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2 janvier 2005 7 02 /01 /janvier /2005 00:18

CHAPITRE XV
De la Gloire d'une Nation.


§.186       Combien la Gloire est avantageuse.

            La Gloire d'une Nation tient intimément à sa puissance ; elle en fait une partie très considérable. C’est ce brillant avantage qui lui attire la considération des autres peuples, qui la rend respectable à ses voisins. Une Nation dont la réputation est bien établie, & principalement celle dont la gloire est éclatante, se voit recherchée de tous les Souverains : Ils désirent son amitié, & craignent de l’offenser : Ses Amis & ceux qui souhaitent de le devenir, favorisent ses entreprises, & ses envieux n'osent manifester leur mauvaise volonté.


§.187       Devoir de la Nation. Comment la véritable gloire s'acquiert.

            Il est donc très avantageux à une Nation d'établir sa réputation & sa gloire ; & ce soin devient l’un de ses plus importans devoirs envers elle-même. La véritable Gloire consiste dans le jugement avantageux des gens sages & éclairés : Elle s'acquiert par les vertus, ou les qualités de l’esprit & du cœur, & par les belles actions, qui sont les fruits de ces vertus. Une Nation peut la mériter à double titre ;

1°, par ce qu'elle fait en qualité de Nation, par la conduite de ceux qui administrent ses affaires, qui ont en main l’Autorité & le Gouvernement ;

2°, par le mérite des particuliers qui composent la Nation.

§.188       Devoir du Prince.

            Un Prince, un Souverain quel qu'il soit, qui se doit tout entier à sa Nation, est sans doute obligé d'en étendre la Gloire, autant que cela dépend de lui. Nous avons vû que son devoir est de travailler à la perfection de l’État & du peuple qui lui est soumis : Par là, il lui fera mériter la bonne réputation & la Gloire. Il doit toûjours avoir cet objet devant les yeux, dans tout ce qu'il entreprend, & dans l’usage qu'il fait de son pouvoir. Qu'il fasse briller la justice, la modération, la grandeur d’âme dans toutes ses actions ; il se procurera à soi-même & à son peuple un nom respectable dans l’Univers, & non moins utile que glorieux. La gloire de HENRI IV sauva la France : Dans l’État déplorable où il trouva les affaires, ses vertus encouragérent les sujets fidèles, donnérent aux Etrangers la hardiesse de le sécourir, de se liguer avec lui contre l’ambitieux Espagnol. Un Prince foible & peu estimé eût été abandonné de tout le mondes ; on eût craint de s'associer à sa ruine.

Outre les vertus, qui sont la Gloire des Princes, comme celle des personnes privées, il est une dignité & des bienséances, qui appartiennent particuliérement au rang suprême, & que le Souverain doit observer avec le plus grand soin. Il ne peut les négliger sans s'avilir lui-même, & sans imprimer une tache sur l’État. Tout ce qui émane du Trône doit porter un caractère de pureté, de noblesse & de grandeur. Quelle idée prend-on d'un Peuple, quand on en voit le Souverain témoigner dans des Actes publics une bassesse de sentimens, dont un particulier se croiroit deshonoré ? Toute la Majesté de la Nation réside dans la personne du Prince ; que deviendra-t-elle s'il la prostitue, ou s'il souffre qu’elle soit prostituée par ceux qui parlent & qui agissent en son nom ? Le Ministre qui fait tenir à son Maître un langage indigne de lui, mérite d'être honteusement chassé.


§.189       Devoir des Citoyens.

