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7 juin 2007 4 07 /06 /juin /2007 00:19
schiller.jpg

Un torrent s’élance à travers les fentes des rochers et vient avec le fracas du tonnerre. Des montagnes en débris suivent son cours, et la violence de ses eaux déracine des chênes : le voyageur, étonné, entend ce bruit avec un frémissement qui n’est pas sans plaisir ; il écoute les flots mugir en tombant du rocher, mais il ignore d’où ils viennent. Ainsi l’harmonie se précipite à grands flots, sans qu’on puisse reconnaître les sources d’où elle découle.


Le poète est l’allié des êtres terribles qui tiennent en main les fils de notre vie ; qui donc pourrait rompre ses noeuds magiques et résister à ses accents ? Il possède le sceptre de Mercure, et s’en sert pour guider les âmes : tantôt il les conduit dans le royaume des morts, tantôt il les élève, étonnées, vers le ciel, et les suspend, entre la joie et la tristesse, sur l’échelle fragile des sensations.

Lorsqu’au milieu d’un cercle où règne la gaieté, s’avance tout à coup, et tel qu’un fantôme, l’impitoyable Destin, alors tous les grands de la terre s’inclinent devant cet inconnu qui vient d’un autre monde ; le vain tumulte de la fête s’abat, les masques tombent, et les oeuvres du mensonge s’évanouissent devant le triomphe de la vérité.

De même, quand le poète prélude, chacun jette soudain le fardeau qu’il s’est imposé, l’homme s’élève au rang des esprits et se sent transporté jusqu’aux voûtes du ciel ; alors, il appartient tout à Dieu ; rien de terrestre n’ose l’approcher, et toute autre puissance est contrainte à se taire. Le malheur n’a plus d’empire sur lui ; tant que dure la magique harmonie, son front cesse de porter les rides que la douleur y a creusées.

Et, comme, après de longs désirs inaccomplis, après une séparation longtemps mouillée de larmes, un fils se jette enfin dans le sein de sa mère, en le baignant des pleurs du repentir, ainsi l’harmonie ramène toujours au toit de ses premiers jours, au bonheur pur de l’innocence, le fugitif qu’avaient égaré des illusions étrangères ; elle le rend à la nature, qui lui tend les bras, pour réchauffer son génie glacé par la contrainte des règles.

Friedrich von SCHILLER

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30 mai 2007 3 30 /05 /mai /2007 00:05
Le poème A une Alouette (To a Skylark) appartient a une période privilégiée de shelley, marquée par la joie et le bonheur. C'est l'époque où shelley écrira le Prométhée délivré, Ode au vent d'Ouest et Le nuage. Ces poèmes sont de véritables hymnes à la joie et à la liberté.
Dans A une alouette, on retrouve l'inimitable envol Shelleyen, inspiré et débordant d'allégresse et de musicalité.


A une Alouette

Salut à toi, Esprit joyeux!
Car Oiseau tu n’es nullement
Toi qui au ciel, et près des Cieux
Verses ton cœur empli de chants
Sans méditer ton art aux généreux accents.

