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19 octobre 2006 4 19 /10 /octobre /2006 09:50

Un poète est un monde


Un poète est un monde enfermé dans un homme.
Plaute en son crâne obscur sentait fourmiller Rome;
Mélésigène*, aveugle et voyant souverain
Dont la nuit obstinée attristait l'oeil serein,
Avait en lui Calchas, Hector, Patrocle, Achille;
Prométhée enchaîné remuait dans Eschyle;
Rabelais porte un siècle; et c'est la vérité
Qu'en tout temps les penseurs couronnés de clarté,
Les Shakespeare féconds et les vastes Homères,
Tous les poètes saints, semblables à des mères,
Ont senti dans leurs flancs des hommes tressaillir,
Tous, l'un le roi Priam et l'autre le roi Lear.
Leur fruit croît sous leur front comme au sein de la femme.
Ils vont rêver aux lieux déserts, ils ont dans l'âme
Un éternel azur qui rayonne et qui rit;
Ou bien ils sont troublés, et dans leur sombre esprit
ils entendent rouler des chars pleins de tonnerres.
Ils marchent effarés, ces grands visionnaires.
Ils ne savent plus rien, tant ils vont devant eux,
Archiloque appuyé sur l'iambe boiteux,
Euripide écoutant Minos, Phèdre et l'inceste;
Molière voit venir à lui le morne Alceste,
Arnolphe avec Agnès, l'aube avec le hibou,
Et la sagesse en pleurs avec le rire fou.
Cervantès pâle et doux cause avec don Quichotte;
A l'oreille de Job Satan masqué chuchote;
Dante sonde l'abîme en sa pensée ouvert;
Horace voit danser les faunes à l'oeil vert;
Et Marlowe suit des yeux au fond des bois l'émeute
Du noir sabbat fuyant dans l'ombre avec sa meute.

Alors, de cette foule invisible entouré,
Pour la création le poète est sacré.
L'herbe est pour lui plus molle et la grotte plus douce;
Pan fait plus de silence en marchant sur la mousse;
La nature, voyant son grand enfant distrait,
Veille sur lui; s'il est un piège en la forêt,
La ronce au coin du bois le tire par la manche
Et dit: Ne va pas là! Sous ses pieds la pervenche
Tressaille; dans le nid, dans le buisson mouvant,
Dans la feuille, une voix, vague et mêlée au vent,
Murmure: - C'est Shakespeare et MacBeth! -C'est Molière
Et don Juan! -C'est Dante et Béatrix! - Le lierre
S'écarte, et les halliers, pareils à des griffons,
Retirent leur épine, et les chênes profonds,
Muets, laissent passer sous l'ombre de leurs dômes
Ces grands esprits parlant avec ces grands fantômes.

*Homère


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18 octobre 2006 3 18 /10 /octobre /2006 11:08

Le poème Ozymandias est un sonnet de Percy Bysshe Shelley qui a été écrit en décembre 1817 pendant un concours d'écriture et publié la première fois le 11 janvier 1818. Le nom Ozymandias fait référence au pharaon Ramsès II. Ce sonnet traite un certain nombre de grands thèmes, tels que l'arrogance et la puissance, la permanence de l'art véritable, la vérité émotionnelle et le rapport entre l'artiste et le sujet. Ces thèmes sont explorés avec un langage figuré saisissant. Shelley y exprime son horreur de la tyrannie.
A lire aussi, ce magnifique essai, Défense de la poésie.


Ozymandias

Je rencontrai un voyageur venu d’une terre antique
Qui dit : « deux jambes de pierre vastes et sans tronc
Se dressent dans le désert. Près d’elles, sur le sable,
À moitié enfoncé, gît un visage brisé, dont le froncement de sourcil
Et la lèvre plissée, et le ricanement de froid commandement
Disent que le sculpteur sut bien lire ces passions
Qui survivent encore, empreintes sur ces choses sans vie,
À la main qui les imita et au cœur qui les nourrit.
Et sur le piédestal, apparaissent ces mots :
« Mon nom est Ozymandias, Roi des Rois,
Regardez mes œuvres, ô puissants, et désespérez ! »
Il ne reste rien à côté. Autour de la ruine
De ce colossal débris, infinis et nus,
Les sables solitaires, égaux, s'étendent loin.


