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22 septembre 2008 1 22 /09 /septembre /2008 12:11

Franklin Delano Roosevelt
Looking Forward
Le regard vers demain


The John Day Company, New York - Imprimé en mars 1933




Chapitre Un : Réexamen de nos valeurs (autres chapitres)
   
    La question centrale du gouvernement a toujours été de savoir si les individus doivent servir un système, qu'il soit de gouvernement ou économique, où s'il existe un système, économique et de gouvernement, voué à servir les individus.

    Cette question a dominé avec persistance les discussions sur le gouvernement durant de nombreuses générations. A ce sujet, les hommes se sont opposés, et il est probable que pour longtemps encore ils s'opposeront.

    Mais il n'est donné à aucun homme d'avoir le dernier mot ; cependant nous pouvons encore espérer le changement et le progrès. La Démocratie, comme l'a décrite Meredith Nicholson, est une quête, une recherche permanente de ces choses et un combat pour les obtenir. Plusieurs routes s'offrent à nous. Si nous les suivons, nous nous apercevons qu'elles ne nous dirigent que vers deux directions générales. La première vers le gouvernement au bénéfice d'un petit nombre, et la seconde vers le gouvernement au bénéfice du grand nombre.

    L'apparition des gouvernements nationaux d'Europe a été le fruit d'un combat pour le développement d'une force centralisée dans la nation, suffisamment puissante pour imposer la paix aux baronnies régnantes. Dans la plupart des cas, la victoire du gouvernement central, la création d'un gouvernement centralisé puissant, fut un refuge pour l'individu. Le peuple préférait le grand maître lointain à l'exploitation et à la cruauté du petit maître local.

    Mais les créateurs de gouvernements nationaux étaient par force impitoyables. Leurs méthodes étaient souvent cruelles, cependant ils s'efforcèrent avec constance d'obtenir ce dont la société avait besoin et qu'elle désirait puissamment – un état central fort, capable de maintenir la paix, d'éradiquer la guerre civile, de remettre à sa place le noble indiscipliné et de permettre à la majorité des individus de vivre en sûreté.

    L'homme à la puissance inflexible a eu sa place dès lors qu'il s'agissait de développer un pays précurseur, de même que lorsqu'il s'agissait d'assurer le pouvoir du gouvernement centralisé au cours du développement des nations. La société l'a largement récompensé pour ses services en faveur de son progrès. Cependant, lorsque les développements des différentes nations furent achevés, l'ambition et l'inflexibilité, ayant remplis leur mission, eurent tendance à sortir de leurs limites.

    C'est alors qu'apparut le sentiment grandissant que le gouvernement était dirigé au bénéfice d'un petit nombre, prospérant indûment au détriment de tous. Le peuple rechercha des moyens d'équilibrage, de limitation. Apparurent alors graduellement, grâce aux assemblées urbaines, aux guildes commerciales, aux parlements nationaux, aux constitutions,  au contrôle et à la participation populaire, les limitations au pouvoir arbitraire. Un autre facteur tendant à limiter le pouvoir des dirigeants fut la montée en puissance de la conception éthique selon laquelle le dirigeant est responsable du bonheur de ses sujets. Les colonies américaines naquirent de cette lutte. La révolution américaine en fut un point d'inflexion majeur. A la suite de la révolution, cette lutte continua et devint partie intégrante de la vie publique ce pays.

    Il y en eu qui, ayant assisté à la confusion qui accompagna les années de guerre pour l'indépendance américaine, se soumirent a l'idée que le gouvernement populaire est essentiellement dangereux et fondamentalement impossible à faire fonctionner. Ces penseurs étaient – généralement – honnêtes, et nous ne pouvons nier que leurs expériences rendaient légitimes certaines de leurs inquiétudes.

    Le représentant le plus brillant, honnête et compétent de ce point de vue était Hamilton. Il était trop impatient pour supporter les lentes procédures. Fondamentalement, il était convaincu que la sûreté de la république reposait dans la force autocratique de son gouvernement, que le destin des individus était de servir ce gouvernement, et qu'un grand et solide groupe d'institutions centrales, guidées par  un petit nombre d'hommes capables et voués au service public, serait le mieux à même de diriger l'ensemble du gouvernement.

    Mais Jefferson, durant l'été de 1776, après avoir rédigé la Déclaration d'Indépendance, tourna son esprit vers le même problème et suivit un chemin différent. Il ne se laissa pas tromper par les apparences extérieures. Pour lui, le gouvernement n'était que le moyen d'atteindre un but, et non pas le but lui-même ; il pouvait aussi bien être un refuge et un soutien qu'une menace et un danger, en fonction des circonstances. Le voici analysant soigneusement la société pour laquelle il allait devoir organiser un gouvernement :

    " Nous n'avons pas de pauvres – la grande masse de notre population est composée de travailleurs, nos riches ne peuvent vivre qu'en travaillant, qu'ils soient manuels ou professionnels, sont peu nombreux et d'une richesse modeste. L'essentiel de la classe travailleuse est propriétaire, cultive sa propre terre, élève une famille, et est capable pour fruit de son travail d'obtenir des riches et des compétents des salaires suffisants leur permettant de se nourrir abondamment, de s'habiller au delà de la simple décence, de travailler modérément et d'élever leur famille. "

    Ces gens, considérait-il, ont deux système de droits, ceux s'attachant à la "compétence personnelle" et ceux impliqués dans l'acquisition et la possession de propriété. Il entendait par "compétence personnelle" le droit de libre pensée, la liberté de former et d'exprimer  des  opinions et la liberté d'organiser sa vie personnelle, chacun selon ses propres lumières.

