FRANKLIN DELANO ROOSEVELT
COMBATS POUR DEMAIN
La Guerre
L'AMÉRIQUE EN GUERRE
Les attaques criminelles que les Japonais ont déclenchées à l'improviste dans le Pacifique constituent le degré le plus bas de l'immoralité internationale qui a régné durant cette décade. De puissants et d'habiles gangsters se sont concertés pour faire la guerre au genre humain tout entier. Aujourd'hui, ils lancent un défi aux Etats-Unis. Les Japonais ont traîtreusement violé la longue paix qui s'était établie entre nous. Des soldats américains ont été tués à l'ennemi. Des bateaux américains ont été coulés, des avions américains ont été détruits.
Le Congrès et le peuple des Etats-Unis ont relevé ce défi. De concert avec les autres peuples libres, nous luttons pour préserver le droit de vivre en liberté, et selon des principes conformes à la dignité humaine, parmi nos voisins du monde entier, sans avoir à craindre d'agression.
J'ai dressé le bilan complet de nos relations avec le Japon. Il sera soumis au Congrès. Cette histoire commence par la visite du Commodore Perry au Japon, il y a 88 ans. Elle se termine par la visite de deux émissaires japonais au Sous-Secrétaire d'Etat, dimanche dernier, une heure après que les forces japonaises eurent lâché leurs bombes et déchaîné leurs mitrailleuses contre notre drapeau, nos soldats et nos civils.
Je puis vous affirmer avec la plus entière assurance que nul Américain, aujourd'hui comme dans mille ans, ne pourra considérer sans une légitime fierté les efforts patients que nous avons accomplis au cours de ces années en vue d'établir, dans la région du Pacifique, une paix juste et honorable pour toutes les nations, petites ou grandes. Aujourd'hui comme dans mille ans, aucun homme honnête ne pourra refouler un sentiment d'indignation et d'horreur devant l'acte perfide que les chefs de guerre japonais ont perpétré à l'ombre même du drapeau de paix que leurs envoyés spéciaux portaient parmi nous.
La voie qu'a suivie en Asie le Japon, durant ces dix dernières années, est parallèle à celle qu'ont suivie Hitler et Mussolini en Europe et en Afrique. Aujourd'hui, il ne s'agit plus d'un parallèle, mais d'une collaboration si bien calculée que tous les continents du monde et tous les océans ne forment plus qu'un seul champ de bataille gigantesque aux yeux des stratèges de l'Axe.
En 1931, le Japon envahissait le Mandchoukouo — sans avertissement.
En 1935, l'Italie envahissait l'Ethiopie — sans avertissement.
En 1938, Hitler occupait l'Autriche — sans avertissement.
En 1939, Hitler envahissait la Tchécoslovaquie — sans avertissement.
Un peu plus tard, en 1939, Hitler envahissait la Pologne — sans avertissement.
En 1940, Hitler envahissait la Norvège, le Danemark, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg — sans avertissement.
En 1940, l'Italie attaquait la France, et plus tard la Grèce — sans avertissement.
En 1941, les puissances de l'Axe attaquaient la Yougoslavie et la Grèce, et subjuguaient les Balkans — sans avertissement.
En 1941, Hitler envahissait la Russie — sans avertissement.
Et maintenant, le Japon a attaqué la Malaisie et la Thaïlande, puis les Etats-Unis — sans avertissement.
C'est toujours le même procédé. Nous voici dans la guerre. Nous y sommes tous, et nous y serons jusqu'au bout. Chaque homme, chaque femme et chaque enfant participe à la plus formidable entreprise de l'histoire américaine. Nous devons prendre part en commun aux mauvaises nouvelles comme aux bonnes nouvelles, aux défaites comme aux victoires — au sort changeant de la guerre.
Jusqu'ici, les nouvelles ont toutes été mauvaises.
Nous avons subi de sérieux revers à Hawaï. Dans les Philippines, nos forces armées auxquelles s'est joint le courageux peuple philippin, ont traversé une rude épreuve mais se défendent avec vigueur. Les nouvelles que nous recevons de Guam, de Wake et de Midway sont encore confuses, mais nous devons nous attendre à ce qu'on nous annonce la prise de ces trois postes avancés. Nul doute que nos pertes, durant ces premiers jours de combat, ne soient élevées. Je partage profondément l'angoisse des familles de nos soldats et de celles qui ont des êtres chers dans les villes que l'on vient de bombarder. Je ne puis que leur donner solennellement l'assurance qu'elles recevront des nouvelles aussi rapidement que possible.
Notre gouvernement met sa confiance dans la fermeté du peuple américain ! Nous communiquerons les faits au public aussitôt qu'ils auront reçu une confirmation officielle définitive. Mais nous ne divulguerons les nouvelles, au moment où elles nous parviennent, que si, de façon directe ou indirecte, elles ne fournissent pas à l'ennemi des renseignements précieux.