 
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7 octobre 2006 6 07 /10 /octobre /2006 09:15
Espérance

Les hommes parlent et rêvent sans cesse de jours futurs meilleurs. On les voit courir et s'élancer vers un but fortuné, un but doré. Le monde vieillit, puis rajeunit, mais toujours l'homme espère une amélioration.

L'espérance l'introduit dans la vie; elle voltige autour de l'enfant joyeux; son charme brillant séduit le jeune homme; elle n'est pas ensevelie avec le vieillard : car, s'il termine, épuisé, sa course dans la tombe, au bord même de cette tombe, il plante encore...l'espérance.

Ce n'est pas une vaine et flatteuse illusion, engendrée dans le cerveau des fous. Au fond du coeur ce cri s'élève et le proclame : "Nous sommes nés pour un état meilleur" et ce que dit la voie intérieure n'abuse pas l'âme qui espère.

La statue de Friedrich Schiller, à Wiesbaden
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3 octobre 2006 2 03 /10 /octobre /2006 09:10

En ouvrant pour la première fois l'
Homère de Chapman* (1816)


J'ai beaucoup voyagé à travers les royaumes dorés,
J'ai vu bien des états et des royaumes magnifiques;
J'ai vogué autour de maintes îles occidentales
Où les bardes restent fidèles au culte d'apollon.
Souvent on m'avait parlé de la vaste étendue
Qu'Homère au front sourcilleux possède pour domaine;
Mais jamais encore je n'avais respiré son souffle pur
Avant d'entendre la voix haute et forte de Chapman.
Alors, je me sentis comme un veilleur des cieux
Lorsqu'une nouvelle planète surgit à portée de sa vue,
Ou comme le vaillant Cortès, quand de son regard d'aigle
Il fixait le pacifique - alors que tous ses hommes
Se regardaient avec un étrange soupçon -
Sans dire un mot, du haut d'un pic du Darien.

*Chapman était un traducteur d'Homère, à l'époque de Shakespeare.

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1 octobre 2006 7 01 /10 /octobre /2006 09:06
Qui est schiller? Cliquez ici ou et encore .



Largeur et profondeur

Bien des gens brillent dans le monde; ils savent parler de tout, et pour apprendre ce qui peut, ici ou là, charmer et plaire, on n'a qu'à les interroger. On croirait, à les entendre parler haut, qu'ils ont vraiment conquis la mariée*.

Et cependant ils sortent du monde sans nul bruit; leur vie a été perdue. Qui veut produire quelque chose d'excellent, enfanter quelque grande oeuvre, qu'il rassemble doucement, sans se lasser, la plus haute force sur le plus petit point.

Le tronc s'élève dans les airs, avec les branches richement éclatantes: les feuilles brillent et exhalent leur arôme; cependant, elles ne peuvent produire de fruits. Le noyau seul, dans un étroit espace, recèle l'orgueil de la forêt, l'arbre.


*Locution proverbiale: signifie qu'ils ont atteint leur but, qu'ils n'ont plus rien à apprendre, à obtenir.


Goethe et Schiller


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14 septembre 2006 4 14 /09 /septembre /2006 08:33
Robert Burns (1759-1796), né à Alloway, en Ecosse, était le fils d'un métayer. C'était un artiste accompli, à la fois poète, parolier et collectionneur de chants écossais traditionnels. Son ceuvre devint populaire auprès de l'élite littéraire d'Édimbourg malgré ses attaques souvent satiriques contre l'establishment. Bien qu'il soit considéré comme le poète national de l'Écosse, ses ceuvres évoquent tellement de thèmes qui constituent l'essence de la condition humaine que sa réputation a inévitablement traversé les frontières. La «nuit de Burns», qui marque l'anniversaire de sa naissance, est ainsi célébrée aux quatre coins du monde tous les ans, en janvier.
Autre poème ici

En dépit de ça

Est-il un homme pauvre, un homme honnête,
Qui, honteux, se cache, et tout ça?
Ce peureux, cet esclave, on ne le connaît pas,
Nous, on ose être pauvre, et tout ça!
Et tout ça, et tout ça;
Le rang n'est que le moule à pièce,
Mais l'or, c'est l'homme, malgré ça.