    Afin de garantir ce premier système de droits, un gouvernement se doit d'organiser ses fonctions de manière à ne pas empiéter sur le domaine individuel. Mais même Jefferson réalisa que l'exercice du droit de propriété risquait tant d'empiéter sur les droits individuels que le gouvernement, sans l'assistance duquel le droit de propriété n'existerait pas, devait intervenir, non pour détruire l'individualisme, mais pour le protéger.

    Nous connaissons tous le grand duel politique qui s'ensuivit ; et comment Hamilton et ses amis, travaillants à l'élaboration d'un pouvoir dominant et centralisé, furent finalement vaincus par le parti de Jefferson lors de la grande élection  de 1800. De ce duel naquirent les deux partis, le parti Républicain et le parti Démocratique, tels que nous les connaissons aujourd'hui.

    Ainsi débuta, dans la vie politique américaine, le jour nouveau, celui de l'individualisme contre le système, celui où l'individualisme devint le terme de référence de la vie américaine. Les conditions économiques les plus heureuses en firent un jour long et splendide. Sur la frontière occidentale, les terres étaient en général libres. Nul ne se trouvait entièrement sans opportunité de gagner sa vie, s'il ne reculait pas devant la tâche. Les dépressions pouvaient passer, passèrent, mais elles ne purent altérer ce fait fondamental, que l'essentiel du peuple vivait partie en vendant son travail et partie en tirant du sol ses moyens de subsistance, de sorte que famine et dislocation étaient pratiquement impossibles. Dans les pires situations, il restait toujours la possibilité de monter dans un chariot bâché et de partir vers l'Ouest, où les prairies vierges accueillaient les hommes à qui l'Est avait refusé une place.

    Nos ressources naturelles étaient si immenses que nous pouvions non seulement offrir ce secours à notre peuple, mais encore aux affligés du monde entier. Nous pouvions appeler d'Europe l'immigration, et l'accueillir à bras ouvert.

    Chaque fois qu'une dépression apparaissait, une nouvelle portion de territoire était ouverte à l'ouest. Cela devint une tradition. De sorte que même nos malheurs temporaires servirent à notre destinée manifeste.

    Puis une nouvelle force fut libérée, un nouveau rêve fut créé, au milieu du dix-neuvième siècle. Cette force était ce qu'on appelle la révolution industrielle, avec le progrès de la vapeur et des machines et l'apparition des précurseurs des sites industriels modernes. Ce rêve était celui d'une machine économique, capable d'élever les standards de vie pour tous, de mettre le luxe à la portée des plus humbles, d'annihiler les distances grâce à la puissance de la vapeur et plus tard de l'électricité, et de libérer tout le monde de la corvée du travail manuel pénible.

    L'on pouvait s'attendre à ce que cette force et ce rêve aient nécessairement une influence sur le gouvernement. Jusqu'à présent, le gouvernement n'avait simplement été appelé que pour produire les conditions dans lesquelles les gens puissent vivre avec bonheur, travailler paisiblement et se reposer en sûreté. Il était maintenant sollicité pour aider à la consommation de ce nouveau rêve. Mais sur ce rêve, cependant, planait une ombre. Le réaliser demandait l'utilisation des talents d'hommes à la volonté et à l'ambition formidables, puisque d'aucune autre manière ne pouvaient être résolus les problèmes de financement, d'ingénierie et de nouveaux développements.

    Les avantages de l'âge de la machine étaient cependant si évidents, que les Etats-Unis acceptèrent avec courage, joie et, je pense, raison de prendre l'amer avec le doux. L'on pensait alors qu'aucun prix n'était trop élevé pour les avantages que l'on pouvait tirer d'un système industriel complètement développé.

    L'histoire du dernier demi-siècle est en conséquence et dans une large mesure une histoire de titans financiers, dont les méthodes n'étaient pas examinées avec trop d'attention et qui étaient honorés en proportion des résultats produits, sans regards pour les moyens utilisés. Les financiers qui emmenèrent les rails jusqu'au Pacifique, par exemple, étaient toujours impitoyables, souvent gaspilleurs et fréquemment corrompus, mais ils construisirent les voies ferrées et nous en disposons aujourd'hui. Il a été estimé que l'investisseur américain a payé le système ferroviaire américain plus de trois fois sa valeur au cours de sa construction, mais malgré ce fait il reste pour les Etats-Unis un avantage net.

    Tant que nous eûmes des terres libres, tant que la population augmenta par  vagues de millions, tant que nos usines ne suffirent pas à satisfaire nos besoins, la société fit le choix de donner à l'homme ambitieux toutes libertés et des récompenses illimitées, pourvu seulement qu'ils produisent le matériel économique tant désiré.

    Tant que durait la période d'expansion économique, il y avait pour tous égalité d'opportunité économique, et l'affaire du gouvernement n'était pas de se mêler mais de soutenir le développement de l'industrie. Et cela à la demande même des hommes d'affaires. Les tarifs avaient à l'origine été imposés en vue de "promouvoir les industries naissantes", phrase qui rappellera aux plus âgés de mes lecteurs une controverse politique pas si vieille que ça.

    Les voies ferrées furent subventionnées, parfois avec de l'argent, souvent par le don de terres. Quelques uns des terrains pétrolifères les plus prometteurs furent donnés afin de soutenir le financement de la voie ferrée qui avançait par le sud-ouest. La marine marchande balbutiante fut soutenue soit par financement, soit par les subsides du transport postal, afin que nos navires à vapeurs puissent parcourir les sept mers….

    Nous ne voulons pas que le gouvernement se mêle des affaires. Mais nous devons prendre en compte les implications du passé. Cela a pendant longtemps été une doctrine américaine que le gouvernement ne doit pas se lancer dans les affaires en compétition avec des entreprises privées, cependant le milieu des affaires s'est fait une tradition de demander au gouvernement la mise à disposition privée de toutes sortes d'assistance gouvernementale.

