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1 décembre 2004 3 01 /12 /décembre /2004 00:07


La-Revolution-Roosevelt.jpg


La Révolution Roosevelt
Georges Boris – 1934

 


 
Chapitre III : La réforme monétaire et financière

 

2 : Le Commodity-Dollar

 

 

 



    MM. Fisher et Warren partent de la notion qu'à un moment déterminé l'or possède un certain pouvoir d'achat. Si donc, par le moyen de la dévaluation on augmente le poids de l'or contenu dans le dollar, on diminuera le pouvoir d'achat de la monnaie et l'on fera monter les prix. Plus tard, lorsque aura été atteint le niveau désiré, on pourra le fixer rien qu'en accroissant ou en réduisant la quantité d'or représentée par le dollar, suivant que les cours des matières premières auront tendance à baisser ou à monter. A ce moment, le dollar aura une valeur-marchandise stable et une valeur-or variable. Ce sera un commodity-dollar, un dollar-marchandises et non plus un dollar-or.

    M. Roosevelt décida donc à la fin du mois d'octobre de faire l'essai de cette théorie. Usant du droit, que lui confère l'amendement Thomas à la loi du 12 mai, de réduire la valeur-or du dollar jusqu'à concurrence de 50 %, il résolut de pratiquer une dévaluation volontaire et graduelle en effectuant des achats d'or à des prix de plus en plus élevés.

    A cette nouvelle des protestations indignées s'élevèrent, non pas seulement en Europe, mais en Amérique : plusieurs collaborateurs du président, dont M. Warburg, ainsi que le principal conseiller technique du Federal Reserve Board, M. Sprague, donnèrent leur démission et commencèrent une campagne d'articles et de conférences contre la théorie de Warren et de Fisher.

    Etant donnée la confusion que ces discussions ont jetée dans les esprits, il n'est pas inutile de procéder brièvement à un examen critique de la théorie Warren-Fisher, afin de démêler les difficultés réelles qu'elle a rencontrées dans les faits, d'avec les fausses objections qui y ont été opposées dans les controverses.

    On a présenté les idées de Warren et Fisher comme d'affreuses hérésies. Or, il suffit de les rapprocher de celles que M. Rist a exposées dans un article de la revue Foreign Affairs, en janvier 1934, pour reconnaître leur étroite parenté avec les thèses classiques.

    En effet, M. Rist admet l'origine monétaire de la crise et l'attribue précisément à une anomalie dans les variations du pouvoir d'achat de l'or. Selon l'éminent économiste français, la comparaison du niveau des prix des matières premières de 1913 et en 1926 montre que ces prix avaient monté en treize ans — donc que le pouvoir de l'or avait baissé — dans des proportions que ne justifiait aucun facteur naturel, tel que la découverte de nouvelles mines d'or. M. Rist en conclut que le pouvoir d'achat de l'or était destiné à remonter (et par conséquent les prix des matières premières à baisser) ; la crise ne serait donc que l'expression économique d'un phénomène de réadaptation monétaire, par lequel les charges et les prix de revient sont maintenant ramenés au niveau des prix des matières premières.

    Il ne rentre pas dans mes intentions de discuter l'explication donnée par M. Rist (1). Mais M. Walter Lippmann a très justement fait ressortir l'analogie frappante qu'elle offre avec celle de M. Warren, lequel pense, lui aussi, que tout le mal vient de la baisse excessive du pouvoir d'achat de l'or pendant et immédiatement après la guerre, baisse anormale que devait nécessairement suivre une hausse subite.

    Une fois admis ce principe, on aperçoit deux manières de rétablir l'équilibre rompu entre les prix des matières premières qui ont baissé et les charges fixes (dettes, salaires, etc...) qui n'ont guère bougé. L'une — c'est celle de M. Rist — consiste à réduire ces charges par la déflation, c'est-à-dire par les faillites et le chômage. L'autre — celle de M. Warren —consiste au contraire à dissocier le dollar de l'or, de façon à faire remonter les prix en dollars des matières premières, jusqu'à les mettre en harmonie avec le montant des charges fixes.

    Partis du même principe, se fondant sur le même diagnostic, MM. Rist et Warren concluent à des thérapeutiques opposées. Mais à l'appui de sa proposition, M. Warren peut faire valoir que trois années durant, de 1930 à 1933, l'Amérique s'était soumise à la déflation, sans autre résultat que de plonger tout un peuple dans la misère et le désespoir ; à bout de force, ce peuple n'accepterait jamais de renouveler la cruelle expérience.

    M. Roosevelt mit en application le remède de M. Warren à partir du 21 octobre 1933, et fit effectuer par le Trésor des achats d'or à un cours qu'il relevait de temps à autre. Le premier effet de la manoeuvre fut de raffermir les prix. Mais la hausse attendue ne se produisait pas : contrairement aux prévisions de M. Warren, on n'observait pas de concordance exacte entre le relèvement du prix de l'or et celui des cours des matières premières.

    Les partisans de la théorie d'Irving Fisher firent observer que la méthode d'application était défectueuse. En effet, le Trésor n'achetait que le métal nouvellement extrait des mines américaines ; faute des autorisations législatives nécessaires (2), il n'intervenait pas ou presque sur les marchés étrangers ; en conséquence, le dollar continuait de valoir davantage à l'extérieur que sa parité-or officielle, ainsi qu'en témoignaient les cours des changes. Mais cette explication ne suffit pas à expliquer l'échec relatif de la tentative.

    En réalité, la théorie de Fisher ne saurait se vérifier avec une rigueur mathématique que dans le cas d'un petit pays, dont l'économie n'influe guère sur les prix mondiaux, donc sur le pouvoir d'achat de l'or. Ainsi, la Suède a pu par des moyens similaires, diriger avec une grande précision le niveau de ses prix intérieurs. Mais, s'agissant des Etats-Unis, vu la masse des échanges qui s'y produisent, les prix en dollars ont une inertie propre et n'obéissent qu'incomplètement ou qu'avec retard au mécanisme de Fisher, cependant que les prix-or mondiaux se trouvent eux-mêmes ébranlés par cette action.

    Tout se passe comme si on voulait soulever un fardeau considérable (les prix intérieurs libellés en dollars) au moyen d'un levier, dont le point d'appui (les prix mondiaux libellés en or) ne résiste pas suffisamment à la pression et tend à s'enfoncer dans le sol.

    Effectivement, durant la période où le Trésor américain a procédé à des achats de métal, les prix mondiaux, exprimés en or, ont faibli. La politique monétaire des Etats-Unis parvenait à maintenir les prix-dollars, mais faisait baisser les prix-or. Les achats d'or contre dollars provoquaient — et c'est d'ailleurs naturel une revalorisation de l'or, donc une aggravation de la crise dans les autres pays. Résultat dont nul n'avait à se féliciter.




1 - On pourrait montrer notamment qu'elle est incomplète en ce sens qu'elle ne tient compte que de l'offre d'or. Il n'y est pas fait mention de l'accroissement subit de la demande à la suite de la Conférence de Gênes et de la décision prise simultanément par un grand nombre de pays d'adopter l'étalon-or et de constituer des réserves de métal dans leurs banques centrales.

2 - Le vote d'une loi spéciale ne pouvait avoir lieu avant la réunion du Congrès en janvier.


 

 

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