De la terre où tu prends essor,
Nuage de feu jaillissant,
Tu t'élèves plus haut encore
Loin au-dessus de l'océan
Ne cessant l'ascension, ta chanson ne cessant.
Dans le soleil crépusculaire
Et l'or de son évanescence
Où les nuées se font plus claires
Tu sembles flotter, puis t'élances
Comme une joie sans corps dont la course commence.
Même pâleur et cramoisi
S'effacent quand tu les pourfends;
Comme une étoile en plein midi,
Nul ne te voit au firmament,
Pourtant j'entends le cri de ton enchantement;
Ardent comme là-haut la sphère
Aux si vives flèches d'argent,
Mais dont s'estompe la lumière
Dans la clarté du matin blanc
Jusqu'à n'être vue guère, que l'on sent là pourtant.
Partout sur terre et dans les airs
Ta puissante voix retentit
Comme quand la lune à travers
Le seul nuage de la nuit
Inonde tout le ciel de lumineuse pluie.
Ce que tu es nous ignorons;
Qu'est-ce qui le mieux te décrit?
Car les gouttes d'arc-en-ciel n'ont
Des nues jamais resplendi
Comme tombe l'averse de ta mélodie.
Ainsi le poète oublié
Dans sa lumière intérieure,
Chantant, sans en être prié,
L'hymne à ses espoirs et ses peurs
Aux hommes ébahis d'y découvrir les leurs;
Ainsi la noble damoiselle
Au palais, dans sa haute tour,
Qui des musiques les plus belles
Berce son coeur épris d'amour
Sans savoir qu'elle charme aussi toute la cour;
Ainsi le ver luisant doré
Dont la couleur seule est perçue
Au fond d'un vallon de rosée,
Parsemant ce halo diffus
Parmi l'herbe et les fleurs où lui est hors de vue;
Ainsi le rosier habillé
Du feuillage vert de ses fleurs
Que le vent brûlant vient piller
Mais dont l'odorante douceur
Fera s'évanouir l'aérien détrousseur.
L'averse vernale et son bruit
Sur les herbes qui étincellent,
Les fleurs éveillées par la pluie,
Joies pures et vives, certes, mais elles
Ne surpassent jamais ta musique éternelle.
Apprends-nous donc, sylphe ou oiseau,
Les doux pensers qui sont les tiens;
Je n'ai jamais entendu mots
D'éloge à l'amour ou au vin
Déclamés en un flot de bonheur si divin.
Chants de triomphe et choeurs nuptiaux,
Si à ta voix on les compare,
Nous paraissent creux, sonnent faux
Et ne sont que vaines fanfares
Auxquelles font défaut les choses les plus rares.
Quelle est la source, quel est l'objet
De cette chantante fontaine?
Des bois? Des vagues? De hauts sommets?
Des formes de ciel ou de plaine?
L'amour de ton espèce? Le mépris de la peine?
Car dans ton pur ravissement
La langueur ne trouve point place;
Et l'ombre du désagrément
Jamais même ne te menace;
Tu aimes, mais de l'amour ignores ce qui lasse.
En éveil, ou lorsque tu dors,
N'est-ce pas qu'en toi s'illumine
Plus de vérité sur la mort
Que les mortels n'en imaginent,
Pour que coulent de toi notes si cristallines?
Nous voulons demain et hier,
Après eux soupirons sans cesse;
Dans nos rires les plus sincères,
Il est toujours quelque détresse;
Et nos chants sont plus beaux qui parlent de tristesse.
Pourtant si nous avions pouvoir
D'oublier peur, orgueil et haine,
Si nous étions nés pour n'avoir
De la vie ni larmes ni peine,
Comme ta joie dès lors nous paraîtrait lointaine.
Ton art, mieux que tous les ténors
Qui touchent l'âme profonde,
Ton art, mieux que tous les trésors
Dont tant de grands livres abondent,
Servirait le poète, ô oublieux du monde!
Apprends-moi un peu du plaisir
Connu d'un coeur toujours content,
Pareil harmonieux délire
Coulerait alors dans mon chant;
Le monde m'entendrait, comme moi je t'entends!

Percy Bysshe Shelley (1820)
Trad. Jean-Luc Wronski

To a Skylark



HAIL to thee, blithe Spirit!
Bird thou never wert,
That from Heaven, or near it,
Pourest thy full heart
In profuse strains of unpremeditated art.

 

Higher still and higher
From the earth thou springest
Like a cloud of fire;
The blue deep thou wingest,
And singing still dost soar, and soaring ever singest.

 

In the golden lightning
Of the sunken sun
O'er which clouds are bright'ning,
Thou dost float and run,
Like an unbodied joy whose race is just begun.

 

The pale purple even
Melts around thy flight;
Like a star of Heaven
In the broad daylight
Thou art unseen, but yet I hear thy shrill delight:

 

Keen as are the arrows
Of that silver sphere,
Whose intense lamp narrows
In the white dawn clear
Until we hardly see -- we feel that it is there.

