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1 novembre 2004 1 01 /11 /novembre /2004 09:00

 

Franklin Delano ROOSEVELT
Président des États-Unis

 


SUR

LA BONNE VOIE

(ON OUR WAY)


New-Deal-NRA.jpg 

 


Traduit de l'Anglais par
PIERRE DUTRAY

 

1934


Les Éditions
DENOËL ET STEELE
19, rue Amélie, 19
PARIS

 

 

 

 

    CHAPITRE III

    Dès ce moment, nous avions donné l'essor à notre politique de redressement et de reconstruction, spécialement dans le domaine de l'agriculture.

    La deuxième étape fut de prendre une mesure pour protéger les épargnants contre les informations erronées sur la vente des titres. Durant toute ma vie, j'avais vu tant de misère humaine accabler des familles honorables qui s'étaient laissées persuader de placer leurs économies dans des valeurs spéculatives, pompeusement dissimulées sous le titre d' « investissements » et dont la vente s'effectuait selon des méthodes de « haute pression », que j'en étais venu à croire à la nécessité de mesures législatives, nationales. Les lois d'Etat « bleu ciel » (Lois contre la spéculation) n'avaient été efficaces que jusqu'à un certain degré. Je me persuadai que le public candide — et au moins quatre-vingt-quinze pour cent du public est candide lorsqu'il opère des placements — avait le droit de connaître la vérité tout entière, à chaque émission de nouvelles valeurs. Mon parti l'avait promis dans son programme, et cela avait été un point important de ma campagne de 1932. Le 29 mars 1933, je déclarai au Congrès :

 

 

 

    « Je recommande au Congrès de prendre des mesures qui donneront au Gouvernement fédéral le droit de contrôle sur le placement des valeurs à l'intérieur des états.

    « En dépit des nombreux statuts d'Etat, le public a subi jadis de lourdes pertes du fait des agissements déshonnêtes et contraires à la morale d'un grand nombre de personnes et de sociétés qui vendaient des valeurs.

    « Evidemment le Gouvernement fédéral ne peut et ne devrait prendre aucune mesure que l'on puisse interpréter comme une marque d'approbation ou de garantie de nouvelles actions qu'il déclarerait saines, dans ce sens que leur valeur sera maintenue ou que les capitaux qu'elles représentent produiront des bénéfices.

    « C'est notre devoir pressant, toutefois, de veiller à ce que toute émission de nouveaux titres à l'intérieur des Etats soit accompagnée d'une publicité complète et qui donne tous les renseignements désirables de telle sorte que le public acheteur connaisse clairement tous les éléments d'une importance essentielle à l'émission.

    « L'ancienne règle enjoignait à l'acheteur de faire attention. Cette nouvelle réglementation oblige le vendeur à prendre garde lui aussi. Au vendeur incombe le devoir de dire toute la vérité. Cette proposition donnerait l'élan à un trafic honnête des titres et par là ramènerait la confiance publique.

    « Le but des mesures législatives que je vous soumets est de protéger le public sans y mêler, dans la mesure du possible, les affaires honorables.

    « Ce n'est qu'une étape dans notre vaste programme de protection de l'épargne. Elle sera suivie de mesures législatives destinées à contrôler d'une manière plus rationnelle l'achat et la vente de tous capitaux qui prêtent à des transactions, et, en outre, de remédier aux agissements malhonnêtes et dangereux des directeurs et des administrateurs de banques et d'autres sociétés.

    « Ce que nous envisageons c'est de revenir à une compréhension plus exacte de l'ancienne vérité: ceux qui dirigent des banques, des corporations et autres bureaux qui gèrent et mettent en valeur l'argent d'autrui, doivent agir en dépositaires d'autrui. »

 

 

 

    Chaque jour qui s'écoula me montra, ainsi qu'au Cabinet et au Congrès, la nécessité immédiate de nouvelles mesures pour remédier à l'état de crise; en même temps, nous eûmes l'occasion de découvrir les situations les plus angoissantes et de partir ainsi résolument à l'attaque.

    Un an ou deux avant mon départ d'Albany, j'avais reçu, en nombre sans cesse croissant, des lettres de petits propriétaires à qui la forclusion allait faire perdre leurs habitations. Bien que cette situation, dans le domaine agricole remontât à l'année 1920, le problème du prêt aux propriétaires n'avait pas encore été agité sérieusement avant le krach de 1929. C'est pourquoi le public ne perçut pas leur détresse croissante.

    Durant le premier mois de l'entrée en charge, M. Henri Morgenthau Jr., en sa qualité de Président du Conseil Fédéral Agricole, avait commencé à grouper les nombreux services gouvernementaux qui prêtaient de l'argent aux fermiers sur leurs récoltes, sur leurs semences, sur leurs biens meubles et sur leurs fermes. Nous nous préparions à demander l'octroi de fonds considérables pour couvrir la forclusion qu'entraîneraient les dettes de toutes sortes des fermiers, et nous étions presque prêts à étendre le même principe aux propriétaires.

    En conséquence, le 3 avril, je déclarai au Congrès:

 

 

 

    « Dans mon programme général je me propose de mettre fin à la liquidation forcée de la propriété, d'accroître le pouvoir d'achat et d'élargir le système du crédit au profit des éléments producteurs et consommateurs de notre population. Je demande aujourd'hui au Congrès comme une partie de ce programme une législation spéciale au sujet des hypothèques et d'autres formes d'endettement des fermiers de la nation. Vous savez tous que des milliers de fermiers dans toutes les parties du pays ne peuvent faire face aux dettes qu'ils ont contractées lorsque les prix de leurs récoltes avaient une valeur monétaire toute différente. La législation actuelle qui cherche à relever les prix des produits agricoles, est une mesure précise qui permettra aux fermiers endettés de payer leurs dettes dans des proportions qui se rapprocheront davantage du montant de celles qu'ils ont contractées. Mais cela ne suffit pas.

    « Le Gouvernement Fédéral devrait prendre, en outre, des mesures pour financer le payement des hypothèques et des autres dettes de manière à établir une répartition plus équitable du montant de la dette, une réduction des taux d'intérêt qui très souvent sont déraisonnablement élevés et contraires aux vrais intérêts publics; en plus, il devrait, par un réajustement temporaire de l'amortissement, laisser aux fermiers suffisamment de temps pour qu'ils puissent espérer voir leur propre terre libérée définitivement de toute hypothèque. Je cherche à mettre fin à la situation de centaines de milliers de familles agricoles américaines que menace la perte de leurs demeures et de leur capacité de production.

    « La législation que je propose n'imposera pas un fardeau considérable au trésor national. Au contraire. Grâce à elle, par l'intermédiaire des services existants du Gouvernement, les propriétaires de fermes pourront rentrer dans leur argent à des conditions raisonnables, alléger leurs charges écrasantes: elle leur donnera ainsi une excellente occasion de revenir à une situation saine.

    « Je demanderai bientôt de nouvelles mesures législatives rentrant dans le cadre du programme général; elles étendront l'application de ce principe salutaire aux petits propriétaires de la nation en butte à la même menace. »

 

 

 

    Jusqu'ici, on a pu croire que nous négligions l'industrie dans notre plan général de reconstruction. La vérité est tout autre. Bien avant l'Inauguration, beaucoup d'entre nous avaient trié et étudié, sans crainte de se tromper, des centaines de suggestions et de plans pour le redressement de notre industrie.

    La production du pétrole et l'industrie de l'affinage s'étaient placées d'elles-mêmes au premier plan de nos préoccupations, puisqu'elles dépendaient avant tout des ressources naturelles; mais en outre, la loi les faisait enfants du Ministère de l'Intérieur. II a fallu beaucoup de courage au Secrétaire de l'Intérieur Ickes pour me dire au milieu du mois de mars qu'il était prêt à se mesurer avec la tâche contre laquelle s'étaient brisés les efforts de tant d'autres qui avaient cherché à limiter la production du pétrole aux besoins du consommateur. Ils voulaient obtenir pour les détenteurs de puits de pétrole un prix raisonnable et empêcher que les usagers du pétrole et de l'essence eussent à payer des prix exorbitants. M. Ickes tint une conférence avec les délégués des Gouverneurs de dix-sept des Etats producteurs de pétrole, et, chose merveilleuse, ils s'entendirent sur un plan. Dans une lettre adressée aux Gouverneurs le 3 avril, je sollicitais leur aide. II ne s'agissait pas, dans cette première tentative, de procéder à une refonte de l'organisation pétrolière, et bien qu'à peine un an se soit écoulé, je crois qu'il est bon de noter que du chaos est sorti un ordre solidement établi et qu'en même temps les trois objectifs ont été atteints en grande partie. Voici ce que je disais dans cette lettre:

 

 

 

    « Je vous envoie par la présente, aux fins d'examen, un rapport soumis au Secrétaire de l'Intérieur, à la suite d'une conférence de trois jours tenue à Washington au début de cette semaine sur la situation pétrolière, conférence à laquelle participèrent des délégués des Gouverneurs de dix-sept des Etats producteurs de pétrole. Assistaient également à la conférence des délégués des compagnies indépendantes comme d'ailleurs les représentants des grosses firmes productrices d'essence et de pétrole. Les grandes lignes du rapport furent rédigées et adoptées à l'unanimité par un comité de quinze personnes, composé en nombre égal des délégués des Gouverneurs, des industries du pétrole et de l'essence et des compagnies indépendantes. Quand ce rapport fut enfin soumis à tous les membres de la conférence, il fut approuvé par le vote de tous les délégués des Gouverneurs et de ces délégués de l'industrie du pétrole.

    « C'est, semble-t-il, le sentiment général qu'un état de crise règne dans l'industrie du pétrole, et cet état réclame une action du Gouvernement. II est à espérer que les Gouverneurs des Etats éprouvés, après avoir délibéré entre eux, prendront toute mesure qu'exige la situation.

