Je partage l'essentiel de ce qu'il y dit.
Bonne lecture.
Certes rien ne semble plus éloigné que le débat sur l’origine du réchauffement climatique et celui sur les mécanismes qui influencent l’évolution de la vie. Pourtant, afin de mieux analyser les processus instaurant sur certaines questions un consensus dans l’opinion publique, il est pertinent d’opérer un parallèle entre certaines réactions suscitées par le point de vue de Drieu Godefridi publié par le Monde.fr, « Le GIEC est mort, vive le débat ! », et celles générées par mon article « Le non-darwinisme visionnaire de James Cameron ».
Ainsi plusieurs réactions se sont ainsi élevées contre la publication de ces deux articles avec des commentaires du style : C'est lamentable de publier des choses pareilles. La méthode est lepénienne. Pourquoi ouvrir les colonnes du Monde à des idiots pareils ? Un commentaire va jusqu’à évoquer une sorte de « faurisonnisme », c'est à dire un négationnisme, un crime puni par la loi ! La violence de ces réactions de la part de personnes dont on peut supposer qu’elles ne proviennent pas de milieux fanatiques ne manque pas de nous interroger.
Dans les deux cas, il existe un danger. D’un côté des chercheurs, ou des lobbies, inféodés aux grandes industries pétrolières et automobiles, hostiles à tout changement des politiques économiques et écologiques des grands pays. De l’autre des créationnistes qui cherchent à imposer une vision du monde basée sur des textes religieux et non sur des connaissances scientifiques. Devant la menace constituée par ces deux types d’acteurs, qui ont en commun de faire passer certains présupposés idéologiques avant les faits, s’est mis en place une forme de « dogme » axé d’un côté sur le fait que le réchauffement climatique était essentiellement d’origine humaine, de l’autre que les mécanismes darwiniens étaient les principaux moteurs de l’évolution des êtres vivants.
Il est important de prendre conscience que la violence des réactions suscitées par la remise en cause de ces « dogmes » risque de se retourner contre la cause que ces personnes prétendent défendre. On a jamais servi une vérité en la transformant en un dogme impossible à critiquer. Dès que des failles apparaissent dans cette vérité, elle risque alors d’être rejetée en bloc.
Dans le cas du réchauffement climatique, il est désormais prouvé qu’une partie importante du réchauffement constaté dans la décennie précédente n’était pas d’origine humaine mais due à la vapeur d’eau, ainsi que le montre un article qui vient d’être publié dans la revue Science (voir : http://www.guardian.co.uk/environment/2010/jan/29/water-vapour-climate-change ).
Par ailleurs, l’importance de la « cause » à défendre ont empêché la médiatisation de certains scandales. Contrairement à ce qui a été affirmé, le scandale ne réside pas dans le fait que le GIEC ait annoncé la disparition des glaciers de l’Himalaya en 2035, alors qu’elle ne surviendra pas avant 2350 au moins (tout le monde peut se tromper comme le soulignent, à juste titre, les défenseurs du GIEC), mais plutôt dans le fait que l’organisme du président du GIEC, Rajendra Pachauri, a reçu une subvention de 2,5 millions d’euros d’argent public émanant de la commission européenne pour étudier, entre autres, l’impact sur les populations des hautes vallées de l’Inde … de la disparition desdits glaciers. Imaginons un instant que Claude Allègre, ou son ancien institut, ait obtenu une subvention en faisant référence à une erreur d’une telle dimension, cette affaire n’aurait pas manqué de faire la une de nombreux médias. Or, il n’en est rien, au moins en France (alors que les journaux anglais ont largement couvert l’affaire. Voir : http://www.timesonline.co.uk/tol/news/environment/article6999975.ece).
Par ailleurs, les emails échangés entre les membres du GIEC (récemment rendus publics en raison d’un piratage d’origine suspect, mais n’affectant en rien leur véracité) révèlent comment ces derniers s’organisent pour empêcher la publication d’articles invalidant leurs thèses dans des revues à référés, voir même manigancent pour obtenir « la tête » de responsables de revue qui « osent » assurer un pluralisme quant à la question du réchauffement climatique.
J’ai été personnellement témoin de pressions exactement du même ordre à l’encontre de chercheurs du CNRS ou de professeurs d’université qui, tout en soutenant bien évidemment l’évolution, osaient remettre en cause l’idée que les facteurs darwiniens en étaient l’explication principale.
Bref, les mêmes attitudes de pensée générant les mêmes comportements sévissent dans les deux domaines (Hors du GIEC point de salut pour comprendre l’évolution du climat, hors du darwinisme point de salut pour comprendre l’évolution de la vie).