    Le même homme qui déclare qu'il ne veut pas voir le gouvernement se mêler des affaires – et il le pense et a plein de bonnes raisons pour cela – est le premier à filer à Washington demander au gouvernement un tarif prohibitif pour protéger ses produits. Et lorsque les choses se gâtent suffisamment – comme en 1930 – il ira à une vitesse égale réclamer au gouvernement des Etats-Unis un prêt. C'est pour cela qu'a été créé la Reconstruction Finance Corporation.

    Chaque groupe a sollicité la protection du gouvernement pour ses intérêts particuliers sans s'apercevoir que la fonction du gouvernement ne doit pas être de favoriser tel ou tel groupe au dépend de son devoir de défendre les droits à la liberté individuelle et à la propriété privée de tout ses citoyens.

    Nous pouvons voir maintenant rétrospectivement que le changement de marée s'est produit en même temps que le changement de siècle. Nous avions alors atteint notre dernière frontière ; il n'y avait plus de terres libres et nos cartels industriels étaient devenus de grands centres de pouvoir incontrôlés et irresponsables au sein même de l'état.

    Des hommes avisés virent avec effroi le danger que les chances d'opportunité ne soient plus égales ; que les corporations grandissantes, à l'instar du baron féodal de l'ancien temps, puissent menacer la liberté économique des individus à gagner leur vie. C'est alors que naquirent les lois anti-cartels.

    Un cri s'éleva contre les grandes corporations. Théodore Roosevelt, le premier grand progressiste républicain, mena le combat autour des questions de décartellisations durant la campagne présidentielle, et discuta franchement de ces malfaiteurs qui disposent d'une immense fortune. Selon lui, si le gouvernement devait avoir une politique à ce sujet, il ferait bien de faire marche arrière, de détruire les grands cartels et de revenir au temps où chaque homme était propriétaire de sa petite affaire individuelle. Mais c'était impossible. Théodore Roosevelt, abandonnant cette idée de décartellisation, fut forcé de trouver le moyen de faire une différence entre les "bons" et les "mauvais" cartels. La Cour Suprême mis en œuvre la fameuse "règle de raison", selon laquelle il semble qu'elle ait voulu affirmer que la concentration de puissance industrielle était tolérable si les moyens de l'obtenir et l'usage qui en était fait étaient raisonnables.

    Cette situation fut examinée avec plus de clairvoyance par Woodrow Wilson, élu en 1912. Là où Jefferson craignait que le pouvoir politique n'empiète sur la vie des individus, Wilson compris que le nouveau pouvoir était financier. Il vit dans le système économique hautement centralisé le despote du vingtième siècle, duquel dépendait pour leur sûreté et leur gagne-pain de grandes masses d'individus, et dont l'irresponsabilité et l'avidité (si laissés sans contrôle) conduiraient ceux-ci à la famine et à la pénurie.

    La concentration des puissances financières n'était pas rendue aussi loin en 1912 qu'aujourd'hui, mais elle était assez avancée pour que Wilson en comprenne pleinement les implications. La lecture de ses discours est intéressante de ce point de vue. Ce qui est décrit comme "radical" de nos jours (et j'ai de bonnes raisons de savoir de quoi je parle) est bien doux, comparé à ce qu'on entendait lors de la campagne présidentielle de Wilson.

    "Nul ne peut nier", disait-il, "que les frontières de l'entrepreneuriat se sont de plus en plus rétrécies et durcies ; il n'a pu échapper à quiconque ayant quelque connaissance du développement  d'industrie dans ce pays que les types de crédits les plus larges sont de plus en plus difficiles à obtenir, sauf à les obtenir sous condition d'unir ses efforts à ceux qui contrôlent déjà l'industrie du pays, et personne ne peut manquer de constater que tout homme qui tenterait de se mettre en compétition avec des processus manufacturiers établis sous le contrôle de grandes associations de capitaux se trouvera rapidement soit éjecté soit forcé de vendre et de finir absorbé."

    Si la guerre mondiale n'avait pas eu lieu – si Wilson avait pu consacrer les huit années de ses mandats aux affaires intérieures plutôt qu'internationales – nous aurions pu nous trouver aujourd'hui dans une situation complètement différente. Malheureusement, le lointain grondement d'alors des canons européens, devenant de plus en plus fort, le força à abandonner l'examen de cette question. Ce problème qu'il vit si clairement nous est transmis en héritage ; et aucun d'entre nous de quelque parti que ce soit ne peut nier qu'il s'agit d'un sujet d'inquiétude majeur pour le gouvernement.

    Un simple coup d'œil à la situation d'aujourd'hui n'indique que trop clairement que l'égalité d'opportunité telle que nous la connaissions a disparue. Notre système industriel est construit. Il n'est besoin pour le constater d'autre preuve que ce que nous avons devant les yeux chaque jour. Néanmoins, examinons notre histoire récente et les aspects économiques simples, ceux dont vous, moi et les hommes et femmes du pays parlent.

    Dans les années antérieures à 1929 nous savons que ce pays a bouclé un vaste cycle de construction et d'inflation ; pendant dix années, nous nous sommes développés sous prétexte de réparer les pertes de la guerre, mais en réalité nous sommes allés largement au delà de cet objectif, et bien au delà de notre besoin de croissance naturelle et normale. Durant cette période, les froid chiffres de la finance nous prouvent qu'il n'y eu que peu, ou pas du tout, de baisse des prix pour les consommateurs, bien que les mêmes chiffres nous montrent que les coûts de production s'effondrèrent ; durant cette période, les profits des entreprises furent énormes ; dans le même temps, la portion de profit vouée à la baisse des prix fut minuscule. Le consommateur fut oublié. Il n'y eu quasiment pas d'augmentation salariale ; le travailleur fut oublié, et qu'on le tourne d'une manière où d'une autre, la proportion reversée sous forme de dividendes ne fut certainement pas adéquate – l'actionnaire fut oublié.

