16 janvier 2008
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Franklin Delano Roosevelt
Discussion au coin du feu - sur l'activité bancaire
Le 12 mars 1933
(autres textes)
Discussion au coin du feu - sur l'activité bancaire
Le 12 mars 1933
(autres textes)
Version audio, en bas
Je veux parler pendant quelques minutes avec le peuple des Etats-Unis de l'activité bancaire - avec ceux, relativement rares, qui en comprennent les mécanismes, mais plus particulièrement avec l'immense majorité qui n'utilise la banque que pour effectuer des dépôts et émettre des chèques.
Je veux vous dire ce qui a été fait ces derniers jours, pour quelles raisons, et ce que seront les prochaines étapes. Je reconnais que les nombreuses proclamations issues des capitoles* d'états et de Washington, la législation, les régulations du Trésor, etc., rédigées pour la plupart en termes bancaires et légaux, devraient être expliquées au profit du citoyen normal. Je le dois, en particulier en raison du courage et du bon tempérament avec lesquels tout le monde a accepté les inconvénients et les épreuves du congé bancaire. Je sais que lorsque vous comprendrez ce dont nous, à Washington, nous sommes occupés, je continuerai à bénéficier autant de votre entière coopération que de votre sympathie et de l’aide apportée au cours de la dernière semaine.
Premièrement, permettez-moi de vous expliquer le simple fait que lorsque vous déposez de l'argent dans une banque, celle-ci ne le dépose pas dans un coffre fort. Elle l'investit sous différentes formes de crédits - obligations, titres de créances, hypothèques et nombreux autres types de prêts. En d'autres termes, la banque met votre argent au travail pour permettre aux rouages de l'industrie et de l'agriculture de continuer à tourner. Une petite portion de l'argent que vous déposez est conservée sous forme d'espèces - quantité qui, en temps normal, suffit largement à couvrir les besoins en liquide du citoyen ordinaire. Cela signifie que le montant total des espèces dans le pays n'est qu'une petite fraction de l'ensemble des dépôts de toutes les banques.
Qu'est-il alors arrivé entre la fin février et les premiers jours de mars ? La perte de confiance de la part du public a entraîné une ruée générale vers les banques, dans le but de convertir les dépôts en espèces ou en or - une ruée si grande que les banques, même les plus saines, n'ont pu obtenir assez d'espèces pour satisfaire à la demande.La raison de cela est qu'il était évidemment impossible aux banques de vendre des actifs parfaitement sains et de les convertir en espèces, sauf à les vendre, sous la panique, à des prix largement inférieurs à leur valeur réelle.
L'après-midi du 3 mars, il était impossible de trouver ne serait-ce qu'une banque ouverte dans tout le pays. Des décrets prononçant leur fermeture totale ou partielle avaient été annoncés par les gouverneurs d'à peu près tous les états.
C'est alors que j'ai présenté le décret établissant le congé bancaire national, et cela fut le premier pas de la reconstruction par le gouvernement de notre structure économique et financière.
La seconde étape fut la législation, votée rapidement et patriotiquement par le Congrès, confirmant mon décret et élargissant mes pouvoirs de sorte qu'il devint possible, du temps étant nécessaire, d'allonger ce congé puis de le supprimer graduellement. Cette loi donna aussi autorité pour développer un programme de réhabilitation de nos institutions bancaires. Je veux dire à nos citoyens, partout dans la nation, que le Congrès national - Républicains et Démocrates - a montré, par cette action, un dévouement à l'intérêt général et une conscience de l'urgence et de la nécessité d'aller vite à peu près sans équivalent dans notre histoire.
Des séries de régulations permettant aux banques de poursuivre leurs fonctions pour maintenir la distribution de nourriture, des nécessités du foyer et le paiement des salaires ont constitué la troisième étape.
Ce congé bancaire, quoique générant de grands inconvénients, nous offre l'opportunité de fournir les espèces nécessaires pour répondre à la situation. Aucune banque saine n'a perdu un seul dollar depuis sa fermeture lundi dernier. Il en est de même des banques qui pourraient ne pas être en position de rouvrir immédiatement. La nouvelle loi autorise les douze Banques de la Réserve Fédérale à émettre, sur des actifs solides, des espèces supplémentaires, de manière à ce que les banques qui rouvriront soient capables de satisfaire toute demande légitime. Les nouvelles espèces sont transportées depuis le Bureau de gravure et d'impression, en grande quantité, vers tous les points du pays. C'est une monnaie solide car elle s'appuie sur de bons et solides actifs.
