17 avril 2007
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Herbe bleue
Kentucky, de tes vastes plaines
Je sens déjà le souffle tendre,
Illuminé par leur soleil,
Protégé des pluies par leurs arbres.
Et moi, petit-fils de l'errance
Ayant humé ce bon vieux monde
En terre de Lituanie,
Avec ses forêts désolées
Et le charme bleu de ses fleuves,
Depuis le seuil de ma jeunesse
Je me trouve soudain plongé
Au cœur du malstrom de New York,
Au delta jaune de l'Hudson
Où tous les courants se confondent,
Et là j'ai appris à aimer
La grande inquiétude sauvage,
Je fus giclement de sa vague,
Elle devint chère à mon cœur
Avec toute son opulence,
Avec toute sa pauvreté,
Ses sanglots étouffés, ses fêtes.
Dans les parcs j'aime son automne
Coulé dans le cuivre et le bronze,
Et la chaleur de son ciel bleu,
Le littoral du New Jersey
Que sans fin martèlent les flots
Passant du vert à l'outremer,
Ourlés d'une frange de perles.
Maintenant que blanchit ma tête,
Sur les plaines du Kentucky
Me voici debout, dans l'immense
Lointain qu'on ne peut clôturer,
Dans les matins bleus et limpides,
Dans le verdoiement du tabac,
Les prés où les herbes bleuissent,
Les nuits étoilées, toutes proches,
Le hennissement des chevaux,
Les timbres doux des mandolines,
Le rire éclatant, singulier,
Sur la bouche des enfants noirs.
Israël-Jacob Schwartz (Prélude à Kentucky)
Thomas Eakins, Mending the net
Kentucky, de tes vastes plaines
Je sens déjà le souffle tendre,
Illuminé par leur soleil,
Protégé des pluies par leurs arbres.
Et moi, petit-fils de l'errance
Ayant humé ce bon vieux monde
En terre de Lituanie,
Avec ses forêts désolées
Et le charme bleu de ses fleuves,
Depuis le seuil de ma jeunesse
Je me trouve soudain plongé
Au cœur du malstrom de New York,
Au delta jaune de l'Hudson
Où tous les courants se confondent,
Et là j'ai appris à aimer
La grande inquiétude sauvage,
Je fus giclement de sa vague,
Elle devint chère à mon cœur
Avec toute son opulence,
Avec toute sa pauvreté,
Ses sanglots étouffés, ses fêtes.
Dans les parcs j'aime son automne
Coulé dans le cuivre et le bronze,
Et la chaleur de son ciel bleu,
Le littoral du New Jersey
Que sans fin martèlent les flots
Passant du vert à l'outremer,
Ourlés d'une frange de perles.
Maintenant que blanchit ma tête,
Sur les plaines du Kentucky
Me voici debout, dans l'immense
Lointain qu'on ne peut clôturer,
Dans les matins bleus et limpides,
Dans le verdoiement du tabac,
Les prés où les herbes bleuissent,
Les nuits étoilées, toutes proches,
Le hennissement des chevaux,
Les timbres doux des mandolines,
Le rire éclatant, singulier,
Sur la bouche des enfants noirs.
Israël-Jacob Schwartz (Prélude à Kentucky)
Thomas Eakins, Mending the net