    Incidemment, il est à noter que sur ces profits, l'impôt et les taxes du gouvernement de l'époque furent très légers.

    Quel fut le résultat de ce processus ? Les excédents énormes des entreprises s'accumulèrent – une accumulation sans précédent dans l'histoire. Ces excédents furent dirigés dans deux directions principales : premièrement, vers la construction de nouvelles et inutiles usines que l'on voit maintenant immobiles et sinistres ; et deuxièmement, dans le marché de crédit au jour le jour de Wall Street, soit directement par les entreprises, soit indirectement au travers des banques.

    Puis vint le krach. Les excédents investis dans les usines inutiles furent immobilisés. Les gens perdirent leur travail ; le pouvoir d'achat s'évapora ; les banques prirent peur et commencèrent à demander le recouvrement des prêts. Celles qui avaient de l'argent n'osaient plus s'en séparer. Le marché de crédit se contracta. L'industrie stoppa. Le commerce déclina, et le chômage augmenta.

    Traduisez tout cela, selon vos connaissances, en termes humains. Regardez comment les évènements des trois dernières ont touché des groupes spécifiques de citoyens. Premièrement, le groupe dépendant de l'industrie ; deuxièmement, le groupe dépendant de l'agriculture ; troisièmement, le groupe composé en grande partie de membres du premier et du deuxième – les "petits investisseurs et épargnants". Rappelez-vous que les liens les plus solides existent entre ces deux groupes, l'industriel et l'agricole, en ce que l'épargne et dans une certaine mesures les placements de chacun se trouvent liés dans ce troisième groupe – et constituent la structure de crédit de la nation. Nous savons tous ce qui est arrivé à cette structure.

    Mais revenons à notre problème principal – le fait que l'égalité d'opportunité, telle que nous l'avons connue, n'existe plus. Posons-nous la question économique suivante, tragiquement évidente : où est passée l'opportunité ? Devons-nous l'abandonner, elle qui tout au long de notre histoire a été notre salut ?

    Il y a longtemps que notre dernière frontière a été atteinte, et il ne reste pratiquement plus de terres libres. Plus de la moitié de la population ne vit ni dans une ferme ni à la campagne, et ne peut donc tirer ses moyens d'existence de la culture de sa propriété. La soupape de sécurité que constituaient les prairies de l'ouest, vers lesquelles tous ceux qui se retrouvaient privé de travail par les machines économiques pouvaient aller pour y tenter un nouveau départ, n'existe plus. Nous ne sommes plus capables d'inviter les immigrants d'Europe à venir partager notre abondance sans fin, et ne pouvons offrir qu'une terne existence à notre propre peuple.

    Notre manie de constamment augmenter nos tarifs douaniers s'est finalement retournée contre au point de nous fermer la frontière canadienne au nord, les marchés européens à l'est, la plupart de nos marchés latino-américains au sud et une grande proportion de nos marchés pacifiques à l'ouest, pour cause de riposte tarifaire de la part de ces pays et régions. Cela a forcé la plupart de nos grandes institutions industrielles, qui exportaient leur surplus vers ces pays, à faire construire des usines à l'intérieur des murailles douanières de ces derniers. Il en résulta la réduction des opérations de leurs usines américaines et des opportunités d'emplois.

    L'opportunité en affaires s'est encore rétrécie depuis l'époque de Wilson, de même que la liberté de se lancer dans l'agriculture a disparu. Il est encore vrai que des hommes peuvent lancer de petites entreprises, faisant confiance à leur perspicacité naturelle et à leur capacité à se tenir au courant de leurs concurrents ; mais des secteurs entiers l'un après l'autre ont été totalement préemptés par les grandes sociétés, et même dans des secteurs n'ayant pas trop de problèmes le petit entrepreneur commence avec un handicap. Les froides statistiques des trois dernières décades montrent que le petit entrepreneur indépendant cours une course perdue d'avance. Il sera peut-être acculé ; peut-être ne pourra-t-il obtenir de crédits ; peut-être sera-t-il "éjecté", selon le mot de Wilson, par les sociétés concurrentes très organisées, comme vous le dira l'épicier du coin de la rue.

    Une étude précise sur la concentration des affaires aux Etats-Unis a été récemment réalisée. Elle montre que jusqu'à maintenant notre vie économique a été dominée par environ six-cent sociétés qui contrôlent les deux-tiers de l'industrie américaine. Dix millions de petits entrepreneurs se partagent le dernier tiers.

    Plus frappant encore, il apparaît que si le processus de concentration se poursuit à la même vitesse, alors la fin du siècle verra l'industrie américaine sous le contrôle d'une douzaine de sociétés et dirigé par peut-être une centaine de personnes. Pour parler franchement, nous filons à pleine vapeur vers l'oligarchie économique, si nous n'y somme pas déjà arrivé.

    Tous cela nous appelle clairement à réexaminer nos valeurs. Le constructeur de nouvelles usines, le développeur de nouveaux réseaux ferroviaires, l'organisateur de nouvelles entreprises, peut tout aussi bien être une menace qu'un bénéfice. Le temps des grands développeurs ou des titans financiers, à qui nous accordions tous pourvu qu'ils construisissent ou qu'ils développassent, est fini.

    Nos tâches dorénavant ne sont plus la découverte ou l'exploitation de ressources naturelles ni forcément la production de plus de nouveaux biens, mais celles plus sérieuses et moins spectaculaires de l'administration des ressources et des usines déjà disponibles, de l'effort en vue de rouvrir les marchés extérieur pour nos productions en surplus, de la résolution du problème de la sous-consommation ou de l'ajustement de la production à la consommation, de la distribution plus équitable des richesses et des produits, de l'adaptation de l'organisation économique existante afin de mieux servir le peuple.

