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2 janvier 2005 7 02 /01 /janvier /2005 00:10

CHAPITRE VII
De la Culture des terres.


§.77         Utilité du Labourage.

            De tous les Arts, le Labourage, ou l’Agriculture est sans doute le plus utile & le plus nécessaire. C’est le Pére nourricier de l’État. La culture des terres en multiplie infiniment les productions ; elle forme la ressource la plus sûre, le fonds de richesses & de Commerce le plus solide, pour tout peuple qui habite un heureux climat.


§.78         Police nécessaire à cet égard ; pour la distribution des terres.

            Cet objet mérite donc toute l’attention du Gouvernement. Le Souverain ne doit rien négliger pour procurer aux terres de son obéissance la meilleure culture. Il ne faut pas souffrir que des Communautés, ou des particuliers acquiérent de grandes terres pour les laisser incultes. Ces droits de Communes, qui ôtent à un Propriétaire la libre disposition de son Fonds, qui ne lui permettent pas de le fermer & de lui donner la culture la plus avantageuse ; ces droits, dis-je, sont contraires au bien de l’État & doivent être supprimés, ou réduits dans de justes bornes. La propriété introduite parmi les Citoyens, n'empêche pas que la Nation ne soit en droit de prendre des mesures efficaces pour faire ensorte que la totalité de son terrein produite le plus grand revenu possible, & le plus avantageux.


§.79         Pour la protection des Laboureurs.

            Le Gouvernement doit éviter avec soin tout ce qui peut rebuter le Laboureur, ou le détourner de son travail. Ces tailles, ces impôts excessifs & mal proportionnés, qui tombent presque entiérement à la charge des Cultivateurs, les véxations des Commis qui les exigent, ôtent au malheureux paysan les moyens de labourer la terre, & dépeuplent les Campagnes. L’Espagne est le pays de l’Europe le plus fertile, & le moins cultivé. L’Église y posséde trop de terres ; & les Entrepreneurs des Magazins royaux, autorités à prendre à vil prix tout le bled qui se trouve chés un paysan, au-delà de ce qui est destiné à sa subsistance, découragent si fort le Laboureur, qu'il ne sème précisément que la quantité de bled nécessaire pour lui & sa famille. De là ces disettes fréquentes, dans un pays, qui pourrait nourrir ses voisins.


§.80         On doit mettre en honneur le Labourage.

            Un autre abus nuit encore à la culture, c’est le mépris que l’on fait du Laboureur. Les Bourgeois des Villes, les Artisans même les plus serviles, les Citoyens oisifs, regardent le Cultivateur d'un œil dédaigneux, l’humilient & le découragent : Ils osent mépriser une Profession, qui nourrit le Genre-humain, la vocation naturelle de l’homme. Un petit Marchand de Modes, un tailleur d'habits, met bien-loin au-dessous de lui l’occupation chérie des prémiers Consuls & Dictateurs de Rome. La Chine a sagement évité cet abus ; le Labourage y est en honneur : & pour maintenir cette heureuse façon de penser, chaque année dans un jour solennel, l’Empereur lui-même, suivi de toute sa Cour, met la main à la Charrue & ensemence un coin de terre. Aussi la Chine est-elle le pays du Monde mieux cultivé : Elle nourrit un peuple innombrable, qui paroit d'abord au Voyageur, trop grand pour l’espace qu'il occupe.


§.81         Obligation naturelle de cultiver la terre.

            La culture de la terre n'est pas seulement recommandable au Gouvernement, pour son extrême utilité ; c'est encore une obligation, imposée à l’homme par la Nature. La terre entiére est destinée à nourrir ses habitans : Mais elle ne peut y suffire, s'ils ne la cultivent pas. Chaque Nation est donc obligée par la Loi Naturelle, à cultiver le pays qui lui est échû en partage, & elle n'a droit de s'étendre, ou de recourrir à l’assistance des autres, qu'autant que la terre qu'elle habite ne peut lui fournir le nécessaire. Ces Peuples, tels que les anciens Germains, & quelques Tartares modernes, qui, habitant des pays fertiles, dédaignent la culture des terres, & aiment mieux vivre de rapines, se manquent à eux mêmes, font injure à tous leurs voisins, & méritent d'être exterminés, comme des bêtes féroces & nuisibles. Il en est d'autres, qui, pour fuir le travail, ne veulent vivre que de leur Chasse & de leurs Troupeaux. Cela pouvoit se faire sans contradiction, dans le premier âge du Monde, lorsque la terre étoit plus que suffisante par elle-même au petit nombre de ses habitans. Mais aujourd'hui que le Genre-humain s’est si fort multiplié, il ne pourroit subsister, si tous les peuples vouloient vivre de cette maniére. Ceux qui retiennent encore ce genre de vie oisif, usurpent plus de terrein qu'ils n'en auroient besoin avec un travail honnête, & ils ne peuvent se plaindre si d'autres Nations, plus laborieuses & trop resserrée, viennent en occuper une partie. Ainsi, tandis que la Conquête des Empires policés du Pérou & du Méxique a été une usurpation criante ; l’établissement de plusieurs Colonies dans le Continent de l’Amérique Septentrionale pouvoit, en se contenant dans de justes bornes, n'avoir rien que de très-légitime. Les peuples de ces vastes contrées, les parcourroient plûtôt qu'ils ne les habitoient.


§.82         Des Gréniers publics.

            L’établissement des Gréniers publics est une excellente Police, pour prévenir la disette. Mais il faut bien se garder de les administrer avec un esprit mercantille, & dans des vûës de profit : On tomberoit alors dans un Monopole, qui, pour être exercé par le Magistrat, n'en seroit pas moins illicite. Ces Gréniers se remplissent dans les tems de grande abondance, & déchargent le Cultivateur des bleds qui lui resteroient, ou qui passeroient chés l’Étranger en trop grande quantité ; Ils s'ouvrent, quand le bled renchérit, & le maintiennent à un juste prix. Si, dans l’abondance, ils empêchent que cette denrée si nécessaire ne tombe aisément à un prix fort bas, cet inconvénient est plus que compensé par le soulagement qu'ils apportent dans les tems de cherté ; ou plûtôt il n'y a point là d'inconvénient. Lorsque le bled se donne à si grand marché, l’Ouvrier est tenté, pour obtenir la préférence, d'établir ses manufactures à un prix, qu'il est obligé de hausser dans la suite, ce qui en dérange le Commerce ; ou bien il s'accoûtume à une aisance, qu'il ne peut soutenir dans les tems plus difficiles. Il seroit avantageux aux Fabriques & au Commerce, que la subsistance des Ouvriers pût se maintenir à un prix modique, & toûjours à-peu-près le même. Enfin les Gréniers publics retiennent dans l’État des bleds, qui en sortiroient à vil prix, & qu'il faudroit faire revenir à grands fraix, dans les années de mauvaise récolte : Ce qui est une perte réelle pour la Nation. Ces Etablissemens n'empêchent pas cependant le Commerce des bleds. Si le pays en produit, année commune, plus qu'il n'en faut pour la nourriture des habitans ; le superflu ne laissera pas de s'écouler au déhors ; mais il y passera à un prix plus soutenu & plus juste.

 

 

 

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