FRANKLIN DELANO ROOSEVELT
COMBATS POUR DEMAIN
L'Organisation internationale et la Paix

L'UNION PANAMERICAINE
L'amitié entre nations comme entre individus, exige que l'on sonne le rassemblement de toutes les forces de l'humanité de manière à créer une atmosphère de compréhension et de collaboration étroites. Elle implique des obligations et des responsabilités réciproques, car ce n'est que par le respect sincère des droits d'autrui et par une exécution scrupuleuse des obligations qui y correspondent, qu'une vraie fraternité peut régner parmi tous les membres de la communauté.
Les qualités essentielles d'un vrai panaméricanisme sont exactement celles qui sont incluses dans l'expression du bon voisinage, c'est-à-dire, la compréhension mutuelle et, grâce à cette compréhension, une appréciation sympathique des points de vue d'autrui. C'est seulement en agissant en conformité avec ces principes que nous pouvons espérer construire un édifice dont la confiance, l'amitié et la bonne volonté seront les pierres angulaires.
C'est dans cet esprit que toutes les républiques américaines montrent une profonde compréhension de la doctrine de Monroe dont on a tant parlé depuis plus d'un siècle. Elles comprennent que cette doctrine avait, et a encore, pour but, de maintenir l'indépendance des peuples du continent américain, en empêchant les puissances des autres continents de mettre la main sur une portion quelconque du territoire actuellement indépendant dans cette région du globe.
Les républiques américaines, avec les années, comprennent plus clairement que cette doctrine panaméricaine de défense implique que chaque Etat américain doit reconnaître l'indépendance des autres Etats américains. Chacun de nous doit grandir par le progrès de la civilisation et du bien-être social et non par l'acquisition de territoires au détriment du voisin.
Dans cet esprit de compréhension et de collaboration mutuelles sur le continent, il est impossible que vous et moi ne soyons pas émus par toute querelle à main armée entre nos voisins. Je n'hésite donc pas à vous dire, à vous, membres honorables du Comité directeur de l'union panaméricaine, que je considère les conflits actuels entre quatre de nos républiques soeurs comme des pas en arrière.
Votre américanisme et le mien doivent être un édifice bâti sur la confiance, cimenté par une sympathie qui n'admet que l'égalité et la fraternité. Il trouve sa source et son essence dans le coeur des hommes ; il siège dans le temple de l'intelligence.
Nous tous, nous avons des problèmes particuliers et, à parler franchement, l'intérêt de nos propres citoyens doit, chaque fois, primer. Mais il est également vrai qu'il est d'une importance vitale pour chaque nation de ce continent que tous les gouvernements américains entreprennent immédiatement tout ce qu'il sera possible de faire pour abolir les barrières douanières, restrictions inutiles et artificielles qui arrêtent actuellement entre les peuples des républiques américaines les courants profitables du commerce.
Je suis heureux de vous transmettre ce message à vous, messieurs qui appartenez au Comité directeur de l'union panaméricaine, car je considère l'union comme l'expression ultime de l'unité spirituelle des deux Amériques.
C'est à cette unité ferme et agissante que l'humanité doit tendre ; elle est un des éléments indispensables à la prospérité des affaires mondiales.
Franklin Delano Roosevelt