Vous allez dire : comment se fait-il que les banques ne rouvrent pas toutes en même temps ? La réponse est simple. Votre gouvernement n'a pas l'intention de voir se répéter l'histoire de ces dernières années. Nous ne voulons pas, et n'aurons pas, une nouvelle épidémie de faillites bancaires.
En conséquence, nous allons commencer demain, lundi, par la réouverture de banques dans les douze villes où sont sises les Banques de la Réserve fédérale - les banques qui, après examen du Trésor, ont été constatées saines. Cela sera suivi, mardi, par le redémarrage de toutes les fonctions des banques solides, dans les villes où se trouvent des chambres de compensations accréditées. Ce qui signifie environ 250 villes. En d'autre termes, nous allons aussi vite que les mécanismes de la situation nous le permettent.
Mercredi, et les jours suivants, les banques redémarreront leur activité partout ailleurs, sous réserve, bien sûr, que le gouvernement soit capable physiquement d'en achever l'examen. Il est nécessaire que la réouverture des banques soit étendue sur une période afin de permettre aux banques d'effectuer les demandes des prêts nécessaires, d'obtenir les espèces correspondant à leurs besoins, et pour que le gouvernement soit capable de faire les vérifications bien entendu évidentes.
Que cela soit clair : si votre banque n'est pas ouverte le premier jour, n’allez pas imaginer que c’est définitif. Quel que soit le jour de sa réouverture, elle est exactement dans le même état que la banque qui ouvrira demain.
Je sais que beaucoup de gens sont inquiets quant aux banques d'état qui ne sont pas membres du système de la Réserve fédérale. Ces banques peuvent recevoir, et recevront, l'assistance des banques membres et du Conseil de financement de la reconstruction. Elles bénéficieront du même traitement que les banques nationales, mais obtiendront l’autorisation de reprendre l'activité des autorités de l'état, sollicitées par le secrétaire au Trésor, afin de leur permettent de rouvrir selon le même calendrier que les banques nationales. Je crois sincèrement que les secrétariats des affaires bancaires des états seront aussi attentifs que le gouvernement national au sujet de la politique de réouverture des banques, et qu'ils en respecteront les principes.
Il est probable qu’à l’ouverture des banques, un très petit nombre de gens, encore en proie à la panique, recommencent les retraits. Qu'il soit bien clair que les banques répondront à toutes les demandes, à l'exception, bien sûr, de celle de thésauriseurs hystériques - et je pense que la thésaurisation de la semaine passée est devenue, pour l'ensemble de la nation, un passe-temps totalement inapproprié. Il n'est point besoin de prophète pour vous expliquer que lorsque la population s'apercevra qu'elle peut obtenir son argent - qu'elle peut l'obtenir lorsqu'elle le veut pour tout besoin légitime - le fantôme de la peur sera rapidement vaincu. Les gens seront de nouveau satisfaits de savoir leur argent là où on en prendra soin et où ils pourront s'en servir à leur convenance. Je vous garanti qu'il est plus sûr de laisser votre argent dans une banque rouverte que sous le matelas.
Le succès de l'ensemble de notre programme national repose, bien sûr, sur la coopération du public - sur son soutien éclairé et sur l'utilisation d'un système fiable.
Gardez en mémoire que l'œuvre essentielle de la nouvelle législation est de donner aux banques la possibilité de convertir plus rapidement leurs actifs en liquidités qu'auparavant. Des dispositions plus souples ont été adoptées pour leur permettre d'emprunter - sur la base de ces actifs - aux banques de la Réserve, et à d'autres aussi, en vue d'émettre de la monnaie sur la valeur de ces bons actifs. Cette monnaie ne provient pas de nulle part. Elle n'est émise qu'en rapport avec des valeurs adéquates que toute banque solide possède en abondance.
Un dernier point avant que je termine. Il y aura, bien sûr, quelques banques incapables de rouvrir sans être réorganisées. La nouvelle loi autorise le gouvernement à porter assistance en vue d’accélérer ces réorganisations et de les rendre plus efficaces, de même qu’à devenir propriétaire d'au moins une part du nouveau capital qu'il pourrait être nécessaire d'apporter.
J'espère que vous percevez, à travers ce récit élémentaire de l'action de votre gouvernement, qu'il n'y a rien de complexe, rien d'extrême dans ce processus.
Nous avions une mauvaise situation bancaire. Certains de nos banquiers se sont montrés soit incompétents soit malhonnêtes dans leur gestion des fonds de la population. Ils ont utilisé l'argent qui leur était confié pour spéculer et consentir des prêts imprudents. Il ne s’agissait pas de toutes nos banques, mais cela a été suffisant pour plonger le peuple dans un sentiment d'insécurité, et le mettre dans un état d'esprit tel qu'il ne fit plus la différence, mais pensa que les actes d'un petit nombre les rendait toutes suspectes. C'était le travail du gouvernement de remettre la situation en ordre le plus rapidement possible. C'est ce que nous sommes en train de faire.