    « Le comité des quinze recommande au Gouvernement fédéral de prendre part à cette action. J'approuve pleinement l'idée que le Congrès vote les mesures législatives destinées à empêcher le transport à l'intérieur des Etats ou de l'étranger de tout pétrole ou produits dérivés ou qui sort fabriqués dans un Etat en violation des lois susdites. Je suis prêt à recommander au Congrès cette législation comme la contribution du Gouvernement national à la solution des difficultés dans lesquelles se trouve l'industrie pétrolière. »

 

 

 

    Ce fut, si je m'en souviens bien, à peu près au moment de la perte de l'Akron — époque à laquelle les mesures de redressement se suivaient à un rythme rapide — que se manifesta pour la première fois le rapport de ces mesures avec la politique économique des autres nations. Des conversations officieuses eurent lieu avec les représentants des autres nations. J'invitai également plusieurs de leurs chefs à venir à Washington avant l'ouverture de la conférence économique internationale qui devait se tenir à Londres au mois de juin. Pour l'ordre chronologique des faits, il me sera plus facile de raconter les débuts de notre nouvelle politique extérieure dans un chapitre particulier.

    Au milieu d'avril les choses prenaient une forme substantielle. Le pays comprenait que, sous les proclamations les messages et les mesures législatives prises depuis le 4 mars, il y avait un dessein clair et que toutes les mesures s'enchaînaient les unes aux autres. L'industrie se relevait; les fermiers apercevaient une lueur à l'horizon; les banques reprenaient leur activité.

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Franklin Delano ROOSEVELT
Président des États-Unis

 


SUR

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Traduit de l'Anglais par
PIERRE DUTRAY

 

1934


Les Éditions
DENOËL ET STEELE
19, rue Amélie, 19
PARIS

 

 

 

 

    CHAPITRE IV

    Le 13 avril, en vue de protéger les petits propriétaires, j'envoyai au Congrès le message suivant:

 

 

 

    « Afin de franchir une nouvelle étape nécessaire à la réalisation du programme de redressement économique, je demande au Congrès de voter une législation qui protégera les petits propriétaires contre la forclusion et les délivrera d'une partie des charges que font peser sur eux des taux d'intérêts excessifs et les dettes élevées qu'ils ont contractées durant la période où les biens avaient une valeur plus grande et où les possibilités de gain étaient plus considérables.

    « La législation que je vous propose comporte la déclaration de politique nationale suivante: l'intérêt bien compris de la nation exige des mesures extraordinaires pour la sauvegarde de la petite propriété si l'on veut garantir la stabilité sociale et économique; en outre, la protection des petits propriétaires contre une liquidation injuste et forcée, intéresse particulièrement le Gouvernement.

    « La législation que je propose suit les grandes lignes du projet de loi destiné à aider les fermiers débiteurs. Les stipulations en sont rédigées de manière à imposer au trésor national le moins de charges possible, tout en tenant compte des objectifs poursuivis. Elle prévoit un mécanisme qui permettra l'ajustement sur une base saine d'évaluation, des dettes hypothéquées sur de petites habitations. Par le même procédé, ceux qui ont placé leurs capitaux à des taux d'intérêt nettement inférieurs ne subiront pas d'injustice et ceux qui sont en état d'extrême nécessité pourront ainsi suspendre et le paiement de l'intérêt et celui du principal. Les ressources qui seront mises en valeur par une émission de bons dont le Trésor seul garantira l'intérêt, suffira, pensons-nous, à répondre aux besoins de ceux qui tentent, sans profit, d'autres méthodes de rétablissement financier. En même temps, le plan prévoit un règlement qui mettrait fin à la situation chaotique et confuse de l'heure présente, situation qui sème la crainte et le désespoir aussi bien parmi les petits propriétaires que parmi les épargnants.

    « Cette législation réclame de notre part une attention à la fois prompte, sérieuse et réfléchie. »

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Franklin Delano ROOSEVELT
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1934


Les Éditions
DENOËL ET STEELE
19, rue Amélie, 19
PARIS

 

 

 

 

    CHAPITRE V

    Le Secrétaire du Trésor Woodin, le Conseil de la Banque de Réserve, la « Reconstruction Finance Corporation » et les fonctionnaires du Ministère du Trésor qui travaillaient ferme, fournirent une lourde tâche. On avait procédé à l'examen de toutes les banques du pays, banques nationales et banques d'Etat; la grande majorité avait rouvert ses guichets. Même au Ministère du Trésor nous étions arrivés à bout du difficile problème qui consistait à emprunter suffisamment d'argent pour faire face aux dépenses indispensables de chaque jour, bien que le Trésor fût vide, à tous égards, au moment où nous en avions hérité.

    Les proclamations antérieures du mois de mars avaient engagé tous les détenteurs d'or à rendre leur or aux banques. Au cours de cette période, il va de soi que nous conservions encore l'étalon-or, en ce sens que nos banques pouvaient exporter l'or pour faire face aux demandes de l'étranger.

    Au début d'avril, plusieurs symptômes commencèrent à nous donner des inquiétudes sérieuses sur la réserve d'or des banques des Etats-Unis. Sans doute l'ensemble de l'or accumulé en notre pays suffisait pour couvrir le papier en circulation et pour répondre aux nécessités du crédit. Mais, en même temps, des événements récents nous- avaient fourni de multiples exemples d'évasion soudaine et incontrôlable de l'or, évasion due à la spéculation ou à la crainte. Des Américains, je regrette de le dire, s'inquiétèrent à ce point de l'avenir de leur pays qu'ils se mirent à exporter leur propre capital. D'autres, je regrette également de le dire, crurent que, s'ils convertissaient leur argent en monnaies étrangères en exportant de l'or, ils seraient dans la suite en mesure d'acheter un nombre plus considérable de dollars — sans se soucier de faire pour cela une spéculation contre leur patrie. En Europe, une pression croissante sur nos réserves d'or s'exerçait par des spéculateurs internationaux, par des banques et des personnes qui vendaient des titres américains, achetaient des devises américaines et qui, pour leur compte, exigeaient des paiements or. Il en résultait un accroissement considérable de la réserve or à New-York pour les comptes de l'étranger et probablement pour une réelle exportation. Celle-ci pourrait se monter immédiatement, crûmes-nous, au moins à un demi-milliard de dollars. Si le mouvement progressait, il pourrait bien nous faire perdre un milliard ou même deux milliards de notre réserve d'or. Le fait est que, au cours de la brève suspension de l'embargo sur l'or en avril, nous perdîmes en or cent millions de dollars.

    Ce fut à ce moment que le Secrétaire Woodin et moi décidâmes que le moment était venu d'empêcher toute nouvelle exportation.

    Ce qui fut, réalisé le 20 avril par un décret très important qui déclarait :

 

 

 

    « Jusqu'à nouvel ordre, dans tous les Etats-Unis, la mise en réserve pour le compte de l'étranger et l'exportation de l'or sous forme de monnaie, de lingots ou billets convertibles en or... sont interdites. Le Secrétaire au Trésor pourra toutefois donner des licences d'exportation de monnaie d'or et de lingots

    a) si cet or est mis en réserve ou entreposé pour le compte d'un gouvernement étranger reconnu ou pour une banque étrangère centrale ou la Banque des Règlement Internationaux;

    b) si cet or a été importé pour être réexporté ou s'il s'agit de l'or dont il sera demandé des quantités raisonnables nécessaires au commerce normal des affineurs qui importent des objets qui contiennent de l'or, à condition d'exporter ensuite de l'or;

    c) si cet or est nécessaire pour réaliser tout contrat passé, avant la date dudit décret, par un requérant qui, en conformité avec le décret du 5 avril, a remis de l'or sous forme de monnaie, de lingot ou de billets convertibles en or,

    d) enfin, au cas où le Président le jugerait nécessaire pour opérer des transactions utiles au bien public.

    « Jusqu'à nouvel ordre, le Secrétaire au Trésor a l'autorisation d'enquêter, de réglementer ou d'interdire... toutes transactions en devises étrangères, tous transferts de crédit d'un établissement bancaire à l'intérieur des Etats-Unis... à toute succursale ou bureaux étrangers dudit établissement bancaire ou à toute banque ou banquier étranger, ainsi que l'exportation ou le retrait de monnaie des Etats-Unis... par toute personne, société, association ou corporation fixée à l'intérieur des Etats-Unis... »

 

 

 

    C'es ainsi que nous fîmes savoir au pays et au monde que nous nous proposions de maintenir intactes nos réserves d'or.

    On pourrait écrire, sans utilité quelconque, bien des volumes sur la question de savoir si, le 20 avril, les Etats-Unis ont abandonné l'étalon-or. En un sens, non, puisque le titre légal du dollar-or resta inchangé et puisque le Gouvernement et les banques mirent l'embargo sur toutes les réserves d'or pour qu'elles servissent de base à la monnaie. D'un autre côté, l'or aux Etats-Unis ne cessa pas d'être un instrument d'échange.

    Le lendemain matin, le Secrétaire vint me voir. Je crois que nous nous sentions très heureux tous les deux d'avoir tranché le noeud gordien. Il rayonnait, mais je le regardai et lui dis :

    — Monsieur le Secrétaire, j'ai de très mauvaises nouvelles pour vous. Je dois vous annoncer ce fait très grave que les Etats-Unis ont renoncé à l'étalon-or.

    M. Woodin est beau joueur. Il leva les mains au ciel, ouvrit de grands yeux et s'écria :

    — Bonté divine! Quoi, encore une fois?

    Ce décret était le point décisif. Ses effets se firent sentir presqu'immédiatement. Les devises américaines s'affaiblirent par rapport aux monnaies étrangères, et le niveau des prix en Amérique monta considérablement. Chacun comprenait enfin que nous étions résolus sérieusement à conserver nos ressources financières, que nous nous proposions de maintenir notre monnaie et qu'en même temps nous nous étions déterminés, d'une manière précise, à rechercher une hausse de toutes les valeurs.

    Au cours de conversations avec diverses personnes sur nos troubles économiques essentiels, j'ai souvent dressé à leur intention un tableau en deux colonnes représentant d'un côté ce que les Etats-Unis possédaient en dollars et, de l'autre côté, ce qu'ils devaient en dollars. Ces chiffres couvraient tous les biens de toutes sortes et toutes les dettes publiques, privées ou de sociétés. En 1929, le total de l'actif en dollars dépassait de beaucoup le total des dettes. Mais, au printemps de 1933 tandis que le total des dettes restait aussi grand, le total de l'actif était tombé au-dessous de celui des dettes.