    De même que par le passé le gouvernement central fût d'abord un refuge puis devint une menace, aujourd'hui au sein de notre système économique l'ambitieuse et centrale unité financière n'est plus un serviteur de la volonté nationale mais un danger. Je voudrai même pousser plus loin ce parallèle : nous ne croyons pas que, parce que le gouvernement était devenu un danger au dix-huitième siècle, nous aurions dû en conséquence abandonner le principe du gouvernement national.

    Nous ne devrions non plus abandonner le principe des solides unités économiques appelées sociétés pour la seule raison que leurs puissances peuvent être facilement détournées. En d'autres temps, nous avons affronté le problème de l'excès d'ambition du gouvernement central en le modifiant graduellement pour en faire un gouvernement démocratique constitutionnel. Aujourd'hui, nous modifions et contrôlons nos unités économiques.

    De mon point de vue, la mission du gouvernement dans sa relation avec le milieu des affaires est de participer au développement d'une déclaration des droits économique, d'un ordre constitutionnel économique. Voici la mission des hommes d'états et des hommes d'affaires. Voici le critère minimum d'une plus durable sûreté de l'ordre social. Par bonheur, l'époque nous montre que créer un tel ordre est non seulement la bonne politique gouvernementale, mais encore le seul moyen de garantir la sécurité de notre structure économique.

    Nous savons dorénavant que ces unités économiques ne peuvent exister que si la prospérité est uniforme – c'est-à-dire si le pouvoir d'achat est correctement distribué à travers tous les groupes de la nation. C'est pourquoi même la plus égoïste des sociétés, dans son propre intérêt, serait contente de voir les salaires relevés et le chômage corrigé, de voir les fermiers retrouver leurs niveaux habituels de prospérité, et de voir assurer à ces deux groupes une sécurité permanente. C'est pourquoi certaines industries éclairées s'efforcent de limiter les actions des hommes et groupes d'affaires au sein de l'industrie dans l'intérêt commun de tous. C'est pourquoi partout les hommes d'affaires réclament une forme d'organisation qui ramènerait l'équilibre dans l'ensemble de la structure, quand bien même cela pourrait dans une certaine mesure encadrer la liberté d'action de certaines unités dans le domaine concerné.

    Je pense que quiconque effectivement engagé dans la bataille économique – c'est-à-dire quiconque n'est pas né fortuné – sait, selon son expérience et sa propre vie, que nous devons maintenant appliquer les principes premiers du gouvernement américain aux conditions contemporaines. La Déclaration d'Indépendance exprime le problème du gouvernement en termes de contrat. Le gouvernement établi une relation donneur-receveur – un contrat, nécessairement, si nous voulons suivre l'esprit duquel il s'est développé. Selon ce contrat, les dirigeants se virent remettre le pouvoir, et le peuple consentît à ce pouvoir sous la condition de se voir accorder certains droits. L'acte de gouverner a toujours consisté en la redéfinition de ces droits fonction d'un ordre social se développant et se transformant. De nouvelles conditions imposent de nouvelles exigences au gouvernement et à ceux qui le dirigent.

    Les termes du contrat sont aussi anciens que la République et aussi nouveaux que le nouvel ordre économique. Chaque homme a droit à la vie, et cela signifie qu'il a aussi le droit de gagner confortablement sa vie. Il se peut que par paresse où par crime il renonce à exercer ce droit, mais celui-ci ne peut lui être dénié. Notre gouvernement, formel et informel, politique et économique, doit à chaque homme la route qui lui permettra d'obtenir de quoi satisfaire à ses besoins par son propre travail. Chaque homme a droit à la propriété, ce qui implique le droit d'être assuré de la manière la plus complète possible de la sûreté de ses profits. Car il n'existe aucun autre moyen pour les hommes d'assumer la charge de ces périodes de la vie qui par la nature des choses n'offrent aucune chance de travailler – l'enfance, la maladie, la vieillesse. De toutes les réflexions sur la propriété, celle-ci est prépondérante : toutes les autres doivent y être soumises. Si, en accord avec ce principe, nous devons restreindre les opérations du spéculateur, du négociateur, voire du financier, je crois que nous devons accepter cette restriction et la considérer nécessaire, non pour porter atteint à l'individualisme mais pour le protéger.

    Les termes finaux du haut contrat nommaient la liberté et la poursuite du bonheur. Nous en avons appris grandement sur eux au cours du siècle dernier. Nous avons appris que la liberté individuelle et le bonheur individuel ne signifient rien tant qu'ils ne sont ordonnés selon le principe que la nourriture de l'un ne peut être le poison de l'autre. Nous avons appris que le vieux "droit de compétence personnelle" – le droit de lire, de penser, de parler, de choisir son mode de vie et de vivre selon – doit être respecté à tout prix. Nous avons appris que la liberté de faire quoi que ce soit privant les autres de ces droits fondamentaux est totalement en dehors de la protection de quelque contrat ou entente que ce soit, et que le gouvernement est le garant de l'équilibre de la justice pour tous.

    Nous remplirons nos obligations gouvernementales présentes, comme nous avons remplis les obligations de l'apparente Utopia que Jefferson avait imaginé pour nous en 1776, et que Jefferson, Théodore Roosevelt et Wilson cherchèrent à rendre réelle. Nous devons faire de même, à moins de nous voir submergé par le flot grandissant de la misère que notre échec commun aura engendrée.
   
Franklin Delano Roosevelt, 1932
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Reappraisal of Values

The issue of government has always been whether individual men and women will have to serve some system of government or economics or whether a system of government and economics exists to serve individual men and women.

This question has persistently dominated the discussions of government for many generations. On questions relating to these things men have differed, and from time immemorial it is probable that honest men will continue to differ.