Je vous promets, non que toutes les banques ouvriront à nouveau ou que personne n'aura à subir de pertes, mais qu'il n'y aura aucune perte qu’il soit possible d’éviter ; et nous en aurions subi de pires si nous avions continué à dériver. Je peux même vous promettre le sauvetage de certaines des banques les plus gravement ébranlées. Nous nous activerons non seulement à rouvrir les banques saines, mais aussi à créer des banques saines par réorganisation.
J'ai été émerveillé de sentir, partout dans le pays, votre confiance. Je ne pourrai jamais être suffisamment reconnaissant au peuple du soutien loyal qu'il m'a donné en acceptant le jugement qui a déterminé notre route, bien que tous nos processus ne lui aient pas toujours parus clairs.
Après tout, il y a un élément dans le réajustement de notre système financier qui est plus important que la monnaie, plus important que l'or : c'est la confiance du peuple. Confiance et courage sont l'essence du succès dans la mise en œuvre de notre plan. Vous devez avoir foi ; vous ne devez pas vous laisser bousculer par des rumeurs ou des suppositions. Unissons-nous pour bannir la peur. Nous avons fourni la machinerie pour restaurer notre système financier ; il vous revient de lui apporter votre soutien et de le faire fonctionner.
C'est votre problème, mes amis, votre problème autant que le mien.
Ensemble, nous ne pouvons échouer.
Franklin Delano Roosevelt - Discussion au coin du feu - 12 mars 1933
* Capitoles : sièges des gouvernements d’états aux Etats-Unis
En anglais :
My friends:
I want to talk for a few minutes with the people of the United States about banking -- to talk with the comparatively few who understand the mechanics of banking, but more particularly with the overwhelming majority of you who use banks for the making of deposits and the drawing of checks.
I want to tell you what has been done in the last few days, and why it was done, and what the next steps are going to be. I recognize that the many proclamations from State capitols and from Washington, the legislation, the Treasury regulations, and so forth, couched for the most part in banking and legal terms, ought to be explained for the benefit of the average citizen. I owe this, in particular, because of the fortitude and the good temper with which everybody has accepted the inconvenience and hardships of the banking holiday. And I know that when you understand what we in Washington have been about, I shall continue to have your cooperation as fully as I have had your sympathy and your help during the past week.
First of all, let me state the simple fact that when you deposit money in a bank, the bank does not put the money into a safe deposit vault. It invests your money in many different forms of credit -- in bonds, in commercial paper, in mortgages and in many other kinds of loans. In other words, the bank puts your money to work to keep the wheels of industry and of agriculture turning around. A comparatively small part of the money that you put into the bank is kept in currency -- an amount which in normal times is wholly sufficient to cover the cash needs of the average citizen. In other words, the total amount of all the currency in the country is only a comparatively small proportion of the total deposits in all the banks of the country.
What, then, happened during the last few days of February and the first few days of March? Because of undermined confidence on the part of the public, there was a general rush by a large portion of our population to turn bank deposits into currency or gold -- a rush so great that the soundest banks couldn't get enough currency to meet the demand. The reason for this was that on the spur of the moment it was, of course, impossible to sell perfectly sound assets of a bank and convert them into cash, except at panic prices far below their real value. By the afternoon of March third, a week ago last Friday, scarcely a bank in the country was open to do business. Proclamations closing them, in whole or in part, had been issued by the Governors in almost all the states. It was then that I issued the proclamation providing for the national bank holiday, and this was the first step in the Government’s reconstruction of our financial and economic fabric.
The second step, last Thursday, was the legislation promptly and patriotically passed by the Congress confirming my proclamation and broadening my powers so that it became possible in view of the requirement of time to extend the holiday and lift the ban of that holiday gradually in the days to come. This law also gave authority to develop a program of rehabilitation of our banking facilities. And I want to tell our citizens in every part of the Nation that the national Congress -- Republicans and Democrats alike -- showed by this action a devotion to public welfare and a realization of the emergency and the necessity for speed that it is difficult to match in all our history.
The third stage has been the series of regulations permitting the banks to continue their functions to take care of the distribution of food and household necessities and the payment of payrolls.
This bank holiday, while resulting in many cases in great inconvenience, is affording us the opportunity to supply the currency necessary to meet the situation. Remember that no sound bank is a dollar worse off than it was when it closed its doors last week. Neither is any bank which may turn out not to be in a position for immediate opening. The new law allows the twelve Federal Reserve Banks to issue additional currency on good assets and thus the banks that reopen will be able to meet every legitimate call. The new currency is being sent out by the Bureau of Engraving and Printing in large volume to every part of the country. It is sound currency because it is backed by actual, good assets.