    Deux voies étaient ouvertes : ou réduire les dettes par une procédure de banqueroutes et de forclusions jusqu'à un point qui les aurait ramenées au-dessous de la valeur des propriétés; ou bien, faire monter les valeurs des propriétés jusqu'au moment où elles dépasseraient les dettes.

    Evidemment, la seconde procédure était la seule qui fût permise pour essayer de remettre le pays sur ses pieds sans destruction de valeurs humaines. Nous reconnûmes que le but final était encore loin et qu'il restait beaucoup de chemin à parcourir avant d'y arriver. Nous savions que nous devrions faire face à une spéculation insensée et nous l'eûmes au mois de juillet et de juin. Nous savions qu'il y aurait des hauts et des bas, mais qu'en tenant constamment sous les yeux l'objectif poursuivi et en utilisant de multiples systèmes et en appliquant de nombreuses mesures, nous pourrions tout au moins tenter un effort raisonnable pour atteindre le but. Quand les Etats-Unis abandonnèrent la base or en avril 1933, nous avons fait de propos délibéré ce que de nombreux autres pays, y compris la Grande-Bretagne, ont été obligés de faire contre leur gré. Le pays comprenait que le dollar était aussi bon que jadis et, qu'en réalité, nous nous proposions de lui assurer une valeur plus saine qu'il n'en avait eue durant les treize années et demie d'une déflation sans cesse croissante.

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Franklin Delano ROOSEVELT
Président des États-Unis

 


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Traduit de l'Anglais par
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1934


Les Éditions
DENOËL ET STEELE
19, rue Amélie, 19
PARIS

 

 

 

 

    CHAPITRE VI

    Ce n'est pas une exagération de ma part de dire que si la situation économique de l'hiver de 1932-1933 avait continué, tout le système ferroviaire des Etats-Unis, à peu de chose près, serait tombé dans les mains d'un liquidateur en un laps de temps très bref. L'aide de la « Reconstruction Finance Corporation » et l'accroissement du trafic qui se manifesta à la fin du mois d'avril, nous firent croire que les réseaux les plus solides pourraient subsister. En même temps, nous constatâmes que les chômeurs étaient nombreux dans les rangs des travailleurs des réseaux et qu'une réorganisation et une coordination de tous les réseaux et des autres modes de transports s'imposaient. Nous n'avions pas le temps d'élaborer un programme complet et définitif ; de plus la situation n'était pas entièrement éclaircie. En conséquence, je demandai au Congrès une législation « bouche-trou ». Ce message du 4 mars est suffisamment éloquent par lui-même :

 

 

 

     « Les chemins de fer à vapeur constituent encore les principales artères du commerce aux Etats-Unis. Toutefois, à l'heure présente, le trafic utile ne rapporte pas suffisamment pour que l'on utilise toutes les commodités des réseaux déjà existants et le supplément de commodités offert par les nouveaux modes de transport.

    « Notre but général est de coordonner tous les services de transport de manière à posséder un service approprié aux circonstances. Je ne suis pas encore prêt à soumettre au Congrès un programme d'ensemble de mesures législatives définitives.

    « Je crois, toutefois, que trois mesures d'exception peuvent et doivent être prises à cette session extraordinaire du Congrès.

    « En premier lieu, je propose d'abroger les stipulations de la loi adoptée par les membres de la Commission chargée du commerce à l'intérieur des Etats, relatives à la récupération des marchandises. La Commission a déclaré que les stipulations existantes sont irréalisables et impraticables.

    « En deuxième lieu, les compagnies holding de chemin de fer devraient être soumises définitivement aux règlements et à la surveillance de la Commission du Commerce, tout comme les chemins de fer eux-mêmes.

    « En troisième lieu, je propose la création d'un « Coordinateur Fédéral » des transports qui, travaillant avec des groupes de chemins de fer, pourra encourager les compagnies, susciter ou exiger leur collaboration en vue d'éviter le double emploi des services, d'empêcher le gaspillage et de réorganiser les finances. Ce coordinateur devrait également, lors de l'exécution de ces mesures, rendre des services utiles, en laissant un salaire raisonnable au personnel des réseaux.

    « Le bénéfice de l'expérience de cette année, permettra au Gouvernement et aux compagnies de préparer un système plus stable et d'une portée plus considérable pour la session ordinaire du Congrès en 1934. »

    Encore plus que les chemins de fer, l'industrie avait souffert de la crise. Il était évident que si on se mettait à attendre que des forces naturelles vinssent lui redonner vie, un chômage intolérable en serait la première conséquence. C'est pourquoi le 4 mai, Je pris prétexte d'une réunion de la Chambre de Commerce des Etats-Unis pour lancer un appel précis aux chefs d'industrie du pays. En un sens, ce discours annonce la N.R.A.

    « Par suite d'une situation nationale et mondiale, dont l'examen m'a pris tout entier au cours des deux mois qui viennent de s'écouler, j'ai dû renoncer à aborder beaucoup de sujets d'intérêt public avec les membres de la Chambre de Commerce des Etats-Unis. Pour le même motif, je vous avouerai franchement que je n'ai eu ni le temps ni l'occasion de préparer pour ce soir, à votre intention, un exposé complet de nos problèmes nationaux.

    « Je n'ai pas à vous dire que les pouvoirs exécutif et législatif des Etats-Unis se sont efforcés de trouver et de mettre en pratique une série de mesures concernant notre propre économie intérieure et à prendre l'initiative de l'esprit de coopération entre toutes les nations du monde. Nous avons cherché, par des mesures sages et modérées, à accroître le volume de notre commerce, à trouver du travail aux chômeurs, et à provoquer une hausse étendue des prix des matières premières.

    « Je vous présente trois requêtes. Au cours des dernières semaines nous avons assisté en même temps qu'à une reprise légère mais certaine de la plupart de nos industries à une hausse des prix de la plupart des matières premières. L'expérience du passé a montré que, quand le niveau des prix commence à monter après que les prix des matières premières sont restés longtemps en baisse, les salaires précédemment réduits restent en arrière sur la hausse des prix.

    « Il en est résulté jadis que la classe laborieuse a dû supporter des charges injustes; elle n'a pu obtenir une répartition juste et équitable des bénéfices de l'industrie et le pouvoir d'achat de l'immense majorité de notre population en a été limité

    « En conséquence, je vous demande à vous qui représentez, selon toute probabilité, la majorité des employeurs de la nation de ne plus opérer de nouvelles réductions sur les salaires de vos employés, et je vous demande aussi d'augmenter les échelles des salaires en proportion de l'augmentation des matières premières, pour autant que cela est en votre pouvoir.

    « Le fait est que la moyenne de l'échelle des salaires de la nation a baissé au cours de ces quatre dernières années plus rapidement que le coût de la vie. Il importe essentiellement, au point de vue de la justice nationale, que l'échelle des salaires soit en rapport avec le coût de la vie et que cette mesure soit prise dès maintenant et pas plus tard.

    « Ma seconde demande tend à ramener de l'ordre dans le chaos. Au cours des quatre années qui viennent de s'écouler, le système industriel, que l'on avait considéré comme ordonné, a dégénéré en un système où règne le plus grand désordre. Vous vous rendez compte comme moi de l'existence des méthodes de concurrence déloyale, des prix exorbitants et du chaos général. Vous reconnaissez avec moi qu'il faut remédier à cette situation et rétablir l'ordre. C'est à vous d'atteindre ce but, par un désir de coopération les uns avec les autres, et avec votre Gouvernement.

    « Dans presque toutes les industries, l'immense majorité des ressortissants désire collaborer, pour empêcher la surproduction, pour empêcher les salaires iniques et pour supprimer les mauvaises conditions de travail. Dans le passé, une petite minorité a suffi à empêcher la réalisation de ces trois objectifs. Je puis vous assurer que le Gouvernement collaborera avec vous si vous désirez faire comprendre à ces minorités que leurs agissements déloyaux nuisent à l'intérêt général.

    « Ma troisième demande est de nature quelque peu différente, bien qu'elle influe considérablement sur les deux autres. Il est dans la nature de l'homme de considérer un problème en regard de son existence particulière et des intérêts de sa compagnie ou de l'affaire dans laquelle il est personnellement engagé. Il n'est donc pas contraire à la nature que les différentes industries du pays appliquent à elles-mêmes ce même point de vue. Et pourtant j'attire votre attention sur ceci que vous devez tous comprendre : C'est que chacun d'entre vous et vous tous dans vos propres domaines et dans vos propres industries n'êtes qu'une partie intégrale d'un grand tout et que notre économie nationale doit envisager l'ensemble plutôt que les différentes unités qui composent la nation.

    « En fin de compte, il est de peu d'utilité à l'un d'entre vous de connaître une prospérité temporaire tandis que d'autres sont dans une gêne continuelle. Je vous demande de chercher votre prospérité dans une prospérité générale, d'envisager la restauration économique du point de vue général de la nation, et non pas des industries particulières, de faire abstraction des intérêts particuliers et égoïstes, de songer et d'appliquer un programme d'ensemble de restauration nationale. »

 

 

 

    A ce message succéda, le 7 mai, un discours-programme à la T. S. F., le premier que j'aie prononcé depuis mon discours sur les banques au début de mars. II me fournit l'occasion de passer en revue les différents événements des deux premiers mois de mon Gouvernement :

 

 

 

    « Dimanche soir, une semaine après mon inauguration, j'empruntai la T. S. F. pour vous parler de la crise bancaire et des mesures que nous allions prendre pour y faire face. Je crois qu'en agissant de la sorte j'ai jeté de la clarté sur différents faits qui, autrement, auraient pu être mal interprétés; et, d'une manière générale, j'ai fait comprendre la situation au pays, ce qui a contribué, pour une grande part, au rétablissement de la confiance.

    « Ce soir, huit semaines plus tard, je viens, pour la seconde fois, vous faire mon rapport — dans le même esprit et de la même manière, — pour vous entretenir de ce que nous avons fait et de ce que nous avons l'intention de faire.

