obligations lui donnent.

            Concluons encore, de même que nous l’avons fait ci-dessus par rapport à la conservation de l’État (§.18), qu'une Nation a droit à toutes ses choses, sans lesquelles elle ne peut se perfectionner elle-même & son état, ni prévenir & détourner tout ce qui est contraire à cette double perfection.


§.24         Exemples.

            Les Anglois nous fournissent sur cette matière un exemple bien digne d'attention. Cette illustre Nation se distingue d'une manière éclatante, par son application à tout ce qui peut rendre l’État plus florissant. Une Constitution admirable y met tout Citoyen en état de concourir à cette grande fin, & répand par tout cet esprit de vrai Patriotisme, qui s'occupe avec zèle du bien public. On y voit de simples Citoyens former des entreprises considérables pour la Gloire & le bien de la Nation. & tandis qu'un mauvais Prince y auroit les mains liées, un Roi sage & modéré y trouve les plus puissans sécours, pour le succés de ses glorieux desseins. Les Grands & les Réprésentans du Peuple forment un lien de confiance entre le Monarque & la Nation, & concourrant avec lui à tout ce qui convient au bien public, le soulagent en partie du fardeau du Gouvernement, affermissent sa Puissance & lui font rendre une obéïssance d'autant plus parfaite qu'elle est plus volontaire. Tout bon Citoyen voit que la force de l’État est véritablement le bien de tous, & non pas celui d'un seul. Heureuse Constitution !, à laquelle on n'a pû parvenir tout d'un coup, qui a coûté, il est vrai, des ruisseaux de sang, mais que l’on n'a point achetée trop cher. Puisse le Luxe, cette peste fatale aux Vertus mâles & patriotiques, ce Ministre de corruption si funeste à la Liberté, ne renverser jamais un Monument honorable à l’humanité, Monument capable d'apprendre aux Rois combien il est glorieux de commander à un Peuple libre !

 

            Il est une autre Nation, illustre par sa Valeur & par ses Victoires. Une Noblesse vaillante & innombrable, de vastes & fertiles Domaines pourroient la rendre respectable dans toute l’Europe : Il est en son pouvoir de dévenir en peu de tems florissante. Mais sa Constitution s'y oppose ; & son attachement à cette Constitution est tel, que l’on n'ose espérer d'y voir apporter les remèdes convenables. En vain un Roi magnanime, élevé par ses Vertus au dessus de l’Ambition & de l’Injustice, concevra les desseins les plus salutaires à son Peuple, en vain il les fera goûter à la plus saine, à la plus grande partie de la Nation ; un seul Député opiniâtre, ou vendu à l’Étranger, arrêtera tout, & rompra les mesures les plus sages & les plus nécessaires. Excessivement jalouse de sa Liberté, cette Nation a pris des précautions, qui mettent sans-doute le Roi hors d'état de rien entreprendre contre la Liberté publique. Mais ne voit-on pas que ces mesures passent le but ; qu'elles lient ses mains du Prince le plus juste & le plus sage, & lui ôtent les moyens d'assurer cette même Liberté contre les entreprises des Puissances Étrangères & de rendre la Nation riche & heureuse ? Ne voit-on pas que la Nation elle-même s'est mise dans l’impuissance d'agir & que son Conseil est livré au caprice, ou à la trahison d'un seul Membre ?


§.25         Une Nation doit se connaître elle-même.

            Observons enfin, pour terminer ce Chapitre, qu'une Nation doit se connoître elle-même. Sans cette connoissance, elle ne peut travailler avec succès à sa perfection. Il faut qu'elle aît une juste idée de son état, afin de prendre des mesures qui y soïent convenables ; qu'elle connoisse les progrès qu'elle a déjà faits & ceux qui lui restent à faire, ce qu'elle a de bon, ce qu'elle renferme encore de défectueux, pour conserve l’un & corriger l’autre. Sans cette connoissance, une Nation se conduit au hazard ; elle prend souvent les plus fausses mesures : Elle croit agir avec beaucoup de sagesse, en imitant la conduite des Peuples réputés habiles & ne s'apperçoit pas que tel règlement, telle pratique, salutaire à une Nation, est souvent pernicieuse à une autre. Chaque chose doit être conduite suivant sa nature : les Peuples ne peuvent être bien gouvernés, si l’on ne se règle sur leur caractère ; & pour cela, il faut connoître ce caractère.

 

 

 

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