 

All the earth and air
With thy voice is loud.
As, when night is bare,
From one lonely cloud
The moon rains out her beams, and heaven is overflowed.

 

What thou art we know not;
What is most like thee?
From rainbow clouds there flow not
Drops so bright to see
As from thy presence showers a rain of melody.

 

Like a poet hidden
In the light of thought,
Singing hymns unbidden,
Till the world is wrought
To sympathy with hopes and fears it heeded not:

 

Like a high-born maiden
In a palace tower,
Soothing her love-laden
Soul in secret hour
With music sweet as love, which overflows her bower:

 

Like a glow-worm golden
In a dell of dew,
Scattering unbeholden
Its aerial hue
Among the flowers and grass, which screen it from the view:

 

Like a rose embowered
In its own green leaves,
By warm winds deflowered,
Till the scent it gives
Makes faint with too much sweet these heavy-winged thieves.

 

Sound of vernal showers
On the twinkling grass,
Rain-awakened flowers,
All that ever was
Joyous, and clear, and fresh, thy music doth surpass.

 

Teach us, sprite or bird,
What sweet thoughts are thine:
I have never heard
Praise of love or wine
That panted forth a flood of rapture so divine.

 

Chorus hymeneal
Or triumphal chaunt
Matched with thine, would be all
But an empty vaunt --
A thing wherein we feel there is some hidden want.

 

What objects are the fountains
Of thy happy strain?
What fields, or waves, or mountains?
What shapes of sky or plain?
What love of thine own kind? what ignorance of pain?

 

With thy clear keen joyance
Languor cannot be:
Shadow of annoyance
Never came near thee:
Thou lovest, but ne'er knew love's sad satiety.

 

Waking or asleep,
Thou of death must deem
Things more true and deep
Than we mortals dream,
Or how could thy notes flow in such a crystal stream?

 

We look before and after,
And pine for what is not:
Our sincerest laughter
With some pain is fraught;
Our sweetest songs are those that tell of saddest thought.

 

Yet if we could scorn
Hate, and pride, and fear;
If we were things born
Not to shed a tear,
I know not how thy joy we ever should come near.

 

Better than all measures
Of delightful sound,
Better than all treasures
That in books are found,
Thy skill to poet were, thou scorner of the ground!

 

Teach me half the gladness
That thy brain must know,
Such harmonious madness
From my lips would flow
The world should listen then, as I am listening now!


Percy Bysshe Shelley

shelleyengrave.jpg
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19 mai 2007 6 19 /05 /mai /2007 00:17

 

 
N'aie crainte que je trahisse

Mon amour aux yeux du monde,

Quand parlant de ta beauté

Ma bouche déborde de métaphores.

 

Sous une forêt de fleurs,

Bien à l'abri et caché,

Gît ce brulant secret,

Ce feu caché profondement.

 

Si des étincelles suspectes un jour

Jaillissent de ces roses - n'aie crainte !

Ce monde ne croit pas aux flammes,

Il les prend pour de la poésie.

 

Henri Heine

  fiancee_juive.jpg

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17 mai 2007 4 17 /05 /mai /2007 00:18

Explosion de parfums et de couleurs. C'est la période idéale pour découvrir ce magnifique parc!

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parc-5.JPG Photos: Kévin D

 

Le papillon est amoureux de la rose,

Mille fois autour d'elle il volette,

Mais autour de lui, tendre comme l'or,

C'est le rayon amoureux du soleil qui volette.

  

Mais de qui la rose est-elle donc amoureuse ?

Je n'aimerais que trop le savoir.

Est-ce du rossignol qui chante?

est-ce de l'étoile du berger qui se tait ?

  

Je ne sais de qui la rose est amoureuse;

Mais moi, je vous aime tous:

Rose, papillon, rayon du soleil,

Etoile du berger et rossignol.