    « Il y a deux mois, nous nous trouvions en face de graves problèmes. Le pays tombait à la ruine, pouce par pouce. II se mourait parce que le commerce et l'industrie étaient tombés à un niveau dangereusement bas; les prix de nos matières premières menaçaient de détruire la valeur de l'actif de nos établissements nationaux : banques, caisses d'épargne, compagnies d'assurance et autres instituts. Ces établissements, par suite de leurs besoins importants, opéraient des forclusions, réclamaient des emprunts, refusaient de faire crédit. II en résulta donc en fait que des millions de personnes furent menacées de perdre leurs propriétés, puisqu'elles avaient emprunté de l'argent sur ces propriétés avec des dollars qui avaient eu une valeur totalement différente de celle de mars 1933. Cette situation ne nous permettait pas des considérations compliquées sur les panacées économiques ou de combiner des plans de fantaisie. Nous nous trouvions, non pas devant des théories mais devant une situation concrète.

    « II n'y avait que deux solutions : la première consistait à suivre la même voie, à permettre les forclusions, le retrait du crédit et la thésaurisation, à amener ainsi la liquidation et la faillite des banques, des compagnies de chemins de fer et d'assurances jusqu'à la capitalisation de toute l'économie et de la propriété à un niveau inférieur. Cette solution signifiait la continuation de la campagne de déflation dont le résultat immédiat eût été une misère extraordinaire pour tous les possédants, et, par voie de conséquence, une misère immense pour tous les salariés en raison de l'accroissement du chômage et d'une nouvelle réduction de l'échelle des salaires.

    « II est évident que cette solution n'aurait pas eu seulement des effets d'ordre économique très graves, mais aussi des conséquences d'ordre social qui auraient causé un mal énorme. Même avant mon accession au pouvoir, j'étais arrivé à la conclusion qu'une telle politique aurait fait supporter au peuple américain une charge trop lourde. Elle aurait entraîné, non seulement une nouvelle dévalorisation des richesses représentées par les maisons, fermes, économies et salaires, mais aussi des pertes d'ordre spirituel, la perte de ce sentiment de sécurité pour le présent et l'avenir, si nécessaire à la paix et à la satisfaction de l'individu et de sa famille. Si vous détruisez ces valeurs, vous trouverez difficilement le moyen de rétablir toute confiance dans l'avenir. Il était évident qu'il ne suffisait pas, pour arrêter cette course à la ruine, de lancer de Washington des appels à la confiance et de prêter des sommes d'argent plus considérables à des établissements craquant de toutes pans. Il me semblait non seulement légitime mais encore obligatoire pour la sécurité nationale d'appliquer le plus rapidement possible un programme précis. Le Congrès, et quand je dis le Congrès, je parle des membres des deux partis politiques, comprit très bien la situation et me donna un appui généreux et intelligent. Les membres du Congrès virent clairement que les méthodes des temps normaux devaient faire place, en période de crise, à des mesures adaptées aux nécessités graves et impérieuses du moment. Il n'y eut pas à proprement parler d'abandon du pouvoir, le Congrès conserva encore son autorité constitutionnelle, et personne n'a eu le moindre désir de changer l'équilibre politique. La fonction du Congrès est de décider les mesures à prendre et de choisir l'instrument de ses volontés. II a suivi étroitement cette politique. La seule chose qui s'est passée fut qu'il désigna le Président pour exécuter certaines de ses mesures. C'était conforme à la constitution et à la tradition du peuple américain.

    « La législation qui a été votée ou qui est en voie d'être appliquée peut être raisonnablement considérée comme faisant partie d'un programme complet.

    « En premier lieu, nous fournissons du travail à 250.000 chômeurs, spécialement aux jeunes gens qui ont des charges. Ils se consacrent au reboisement et aux travaux contre les inondations. C'est une niche importante parce qu'elle comporte la nourriture, l'habillement et l'entretien d'un nombre de personnes, près de deux fois plus grand que celui des soldats de notre armée régulière. En créant ce corps civil, nous faisons d'une pierre deux coups. Nous rehaussons notablement la valeur de nos ressources naturelles et, d'autre part, nous soulageons un lot considérable de personnes qui se trouvent dans la détresse. Cet important groupe d'hommes s'est mis au travail volontairement; il n'est pas soumis à un règlement militaire, et nous conservons non seulement nos ressources naturelles mais encore nos ressources humaines. Un des grands mérites de ce travail est qu'il s'accomplit directement et ne nécessite pour ainsi dire pas l'intervention des machines.

    « En deuxième lieu, j'ai soumis à l'approbation du Congrès des mesures que, par la suite, j'ai fait appliquer, à savoir : l'exploitation des vastes propriétés du Gouvernement à Muscles Shoals que l'on a négligées pendant tant d'années de coûteuse inaction; en outre, j'ai proposé un plan d'ensemble pour l'aménagement d'une grande partie de la vallée du Tennessee. Ces mesures augmenteront le bien-être et le bonheur de centaines de milliers de gens, et leur effet bienfaisant se fera sentir à la nation tout entière.

     « Ensuite, le Congrès va voter une législation qui libérera, en grande partie, de la misère de l'hypothèque les fermiers et les petits propriétaires de la nation, ceci grâce à une disposition qui allégera le fardeau des dettes qui pèse si lourdement sur des millions de nos compatriotes.

    « Une autre mesure immédiate est l'octroi d'un demi-milliard de dollars aux Etats, cantons et municipalités afin qu'ils puissent pourvoir aux besoins de ceux à qui un secours formel et immédiat est indispensable.

    « Le Congrès a aussi voté une législation autorisant la vente de la bière dans les Etats qui le désiraient. Il en est déjà résulté une reprise considérable du travail et par suite un accroissement du rendement de l'impôt, dont le besoin se faisait vivement sentir.

    « Nous avons l'intention de demander au Congrès une législation qui permettra au Gouvernement d'entreprendre des travaux publics, ce qui provoquera ainsi directement et indirectement une reprise dans beaucoup d'autres domaines que nous avons soumis à un examen approfondi.

    « Une nouvelle législation a été promulguée qui pénètre plus avant dans nos problèmes économiques. La loi d'aide aux fermiers, le « Farm Relief Bill », cherche, par l'emploi de plusieurs méthodes isolées ou réunies, à accroître le rendement des principaux produits agricoles, tout en s'efforçant de prévenir la surproduction désastreuse qui, si souvent dans le passé, a fait tomber les prix à un niveau bien inférieur à un rapport rationnel. Cette mesure prévoit l'octroi de pouvoirs étendus dans les cas critiques. L'usage qu'on en fera, dépendra uniquement de ce que l'avenir nous réserve.

    « Nous proposerons également des mesures de sauvegarde mûrement réfléchies par quoi nous tenterons de donner des salaires plus équitables aux ouvriers de l'industrie du pays et d'empêcher la concurrence déloyale, de nous opposer aux trop longues semaines de travail et, en même temps, d'encourager toutes les industries à éviter la surproduction.

    « Notre loi sur les chemins de fer rentre dans la même catégorie; son objectif est de permettre aux chemins de fer, avec l'aide du Gouvernement, d'aménager et de mettre sur pied un plan bien arrêté qui supprimera les doubles emplois et les gaspillages, lesquels ont amené à l'heure actuelle la faillite de nombreux réseaux et des déficits continuels.

    « Je suis persuadé que les habitants de ce pays comprennent et approuvent les nouvelles mesures gouvernementales qui ont trait à l'agriculture, à l'industrie et aux moyens de transport. Notre production agricole dépassait notre consommation; nous nous trouvions devant des excédents que les autres nations ne pouvaient acheter qu'à des prix désastreusement bas. Nos usines étaient en mesure de fabriquer plus de produits que nous ne pouvions en consommer, et, en même temps, les demandes de l'étranger baissaient. Il se faisait que nous disposions de plus moyens de transport des marchandises et des récoltes que nous n'avions de marchandises et de récoltes à transporter. Cette situation était due en grande partie à un manque complet de plan général et à une incompréhension totale du danger qui n'avait cessé de flotter dans l'air depuis la fin de la guerre mondiale. Les habitants de ce pays ont été poussés à croire — mais c'était une erreur — qu'ils pourraient continuer à accroître indéfiniment la production agricole et industrielle et que je ne sais quel magicien trouverait le moyen d'écouler ces produits, tout en laissant au producteur des bénéfices raisonnables.

    « Aujourd'hui nous sommes fondés à croire que les choses vont un peu mieux qu'il y a deux mois. L'industrie a repris, les chemins de fer transportent plus de marchandises, les prix des produits agricoles se sont améliorés, mais je ne me laisserai pas aller à lancer des proclamations d'une confiance débordante d'enthousiasme. Nous ne pouvons pas crier de nouveau à la prospérité.

    « Je ne cesserai jamais d'être franc avec les habitants de ce pays. Je ne veux pas que mes compatriotes, à la faveur de cette amélioration, fassent déferler sur ce pays une nouvelle vague de spéculation. Je ne veux pas que l'on croie que, par suite d'un optimisme injustifié, nous pouvons reprendre le système désastreux de l'accroissement de notre production agricole et industrielle, dans l'espoir qu'une Providence bienveillante permettra de l'écouler à des prix élevés. Pareil système peut nous ramener une prospérité immédiate et factice, mais elle sera de ces prospérités qui nous conduiront à de nouveaux désastres.

    « On a bien tort de désigner les mesures que nous avons prises, sous le nom de contrôle gouvernemental de l'agriculture, de l'industrie et des transports. C'est plutôt une association entre le Gouvernement, d'une part, et l'agriculture, l'industrie et les transports d'autre part, non pas une association qui se partage les bénéfices, car les bénéfices iraient aux citoyens, mais plutôt une association qui conçoit les mêmes plans et veille à leur exécution.