Another question you will ask is this: Why are all the banks not to be reopened at the same time? The answer is simple and I know you will understand it: Your Government does not intend that the history of the past few years shall be repeated. We do not want and will not have another epidemic of bank failures.
As a result, we start tomorrow, Monday, with the opening of banks in the twelve Federal Reserve Bank cities -- those banks, which on first examination by the Treasury, have already been found to be all right. That will be followed on Tuesday by the resumption of all other functions by banks already found to be sound in cities where there are recognized clearing houses. That means about two hundred and fifty cities of the United States. In other words, we are moving as fast as the mechanics of the situation will allow us.
On Wednesday and succeeding days, banks in smaller places all through the country will resume business, subject, of course, to the Government's physical ability to complete its survey It is necessary that the reopening of banks be extended over a period in order to permit the banks to make applications for the necessary loans, to obtain currency needed to meet their requirements, and to enable the Government to make common sense checkups.
Please let me make it clear to you that if your bank does not open the first day you are by no means justified in believing that it will not open. A bank that opens on one of the subsequent days is in exactly the same status as the bank that opens tomorrow.
I know that many people are worrying about State banks that are not members of the Federal Reserve System. There is no occasion for that worry. These banks can and will receive assistance from member banks and from the Reconstruction Finance Corporation. And, of course, they are under the immediate control of the State banking authorities. These State banks are following the same course as the National banks except that they get their licenses to resume business from the State authorities, and these authorities have been asked by the Secretary of the Treasury to permit their good banks to open up on the same schedule as the national banks. And so I am confident that the State Banking Departments will be as careful as the national Government in the policy relating to the opening of banks and will follow the same broad theory.
It is possible that when the banks resume a very few people who have not recovered from their fear may again begin withdrawals. Let me make it clear to you that the banks will take care of all needs, except, of course, the hysterical demands of hoarders, and it is my belief that hoarding during the past week has become an exceedingly unfashionable pastime in every part of our nation. It needs no prophet to tell you that when the people find that they can get their money -- that they can get it when they want it for all legitimate purposes -- the phantom of fear will soon be laid. People will again be glad to have their money where it will be safely taken care of and where they can use it conveniently at any time. I can assure you, my friends, that it is safer to keep your money in a reopened bank than it is to keep it under the mattress.
The success of our whole national program depends, of course, on the cooperation of the public -- on its intelligent support and its use of a reliable system.
Remember that the essential accomplishment of the new legislation is that it makes it possible for banks more readily to convert their assets into cash than was the case before. More liberal provision has been made for banks to borrow on these assets at the Reserve Banks and more liberal provision has also been made for issuing currency on the security of these good assets. This currency is not fiat currency. It is issued only on adequate security, and every good bank has an abundance of such security.
One more point before I close. There will be, of course, some banks unable to reopen without being reorganized. The new law allows the Government to assist in making these reorganizations quickly and effectively and even allows the Government to subscribe to at least a part of any new capital that may be required.
I hope you can see, my friends, from this essential recital of what your Government is doing that there is nothing complex, nothing radical in the process.
We have had a bad banking situation. Some of our bankers had shown themselves either incompetent or dishonest in their handling of the people’s funds. They had used the money entrusted to them in speculations and unwise loans. This was, of course, not true in the vast majority of our banks, but it was true in enough of them to shock the people of the United States, for a time, into a sense of insecurity and to put them into a frame of mind where they did not differentiate, but seemed to assume that the acts of a comparative few had tainted them all. And so it became the Government’s job to straighten out this situation and do it as quickly as possible. And that job is being performed.
I do not promise you that every bank will be reopened or that individual losses will not be suffered, but there will be no losses that possibly could be avoided; and there would have been more and greater losses had we continued to drift. I can even promise you salvation for some, at least, of the sorely presses banks. We shall be engaged not merely in reopening sound banks but in the creation of more sound banks through reorganization.
It has been wonderful to me to catch the note of confidence from all over the country. I can never be sufficiently grateful to the people for the loyal support that they have given me in their acceptance of the judgment that has dictated our course, even though all our processes may not have seemed clear to them.
After all, there is an element in the readjustment of our financial system more important than currency, more important than gold, and that is the confidence of the people themselves. Confidence and courage are the essentials of success in carrying out our plan. You people must have faith; you must not be stampeded by rumors or guesses. Let us unite in banishing fear. We have provided the machinery to restore our financial system, and it is up to you to support and make it work.
It is your problem, my friends, your problem no less than it is mine.
Together we cannot fail.
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