  

Henri Heine, Nouveaux printemps

DSCN6281a.jpg 

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16 mai 2007 3 16 /05 /mai /2007 00:50

Comment l'homme est venu


L'inquiétude s'en vint, grosse de l'homme,
Et l'inquiétude contempla le sans-espoir,
Le sans-espoir a soupiré devant le doute,
Le doute l'entendit avec perplexité,
La perplexité fut indécise face au qui-sait,
Le qui-sait discuta avec le peut-être,
Et le peut-être interrogea le si-jamais,
Le si-jamais creusa vers le probable,
Le probable en conclut c'est possible,
Le possible montra le vraisemblable,
Le vraisemblable fit un signe au pourquoi-pas,
Le pourquoi-pas se faufila vers le vraiment
Le vraiment chuchota certainement,
Certainement railla l'indubitable,
L'indubitable tempêta le défini,
Le défini frappa du poing: assurément,
Assurément se jeta sur le vrai,
Et le vrai tomba sur le cœur.
- C'est ainsi qu'est advenu l'homme,
C'est ainsi qu'a survécu l'homme
Avec toutes sortes de doutes
Toutes vérités jamais sûres.

Aron Lutski (1894-1957)

rembrandt3.jpg

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11 mai 2007 5 11 /05 /mai /2007 00:47


Chantres de la Passion et du Rire
Vous avez laissé vos âmes sur terre!
Avez-vous aussi des âmes au ciel,
Et votre vie doublée en des régions nouvelles?

Oui, et celles du céleste royaume conversent
Avec les sphères du soleil et de la lune,
Avec le bruit des fontaines merveilleuses,
Et les voix qui parlent dans le tonnerre;
Avec le murmure des arbres des cieux;
L'une avec l'autre aussi, en une quiétude moelleuse
Assises sur les pelouses élyséennes,
Pâture des seuls faons de Diane;
Abritées sous la tente des vastes campanules,
Là où les marguerites ont la senteur des roses,
Et la rose elle-même possède
Un parfum qui sur terre ne se rencontre pas;
Où le rossignol chante
Non pas d'extatiques délires insensés,
Mais la divine et mélodieuse vérité,
Une philosophie aux nombres harmonieux,
Des fables et des récits dorés
Du ciel et de ses mystères.
Ainsi vous vivez là-haut, et puis
Sur terre vous vivez à nouveau;
Et les âmes par vous laissées derrière vous
Nous enseignent, ici-bas, la voie qui mène à vous,
Là où vos autres âmes séjournent dans la joie,
Sans s'assoupir jamais ni jamais se lasser.
Ici-bas vos âmes terrestres ne cessent de parler
Aux mortels de leur brève journée;
De leurs chagrins et de leurs joies,
De leurs passions et leurs rancœurs,
De leur gloire et leur honte,
De ce qui fortifie et de ce qui mutile.
Ainsi vous nous enseignez chaque jour
La sagesse, bien qu'envolés très loin.

Chantres de la Passion et du Rire,
Vous avez laissé vos âmes à terre.
Vous avez aussi des âmes au ciel
Et votre vie doublée en des régions nouvelles!


John Keats
(1819)

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3 mai 2007 4 03 /05 /mai /2007 06:11
Robert Burns (1759-1796), né à Alloway, en Ecosse, était le fils d'un métayer. C'était un artiste accompli, à la fois poète, parolier et collectionneur de chants écossais traditionnels. Son oeuvre devint populaire auprès de l'élite littéraire d'Édimbourg malgré ses attaques souvent satiriques contre l'establishment. Bien qu'il soit considéré comme le poète national de l'Écosse, ses oeuvres évoquent tellement de thèmes qui constituent l'essence de la condition humaine que sa réputation a inévitablement traversé les frontières. La «nuit de Burns», qui marque l'anniversaire de sa naissance, est ainsi célébrée aux quatre coins du monde tous les ans, en janvier. Un autre poème ici.
Voici un très beau poème, un chant, My love is like a red red rose. Hélas, la version française rend mal la musicalité du poème, c'est pourquoi je vous invite à lire en premier la version originale.
En bonus, une version audio du poème, chantée par Andreas Scholl (en bas).



My love is like a red red rose

My love is like a red red rose
That's newly sprung in June:
My love is like the melodie
That's sweetly play'd in tune.