    « Laissez-moi vous donner un exemple. Prenons l'industrie cotonnière. Selon toute probabilité, quatre-vingt-dix pour cent des fabricants de coton s'accorderaient pour supprimer les salaires de famine, les longues journées de travail, le travail de l'enfant; Ils s'accorderaient également pour empêcher une surproduction qui se traduit par des excédents invendables. Mais à quoi peut servir un tel accord si les dix autres pour cent des fabricants de coton donnent des salaires de famine, exigent de nombreuses heures de travail, emploient des enfants dans leurs usines et se livrent à une surproduction vexatoire? Par leurs agissements déloyaux, ces dix pour cent pourraient produire des marchandises à si bon marché que les quatre-vingt-dix pour cent des fabricants honnêtes en seraient réduits à adopter une ligne de conduite douteuse. C'est ici que le Gouvernement entre en jeu. Le Gouvernement, après s'être livré à une enquête sur une industrie et après avoir adopté un plan, devrait avoir le droit — et il l'aura — d'empêcher, avec l'aide de la grande majorité des membres de cette industrie, les agissements déloyaux. Les lois dites « antitrusts » avaient pour but d'empêcher la création des monopoles et d'interdire à ces monopoles de réaliser des bénéfices excessifs. On doit continuer à respecter le principe de ces lois, mais elles ne se proposèrent jamais d'encourager cette concurrence déloyale dont nous avons dit les méfaits.

    « Le même principe s'applique aux produits agricoles, aux moyens de transport et à tout autre domaine de l'industrie privée organisée.

    « Nous nous assignons un but précis, à savoir, empêcher le retour d'une situation qui fut à deux doigts de détruire ce qu'on appelle la civilisation moderne. Nous ne pouvons atteindre ce but en un jour. Nos mesures obéissent toutes à l'esprit du Gouvernement constitutionnel de l'Amérique, établi il y a cent cinquante ans.

    « Je sais que les habitants de ce pays s'en rendront compte et comprendront aussi dans quel esprit nous entreprenons cette politique. Je ne nie pas que nous ne puissions commettre des erreurs de procédure. Je ne m'attends pas à atteindre le but à chaque coup. Ce que je recherche, c'est d'atteindre le but le plus souvent possible, non seulement dans mon intérêt mais aussi dans celui de l'équipe. Theodore Roosevelt me dit un jour : « Si j'arrive à avoir raison soixante-quinze fois sur cent, j'aurai réalisé le summum de mes espérances. »

    « On a beaucoup parlé ces derniers temps des finances fédérales, de l'inflation, de l'étalon-or et d'autres choses encore. Permettez-moi de vous exposer les faits très simplement et de vous expliquer ma ligne de conduite. En premier lieu, le crédit gouvernemental et la monnaie gouvernementale ne sont vraiment qu'une seule et même chose. Derrière les bons gouvernementaux, il n'y a qu'une promesse de payement. Derrière la monnaie gouvernementale, il y a en outre, une réserve d'or et une petite réserve d'argent. A ce propos, il convient de rappeler que, jadis, le Gouvernement a consenti à convertir en or près de trente milliards de ses dettes et de sa monnaie et que des sociétés privées du pays ont consenti à convertir en or soixante ou soixante-dix milliards de dollars représentés par des titres et des hypothèques. Le Gouvernement et ces sociétés privées ont conclu ces accords en sachant pertinemment que les stocks d'or aux Etats-Unis n'étaient que de trois ou quatre milliards de dollars et que les stocks d'or mondiaux n'étaient que de onze milliards environ.

    « Si les détenteurs de bons commençaient à réclamer de l'or, les premiers arrivants auraient de l'or pendant quelques jours; leur nombre ne s'élèverait qu'à un vingt-cinquième des détenteurs de titres et de devises. Les vingt-quatre autres parties, qui ne sont pas arrivées en tête de file, se verraient dire poliment qu'il ne reste plus d'or. Nous avons décidé d'appliquer à tous le même traitement, dans l'intérêt de la justice, en vertu des pouvoirs constitutionnels de ce Gouvernement. Nous avons mis tout le monde sur le même pied, afin de sauvegarder le bien général.

    « Toutefois, l'or et, jusqu'à un certain point, l'argent peuvent servir de base très solide aux devises; c'est la raison pour laquelle j'ai décidé de mettre l'embargo sur l'or de ce pays.

    « Il y a trois semaines, une série d'événements se sont produits qui auraient pu entraîner très rapidement, tout d'abord un grave épuisement des stocks d'or nationaux à l'étranger, en deuxième lieu, par voie de conséquence, une évasion à l'étranger des capitaux américains. Je n'exagère rien en vous disant que pareille occurrence aurait pu nous enlever la majeure partie de nos réserves d'or et entraîner un nouvel affaiblissement du crédit privé et gouvernemental, au point de semer la panique et d'arrêter totalement le fonctionnement de l'industrie.

    « Le Gouvernement a un but précis, c'est de faire monter les prix des matières premières à un niveau tel que les débiteurs pourront payer leurs dettes au moyen d'une devise d'une valeur égale à celle qui existait au moment où les emprunts ont été contractés. Nous n'avons pas l'intention de leur procurer un dollar à tellement bon marché qu'ils pourraient rembourser beaucoup moins qu'ils n'ont reçu. En d'autres termes, nous cherchons à corriger une erreur et non pas à créer des erreurs nouvelles dans un sens opposé. C'est pour cela que les pouvoirs nécessaires seront donnés au Gouvernement afin de procéder, si la situation l'exige, à l'élargissement des moyens de crédit. II sera fait usage de ces pouvoirs au moment donné, d'une manière définie, et, ai la situation l'exige, dans le dessein que je viens de préciser.

    « La situation mondiale suit un chemin parallèle à celui de la situation intérieure, laquelle, évidemment, nous intéresse en premier lieu. Je dois souligner le fait que la situation intérieure est nécessairement liée d'une manière étroite à celle de tous les autres pays. En d'autres termes, selon toutes probabilités, nous pourrons connaître, dans une large mesure, un retour de la prospérité dans notre pays, mais elle ne durera que si elle s'étend au monde entier.

    « Au cours des conférences que nous avons tenues et que nous tenons avec les chefs des autres pays, nous nous assignons quatre grands objectifs : tout d'abord, une réduction générale des armements, ce qui écartera la crainte de l'invasion et d'une attaque à main armée, en même temps une réduction des dépenses, de manière à équilibrer les budgets des gouvernements et à réduire les impôts; en deuxième lieu une suppression des barrières douanières, ce qui permettrait la reprise des échanges entre nations; en troisième lieu, la stabilisation des devises: de la sorte, le commerce pourra aller de l'avant; en quatrième lieu, le rétablissement des relations amicales et une plus grande confiance de pays à pays.

    « Durant ces trois semaines, nos visiteurs étrangers ont répondu dans un sens très favorable à l'énoncé de ces desseins. Toutes les nations ont souffert également de la crise. Toutes, elles ont abouti à la conclusion qu'une action générale est le plus conforme aux intérêts de chacune. C'est dans cet esprit que nos hôtes se sont joints à nous et ont discuté les problèmes qui nous sont communs. La Conférence internationale actuelle doit réussir.

    « L'avenir du monde l'exige; nous nous sommes tous engagés à unir nos efforts pour la faire réussir.

    « Envers vous, citoyens de ce pays, nous tous, membres du Congrès et membres du Gouvernement, nous avons contracté une profonde dette de reconnaissance. Durant toute la crise, vous avez fait preuve de résignation. Vous nous avez accordé des pouvoirs étendus; votre approbation généreuse nous a encouragés. Toutes nos forces, toutes les ressources dont nous disposions, nous les avons employées à justifier votre confiance. Nous sommes incités à penser qu'un premier pas, prudent et sensé, a été accompli. C'est dans cet esprit de confiance et d'encouragement réciproque que nous irons de l'avant. »

 

 

 

    Plusieurs des mesures prises par la nouvelle législation durent subir des modifications, résultat de l'expérience acquise au cours de ces jours. C'est ainsi que les premiers décrets qui réglementaient l'octroi des pensions aux anciens combattants blessés durant la guerre mondiale, opérèrent des coupes plus som-lires qu'on ne l'avait envisagé originellement. Au début de mai, on rédigea à nouveau dans un sens plus équitable un grand nombre de règlements et de stipulations.

    Lorsque la loi d'aide aux fermiers qui a trait au redressement des dettes agricoles, reçut le paraphe présidentiel le 12 mai, j'adressai un appel spécial aux créanciers hypothécaires et à ceux qui avaient des droits sur les fermiers; je les priai de ne pas employer la procédure de forclusion, je leur demandai de collaborer à la mise en oeuvre du nouveau système.

    Aussi lorsque, le 12 mai, je signai la loi sur le budget, qui accordait cinq cent millions de dollars au fond de chômage, j'essayai de faire comprendre que cela n'enlevait pas aux Etats et aux agglomérations locales la responsabilité qui leur incombait et qu'ils devaient faire tout ce qui était en leur pouvoir pour fournir le nécessaire à leurs concitoyens qui se trouvaient dans le dénuement.

    Sans cesse, il a fallu rappeler ce principe qu'à la localité incombe, la première, le devoir de prendre des mesures; que lorsque la localité a fait son possible et plus encore, c'est à l'Etat alors d'intervenir: et que, lorsque les gouvernements locaux et d'Etat ont fait tout leur devoir, alors seulement le Gouvernement fédéral peut avancer les fonds fédéraux. C'est un fait, malheureusement, que certaines personnes qui sont les premières à s'élever contre les dépenses du Gouvernement fédéral, sont les dernières, dans leur propre agglomération, à veiller à ce que le pouvoir local tente tout pour empêcher le dénuement et la détresse.

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1 novembre 2004 1 01 /11 /novembre /2004 09:00

 

Franklin Delano ROOSEVELT
Président des États-Unis

 


SUR

LA BONNE VOIE

(ON OUR WAY)


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Traduit de l'Anglais par
PIERRE DUTRAY

 

1934


Les Éditions
DENOËL ET STEELE
19, rue Amélie, 19
PARIS

 

 

 

 

    CHAPITRE VII

    II ne serait pas juste de dire que la « National Recovery Act « (loi de redressement national) fut méditée et longuement conçue avant l'entrée en charge du nouveau Gouvernement; il serait encore moins juste d'affirmer qu'elle fut le résultat d'une heureuse initiative de la dernière heure.

    Dès l'automne 1930, j'avais commencé à discuter des voies et des moyens indispensables pour venir en aide au chômage et pour reconstituer notre système économique. Cela demandait évidemment un examen complet, non seulement de l'agriculture, de l'industrie et des finances, mais encore des besoins sociaux de toute la nation.