The final word belongs to no man; yet we can still believe in change and progress. Democracy, as Meredith Nicholson has called it, is a quest, a never-ending seeking for these things and striving for them. There are many roads to follow. If we take their course we find there are only two general directions in which they lead. The first is toward government for the benefit of the few, the second is toward government for the benefit of the many.

The growth of the national governments of Europe was a struggle for the development of a centralized force in the nation, strong enough to impose peace upon ruling barons. In many instances the victory of the central government, the creation of a strong central government, was a haven of refuge to the individual. The people preferred the great master far away to the exploitation and cruelty of the smaller master near at hand.

But the creators of national government were perforce ruthless men. They were often cruel in their methods, though they did strive steadily toward something that society needed and very much wanted—a strong central State, able to keep the peace, to stamp out civil war, to put the unruly nobleman in his place and to permit the bulk of individuals to live safely.

The man of ruthless force had his place in developing a pioneer country, just as he did in fixing the power of the central government in the development of the nations. Society paid him well for his services toward its development. When the development among the nations of Europe, however, had been completed, ambition and ruthlessness, having served its term, tended to overstep the mark.

There now came a growing feeling that government was conducted for the benefit of the few who thrived unduly at the expense of all. The people sought a balancing—a limiting force. Gradually there came through town councils, trade guilds, national parliaments, by constitutions and popular participation and control, limitations on arbitrary power. Another factor that tended to limit the power of those who ruled was the rise of the ethical conception that a ruler bore a responsibility for the welfare of his subjects. The American colonies were born during this struggle. The American Revolution was a turning point in it. After the Revolution the struggle continued and shaped itself into the public life of this country.

There were those who, because they had seen the confusion which attended the years of war for American independence, surrendered to the belief that popular government was essentially dangerous and essentially unworkable. These thinkers were, generally, honest and we cannot deny that their experience had warranted some measure of fear.

The most brilliant, honest and able exponent of this point of view was Hamilton. He was too impatient of slow-moving methods. Fundamentally, he believed that the safety of the Republic lay in the autocratic strength of its government, that the destiny of individuals was to serve that government and that a great and strong group of central institutions, guided by a small group of able and public-spirited citizens, could best direct all government.

But Jefferson, in the summer of 1776, after drafting the Declaration of Independence, turned his mind to the same problem and took a different view. He did not deceive himself with outward forms. Government with him was a means to an end, not an end in itself; it might be either a refuge and a help or a threat and a danger, depending on the circumstances. We find him carefully analyzing the society for which he was to organize a government:

"We have no paupers—the great mass of our population is of laborers, our rich who cannot live without labor, either manual or professional, being few and of moderate wealth. Most of the laboring class possess property, cultivate their own lands, have families and from the demands for their labor are enabled to extract from the rich and the competent such prices as enable them to feed abundantly, clothe above mere decency, to labor moderately and raise their families."

These people, he considered, had two sets of rights, those of "personal competency" and those involved in acquiring and possessing property. By "personal competency" he meant the right of free thinking, freedom of forming and expressing opinions and freedom of personal living, each man according to his own rights.

To insure the first set of rights a government must so order its functions as not to interfere with the individual. But even Jefferson realized that the exercise of the property rights must so interfere with the rights of the individual that the government, without whose assistance the property rights could not exist, must intervene, not to destroy individualism but to protect it.

We are familiar with the great political duel which followed; and how Hamilton and his friends, building toward a dominant, centralized power, were at length defeated in the great election of 1800 by Jefferson's party. Out of that duel came the two parties, Republican and Democratic, as we know them today.

So began, in American political life, the new day, the day of the individual against the system, the day in which individualism was made the great watchword in American life. The happiest of economic conditions made that day long and splendid. On the Western frontier land was substantially free. No one who did not shirk the task of earning a living was entirely without opportunity to do so. Depressions could, and did, come and go; but they could not alter the fundamental fact that most of the people lived partly by selling their labor and partly by extracting their livelihood from the soil, so that starvation and dislocation were practically impossible. At the very worst there was always the possibility of climbing into a covered wagon and moving West, where the untilled prairies afforded a haven for men to whom the East did not provide a place.

So great were our natural resources that we could offer this relief not only to our own people but to the distressed of all the world. We could invite immigration from Europe and welcome it with open arms.

When a depression came a new section of land was opened in the West. This became our tradition. So even our temporary misfortune served our manifest destiny.

But a new force was released and a new dream created in the middle of the nineteenth century. The force was what is called the industrial revolution, the advance of steam and machinery and the rise of the forerunners of the modem industrial plant. The dream was that of an economic machine, able to raise the standard of living for everyone; to bring luxury within the reach of the humblest; to annihilate distance by steam power and later by electricity, and to release everyone from the drudgery of the heaviest manual toil.

It was to be expected that the force and the dream would necessarily affect government. Heretofore, government had merely been called upon to produce conditions within which people could live happily, labor peacefully and rest secure. Now it was called upon to aid in the consummation of this new dream. There was, however, a shadow over it. To make the dream real required use of the talents of men of tremendous will and tremendous ambition, since in no other way could the problems of financing and engineering and new development be met.

So manifest were the advantages of the machine age, however, that the United States fearlessly, cheerfully and, I think, rightly accepted the bitter with the sweet. It was thought that no price was too high for the advantages which we could draw from a finished industrial system.

The history of the last half century is accordingly in large measure a history of financial titans, whose methods were not scrutinized with too much care and who were honored in proportion as they produced the results, irrespective of the means they used. The financiers who pushed the railroads to the Pacific, for example, were always ruthless, often wasteful and frequently corrupt, but they did build railroads and we have them today. It has been estimated that the American investor paid for the American railway system more than three times over in the process, but despite this fact the net advantage was to the United States.