Peu importe qu'on mange maigre,
Qu'on porte du lin gris, et tout ça;
Donnez donc leur vin aux bandits, et aux idiots leur soie,
Un homme est un homme, malgré ça,
Malgré ça, malgré ça,
Malgré leur faire croire, et tout ça;
L'honnête homme, aussi pauvre qu'il soit,
Est le Roi des hommes, malgré ça.

Voyez ce jeune coq, qu'on appelle un Lord,
Insolent, m'as-tu-vu, et tout ça.
Deux cents faquins sont pendus à ses paroles,
Ce n'est qu'un bouffon malgré ça,
Malgré ça, malgré ça,
Ses rubans, ses étoiles et tout ça,
L'homme à l'esprit indépendant
S'en moque et se rit de tout ça.

Un prince peut faire un seigneur à écharpe,
Un marquis, un duc, et tout ça;
Mais faire un honnête homme est au-dessus de ça,
Il faut la bonne foi, pour ça,
Pour ça, pour ça;
Leurs titres, leurs récompenses, et tout ça,
Le bon sens, l'orgueil de son état,
Sont d'un meilleur rang que tout ça.

Alors prions pour qu'enfin arrive,
Comme il arrivera, malgré tout ça,
Le moment où bon sens et valeur, sur terre,
Emporterons tout et tout ça,
Car malgré tout ça et tout ça,
Le moment arrive, malgré tout ça,
Où l'homme pour l'homme, sur toute la terre,
Sera un frère, en dépit de tout ça.



A Man's A Man For A' That

    Is there for honest poverty
    That hings his head, an a' that?
    The coward slave, we pass him by -
    We dare be poor for a that!
    For a' that, an a' that!
    Our toils obscure, an a' that,
    The rank is but the guinea's stamp,
    The man's the gowd for a' that.

    What though on hamely fare we dine,
    Wear hodden grey, an a' that?
    Gie fools their silks, and knaves their wine -
    A man's a man for a' that.
    For a' that, an a' that,
    Their tinsel show, an a' that,
    The honest man, tho e'er sae poor,
    Is king o men for a' that.

    Ye see yon birkie ca'd a lord,
    Wha struts, an stares, an a' that?
    Tho hundreds worship at his word,
    He's but a cuif for a' that.
    For a' that, an a' that,
    His ribband, star, an a' that,
    The man o independent mind,
    He looks an laughs at a' that.

    A prince can mak a belted knight,
    A marquis, duke, an a' that!
    But an honest man's aboon his might -
    Guid faith, he mauna fa' that!
    For a' that, an a' that,
    Their dignities, an a' that,
    The pith o sense an pride o worth,
    Are higher rank than a' that.

    Then let us pray that come it may
    (As come it will for a' that),
    That Sense and Worth o'er a' the earth,
    Shall bear the gree an a' that.
    For a' that, an a' that,
    It's coming yet for a' that,
    That man to man, the world, o'er
    Shall brithers be for a' that.

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24 août 2006 4 24 /08 /août /2006 12:49
 Henrich Heine
Nouveau printemps, XXII

Je vais parmi les fleurs
Et moi-même m'épanouis;
Je vais comme en un rêve
Et chancelle à chaque pas.

Ô retiens-moi, ma bien-aimée!
Ou dans l'ivresse de l'amour
Je vais tomber à tes pieds,
Et le jardin est plein de gens.

 
 
 
 
 
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3 juillet 2006 1 03 /07 /juillet /2006 12:18
Un très beau poème de Schiller, composé en 1801, en réponse à Voltaire, qui en 1755 avait ridiculisé Jeanne d'Arc dans son livre la pucelle.
Schiller a aussi écrit une magnifique tragédie, la pucelle d'Orléans.