    Déjà, à ce moment, des plans de toutes sortes commençaient à affluer vers moi, soit par la poste, soit à la suite de contacts personnels avec des individus et des délégations. Aidé de mes amis, je m'attachai à l'étude de tous les projets qui semblaient contenir une pensée nouvelle ou un groupe de pensées qui pourraient rentrer dans un plan général et pratique à la fois.

    Un résumé sérieux des plans et un examen attentif et de l'opinion publique et des finances gouvernementales m'amenèrent à prendre une décision qui comportait l'emploi simultané de deux systèmes.

    Le premier système cherchait à appliquer à l'industrie un concept nouveau dans notre histoire. Le passage de la suprématie nationale, des mains de la population agricole à celles des financiers et des industriels, passage qui eut lieu au tournant du siècle et qui coïncida avec la création de consortiums importants, avait abouti, il y a une génération, à ce que nous appelions la guerre aux trusts.

    Après la guerre mondiale, la vague de surproduction et de spéculation désordonnées qui avait gagné tout le pays, l'avait laissé dans un état tel que les mesures de redressement appliquées jadis dans les périodes de crise, s'avérèrent inefficaces.

    Je n'exagère pas si j'affirme avec force qu'il n'y avait pas une industrie importante aux Etats-Unis au printemps de 1933 qui n'eût à souffrir soit de la surproduction, soit d'une concurrence désastreuse, soit d'agissements déloyaux, soit d'un manque complet de plan. L'industrie s'en prit aux lois contre les trusts. L'industrie avait tort. Ces lois voulaient empêcher la constitution de monopoles qui, en restreignant le commerce, entravaient la concurrence loyale et grugeaient le public.

    Je pense qu'il est dans la nature des hommes d'affaires, tout comme dans celle des autres hommes, de faire preuve d'égoïsme lorsqu’une affaire est bonne et qu'ils réalisent de jolis bénéfices. Je pense qu'il est également dans leur nature, tout comme dans celle des autres hommes, aux moments de grande détresse, lorsque tout va mal, de se tenir prêts à concerter un nouveau plan qui, espèrent-ils, rétablira la situation.

    En tout cas, l'immense majorité des hommes d'affaires, au mois de mai 1933, était prête à participer au grand mouvement de collaboration dirigé par le Gouvernement et à travailler à la suppression des pratiques onéreuses du passé.

    J'ai jugé nécessaire d'établir, jusqu'à un certain point, des distinctions entre les diverses industries, à cause de leur grande variété de fonctionnement. Pendant des semaines et même des mois, nous avons adhéré à ce grand principe que, si l'on réduisait les heures de travail, un plus grand nombre de personnes pourrait trouver du travail. C'était ce que se proposait le projet de loi du sénateur Black qui exigeait la semaine de trente heures pour tous les employés, dans toutes les industries et dans toutes les parties du pays. Toutefois, un examen plus attentif nous amena à croire que, si le but final était légitime, la réorganisation totale qu'entraînerait la mise en vigueur de cette loi, ferait plus de mal que de bien.

    De plus, je croyais et je crois encore que l'on pourrait atteindre le but proposé avec le concours des hommes d'affaires. Ces derniers appliqueraient graduellement un système qui demanderait aux employés et au travail de collaborer dans chaque industrie au développement de ce qui, depuis lors, est connu sous le nom de codes. Nous pensions qu'une importante embauche résulterait de cette entente par la réduction de la semaine de travail. Nous pensions également que l'on pourrait supprimer le travail de l'enfant et que l'on pourrait garantir à tout ouvrier un salaire minimum décent.

    En d'autres termes, nous cherchions, par la collaboration, à faire pour le travail ce que les Gouvernements des Etats et le Gouvernement fédéral n'avaient pu accomplir à l'aide de la législation au cours de nombreuses années.

    Telle fut la genèse, tel fut l'objet de ce que nous avons appelé l'article I de la N. R. A. — loi importante qui, avec la loi sur la réorganisation de l'agriculture, s'inscrit en tête du programme de reconstruction de l'Amérique.

    Nous nous proposions en second lieu la reprise du travail par l'action directe du Gouvernement, l'aide aux malheureux et le redressement de la capacité d'achat.

    Beaucoup de personnes étaient d'avis de consacrer à un programme de travaux publics une somme qui atteindrait ou même dépasserait cinq milliards de dollars. Nous regardions, tous, d'un oeil favorable, un programme de travaux publics à grande échelle; mais j'avais estimé que des travaux publics entrepris pour le seul plaisir de dépenser de l'argent ne pourraient être justifiés ni par nous ni par les générations futures. Donner des pioches et des pelles à un millier d'hommes pour leur faire enlever une canalisation d'un côté de la chaussée et la remettre de l'autre côté, non seulement est une chose absurde mais encore abat le moral de ceux qu'on emploie à cette besogne. Trouver des travaux d'utilité publique équivaut nécessairement à limiter la somme que l'on pourrait leur consacrer. Presque tous les services gouvernementaux, spécialement ceux des municipalités, depuis trois ans, avaient employé leurs chômeurs à toutes sortes de travaux locaux.

    Nous nous avançâmes sur ce terrain avec précaution et nous aboutîmes à la conclusion qu'une somme de trois milliards environ était à peu près tout ce que nous pourrions allouer utilement en une année. Cette somme comprenait les travaux des chaussées à raison d'environ un demi-milliard de dollars; le commencement des travaux pour relever notre force navale en conformité avec le traité de Londres; approximativement un milliard de dollars pour de grands projets du Gouvernement fédéral qui se rapportaient principalement aux inondations et à la navigation intérieure; enfin des allocations aux Etats, aux municipalités, et aux cantons, partie sous forme d'emprunt, partie sous forme d'octroi.

    Tel fut l'objectif de l'article II de la N. R. A. qui consacrait trois milliards trois cent millions de dollars aux travaux publics.

    En même temps, afin de maintenir le crédit du Gouvernement fédéral, je proposai de lever des impôts qui suffiraient au payement des intérêts et à l'amortissement de ces dépenses énormes.

    Le message au Congrès en date du 17 mai est suffisamment éloquent par lui-même:

 

 

 

    « Avant l'ajournement de la Session extraordinaire du Congrès, je recommande deux nouvelles mesures qui s'inscrivent dans notre campagne nationale de reprise du travail.

    « Je demande, en premier lieu, que le Congrès s'occupe du système nécessaire à un grand mouvement de collaboration de toutes les parties de l'industrie, en vue d'obtenir une reprise importante du travail, la réduction de la semaine de travail, le payement d'un salaire décent au travail ainsi réduit et, en même temps, d'empêcher la concurrence déloyale et une surproduction désastreuse.

    « Les patrons ne peuvent parvenir à ces résultats, isolément ou même en groupes organisés, car de telles mesures augmentent les dépenses et permettent ainsi à des concurrents égoïstes qui refusent de collaborer à cette tâche d'intérêt public, d'écouler leurs produits à des prix dangereusement bas.

    « Ce qui a beaucoup nui jusqu'à ce jour à ces tentatives de collaboration, ce sont nos lois contre les trusts. Elles furent prises dans le dessein louable de remédier aux maux considérables qu'entraînaient les prix des monopoles.

    « Si on les gardait, on serait assuré définitivement de ne plus connaître les effets désastreux de la concurrence déloyale de jadis. Mais les intérêts publics seront les mieux sauvegardés si, avec l'autorité du Gouvernement et sous sa conduite, les industries privées ont la permission de conclure des accords et d'établir des codes qui garantissent une concurrence loyale. Toutefois, si nous limitons ainsi à leur dessein originel l'application des lois contre les trusts, nous devons avoir sous main un pouvoir qui réprimera sévèrement les quelques cas de non-collaboration et d'abus. Une telle sauvegarde est indispensable.

    « L'autre proposition donne à l'Exécutif plein pouvoir pour appliquer un vaste programme d'embauche directe. Un examen attentif me permet de croire que l'on peut placer approximativement trois milliards trois cent millions de dollars dans l'entreprise de travaux publics, utiles et nécessaires, ce qui permettra de donner du travail au plus grand nombre possible de personnes.

    « Un règlement devrait permettre aux Etats, aux cantons et aux municipalités d'entreprendre des travaux d'utilité publique, à la condition que ces autorités mettent tout en oeuvre pour supprimer le favoritisme, les dépenses inutiles dues à des projets injustifiés et contraires à une saine économie.

    « Nous devons, par une action prompte et vigoureuse, franchir les obstacles qui, jadis, ont retardé l'application des programmes de travaux publics. On peut y arriver par une procédure simple et directe.

    « L'exécution de ce programme exige que l'on protège et maintienne intact le crédit du Gouvernement des Etats-Unis. En d'autres termes, au moment où l'on fait ces dépenses considérables exceptionnelles, on doit prévoir des revenus suffisants au payement des intérêts et à l'amortissement des frais; de plus ces revenus doivent être rationnels et sûrs, au lieu d'être irrationnels et de dépendre de la spéculation.

    « II ressort de devis minutieux que, pour faire face aux prêts qu'envisage le Gouvernement, il faudra un revenu supplémentaire d'au moins deux cent vingt millions de dollars. Cela nécessitera évidemment une nouvelle ou de nouvelles formes d'impôts. On nous a fait bien des suggestions sur la nature de ces impôts. Je ne vous fais pas à l'heure présente de recommandation précise, mais j'espère que la commission du budget de la Chambre des Représentants étudiera soigneusement les plans qui concernent le revenu et qu'elle sera prête, au début de la semaine prochaine, à proposer les impôts qu'elle juge le plus conformes aux nécessités du moment et le moins vexatoires pour notre peuple. Si, au terme de ce délai, la commission n'a pas pris de décision ou si les moyens qu'elle propose ne me semblent pas suffisamment rationnels ou efficaces, j'ai l'intention de faire part au Congrès de mes propres suggestions à ce sujet.

    « Nous lèverons ces impôts, en vue de fournir du travail à nos compatriotes. Des décisions devront être prises pour réduire ou pour supprimer ces impôts:

    « En premier lieu, dès que l'amélioration des affaires aura accru les revenus dans une proportion qui permettra le remplacement de ces impôts;

    « En deuxième lieu — chaque fois que le rejet du dix-huitième amendement, qui est maintenant soumis aux Etats, sera ratifié et chaque fois que le rejet de la loi Volstead sera chose faite. Les lois sur le revenu datant d'avant la prohibition entreraient alors automatiquement en vigueur et fourniraient des ressources qui suffiraient à la suppression de ces impôts provisoires.

