PRINCIPES DE LA SCIENCE SOCIALE
PAR M. H.-C. CAREY (De Philadelphie)
TRADUITS EN FRANÇAIS PAR MM. SAINT-GERMAIN-LEDUC ET AUG. PLANCHE
1861
CHAPITRE XII :
CONTINUATION DU MÊME SUJET.
Notes de bas de page
1 « Mais après la levée de la prohibition nous leur enlevâmes une telle quantité de leur argent que nous ne leur en laissâmes que très peu pour leurs besoins indispensables ; puis nous commençâmes à exporter leur or. » (Le Marchand anglais, t. III, p. 15). Retour
2 Annuaire de l'Économie politique et de la Statistique pour 1849, p. 322. Retour
3 MOREAU de JONNÈS. Statistique de la France, p. 129. Retour
4 Tableau commercial de la Grèce, par le baron Félix de BEAUJOUR, cité par URQUHART. Ressources de la Turquie, etc, trad. de l'anglais par Xavier RAYMOND. Paris, Arthus Bertrand, 1836, 2 vol. in-8°, t. II, 1e partie, p. 100-101. Retour
5 Le lecteur qui réfléchit à ce fait, que le prix des denrées exportées est fixé sur le marché général du globe, et n'est, en aucune façon, affecté par la distribution des produits entre la population et le gouvernement, s'apercevra facilement que ces droits sont, en réalité, une taxe sur la terre, à laquelle se joint l'inconvénient d'entraîner une constante immixtion dans les transactions commerciales ; en ce qui concernait les étrangers, le système était, et est réellement, celui d'un libre trafic et d'un impôt direct parfait. Retour
6 URQUHART La Turquie, ses ressources, etc., trad. de l'anglais par Xavier RAYMOND, etc., t. II, 2e part. p. 48-50. Retour
7 BLACKWOOD'S Magazine, décembre 1851. Retour
8 La Turquie et sa destinée, par G. MAC FARLANE. Londres 1850. Retour
9 Voyages de Slade, en Turquie, t. II, p. 143. Retour
10 « Il est impossible de voir arriver la caravane polyglotte à son campement pour la nuit, de voir décharger et empiler l'un sur l'autre des ballots venus de pays si divers, de parcourir de l'oeil leurs enveloppes mêmes, les signes et les caractères étranges dont ils sont marqués, sans être étonnés du démenti si éloquent qu'un pareil spectacle donne à nos idées préconçues, sur le despotisme aveugle et l'absence générale de sécurité en Orient. Mais lorsqu'on observe avec quelle avidité nos produits sont recherchés, la préférence accordée maintenant aux mousselines de Birmingham sur celles de l'Inde, aux toiles perses de Glasgow sur celles de Golconde, aux aciers de Sheffield sur ceux de Damas, aux châles de laine anglaise sur ceux de Cachemire ; et lorsqu'en même temps les facultés énergiques de l'esprit commercial de ces marchands se déploient devant nous d'une façon si réelle, il est assurément impossible de ne pas regretter qu'un abîme de dissension ait si longtemps séparé l'Orient de l'Occident ; il est également impossible de ne pas se livrer à l'espérance anticipée d'un trafic avec l'Orient, développé sur une immense échelle et de tous les avantages qui suivent, jaillissant rapidement, le réveil du commerce. » (URQUHART. La Turquie, ses ressources, etc., t. Il, 2 part., pp. 21-22.) — Quoi qu'il en soit, toutes les parties de l'ouvrage de M. Urquhart ne font que constater la décadence du commerce, résultant de l'ascendant croissant du trafic et des trafiquants. Retour
11 « C'est alors qu'a disparu le numéraire enlevé au trafic en Angleterre et transporté en Irlande ; et notre peuple également avec ce numéraire fabrique du drap et le fournit à bon marché dans tous les endroits où nous expédions notre drap, et porte en Hollande des étoffes de laine et des vivres à bon marché et paye l’argent de nouveau en retour en quatre années. » (YARRANTON. Progrès de l'Angleterre, par terre et par mer, Londres, 1677, p. 182.) Retour
12 « Pendant près d'un demi-siècle l'Irlande avait entretenu le trafic parfaitement libre avec le plus riche pays du monde ; et qu'est-ce que ce libre trafic a fait pour elle, dit l'auteur d'un ouvrage récent très-remarquable. Même aujourd'hui l'Irlande n'a d'autre travail, pour sa population si féconde, que celui de la terre. Elle devrait avoir, et pourrait avoir eu facilement, d'autres travaux variés et en grand nombre. Devons-nous ajouter foi, dit l'auteur, à cette imputation calomnieuse, que les Irlandais sont paresseux et ne veulent pas travailler ? La nature humaine, en Irlande, est-elle différente de celle de tout autre pays ? Les Irlandais ne sont-ils pas les plus laborieux de tous les ouvriers, à Londres et à New-York ? Les Irlandais sont-ils inférieurs à d'autres en intelligence? Nous, Anglais, qui avons connu personnellement des Irlandais dans l'armée, le barreau et l'église, nous savons qu'il n'y a pas de meilleur sujet qu'un Irlandais discipliné. Mais dans tous les cas, l'organe qui régit l'activité, l'estomac a été satisfait convenablement. Supposez qu'un Anglais échange son pain et sa bière, son rosbif et son gigot, contre l'absence de déjeuner, contre une chère froide à dîner, et point de souper. Avec un tel régime vaudra-t-il beaucoup plus qu'un Irlandais, qu'un Celte, ainsi qu'il l'appelle ? Non. La vérité est qu'on ne doit pas attribuer la misère de l'Irlande à la nature humaine, telle qu'elle se développe en ce pays, mais à la législation perverse de l'Angleterre, dans le passé et de nos jours. » (Sophismes du Libre-Échange, par J. BARNARD BYLES.) Retour
