Car, Joie !, Un citoyen-reporter du nom de Julien Gautier en a écrit un, modéré et radical en même temps, et délicieusement ironique. Il exprime pour l'essentiel ma pensée (mis à part le premier paragraphe), et je suis bien heureux (et soulagé !) de pouvoir vous le présenter.
Le voici, bonne lecture, et encore merci à Julien Gautier :
Après Copenhague : Une gifle à méditer pour les Occidentaux
Je ne suis pas un “climato-sceptique” car n’étant pas scientifique, je fais confiance à la très large majorité des experts du GIEC ou d’ailleurs qui estiment que le réchauffement climatique est une réalité qu’il convient de prendre au sérieux. Réduire les émissions de CO2 à la surface du globe, limiter la hausse des températures (si c’est effectivement possible), la fonte de la banquise ou la montée du niveau de la mer me paraissent des objectifs tout à fait louables pour préserver notre bonne vieille Terre et les ressources à disposition des générations futures.
Je suis partisan du tri sélectif et voir des 4X4 dans les rues de Paris m’énerve comme beaucoup de gens. En revanche, je dois vous faire cette confession : je ne suis pas un adepte de la nouvelle religion dominante, je veux parler bien entendu de l’écologie-politique. J’entends déjà les hurlements de ceux qui plongés dans leur nouvelle croyance, galvanisés à longueur de temps par Nicolas Hulot, Greenpeace, les Verts ou le WWF, ne manqueront pas de me traiter d’irresponsable, voire de révisionniste.
Tout ce vacarme à propos de Copenhague, tous ces slogans repris en boucle par les chaînes de télévision sans le moindre recul du style « le rendez-vous de la dernière chance pour la planète » devraient susciter légitimement quelques interrogations. Pourtant, quel éditorialiste en vue se permettrait aujourd’hui de critiquer la démarche des « stars » écolos du moment ? Le sympathique Cohn-Bendit a page ouverte au Nouvel Obs (qui d’autre se verrait confier les clés d’un numéro entier comme rédacteur en chef ?), Cécile Duflot est la nouvelle chouchoute des médias quand ce n’est pas l’inénarrable et arrogant Noël Mamère qui répond aux questions de ses anciens confrères ou l’avocate Corinne Lepage qui n’a pas fini de nous expliquer pourquoi Total est la source de tous nos malheurs. Et puis, il y a les prédications outrancières et catastrophistes de Nicolas Hulot (séquence je vais vous faire peur) qui sont relayées partout sans être discutées. Celui qui a réussi à imposer sans débat son « pacte écologique » à la plupart des candidats en 2007 parvient même à voler la vedette à José Bové, lui-même véritable icône médiatique depuis une dizaine d’années (démontage de Mac Do, arrachage d’OGM, le bonhomme a innové dans le militantisme événementiel ultra médiatisé), sans même parler de l’omniprésent Yann Arthus Bertrand dont le film Home avait été diffusé sur France 2 deux jours avant les élections européennes ! Les vieux partis traditionnels sont largués, alors gauche et droite courent derrière ces vedettes écolos au jeu du « plus écologiste que moi tu meurs ». Parmi eux, Sarkozy, Royal, Aubry, Bayrou, Kosciusko-Morizet ou Borloo rivalisent dans le genre avec une prime tout de même à Jean-Louis Borloo. L’ancien avocat de Bernard Tapie a un talent hors pair pour vendre sa nouvelle croyance. En la matière, s’agit-il d’information ou de propagande ? Peut-on poser ce genre de questions ?
Oui, l’écologie est devenue une religion, la religion adorée des élites bien pensantes fâchées depuis belle lurette avec le judéo-christianisme ou le marxisme et qui étaient en manque d’une nouvelle croyance millénariste un peu plus “fashion” que la messe du dimanche ou la fête de l’Huma. Cette religion a ses grands prêtres (cités plus haut et peut-être un pape en la personne d’Al Gore), ses compagnons de route (à peu près tout le gratin people), ses partis (Les Verts, Europe Ecologie, Cap 21 en France), ses lieux de mémoire (Larzac, Creys-Malville etc.), ses JMJ (Kyoto, Rio, Copenhague), ses ancêtres (René Dumont). Et gare aux renégats, ces gens-là ne sont pas vraiment réputés pour leur tolérance et leur ouverture d’esprit (à part peut-être Cohn-Bendit, toujours lui !). On se croirait dans les années 50 quand il était devenu impossible dans le milieu intellectuel parisien d’émettre la moindre critique contre le communisme et l’URSS triomphante. Le fonctionnaire soviétique en exil Victor Kravchenko avait même été traduit en justice à Paris par des militants communistes parce qu’il avait osé publier après la guerre un livre au titre évocateur : « J’ai choisi la liberté ». Faudra t-il traduire Claude Allègre devant la Cour de justice de la République pour « crime de négation du réchauffement climatique » ? Il le faudrait certainement, à écouter certains.