     « Enfin j'insiste sur le fait que toutes ces mesures sont nées d'une situation grave et que, par conséquent, nous devons de toute nécessité entreprendre immédiatement une campagne pour la reprise du travail, si nous voulons éviter de nouvelles misères, maintenir l'amélioration des affaires et voir des jours meilleurs.

    « Pour ce motif, je demande au Congrès de prendre rapidement des décisions. »

 

 

 

    Le 10 juin fut promulgué un décret-loi qui, pour la première fois, centralisait l'achat de presque toutes les fournitures gouvernementales, à l'exception de celles de la marine et de l'armée, dans un bureau de procuration qui avait son siège au Ministère des Finances; en même temps, les bureaux de paiements de beaucoup de ministères étaient rattachés à un bureau central siégeant au Ministère des Finances.

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Franklin Delano ROOSEVELT
Président des États-Unis

 


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LA BONNE VOIE

(ON OUR WAY)


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Traduit de l'Anglais par
PIERRE DUTRAY

 

1934


Les Éditions
DENOËL ET STEELE
19, rue Amélie, 19
PARIS

 

 

 

 


    CHAPITRE VIII

    Depuis cette époque jusqu'à la fin de la Session, nous ne proposâmes que quelques nouvelles suggestions. Le 20 mai, je demandai au Congrès de considérer l'industrie du pétrole comme une entité à part, chaque fois qu'il prendrait des mesures à l'égard des autres industries.

    Le 6 juin, un décret apporta des modifications aux règlements qui concernaient la réduction des pensions des vétérans. On accrut les pensions des hommes qui avaient subi des dommages caractérisés et graves, ainsi que celles des vétérans de la guerre espagnole. On prit beaucoup de nouvelles mesures plus équitables de manière à remédier aux réductions qui, sans aucun doute, avaient été, au premier moment, opérées avec beaucoup trop d'énergie.

    Le 10 juin, je fis part au Congrès des fusions et des transferts qui s'étaient effectués dans les services gouvernementaux; je prévoyais que les économies réalisées de la sorte s'élèveraient annuellement à vingt-cinq millions de dollars.

    La loi de secours avait été votée. Le 14 juin, à la Maison Blanche, nous tînmes une splendide réunion de tous les administrateurs d'Etat. La déclaration suivante leur exposa le but que s'assignait le nouveau Gouvernement fédéral:

 

 

 

    « La loi de secours traduit la volonté du Gouvernement fédéral de collaborer avec les Etats et les agglomérations locales au financement des travaux prévus pour remédier à la crise. A cela se borne sa portée. Il importe essentiellement que les Etats et les autorités locales accomplissent leur tâche loyalement. Ils ne doivent pas s'attendre à ce que le Gouvernement fédéral contribue d'une façon excessive au financement de ces travaux. Que les autorités des Etats et les cinq mille comités locaux de secours, qui opèrent maintenant dans tout le pays, se mettent bien en tête qu'il y a quatre millions de familles dans le besoin.

    « Evidemment l'Administrateur Fédéral du Comité de Secours devrait engager le plus possible la responsabilité du Gouvernement des Etats. Cela entraîne la nomination d'un comité compétent dans chaque Etat, de préférence une commission de cinq ou six citoyens connus qui n'administreront pas les secours d'une manière commerciale seulement, mais encore en faisant abstraction de leurs idées politiques. Les fonctionnaires du comité de secours n'ont qu'un seul moyen de s'assurer de la répartition équitable des secours, c’est une administration compétente. »

    « Il importe essentiellement que dans toutes les agglomérations règne une coordination efficace des secours et des travaux publics. Si le programme des travaux publics exige principalement la rapidité, ce n'est pas une raison pour consacrer, sous prétexte de secours, les fonds des travaux publics à une masse de projets inutiles. Il faut encourager les travaux publics d'une utilité réelle. L'une des fonctions des travaux publics, en cas de crise, est de jeter un pont qui permettra au peuple de passer de l'état de secours à un état où il pourra vivre normalement par lui-même. Une politique de parti ne doit pas intervenir dans l'exécution de cette oeuvre. On encouragera les travaux publics qui tendront à répartir la population d'une manière plus rationnelle, à lui faire quitter les centres où elle s'entasse pour des endroits plus sains où elle trouvera l'occasion de mener une vie normale.

    « C'est un des buts fondamentaux de mon gouvernement de collaborer avec les Etats et l'industrie pour assurer du travail au plus grand nombre possible de chômeurs: ainsi ils trouveront un emploi par des voies normales. Mais avant que ces places ne soient disponibles, le Gouvernement fédéral, les Etats et toutes les autorités locales doivent procurer des secours à tout chômeur américain effectivement dans le besoin.

    « Je sais que je puis compter sur votre pleine et entière collaboration avec l'Administrateur Fédéral du Comité de Secours, et je puis vous assurer qu'il prêtera à vos problèmes une compréhension favorable et qu'il prendra, si la situation l'exige, des mesures décisives. »

 

 

 

    Durant les jours de fermeture de cette session extraordinaire du soixante-treizième Congrès, un effort très précis fut tenté au Sénat pour détruire partiellement tout au moins un principe fondamental qui découlait de l' « Economy Act ». Il s'agissait de faire admettre par la loi qu'il y a des cas où les maladies des vétérans résultent du service accompli en temps de guerre. Je pris une position très ferme et je déclarai que ce n'est pas la loi mais les faits qui devaient régler cette question et que chaque cas devait être examiné en particulier. Enfin, nous nous accordâmes pour décider que des comités régionaux examineraient chaque cas et prendraient des décisions aussi équitables que possibles. Plus tard, je constituai un Comité d'Appel Extraordinaire composé en grande partie d'anciens combattants, tout comme les comités régionaux.

    Des projets de loi partaient du Capitole à intervalles fréquents; chacun, avant de recevoir la signature présidentielle, devait être soumis à un examen attentif.

    La nouvelle Administration chargée du redressement national devait être constituée, ainsi que celle des travaux publics et celle du pétrole.

    Avant de quitter Washington le 17 juin, je fis à propos de la loi sur le redressement de l'industrie nationale les déclarations suivantes qu'il est utile, je crois, de rapporter, étant donné qu'une grande partie de notre histoire future date de ce moment:

 

 

 

    « L'histoire verra probablement dans la loi sur le redressement de l'industrie nationale la législation la plus importante, de la portée la plus considérable que le Congrès américain ait jamais adoptée. Cette loi représente un effort suprême pour stabiliser définitivement les différents rouages qui contribuent à la prospérité de la nation et au maintien des assises américaines.

    « Elle veut assurer des bénéfices rationnels à l'industrie, et à l'ouvrier des salaires suffisants pour vivre, par la suppression des méthodes de pirate et des pratiques qui, non seulement, ont accablé des entreprises honorables, mais encore, ont contribué à aggraver la situation des ouvriers.

    « Tandis que nous établissons la reprise des affaires sur de nouvelles bases qui permettront finalement à des groupes importants de se remettre au travail, nous espérons, grâce à cette partie de la loi qui concerne les travaux d'utilité publique, entreprendre rapidement un programme de travaux qui donneront en outre, de bonne heure, du travail à des centaines de milliers de personnes.

    « Evidemment, ce projet pour qu'il réussisse, exige la collaboration totale de l'industrie, du travail et de tous les citoyens de ce pays.

    « La loi que je viens de signer fut adoptée dans le dessein de remettre le peuple au travail — de lui permettre d'acheter plus de produits agricoles et industriels et d'imprimer à nouveau à nos affaires un mouvement décent. Cette tâche comporte deux étapes: tout d'abord, fournir, avant la chute des neiges, du travail à des centaines de milliers de chômeurs, enfin améliorer la situation future par un plan d'une plus longue portée. Sans négliger cette seconde partie, nous devons attaquer sans tarder la première étape.

    « Le seconde partie de la loi donne de l'embauche grâce à un vaste programme de travaux publics. Nos recherches montrent que nous pourrions embaucher immédiatement beaucoup de personnes et que, pour le premier octobre, nous pourrions fournir un million environ de nouveaux emplois et un nombre beaucoup plus considérable dans la suite.

    « Nous avons élaboré un plan d'action. Certaines mesures commenceront à être appliquées demain. Je mets à la disposition des routes de l'Etat, quatre cent millions de dollars, conformément aux prescriptions que je viens de signer; l'on me dit que les Etats vont entreprendre immédiatement ces travaux. Je viens aussi de délivrer plus de deux cent millions de dollars à la Marine pour commencer la construction de navires, conformément au traité de Londres.

    « Dans mon discours inaugural, j'ai avancé cette simple proposition que personne ne doit mourir de faim dans ce pays. Un autre point me paraît aussi évident: aucune des affaires qui ne peuvent subsister qu'à la condition de ne payer que des salaires de famine, n'a le droit de continuer à exister dans ce pays. Par affaires, j'entends le commerce et l'industrie dans leur ensemble; par travailleurs, tous les travailleurs, les faux-cols comme les cottes bleues; et, par salaires permettant de vivre, j'entends plus que des salaires qui assurent la simple subsistance, j'entends des salaires qui assurent une existence décente.

    « Dans toute l'industrie, le passage des salaires de famine et du travail de famine à des salaires assurant une existence décente et à un travail continuel peut s'effectuer en grande partie par une charte industrielle à laquelle tous les patrons doivent adhérer. II y va de leur intérêt puisque un mode de vie décent largement répandu parmi nos cent vingt-cinq millions d'habitants correspond finalement pour l'industrie à l'ouverture du marché le plus riche que le monde ait connu. C'est le seul moyen d'utiliser la pleine capacité de nos exploitations industrielles. Ce principe fait de cette loi l'une des plus importantes qui soient jamais venues devant le Congrès puisqu'avant l'adoption de cette loi, on ne pouvait constituer pareille charte industrielle.

    « Sur cette base, la première partie de la loi propose â notre industrie une grande collaboration spontanée qui permettra à des millions d'hommes de reprendre, cet été, leur travail ordinaire. Les patrons n'auront qu'à augmenter leur nombre de travailleurs par réduction de la semaine de travail et, en même temps, à payer un salaire convenable.