13 « Il existe des nations d'esclaves, mais par suite d'une longue habitude, elles ont perdu la conscience du joug de l'esclavage. Il n'en est pas de même des Irlandais, qui ont en eux-mêmes le sentiment énergique de la liberté, et sentent parfaitement le poids du joug qu'ils ont à subir. Ils sont assez intelligents pour connaître l'injustice qui leur est faite, par les lois faussées auxquelles leur pays est soumis ; et tandis qu'ils endurent eux-mêmes toutes les extrémités de la misère, ils ont souvent sous les yeux, dans le genre de vie de leurs landlords anglais, le spectacle du luxe le plus raffiné que l'esprit de l'homme ait encore imaginé. » (KOHL. Voyages en Irlande.) Retour
14 « Dans l'ouest et dans le sud de l'Irlande, le voyageur est obsédé par le spectacle d'une population qui meurt de faim. Ce n'est pas un cas exceptionnel, c'est la condition habituelle du peuple. Dans ce pays, le plus beau et le plus riche de la terre, on voit des hommes en proie à la souffrance et mourant de faim par millions. A l'heure où je parle, des millions d'entre eux sont couchés au soleil à la porte de leurs cabanes, n'ayant pas d'ouvrage, ayant à peine de quoi manger, et à ce qu'il semble sans aucun espoir. De robustes paysans s'étendent dans leur lit, parce qu'ils ont faim, parce qu'un homme couché a moins besoin de nourriture qu'un homme debout. Un grand nombre de ces malheureux ont arraché de leurs petits jardins les pommes de terre avant leur maturité, et, pour exister aujourd'hui, doivent songer à l'hiver où ils auront à souffrir, en même temps, et de la faim, et du froid. » (THACKERAY.) Retour
15 « Dans l'union de Galway, des rapports récents déclarèrent que le nombre des pauvres inscrits et de leurs maisons rasées, dans les deux dernières années, était égal au chiffre indiqué pour Kilrush ; 4 000 familles et 20 000 créatures humaines furent jetées sur le grand chemin, sans maison et sans asile. Je puis facilement ajouter foi à ce document ; devant moi certaines parties du pays apparaissaient comme un immense cimetière, les nombreux pignons des habitations sans toiture semblaient de gigantesques pierres tumulaires. C'étaient assurément des souvenirs de ruine et de mort bien plus tristes que ceux d'un tombeau. En les considérant, un doute venait m'assaillir : Suis-je en effet dans un pays civilisé ? Possédons-nous réellement une constitution libre ? Trouverait-on le pendant de pareilles scènes en Sibérie ou dans le pays des Cafres? » (Journal Irlandais.) Retour
16 Le Times de Londres. Retour
17 La perte énorme inhérente à l'intervalle immense qui sépare-le consommateur du producteur nous est révélée, en ces termes, par le capitaine Head :
« Les poulets valent environ 5 pence la paire ; les canards 10 pence. Une paire de jeunes oies 10 pence ; et lorsqu'elles sont vieilles, pas moins d'un schelling ou 14 pence ; et les dindons, demandai-je ? Je ne puis vous dire, nous n'en avons pas beaucoup dans le pays, et je ne voudrais pas faire un mensonge à votre honneur. Du poisson, peu ou point. Un beau turbot, pesant 30 liv., se vend 3 schell. On a une douzaine de homards pour 4 pence. Les soles pour 2 ou 3 pence la pièce. L'autre jour j'ai acheté pour un gentleman un turbot pesant 15 livres et l'ai payé 18 pence. » (Promenades et conversations en Irlande, p. 178.) — Combien payez-vous ici pour votre thé et votre sucre ? demandai-je. —Très-cher, monsieur, répondit-il. Nous payons le thé 5 schell., 5 pence la cassonade et 8 pence le sucre blanc ; c'est-à-dire si nous n'en achetons qu'une livre. (ibid., p. 187.) Retour
18 Traité sur les salaires, p. 33. Retour
19 Principes d'Économie politique, trad. par Aug. PLANCHE, p. 174-175. Retour
20 SENIOR. Esquisse de l'Économie politique, p. 160. Retour
21 Principes d'Économie politique, trad. de l'anglais par Aug. PLANCHE, t. II, p. 32. Retour
22 Les exportations de subsistances de l'Irlande, en 1849, 1850 et 1851, années pendant lesquelles la famille et la peste concoururent à restreindre le développement de la population, présentent le résultat suivant :
Blé. Farine. Têtes de bétail.
1849 844 000 quarters. 1 176 000 quarters. 520 000
1850 751 000 1 055 000 475 000
1851 850 000 823 000 472 000 Retour