            La réputation des particuliers dérive sur la Nation, par une façon de parler & de penser, également commune & naturelle. En général on attribue une vertu, ou un vice à un peuple, lorsque ce vice, ou cette vertu s'y font remarquer plus fréquemment. On dit qu'une Nation est belliqueuse, quand elle produit un grand nombre de braves Guerriers ; qu'elle est savante, quand il y a beaucoup de Savans parmi ses Citoyens ; qu'elle excelle dans les Arts, lors qu'elle a dans son sein plusieurs habiles Artistes : Au contraire, on la dit lâche, paresseuse, stupide, lorsque les gens de ces caractères y sont en plus grand nombre qu'ailleurs. Les Citoyens, obligés de travailler de tout leur pouvoir au bien & à l’avantage de la Patrie, non-seulement se doivent à eux-mêmes le soin de mériter une bonne réputation ; ils le doivent encore à la Nation, dans la gloire de laquelle la leur est capable d'influer. BACON, NEWTON, DESCARTES, LEIBNITZ, BERNOULLI, ont fait honneur à leur Patrie, & l’ont servie utilement par la gloire qu'ils ont acquise. Les grands Ministres, les grands Généraux, un OXENSTIERN, un TURENNE, un MARLBOROUGH, un RUITER servent doublement la Patrie, & par leurs actions, & par leur gloire. D'un autre côté, un bon Citoyen trouvera un nouveau motif de s’abstenir de toute action honteuse, dans la crainte du deshonneur qui pourroit en réjaillir sur sa Patrie. & le Prince ne doit point souffrir que ses sujets se livrent à des vices capables de diffamer la Nation, ou de ternir seulement l’éclat de sa gloire : Il est en droit de réprimer & de punir les éclats scandaleux, qui sont un tort réel à l’État.


§.190       Exemple des Suisses.

            L'éxemple des Suisses est bien propre à faire voir de quelle utilité la Gloire peut-être à une Nation. La haute réputation de Valeur, qu'ils se sont acquise, & qu'ils soutiennent glorieusement, les maintient en paix, depuis plus de deux Siécles, & les fait rechercher de toutes les Puissances de l’Europe. Louis XI encore Dauphin, fut témoin des prodiges de valeur qu'ils firent à la bataille de St. Jaques, auprès de Basle, & il forma dès-lors le dessein de s'attacher étroitement une Nation si intrépide (a) Voyez les Mémoires de COMMINES). Les douze-cent braves, qui attaquèrent, en cette occasion, une Armée de cinquante à soixante mille hommes aguerris, battirent d'abord l’avant-garde des Armagnacs, forte de dix-huit mille hommes, & donnant ensuite avec trop d'audace sur le gros de l’armée, ils périrent presque tous (b) De cette petite Armée, « on compta 1158 morts & 32 blessés. Il n'échapa que douze hommes, qui furent regardés par leurs Compatriotes comme des lâches, qui avoient préféré une vie honteuse à la gloire de mourir pour leur Patrie. » Hist. de la Confédération Helvétique par M. de WATTEVILLE, T.I p.250 & suiv. TSCHUDI p.425), sans pouvoir achever leur victoire. Mais outre qu'ils effrayérent l’ennemi & garentirent la Suisse d'une invasion ruïneuse, ils la servirent utilement, par la gloire éclatante qu'ils acquirent à ses armes. La réputation d'une fidélité inviolable n'est pas moins avantageuse à cette Nation. Aussi a-t-elle été de tout tems jalouse de se la conserver. Le Canton de Zug punit de mort cet indigne soldat, qui trahit la confiance du Duc de Milan, & décela ce Prince aux François, lorsque, pour leur échaper, il s'étoit mis dans les rangs des Suisses qui sortoient de Novare, habillé comme l’un d'eux (b) VOGEL. Traité Historique & politique des Alliances entre la France & les XIII Cantons, p.p.75, 76).


§.191       Attaquer la gloire d'une Nation, c'est lui faire injure.

            Puisque la gloire d'une Nation est un bien très-réel, elle est en droit de la défendre, tout comme ses autres avantages. Celui qui attaque sa gloire lui fait injure ; elle est fondée à exiger de lui, même par la force des armes, une juste réparation. On ne peut donc condamner ces mesures que prennent quelquefois les Souverains, pour maintenir ou pour venger la dignité de leur Couronne. Elles sont également justes & nécessaires. Lors qu'elles ne procédent point de prétentions trop hautes ; les attribuer à un vain orgueil, c'est ignorer grossiérement l’art de régner, & mépriser l’un des plus fermes appuis de la grandeur & de la Sûreté d'un État.

 

 

 

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