La pucelle d'Orléans

Pour ravaler la noble image de l'humanité, la raillerie t'a traîné dans la plus épaisse poussière: l'esprit moqueur est en lutte éternelle avec le beau; il ne croit ni à l'ange, ni au dieu; il veut ravir au coeur ses trésors, il combat l'espérance et blesse la foi.
Mais, issue, comme toi-même, d'une race candide, pieuse bergère comme toi, la Poésie te tend sa main divine; elle s'élance avec toi vers les astres éternels. Elle t'a entourée d'une auréole; le coeur t'a crée, tu vivras immortelle.
Le monde aime à noircir ce qui rayonne et à traîner le sublime dans la poudre. Mais sois sans crainte! Il est encore de belles âmes qui s'enflamment pour ce qui est élevé et grand. Que Momus1 divertisse la halle bruyante; un noble esprit aime de plus nobles figures.


1.
Momus, dieu de la raillerie, des "malicieuses critiques et des bons mots". Ce dieu est représenté levant son masque, et tenant à la main une marotte, symbole de la folie.
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27 juin 2006 2 27 /06 /juin /2006 17:49

Tout objet de beauté est une joie éternelle. Le charme en croît sans cesse : jamais il ne glissera dans le néant, mais il gardera toujours pour nous une paisible retraite, un sommeil habité de doux songes, plein de santé et qui paisiblement respire. Aussi, chaque matin, tressons-nous des guirlandes de fleurs pour mieux nous lier à la terre, malgré les désespoirs et la cruelle disette de nobles natures, malgré les sombres journées et tous les sentiers malsains et enténébrés ouverts à notre quête. Oui, malgré tout cela, une forme de beauté écarte le suaire de nos âmes endeuillées. Tels sont le soleil, la lune, les arbres vieux ou jeunes qui offrent le bienfait de leurs printaniers ombrages aux humbles brebis : tels sont encore les narcisses et le monde verdoyant où ils se logent, les ruisseaux limpides qui se bâtissent un frais couvert en vue de l'ardente saison...

 

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9 juin 2006 5 09 /06 /juin /2006 11:16
Un petit extrait du très beau livre Quatre-vingt-treize, de Victor Hugo.

"Un réveil d'enfants, c'est une ouverture de fleurs; il semble qu'un parfum sorte de ces fraîches âmes (...) Ce qu'un oiseau chante, un enfant le jase. C'est le même hymne. Hymne indistinct, balbutié, profond. L'enfant a de plus que l'oiseau la sombre destinée humaine devant lui. De là la tristesse des hommes qui écoutent, mêlée à la joie du petit qui chante. Le cantique le plus sublime qu'on puisse entendre sur terre, c'est le bégaiement de l'âme humaine sur les lèvres de l'enfance. Ce chuchotement confus d'une pensée qui n'est encore qu'un instinct contient on ne sait quel appel inconscient à la justice éternelle; peut-être est-ce une protestation sur le seuil avant d'entrer; protestation humble et poignante; cette ignorance souriant à l'infini compromet toute la création dans le sort qui sera fait à l'être faible et désarmé. Le malheur, s'il arrive, sera un abus de confiance.
Le murmure de l'enfant, c'est plus et moins que la parole; ce ne sont pas des notes, et c'est un chant; ce ne sont pas des syllabes, et c'est un langage; ce murmure a eu son commencement dans le ciel et n'aura pas de fin sur terre; il est d'avant la naissance, et il continue; c'est une suite. Ce bégaiement se compose de ce que l'enfant disait quand il était ange et de ce qu'il dira quand il sera homme; le berceau a un Hier, de même que la tombe a un Demain; ce demain et cet hier amalgament dans ce gazouillement obscur leur double inconnu; et rien ne prouve Dieu, l'éternité, la responsabilité, la dualité du destin, comme cette ombre formidable dans cette âme rose".
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