"Notre système bancaire dans son ensemble est un désastre complet. A mon avis, la quasi-totalité des banques seraient insolvables si elles devaient valoriser leurs actifs à leur valeur réelle de marché", disait la semaine dernière Andrew Lahde, patron du fonds Lahde Capital. Il en sait quelque chose : il a fait fortune depuis 2005 en pariant sur l'explosion des bulles financières et la désintégration du système monétaire.
La finance, déjà bien embêtée par ces remarques provenant de ses propres rangs, ne craint plus qu'une chose : réveiller les autorités souveraines d'où elle tient son autorité et son indépendance.
C'est semble-t-il chose faite, puisque l'article suivant rapporte un éclat public contre les banquiers, provenant du ministre des finances d'Allemagne, pays de la Sacro-Sainte Indépendance de la BCE.
Le ministre des Finances allemand s'en prend violemment aux banquiers
BERLIN (AFP) — Le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück s'en est pris en termes violents à la direction des banques allemandes, qu'il accuse d'avoir sous-estimé les conséquences de la crise américaine du subprime et de ne pas bien faire son travail.
"Il y a des dirigeants de banque qui ne sont pas à la hauteur de ce qu'ils font", a déclaré le ministre social-démocrate, connu pour ne pas mâcher ses mots, dans un entretien au Financial Times Deutschland allemand et au Financial Times britannique publié vendredi.
"L'arrogance des managers dont nous avons été témoin, d'après le principe "nous sommes plus malins que les autres", a fini par un désastre" , a poursuivi le ministre.
Ses propos interviennent alors que le secteur bancaire allemand a dû jeudi voler une nouvelle fois au secours de son enfant malade, la banque IKB, qui se débat depuis plusieurs mois dans la tourmente des prêts hypothécaires à risque américains. Après 3,5 milliards d'euros cet été, ce sont 350 millions d'euros supplémentaires qu'un consortium de banques va mettre à disposition de l'établissement.
Les conséquences de la crise qui a secoué les marchés financiers américains en juillet et août sont loin d'être digérées en Allemagne. "Il est remarquable de voir le temps dont ont besoin certains dirigeants pour évaluer les risques correctement", a commenté le ministre, "depuis fin juillet plusieurs mois sont passés et certains managers ne savent toujours pas combien cela va leur coûter".
" I sincerely believe that banking institutions are more dangerous to our liberties than standind armies. The issuing power should be taken from the banks and restored to the people to whom it properly belongs."
" Je crois sincèrement que les institutions bancaires sont plus dangeureuses pour nos libertés que des armées en marche. Le pouvoir d'émettre devrait être retiré des mains des banques et remis entre celles du Peuple, à qui il appartient en propre."
Cela est tout à fait envisageable dans les conditions actuelles, à travers ce qu'on pourrait appeler un Nouveau Bretton Woods.