Un commentaire sur le monde.fr a montré que certains internautes prenaient eux-mêmes conscience de ce parallélisme : Le darwinisme présente bien des aspects religieux : un Dogme asséné une fois pour toutes, et les excommunications sans discussion des non-croyants. Effectivement des mécanismes semblables sont à l'oeuvre dans le réchauffisme. La minceur de la théorie est protégée par l'interdiction de l'analyse. Le doute scientifique est exclu. Alors qu’un autre n’a pas manqué de faire référence à l’inquisition : Merci au Monde d'avoir le courage de publier d'excellents articles qui nourrissent le débat. Intéressant aussi de voir se déchaîner la Sainte Inquisition.
Les personnalités scientifiques « hérétiques » et ceux qui les soutiennent, revendiquent, dans un cas le droit de débattre des causes du réchauffement climatique (voir du ralentissement de celui-ci), et dans l’autre de la nature des mécanismes de l’évolution. La volonté d’étouffer les deux débats s’appuie sur l’argument massue : « tous les scientifiques sont d’accord ». Ne pas croire à ce consensus serait donc absurde. Or cela est tout simplement un mensonge. Certes une grande majorité des scientifiques soutient ces positions, ce qui est la moindre des choses pour des thèses qui sont censées créer un consensus. Mais les grands progrès scientifiques n’ont jamais été le fait d’une majorité et n’ont pas été élaborés par des démarches consensuelles.
N’importe qui pourra, en regardant cette conférence de Vincent Courtillot, directeur de l’institut de Physique du Globe de Paris et membre de l’Académie des Sciences ( voir : http://www.objectifliberte.fr/2009/09/rechauffement-climatiquecourtillot-expose-erreurs-du-giec.html ) prendre conscience d’un certain nombre d’erreurs commises par des scientifiques du GIEC. En lisant l’ouvrage testament de Stephen Gould, « La structure de la théorie de l’évolution », Gallimard, les lecteurs se rendront compte qu’il consacre plus de 1 000 pages à réhabiliter la plupart des grands penseurs non darwiniens qui de Geoffroy Saint Hilaire et Goethe à Richard Goldschmit en passant par d’Arcy Thomson ont tous affirmé que la forme et la structure des êtres vivants n’étaient en aucun cas le produit d’un processus de sélection et d’adaptation mais étaient inscrites dans les lois de la nature. Gould va même jusqu’à parler de « l’erreur fatidique » commise par Darwin quand il a totalement éliminé de sa théorie cette ligne de pensée, intitulée le structuralisme (à défaut de se plonger dans cet ouvrage énorme, les lecteurs pourront se reporter à l’interview de Simon Conway Morris - professeur de paléontologie à l’université de Cambridge - dans le Monde des Religions de Janvier/Février 2010. Ou à mon ouvrage « Au-delà de Darwin : pour une nouvelle vision de la vie » Editions Jacqueline Chambon /Actes Sud et tout particulièrement aux chapitres 4, 5, 6 et 7 qui constituent une introduction au structuralisme.)
Ainsi, dans les deux cas, nous avons des éléments fournis par des scientifiques d’un niveau incontesté qui devraient permettre de débattre des thèses actuellement hégémoniques. Il est donc intéressant, du point de vue de la sociologie des sciences (voir aussi sur ce point l’ouvrage de Serge Galam « Les scientifiques ont-ils perdu le Nord ? », Plon), de constater la violence des réactions que suscite la demande d’un tel débat, qui est interprétée comme la mise en cause d’un dogme dont il n’est pas exagéré de dire (comme l’ont explicité les commentaires que j’ai rapportés ci-dessus) qu’il est de nature quasi religieuse.
Bien entendu, la grande majorité des religieux ne sont pas des obscurantistes, ce qui n’empêche pas un obscurantisme religieux d’exister. De la même façon, la plupart des scientifiques ne sont bien évidemment pas des obscurantistes, mais cela n’empêche pas un « obscurantisme scientifique » d’exister. L’actualité récente nous fournit deux exemples intéressants montrant un parallélisme de méthodes et de comportements entre deux formes que peut prendre cet obscurantisme scientifique.
Il est très important pour l’avenir de ces disciplines que la majorité des chercheurs qui les constituent conçoivent que le débat d’idées ne peut qu’être profitable au but qu’ils poursuivent. C’est en se repliant sur leur conception de la vérité, conçue comme un dogme, qu’ils risquent de fragiliser leur domaine, ouvrant ainsi la porte aux extrémismes qu’ils prétendent combattre.
Qu’une partie du réchauffement climatique ne soit pas d’origine humaine ne doit pas nous conduire à ne consentir aucun effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ce n’est pas parce qu’il existe d’autres facteurs que les facteurs darwiniens pour diriger l’évolution de la vie, qu’il convient de rejeter l’évolution en affirmant que nous n’avons aucun ancêtre commun avec les primates. Ces deux dernières positions seraient confortées dans leur absurdité si les tenants de la « pensée orthodoxe » persistaient à affirmer avec force qu’il n’existe pas de troisième voie dans un cas comme dans l’autre.
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