As long as we had free land, as long as population was growing by leaps and bounds, as long as our industrial plants were insufficient to supply our own needs, society chose to give the ambitious man free play and unlimited reward, provided only that he produced the economic plant so much desired.

During the period of expansion there was equal economic opportunity for ail, and the business of government was not to interfere but w assist in the development of industry. This was done at the request of the business men themselves. The tariff was originally imposed for the purpose of "fostering our infant industry," a phrase which the older among my readers will remember as a political issue not so long ago.

The railroads were subsidized, sometimes by grants of money, oftener by grants of land. Some of the most valuable oil lands in the United States were granted to assist the financing of the railroad which pushed through the Southwest. A nascent merchant marine was assisted by grants of money or by mail subsidies, so that our steam shipping might ply the seven seas. . . .

We do not want the government in business. But we must realize the implications of the past.
For while it has been American doctrine that the government must not go into business in competition with private enterprises, still it has been traditional for business to urgently ask the government to put at private disposal all kinds of government assistance.

The same man who says he does not want to see the government interfere in business—and he means it and has plenty of good reasons for saying so—is the first to go to Washington to ask the government for a prohibitory tariff on his product. When things get just bad enough—as they did in 1930—he will go with equal speed to the United States Government and ask for a loan. And the Reconstruction Finance Corporation is the outcome of that.

Each group has sought protection from the government for its own special interests without realizing that the function of government must be to favor no small group at the expense of its duty to protect the rights of personal freedom and of private property of all its citizens.

In retrospect we can see now that the turn of the tide came with the turn of the century. We were reaching our last frontier then; there was no more free land and our industrial combinations had become great uncontrolled and irresponsible units of power within the State.
Clear-sighted men saw with fear the danger that opportunity would no longer be equal; that the growing corporation, like the feudal baron of old, might threaten the economic freedom of individuals to earn a living. In that hour our antitrust laws were born.

The cry was raised against the great corporations. Theodore Roosevelt, the first great Republican Progressive, fought a Presidential campaign on the issues of "trust busting" and talked freely about malefactors of great wealth. If the government had a policy it was rather to turn the clock back, to destroy the large combinations and to return to the time when every man owned his individual small business. This was impossible. Theodore Roosevelt, abandoning his idea of "trust busting," was forced to work out a difference between "good" trusts and "bad" trusts. The Supreme Court set forth the famous "rule of reason" by which it seems to have meant that a concentration of industrial power was permissible if the method by which it got its power and the use it made of that power was reasonable.

The situation was seen more clearly by Woodrow Wilson, elected in 1912. Where Jefferson had feared the encroachment of political power on the lives of individuals, Wilson knew that the new power was financial. He saw, in the highly centralized economic system, the despot of the twentieth century, on whom great masses of individuals relied for their safety and their livelihood, and whose irresponsibility and greed (if it were not controlled) would reduce them to starvation and penury.

The concentration of financial power had not proceeded as far in 1912 as it has today, but it had grown far enough for Wilson to realize fully its implications. It is interesting now to read his speeches. What is called "radical" today (and I have reason to know whereof I speak) is mild compared to Wilson's Presidential campaign.

"No man can deny," he said, "that the lines of endeavor have more and more narrowed and stiffened; no man who knows anything about the development of industry in this country can have failed to observe that larger kinds of credit are more and more difficult to obtain unless you obtain them upon terms of uniting your efforts with those who already control the industry of the country, and nobody can fail to observe that every man who tries to set himself up in competition with any process of manufacture which has taken place under the control of large combinations of capital will presently find himself either squeezed out or obliged to sell and allow himself to be absorbed."

Had there been no World War—had Wilson been able to devote eight years to domestic instead of international affairs—we might have had a wholly different situation at the present time. However, the then distant roar of European cannon, growing ever louder, forced him to abandon the study of this issue. The problem he saw so clearly is left with us as a legacy; and no one of us of whatever political party can deny that it is a matter of grave concern to the government.

Even a glance at the situation today only too clearly indicates that equality of opportunity as we have known it no longer exists. Our industrial plant is built. That hardly requires more proof than we see about us constantly. Nevertheless, let us look at our recent history and the simple economics, the kind of economics that you and I and the average man and woman talk.
In the years before 1929 we know that this country had completed a vast cycle of building and inflation; for ten years we expanded on the theory of repairing the wastes of the war, but actually expanded far beyond that, and also far beyond our natural and normal growth. During that time the cold figures of finance prove there was little or no drop in the prices the consumer had to pay, although those same figures prove that the cost of production fell very greatly; corporate profit resulting from this period was enormous; at the same time little of the profit was devoted to the reduction of prices. The consumer was forgotten. Little went into increased wages; the worker was forgotten, and by no means an adequate proportion was paid out in dividends—the stockholder was forgotten.

Incidentally, very little was taken by taxation to the beneficent government of those days.
What was the result? Enormous corporate surpluses piled up—the most stupendous in history. These surpluses went chiefly in two directions: first, into new and unnecessary plants which now stand stark and idle; second, into the call money market of Wall Street, either directly by the corporations or indirectly through the banks.

Then came the crash. Surpluses invested in unnecessary plants became idle. Men lost their jobs; purchasing power dried up; banks became frightened and started calling loans. Those who had money were afraid to part with it. Credit contracted. Industry stopped. Commerce declined, and unemployment mounted.

Translate that within your own knowledge into human terms. See how the events of the past three years have come home to specific groups of people. First, the group dependent upon industry; second, the group dependent upon agriculture; third, that group made up in large part of members of the first two—the "small investors and depositors." Remember that the strongest possible tie between the first two groups, agriculture and industry, is the fact that the savings and to a degree the security of both are tied together in that third group—the credit structure of the nation. We know what has happened to that.

But go back again to the main fact before us today—that equality of opportunity, as we have known it, no longer exists. Pick up the next tragically obvious economic question—where is opportunity? We must dismiss that historic one which has heretofore been our salvation.