    « Aucun patron ni aucun groupe de patrons, s'il ne comprend pas tous les patrons d'une industrie, ne pourrait arriver à ce résultat, seul, et continuer à exister, en présence de la concurrence. Mais si tous les patrons dans chacune de leurs branches s'unissent loyalement et sans exception dans ces corporations modernes et s'ils s'accordent pour agir de concert et immédiatement, personne ne sera lésé, et des millions d'ouvriers si longtemps privés du droit de gagner leur pain à la sueur de leur front, pourront relever la tête. Oui ou non, proclame cette loi, pouvons-nous faire abstraction de nos intérêts particuliers et opposer un front commun au danger commun?

    « Dans cet appel à l'industrie, nous avons longuement insisté pour montrer qu'avec le droit d'agir à l'unisson, on ferait pour le bien général ce qui, jusqu'aujourd'hui, a été illégal. A dater d'aujourd'hui, l'industrie possède ce droit.

    « Beaucoup de gens sensés ont voté cette nouvelle charte à regret. Je ne partage pas leurs doutes. J'ai pris part à la grande collaboration des années 1917 et 1918, et c'est ma conviction que nous pouvons compter une fois de plus sur notre industrie pour participer à notre plan général, à savoir, écarter cette nouvelle menace et ce, sans exploiter la confiance du public qui, aujourd'hui, s'en est remis complètement à la bonne foi et aux intentions élevées des dirigeants américains.

    « Cette loi est aussi un appel aux travailleurs. Aux ouvriers aussi, elle donne une nouvelle charte de droits, qu'ils avaient jusqu'ici demandée en vain.

    « C'est, en outre, un appel à l'administration. Nous allons abandonner certaines des mesures de sauvegarde prises par les lois contre les trusts. Nous devons protéger le public contre les abus qui ont présidé à leur adoption et, dans ce but, nous remplacerons les principes de jadis, qui admettaient une concurrence sans entrave, par de nouveaux contrôles gouvernementaux. Ces derniers devront, avant toute autre chose, être impartiaux et justes. Leur but est de soulager les affaires — non de les enchaîner — ils ne doivent inspirer aucune crainte à ceux qui, dans leur industrie, cherchent à aller de l'avant et à construire. A de tels hommes se présenteront plus que jamais des occasions d'initiative personnelle. Laissez-moi vous dire toutefois, que les lois contre les trusts s'élèveront encore fermement contre les monopoles qui, entravant le commerce et s'opposant à la fixation des prix, sont la source de bénéfices excessifs et de prix beaucoup trop élevés.

    « Si nous demandons à nos groupes industriels de suivre cette politique qui les expose, comme jamais auparavant, à être contrecarrés par des concurrents qui ne veulent pas tenir leur rôle, c'est notre devoir de protéger ceux qui travaillent au bien public, contre ceux qui tirent parti du désintéressement d'autrui pour réaliser des profits égoïstes. Nous devons les protéger contre les brebis galeuses qui s'attaquent à la fois aux patrons et aux ouvriers. Nous dépensons des milliards de dollars; pour que cette dépense soit utile, il faut la réaliser rapidement. Nous devons veiller à ce que la précipitation n'engendre ni le favoritisme ni le parasitisme. C'est là, pour n'importe quel Gouvernement, une lourde charge. On ne peut la supporter que si tous les citoyens, dans un esprit de résignation, nous apportent leur concours et leur appui.

    « Enfin, cette loi est un appel à notre peuple tout entier. Aucun pouvoir en Amérique ne peut appliquer les mesures que nous demandons, à l'encontre de la volonté publique. II n'y a pas de groupe qui puisse résister en Amérique à la force de l'opinion publique. Cette grande collaboration ne peut réussir que si d'une part ceux qui s'efforcent courageusement d'aider à la reprise du travail trouvent dans le public un appui ferme et si, d'autre part, ceux qui font machine arrière, sentent peser sur eux la désapprobation générale.

    « Venons-en à la mise en oeuvre de notre système — à la manière pratique de l'appliquer. Lorsqu'une association industrielle a préparé un code et qu'elle a nommé un délégué chargé de le présenter, après que tous les intéressés auront été avisés, l'Administrateur ou un représentant en donnera une audition publique. Un Conseil consultatif du Travail nommé par le Secrétaire du Travail veillera à ce que tous les groupes de travail qualifiés, organisés ou non, délèguent' en nombre suffisant des représentants qui auront voix consultative. Ils veilleront également à ce que tous les groupes intéressés se fassent représenter par des délégués de leur choix. Un Conseil consultatif de l'Industrie nommé par le Secrétaire du Commerce assumera les mêmes fonctions en ce qui regarde les groupes industriels. Un Conseil consultatif des Consommateurs sera chargé de veiller à ce que le public consommateur voient ses intérêts pris en mains. Il donnera également à tout groupe ou classe intéressée directement ou indirectement toute occasion raisonnable de présenter ses vues.

    « Lorsque sera terminée la lecture des rapports et qu'un comité d'économistes compétents y aura accordé la plus grande attention, l'Administrateur me soumettra son rapport aux fins de prendre toute mesure conforme à la loi.

    « Je sais pertinemment que l'augmentation des salaires finira par amener la hausse des prix de revient, mais veuillez tout d'abord considérer ceci, qu'à une augmentation du pouvoir d'achat du public, correspondra un accroissement des ventes et, par voie de conséquence, une amélioration du chiffre d'affaires. C'est là de la saine politique économique et commerciale. Tous nos efforts tendent à rétablir notre marché intérieur important par l'accroissement de sa capacité, de consommation si considérable. Si nous haussons maintenant les prix avec la même rapidité et dans la même mesure que nous augmentons les salaires, tout le projet ira à vau-l'eau. Nous ne pouvons espérer que ces plans produisent tous leurs effets que, si, dans ces premiers mois décisifs, nous différons la hausse des prix le plus longtemps possible, dussions-nous ne pas réaliser de bénéfices au début. Si nous pouvons redresser progressivement notre activité commerciale en partant sur des bases stables et solides, je doute fort que, dans le dernier trimestre de l'année, nos industries fassent fiasco. Le peuple cache des exigences considérables; si nous y satisfaisons sur un front aussi large, nous n'avons pas à craindre l'échec de notre oeuvre de redressement. Une rapidité trop fébrile est bien autrement dangereuse.

    « Dans l'article premier de la présente loi, j'ai nommé Hugh Johnson, administrateur, et un conseil de redressement industriel sous la présidence du Secrétaire du Commerce. Cette organisation est prête maintenant à recevoir les codes proposés et à écouter rapidement les rapports aux fins de les soumettre à mon approbation. Tout en ne rejetant aucune des propositions raisonnables de groupes industriels, j'espère que les dix principales industries qui régissent l'armature de l'embauche industrielle, pourront soumettre immédiatement les éléments fondamentaux de leurs codes. J'espère également que le pays pourra considérer le mois de juillet comme le début de notre grand mouvement national de reprise du travail.

     « Au cours des trois semaines prochaines, s'occuperont provisoirement des projets de l'article II relatifs aux travaux publics, le colonel Donald H. Swayer, en qualité d'administrateur et un conseil extraordinaire composé du Secrétaire de l'Intérieur qui en sera le président, du Secrétaire du Commerce, du Secrétaire de l'Agriculture, du Secrétaire de la Guerre, de l'Attorney général, du Secrétaire du Travail et de l'Administrateur du Budget.

    « Au cours des deux semaines suivantes, l'administrateur et ce conseil étudieront tous les projets qui leur ont déjà été soumis ou qui leur seront soumis et, ainsi qu'il a été dit précédemment, en vertu de la nouvelle loi, l'on prendra immédiatement certaines mesures.

    « Tandis que s'accomplissent ces deux efforts parallèles — travaux publics et embauche industrielle — ce n'est pas trop escompter que d'espérer qu'un grand nombre d'hommes et de femmes pourront quitter les rangs des chômeurs avant l'arrivée de l'hiver. C'est la tentative la plus importante de cette sorte qu'ait enregistrée notre histoire. Ainsi que, lors de la grande crise de la guerre mondiale, elle met tout le peuple en présence de cette alternative simple mais d'une importance vitale : « Devons-nous continuer à marcher à la ruine en groupes désorganisés et tâtonnant, ou bien irons-nous à la victoire, unis dans une grande équipe? »

 

 

 

    Il était évident que plusieurs semaines seraient nécessaires pour mettre en train le nouveau système, mais le départ avait été donné le même jour. Le général Hugh S. Johnson fut nommé administrateur.

    Le 26 juin, je transmettais au Secrétaire de l'Agriculture tous les pouvoirs relatifs à l'agriculture, autorisés par l'article I de la N. R. A. En vertu de cette autorité, le secrétaire de l'Agriculture Wallace, nomma M. George Peek et organisa l'Administration d'Ajustement de l'Agriculture.

    En même temps un Conseil extraordinaire de travaux publics, ayant provisoirement comme administrateur le colonel Donald H. Swayer, était chargé d'organiser l'Administration des Travaux publics, conformément à l'article II de la N. R. A.

    Au début de la journée du 16 juin, le Congrès s'ajourna. Je suis heureux de rendre hommage, une fois de plus, aux membres du Sénat et de la Chambre des Représentants appartenant aux deux partis, qui ont coopéré si généreusement et si loyalement avec moi à la solution de nos problèmes communs.

    Je suis certain que cette session extraordinaire du Congrès restera un exemple dans l'histoire de notre ) pays. Plus qu'aucune autre, elle a saisi résolument l'occasion de redresser de graves erreurs, de rétablir un jugement plus sain et des pratiques plus honnêtes, d'accomplir sa tâche avec une célérité efficace et de nous remettre dans le droit chemin.

    J'avais espéré partir ce soir-là pour aller voir mon fils qui sortait de l'école et pour entreprendre, sur une goélette, une croisière le long de la côte de la Nouvelle Angleterre.

    Après avoir répondu à toutes les lettres et mis mon travail à jour, pour autant que la tâche d'un Président puisse être à jour, je partis pour la mer le vendredi soir, 17 juin.

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