En attendant, faut-il désespérer de l’échec du sommet de Copenhague ? Le résultat n’est certes pas brillant (que peut-on décider à l’unanimité quand on est 192 autour d’une table ?) mais les croyants écologistes feraient bien de méditer sur le fait que ces interminables palabres qui duraient depuis deux ans, ces délégations occidentales « gonflées à bloc » (on avait l’impression que Sarko et Borloo partaient en croisade pour sauver le monde), cette bureaucratie onusienne inouïe, ces milliers de conférenciers réunis dans la ruche de la capitale danoise (combien de CO2 dégagé à cette occasion?) n’auront finalement pas pesé lourd face à la simple détermination de l’Inde ou de la Chine à continuer à se développer sans (trop) de contraintes. Parce que c’est leur droit. J’éviterais de vous abreuver de chiffres sur ce blog mais tout de même, un petit rappel pour se remettre les idées en place : l’Inde émet 1,2 tonne de CO2 par an et par habitant, contre 12 tonnes en Europe et… 24 tonnes aux Etats-Unis. Et que lit-on ces derniers jours ? Si Copenhague a échoué, c’est en raison de l’intransigeance de ces mauvais élèves pollueurs que sont la Chine ou l’Inde. Etions-nous assez naïfs pour ne pas avoir anticipé les réalités géopolitiques et économiques de ce monde et croire que les grands pays émergents accepteraient sans broncher de signer un traité les contraignant pour les prochaines décennies à limiter l’essor de leur industrie ?
Toutes nos croyances en ce domaine répercutées ad nauseam par la bronca médiatique sont donc à revoir. Il faut une fois de plus se méfier des slogans et des idées reçues, sympathiques mais stériles. Non, nous n’empêcherons pas la croissance de l’Inde et de la Chine dans les prochaines années. La solution au problème du réchauffement climatique ne passe par une quelconque limitation administrative des quotas d’émissions des gaz à effet de serre (l’échec de Kyoto n’est plus à démontrer). Nous avons d’ailleurs le beau rôle en Europe car notre industrie se meurt… Cela fait plaisir à nos bobos des villes, moins aux ouvriers mis au chômage sans ménagement alors que les besoins immenses des habitants de cette planète justifieraient pleinement, si la volonté politique existait réellement, que l’on maintienne en Europe une industrie digne de ce nom. Mais le sort des ouvriers européens intéresse t-il nos bobos écolos bon chic bon genre ?
La réponse aux problèmes écologiques bien réels passe bien entendu par le progrès technologique (voitures électriques ou hybrides, nouvelles générations de chaudières, panneaux solaires etc. etc.) et la diversification énergétique. Si je poussais un peu loin la provocation (pour mériter le bûcher des inquisiteurs), je vanterais également l’énergie nucléaire comme moyen efficace de lutter contre les émissions de CO2 par rapport au charbon. Certes, il y a ce problème des déchets à ne pas négliger mais le nucléaire présente aussi de sacrés avantages en terme de coût et de rejet de carbone. Mais est-ce une opinion écologiquement correct? A t-on encore le droit de le dire?
Si l’homme doit apprendre à mieux préserver les ressources de la Terre pour nourrir une population toujours croissante (9 milliards d’habitants à horizon 2050), il ne doit pas néanmoins renoncer à son destin, celui de continuer à maîtriser la nature pour améliorer ses conditions de vie. Avant de s’insurger par principe contre les OGM, posons-nous la question du défi alimentaire et entendons sans préjugés ce que les scientifiques ont à dire sur la question. Les Occidentaux doivent aussi apprendre la modestie, privilégier le développement durable mais sans empêcher personne de faire ce que nous faisons nous depuis la révolution industrielle. Apprendre également à se désintoxiquer de cette peur millénariste qui pèse actuellement sur les consciences et prendre du recul face aux discours de propagande agressifs et spectaculaires d’organisations comme Greenpeace ou de leaders autoproclamés comme Nicolas Hulot, véritable Torquemada écologiste dont les sentences définitives ne doivent souffrir d’aucune contestation…