Our last frontier has long since been reached, and there is practically no more free land. More than half our people do not live on farms or on lands and cannot derive a living by cultivating their own property. There is no safety valve in the form of Western prairie to which those thrown out of work by the economic machines can go for a new start. We are not able to invite the immigrants from Europe to share our endless plenty. We are now providing a drab living for our own people.

Our system of constantly rising tariffs has at last reacted against us to the point of closing our Canadian frontier on the north, our European markets on the east, many of our Latin-American markets to the south and a large proportion of our Pacific markets on the west through the retaliatory tariffs of these countries. It has forced many of our great Industrial institutions, who exported their surplus production to such countries, to establish plants in those countries, within the tariff walls. This has resulted in the reduction of the operation of their American plants and of opportunity for employment.

Opportunity in business has further narrowed since Wilson's time, just as freedom to farm has ceased. It is still true that men can start small enterprises, trusting to their native shrewdness and ability to keep abreast of competitors; but area after area has been preempted altogether by the great corporations, and even in the fields which still have no great concerns the small man starts under a handicap. The unfeeling statistics of the past three decades show that the independent business man is running a losing race. Perhaps he is forced to the wall; perhaps he cannot command credit; perhaps he is "squeezed out," in Wilson's words, by highly organized corporate competitors, as your corner grocery man can tell you.

Recently a careful study was made of the concentration of business in the United States. It showed that our economic life was dominated by some six hundred odd corporations who controlled two thirds of American industry. Ten million small business men divided the other third.

More striking still, it appeared that, if the process of concentration goes on at the same rate, at the end of another century we shall have all American industry controlled by a dozen corporations and run by perhaps a hundred men. Put plainly, we are steering a steady course toward economic oligarchy, if we are not there already.

Clearly all this calls for a reappraisal of values. A mere builder of more industrial plants, a creator of more railroad systems, an organizer of more corporations, is as likely to be a danger as a help. The day of the great promoter or the financial titan, to whom we granted everything if only he would build or develop, is over.

Our task now is not discovery or exploitation of natural resources or necessarily of producing more goods. It is the soberer, less dramatic business of administering resources and plants already in hand, of seeking to reestablish foreign markets for our surplus production, of meeting the problem of under-consumption, or adjusting production to consumption, of distributing wealth and products more equitably, of adapting existing economic organization to the service of the people.

Just as in older times the central government was first a haven of refuge and then a threat, so now, in a closer economic system the central and ambitious financial unit is no longer a servant of national desire but a danger. I would draw the parallel one step further. We do not think, because national government became a threat in the eighteenth century, that therefore we should abandon the principle of national government.

Nor today should we abandon the principle of strong economic units called corporations merely because their power is susceptible to easy abuse. In other times we dealt with the problem of an unduly ambitious central government by modifying it gradually into a constitutional democratic government. So today we are modifying and controlling our economic units.

As I see it, the task of government in its relation to business is to assist the development of an economic declaration of rights, an economic constitutional order. This is the common task of statesmen and business men. It is the minimum requirement of a more permanently safe order of society. Happily, the times indicate that to create such an order is not only the proper policy of government but is the only line of safety for our economic structure as well.

We know now that these economic units cannot exist unless prosperity is uniform—that is, unless purchasing power is well distributed throughout every group in the nation. That is why even the most selfish of corporations, for its own interest, would be glad to see wages restored and unemployment aided, and to bring the farmer back to his accustomed level of prosperity, and to assure a permanent safety for both groups. That is why some enlightened industries endeavor to limit the freedom of action of each man and business group within the industry in the common interest of all. That is why business men everywhere are asking for a form of organization which will bring the scheme of things into balance, even though it may in some measure qualify the freedom of action of individual units within the business.

I think that everyone who has actually entered the economic struggle—which means everyone who was not born to safe wealth—knows in his own experience and his own life that we now have to apply the earlier concepts of American government to the conditions of today. The Declaration of Independence discusses the problem of government in terms of a contract. Government is a relation of give and take—a contract, perforce, if we would follow the thinking out of which it grew. Under such a contract rulers were accorded power, and the people consented to that power on consideration that they be accorded certain rights. The task of statesmanship has always been the redefinition of these rights in terms of a changing and growing social order. New conditions impose new requirements upon government and those who conduct government.

The terms of the contract are as old as the Republic and as new as the new economic order. Every man has a right to life, and this means that he has also a right to make a comfortable living. He may by sloth or crime decline to exercise that right, but it must not be denied him. Our government, formal and informal, political and economic, owes to every man an avenue to possess himself of sufficient for his needs through his own work. Every man has a right to his own property, which means a right to be assured to the fullest extent attainable, in the safety of his earnings. By no other means can men carry the burdens of those parts of life which in the nature of things afford no chance of labor—childhood, sickness, old age. In all thought of property, this right is paramount; all other property rights must yield to it. If, in accordance with this principle, we must restrict the operations of the speculator, the manipulator, even the financier, I believe we must accept the restriction as needful, not to hamper individualism but to protect it.

The final term of the high contract was for liberty and the pursuit of happiness. We have learned a great deal of both in the past century. We know that individual liberty and individual happiness mean nothing unless both are ordered in the sense that one man's meat is not another man's poison. We know that the old "rights of personal competency"—the right to read, to think, to speak, to choose and live a mode of life—must be respected at all hazards. We know that liberty to do anything which deprives others of those elemental rights is outside the protection of any compact, and that government in this regard is the maintenance of the balance of justice for all.

We shall fulfill our present day governmental obligations, as we fulfilled the obligations of the apparent Utopia which Jefferson imagined for us in 1776 and which Jefferson, Theodore Roosevelt and Wilson sought to bring to realization. We must do so lest a rising tide of misery, engendered by our
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