Je demande instamment à mes compatriotes de rejeter toutes les rumeurs qui contiennent de perfides allusions à quelque désastre total, et qui ont vite fait de se répandre en temps de guerre. Il ne faut pas les accepter sans examen.
Ainsi, par exemple, je puis vous avouer franchement que le résultat des premières enquêtes ne me permet pas de déterminer avec précision l'étendue des dommages infligés à nos unités navales à Pearl Harbour. On peut craindre qu'ils ne soient sérieux. Mais nul ne saurait dire à quel point les dégâts sont graves avant de savoir dans quelle mesure ils pourront être réparés, et dans combien de temps les réparations nécessaires pourront être effectuées.
Je citerai encore, à titre d'exemple, la nouvelle, annoncée dimanche soir, selon laquelle un porte-avions japonais a été repéré et coulé au large de la zone du Canal de Panama.
Lorsque, dans les circonstances actuelles, vous apprenez des nouvelles émanant de source soi-disant digne de foi, soyez certains, désormais, qu'elles ne sauraient être attribuées à une personne investie de l'autorité. Un bon nombre de ces rumeurs et de ces nouvelles proviennent de source ennemie. Aujourd'hui, par exemple, les Japonais prétendent qu'en une seule attaque contre Hawaï, ils ont obtenu la suprématie navale dans le Pacifique.
C'est là un vieux truc de propagande dont les Nazis ont fait mille fois usage. Ces estimations fantastiques ont évidemment pour but de répandre parmi nous la peur et la confusion, et de nous induire à divulguer des renseignements d'ordre militaire que nos ennemis s'efforcent désespérément d'obtenir.
Notre gouvernement ne se laissera pas prendre à ce piège — le peuple des Etats-Unis non plus.
Il importe que chacun de nous se souvienne qu'en temps de guerre la liberté et la rapidité des communications sont nécessairement restreintes. Il est impossible de recevoir à bref délai, des zones de combat éloignées, des rapports précis et détaillés. Et ceci s'applique tout particulièrement aux opérations navales. A l'époque de la radio, les commandants des unités navales doivent souvent s'interdire de nous donner des informations par cette voie, pour la simple raison qu'elles deviendraient du même coup accessibles à l'ennemi, et lui dévoileraient leur position et leurs plans de défense et d'attaque.
Les confirmations et les démentis officiels concernant les opérations en cours auront nécessairement du retard, mais nous ne cacherons pas au pays les faits qui nous seront connus, à condition que cette divulgation ne serve pas l'ennemi.
A tous les journaux et à tous les postes de radio — à tous ceux qui se font lire ou se font entendre du public américain — je dis ceci : « Vous assumez la plus lourde responsabilité envers la nation, dès maintenant et durant toute la guerre.
Si vous croyez que votre gouvernement ne vous révèle qu'une part insuffisante de la vérité, vous avez le droit de le dire. Mais, en l'absence de tout renseignement de source officielle, le patriotisme vous interdit de répandre des nouvelles qui n'ont pas été confirmées, en laissant croire que ce sont des vérités d'évangile.
Chaque citoyen, à quelque catégorie sociale qu'il appartienne, partage cette même responsabilité. La vie de nos soldats et de nos marins — tout l'avenir de notre nation — dépend de la manière dont chacun de nous remplit ses obligations envers son pays.
Et maintenant, un mot au sujet du passé récent et de l'avenir.
Dix-huit mois se sont écoulés depuis que l'écroulement de la France a fait comprendre au monde civilisé tout entier ce qu'est la force mécanisée que les nations de l'Axe ont édifiée au cours de nombreuses années. L'Amérique a tiré le meilleur parti de ce répit d'un an et demi. Sachant que nous pouvions être attaqués à bref délai, nous avons aussitôt commencé à accroître notre puissance industrielle et notre capacité de répondre aux exigences de la guerre moderne.
Nous avons gagné un temps précieux en expédiant de grandes quantités de notre matériel de guerre aux nations qui étaient encore en état de résister aux agressions de l'Axe. Notre politique reposait sur cette vérité fondamentale que toute nation qui résiste à Hitler et au Japon ne défend pas seulement son propre pays mais aussi le nôtre.
Cette politique a trouvé sa justification. Elle nous a donné le loisir — loisir inestimable —d'organiser la production américaine.
Les usines fonctionnent. On se hâte d'en construire d'autres. Un flot continu de tanks, d'avions, de canons et de bateaux, d'obus et de pièces d'équipement — voilà ce que ces dix-huit mois nous ont donné.