So fair art thou, my bonnie lass,
So deep in love am I :
And I will love thee still, my dear,
Till a' the seas gang dry.

Till a' the seas gang dry, my dear,
And the rocks melt wi' the sun :
And I will love thee still, my dear,
While the sands o' life shall run.

And fare thee weel, my only love,
And fare thee weel awhile !
And I will come again, my love,
Tho' it were ten thousand mile.



Mon amour est une rose rouge, rouge

Mon amour est une rose rouge, rouge,
Au printemps fraîchement éclose.
Mon amour est une mélodie,
Jouée en douce harmonie.

Si belle es-tu ma douce amie,
Et je t'aime tant et tant,
Que je t'aimerai encore, ma mie,
Quand les mers seront des déserts.

Les mers seront des déserts secs, ma mie,
Les roches fondront au soleil,
Et je t'aimerai toujours, ma mie,
Tant que s'écoulera le sable de la vie.

Au revoir pour un temps m'amour,
A te revoir dans peu de temps!
Je reviendrai, mon seul amour,
Même de l'autre bout du monde.


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26 avril 2007 4 26 /04 /avril /2007 07:55

Un grand pin est debout, solitaire,
Dans le Nord, sur un sommet nu.
Il dort ; d’un manteau blanc
De neige et de glace, il est couvert.

Il rêve d’une palme,
Là-bas, dans le lointain Orient,
Silencieuse et solitaire,
Triste sur son rocher brûlant.

Henri Heine (1797-1856)

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24 avril 2007 2 24 /04 /avril /2007 06:27
Originaire de Floride, James Weldon Johnson (1871-1938) était un poète remarquable, un éducateur, un avocat, et un activiste des droits civiques. Martin Luther King le qualifiait de "grand barde noir, combattant de la liberté".



Rocailleux le chemin que nous foulions,
Amers les coups de verge qui nous frappaient,
En ces jours
Où l'espoir mourait avant de naître.

Pourtant d'un pas ferme,
Nos Pieds fatigués ne nous ont-ils pas
Menés là où nos Pères
Désespéraient d'aller ?

Nous sommes au bout de la route
Qu'avaient arrosée tant de pleurs.
Nous avons foulé le sentier
Baigné du sang des victimes.

Émergeant de notre triste passé
Nous nous dressons enfin
Sous le scintillement
De notre brillante étoile.

James Weldon Johnson

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17 avril 2007 2 17 /04 /avril /2007 03:48

Herbe bleue

Kentucky, de tes vastes plaines
Je sens déjà le souffle tendre,
Illuminé par leur soleil,
Protégé des pluies par leurs arbres.
Et moi, petit-fils de l'errance
Ayant humé ce bon vieux monde
En terre de Lituanie,
Avec ses forêts désolées
Et le charme bleu de ses fleuves,
Depuis le seuil de ma jeunesse
Je me trouve soudain plongé
Au cœur du malstrom de New York,
Au delta jaune de l'Hudson
Où tous les courants se confondent,
Et là j'ai appris à aimer
La grande inquiétude sauvage,
Je fus giclement de sa vague,
Elle devint chère à mon cœur
Avec toute son opulence,
Avec toute sa pauvreté,
Ses sanglots étouffés, ses fêtes.
Dans les parcs j'aime son automne
Coulé dans le cuivre et le bronze,
Et la chaleur de son ciel bleu,
Le littoral du New Jersey
Que sans fin martèlent les flots
Passant du vert à l'outremer,
Ourlés d'une frange de perles.
Maintenant que blanchit ma tête,
Sur les plaines du Kentucky
Me voici debout, dans l'immense
Lointain qu'on ne peut clôturer,
Dans les matins bleus et limpides,
Dans le verdoiement du tabac,
Les prés où les herbes bleuissent,
Les nuits étoilées, toutes proches,
Le hennissement des chevaux,
Les timbres doux des mandolines,
Le rire éclatant, singulier,
Sur la bouche des enfants noirs.

Israël-Jacob Schwartz (Prélude à Kentucky)

Thomas Eakins, Mending the net
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