17 novembre 2006
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- La dictature de l'émotion envahit aussi la sphère politique. Nos représentants semblent de plus en plus enfermés dans des stratégies de communication où la forme l'emporte sur le fond. Est-ce une dérive lourde de dangers?
- Regardez le phénomène Ségolène Royal. Plus elle entretient le mystère sur ses options politiques, plus sa côte monte. Elle fonctionne, pour le moment, comme une icône, une image de télévision séduisante, mais en creux. Elle n'est donc que dans le registre de l'émotion et les gens l'adoptent pour cette raison. Nous sommes soumis à des stimulis de moins en moins politisés et de plus en plus intimes. Je ne suis pas sûr que cela ait grand chose à voir avec la démocratie. Madame Royal rassure pour des raisons qui ne sont pas politiques. Il faudrait étudier le phénomène de près, mais je ne serais pas surpris si l'incarnation du symbole de la femme-mère y soit pour quelque chose.
Ce qui est intéressant, c'est qu'elle révèle de nouveaux comportements. Faut-il s'en réjouir? Je ne crois pas. Les médias ont crée un rapport direct entre le politique et les citoyens qui, d'une manière insidieuse, voire perverse, s'apparente à une nouvelle forme de fascisme(...)La "communauté d'émotion" que ces outils ont engendré s'apparente aux cultes sectaires et à leurs phénomènes hallucinatoires. Derrière cette soudaine dictature des sensations médiatiques(...)se profile le danger d'un tout nouveau totalitarisme, la possibilité inouïe d'un communisme des affects. Ce n'est pas original de dire que la télévision provoque un effet ipnotique sur les sujets qui la regardent, j'utilise le mot "sujet" à dessein. Elle hystérise, met en situation de soumission, de demi-sommeil. Pour nous sortir de cette somnolence, de cette apathie, il faut des stimulis de plus en plus violents...