Mais ce n'est que le commencement de ce qui reste encore à faire. Nous devons être prêts à affronter une longue guerre contre des bandits astucieux et puissants. L'attaque contre Pearl Harbour pourra se répéter sur n'importe quel point des deux océans, ou de nos côtes, ou du reste de notre hémisphère. Ce ne sera pas seulement une longue guerre, ce sera une guerre difficile. C'est en nous fondant là-dessus que nous établissons tous nos plans. C'est à cette aune que nous mesurons nos besoins — qu'il s'agisse d'argent, de matériel ou de la production, doublée et quadruplée, qui ne cesse de s'accroître. Cette production ne doit pas seulement suffire aux besoins de notre armée, de notre flotte et de notre aviation. Elle doit aussi renforcer les autres armées, les autres flottes et les autres forces aériennes qui combattent les nazis et les chefs de guerre japonais dans les deux Amériques et dans le monde entier.
Ce matin, j'ai encore étudié le problème de la production. Votre gouvernement vient d'adopter deux plans d'action en ce qui la concerne. En premier lieu, nous accroîtrons la production — y compris celle des matières premières essentielles —en travaillant sept jours par semaine dans toutes les industries de guerre. En second lieu, nous accroîtrons notre capacité de production en construisant de nouvelles usines, en agrandissant d'anciennes usines, et en utilisant pour les besoins de la guerre un grand nombre d'usines plus petites.
Sur le chemin difficile que nous avons suivi ces derniers mois, nous avons rencontré parfois des obstacles et des difficultés, de l'indifférence et de l'insensibilité. Il y a eu des querelles et des disputes. Tout cela appartient au passé. Tout cela est oublié, j'en suis sûr.
L'essentiel, c'est que le pays possède à Washington une organisation groupée autour d'hommes et de femmes qui sont des experts reconnus dans leurs domaines respectifs. Le pays n'ignore pas, je pense, que les personnes qui assument des responsabilités dans chacun de ces nombreux domaines, travaillent en commun dans un esprit de coopération qui n'a jamais été dépassé.
Ce qui nous attend, c'est un dur travail épuisant nuit et jour, à toute heure. J'allais dire que ce qui nous attend, c'est le sacrifice. Mais il serait faux d'employer ce terme. Les Américains ne considèrent pas que ce soit un sacrifice que de faire tout ce qu'ils peuvent, de donner tout ce qu'ils ont de meilleur à leur nation, quand cette nation lutte pour son existence et son avenir. Que l'on soit jeune ou vieux, ce n'est pour personne un sacrifice que de servir dans l'armée ou dans la marine des Etats-Unis. C'est plutôt un privilège.
Ni pour l'industriel, ni pour l'ouvrier, ni pour le cultivateur, ni pour le commerçant, ni pour le cheminot, ni pour le médecin, ce n'est un sacrifice que de payer plus d'impôts, d'acheter plus de bons d'armement, de travailler plus longtemps et plus dur, pour remplir la tâche à laquelle il peut se consacrer le plus utilement. C'est plutôt un privilège.
Ce n'est pas un sacrifice que de nous passer de beaucoup de choses auxquelles nous sommes accoutumés si la défense nationale exige que nous nous en privions.
De l'examen auquel je me suis livré ce matin, je conclus que, pour le moment, il ne sera pas nécessaire de restreindre la consommation des denrées alimentaires. Il y en a assez pour nous tous aujourd'hui, et il en reste assez pour en expédier à ceux qui luttent à nos côtés.
En revanche, les civils auront certainement à souffrir d'une pénurie de métaux de diverses espèces, car notre programme de production accrue prévoit l'utilisation, en vue de la guerre, de plus de la moitié de la quantité des principaux métaux qui ont servi à la fabrication d'articles pour l'usage de la population civile. Il nous faudra renoncer définitivement à un grand nombre de choses.
Je suis sûr que, dans la nation tout entière, les individus, en ce qui les concerne, sont résolus à gagner cette guerre. Je suis sûr qu'ils seront heureux de participer aux frais que cette guerre entraîne, tant qu'elle dure. Je suis certain qu'ils renonceront joyeusement aux avantages matériels auxquels on leur demande de renoncer.
Je suis sûr qu'ils préserveront ces grandes forces spirituelles sans lesquelles nous ne pouvons parvenir à notre but.
Je répète que les Etats-Unis ne peuvent accepter rien de moins qu'une victoire complète et définitive. Non seulement il importe que toute trace de la perfidie japonaise soit effacée, mais que, partout, les sources de la brutalité internationale soient taries, complètement et définitivement.
Hier, dans un message au Congrès, j'ai dit : « Nous agirons de façon à être bien sûrs que cette forme de perfidie ne nous mette plus jamais en danger ». Pour acquérir cette certitude, nous devons entreprendre la grande tâche qui nous est assignée en commençant par renoncer une fois pour toutes à l'illusion de pouvoir nous isoler jamais du reste de l'humanité.
Au cours de ces quelques années — et tout particulièrement au cours de ces trois derniers jours — nous avons appris une terrible leçon.
L'obligation que nous avons contractée envers nos morts — l'obligation sacrée que nous avons contractée envers leurs enfants et nos enfants —nous interdit d'oublier jamais cette leçon.
Et voici ce que nous avons appris : pour aucune nation, pour aucun individu, il n'existe de sécurité dans un monde dominé par les principes de la violence. Il n'existe pas de défense inexpugnable contre un agresseur puissant qui se faufile dans les ténèbres et frappe sournoisement. Nous avons appris que notre hémisphère, baigné par deux océans, n'est pas à l'abri des attaques — et que, sur aucune carte, notre sécurité ne se laisse mesurer en kilomètres.
Nous pouvons bien reconnaître que nos ennemis ont brillamment accompli leur triste exploit, qu'ils ont exécuté cette manoeuvre avec une précision et un art impeccables. C'était un acte foncièrement malhonnête, mais nous devons nous faire à l'idée que la guerre moderne telle que la conçoivent les nazis, est un métier infâme. Nous ne l'aimons point, cette guerre, nous ne voulions pas nous y engager — mais nous y sommes entrés, et nous nous battrons jusqu'à la limite de nos forces.
Je ne pense pas qu'il se trouve un Américain qui doute le moins du monde de notre capacité d'infliger aux auteurs de ces crimes le châtiment qu'ils méritent.
Votre gouvernement sait que, durant des semaines, l'Allemagne a répété au Japon qu'il ne partagerait pas avec elle les dépouilles, quand la paix serait conclue, s'il n'attaquait les Etats-Unis. L'Allemagne a promis au Japon que s'il participait au conflit, la zone entière du Pacifique passerait totalement et définitivement sous sa domination. Et cette zoné ne comprend pas seulement l'Extrême-Orient, pas seulement les îles du Pacifique, mais aussi la côte occidentale de l'Amérique du Nord, de l'Amérique centrale et de l'Amérique du Sud.
Nous savons aussi que l'Allemagne et le Japon conduisent leurs opérations militaires et navales selon un plan établi en commun. D'après ce plan, tous les peuples et toutes les nations qui n'aident pas les puissances de l'Axe sont considérés par chacune de celles-ci comme des ennemis communs.
Telle est leur grande stratégie, elle est simple et évidente. C'est pourquoi le peuple américain doit se rendre compte qu'à cette stratégie on ne peut en opposer qu'une autre, de même nature. Il faut que nous comprenions, par exemple, que les succès japonais dans le Pacifique sont utiles aux Allemands pour leurs opérations en Libye ; que tout succès allemand dans le Caucase doit inévitablement faciliter aux Japonais les opérations contre les Indes néerlandaises ; qu'une attaque allemande contre Alger ou le Maroc fraie la voie à une attaque allemande contre l'Amérique du Sud et le Canal de Panama.
Mais, en revanche, il importe aussi que nous sachions que la résistance des francs-tireurs en Serbie ou en Norvège, nous sert ; qu'une offensive russe qui a du succès nous sert ; et qu'une victoire britannique, sur terre, ou sur mer, dans n'importe quelle partie du monde, nous rend plus forts.
Souvenez-vous toujours que l'Allemagne et l'Italie, sans se soucier d'une déclaration de guerre officielle, se considèrent, en ce moment, comme étant en guerre avec les Etats-Unis, tout comme elles sont en guerre avec la Grande-Bretagne et la Russie.
Et l'Allemagne met dans la même catégorie toutes les autres républiques des deux Amériques. Nos républiques soeurs de cet hémisphère ne peuvent qu'en tirer honneur.
Le but véritable que nous poursuivons est bien au-dessus et bien au-delà du triste champ debataille. Lorsque nous avons recours à la force, comme nous devons le faire en ce moment, nous n'en sommes pas moins résolus à orienter cette force vers le bien suprême, alors même que nous l'employons pour combattre le mal.
Nous autres Américains, nous ne sommes pas des destructeurs, nous sommes des constructeurs.
Nous voici en plein dans la guerre, maintenant, non pas pour faire des conquêtes, non pas pour exercer une vengeance, mais pour préparer à nos enfants un inonde où cette nation — et tout ce que cette nation représente — sera à l'abri des menaces.
Nous sommes décidés à éliminer le danger que le Japon fait peser sur nous. Mais à quoi nous servirait cette victoire, si le reste du monde était dominé par Hitler et Mussolini ?
Nous allons gagner la guerre, et nous allons gagner la paix qui la suivra.
En ces heures difficiles, et durant les sombres jours qui peut-être nous attendent, nous saurons que l'immense majorité des hommes est avec nous. Un grand nombre d'entre eux luttent à nos côtés. Tous prient pour nous.
Car, en défendant notre cause, nous défendons aussi la leur — notre espoir et leur espoir de liberté sous le règne de Dieu.