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7 octobre 2008 2 07 /10 /octobre /2008 19:16
Franklin Delano Roosevelt
Looking Forward
Le regard vers demain


The John Day Company, New York - Imprimé en mars 1933


Chapitre Deux : La nécessité de la planification économique (autres chapitres)

 

   Les preuves du changement de notre ordre social sont si nombreuses, si tragiques dans certaines de leurs conséquences, et si clairement indicatives de la nécessité d'user de bon sens dans la préparation de tous nos projets pour le futur, que nous ne pouvons nous permettre aucune querelle quant au patriotisme et à l'entier dévouement dont devront faire preuve tous ceux qui auront reçu mandat de gouverner, de légiférer ou d'administrer les affaires du peuple.


   Notre condition présente peut s'exprimer, pour chaque industrie et profession, sous forme de statistiques, courbes et graphiques. Nous pourrions présenter nos espérances futures de la même manière. Ces méthodes sont certainement nécessaires, cependant je préfère, pour ce sujet, vous parler de nos problèmes de planification d'un point de vue plus humain quoique tout aussi fidèle.


   Ce point de vue intéresse peut-être plus les hommes et femmes qui éprouvent un vif intérêt pour le bonheur, comme le sont tous ceux qui se trouvent dans la pleine force de leur ambition, de leur santé et de leur jeunesse. Je veux parler de ceux qui viennent de finir leurs études et qui se préparent à prouver la valeur du système d'éducation le plus élaboré, y compris en ce qui concerne la formation du caractère, que le monde ait jamais connu.


   En parlant d'eux, je pense mieux exprimer l'attitude de jeunesse vigoureuse que doivent maintenir ceux d'entre nous que concerne la planification nationale, si nous souhaitons que nos plans aient un quelconque intérêt autant pour nous que pour les générations à venir.


   Si, il y a quatre ans, ils avaient entendu et cru les nouvelles de l'époque, ils auraient pu espérer de bon droit prendre leur place dans la société en bénéficiant de suffisamment de biens matériels, envisager de s'installer dans leur propre maison dans un délai assez court, chacune (à en croire les politiciens de l'époque) avec un double garage, et sans grand effort pourvoir aux nécessités et agréments de la vie pour eux et leur famille, sans oublier d'épargner pour le futur.


   En fait, s'ils avaient été observateurs, ils auraient remarqué que nombre de leurs aînés avaient découvert une voie vers le succès matériel encore plus facile – ils avaient trouvé qu'après avoir épargné quelques dollars ils leur suffisaient de les placer au bon endroit puis de s'asseoir confortablement et de lire les hiéroglyphes appelés cotations boursières, qui proclamaient que leurs richesses augmentaient miraculeusement sans aucun travail ni effort de leur part. Beaucoup de ceux qui s'appelaient – et qui aiment encore s'appeler eux-mêmes – les dirigeants de la finance se réjouissaient et nous garantissaient un éternel futur à ce mode de vie en chaise-longue. Et se prêtèrent à la stimulation de la foi en cette éblouissante chimère non seulement les voix de certains de nos principaux responsables publics, mais encore leur influence et l’aide matérielle des instruments gouvernementaux qu’ils contrôlaient.


   Comme le paysage qui nous entoure est tristement différent. Si seul le mirage avait disparu, nous ne nous en plaindrions pas, nous ne nous en porterions que mieux. Mais avec lui s’est évanoui non seulement le profit facile de la spéculation, mais aussi l’essentiel de l’épargne d’hommes et de femmes économes et prudents, mise de côté pour leur retraite et l’éducation de leurs enfants. Avec cette épargne a aussi disparu, chez des millions de nos concitoyens, ce sentiment de sécurité auquel ils pensaient avec raison avoir droit dans un pays abondamment pourvu de ressources naturelles et des capacités productives capables de les convertir en moyens de vivre pour toute la population. Et plus calamiteux encore, s’est évaporée avec cet espérance de sécurité future la certitude du pain, du vêtement et de l’abri de chaque jour.


   La plupart des jeunes de ce pays, formés et parés pour le travail du monde, se trouvent soit incapable de trouver leur place dans une entreprise productive, soit extrêmement inquiets pour leur futur – si tant est qu’il y en ait un – s’ils ont eu assez de chance pour trouver une occupation rémunératrice.


   Ils ont bon espoir, bien entendu. On a beaucoup écrit sur l’espoir de la jeunesse, mais je préfère souligner une autre qualité. J’espère qu’un grand nombre d’entre eux a été entraîné à poursuivre sans relâche les vérités et à les examiner courageusement. J’espère qu’ils feront face au malheureux état du monde autour d’eux avec une meilleure clarté de vue que la plupart de leurs aînés.


   Et lorsqu’ils auront pris connaissance de ce monde dans lequel ils s’apprêtent à devenir une part active, je ne doute pas qu’ils auront été impressionnés par son chaos, son manque de perspective. Cette échec de notre société à mesurer les véritables valeurs et à préparer l’avenir est vraie pour à peu prêt chaque industrie, chaque profession, chaque mode de vie. Prenez, par exemple, la vocation à l’éducation publique elle-même.


   Ceux qui auront l’intention de suivre la carrière de l’enseignement s’apercevrons que les universités, les facultés et les écoles normales de notre pays produisent beaucoup plus de professeurs que ce que peuvent absorber ou utiliser nos écoles. Le nombre d’enseignants nécessaires à la nation est relativement stable, peu affecté par la dépression et peut être tout à fait correctement estimé à l’avance eut égard à la croissance de notre population. Et pourtant, nous avons continué à ajouter de nouveaux cursus et à accepter tous jeunes hommes et femmes dans ces cursus sans aucune pensée ou considération à l’égard de la loi de l’offre et de la demande. Dans le seul état de New-York, par exemple, il y a au moins sept mille professeurs qualifiés sans emploi, incapables de gagner leur vie dans la profession qu’ils ont choisie, pour la simple raison que personne n’a eu l’intelligence ou la prévoyance de les prévenir lors de leur jeune âge que la profession d’enseignant était gravement excédentaire.


   Considérez, de même, la carrière légale. Le sens commun nous indique que nous avons beaucoup trop d’avocats et que des milliers d’entre eux, bénéficiant pourtant d’une formation sans défaut, n’obtiennent de leur métier que de quoi vivoter ou sont forcés à arrondir leurs fins de mois dans des métiers manuels, ou encore à changer de branches professionnelles afin d’éviter de devenir dépendants de la charité publique. Les universités, les barreaux, les cours elles-mêmes ne se sont que peu préoccupés de faire connaître cette situation aux jeunes gens qui envisageaient de joindre l’une des écoles de droit parmi la multitude existante. Ici encore, c’est la complète absence de prévision et de préparation qui est remarquable.


   De la même manière, il nous est impossible d’examiner sérieusement l’histoire de notre progression industrielle sans être frappés par sa désorganisation, par l’immense gaspillage réalisé – tels que les duplications superflues d’usines, la mise à la ferraille continuelle d’équipements encore utiles, l’impressionnante mortalité des jeunes entreprises industrielles et commerciales, les milliers de projets mort-nés vers lesquels furent attirées les entreprises, la débauche de ressources naturelles gaspillées.


   Une grande partie de ce gaspillage est le résultat inévitable du progrès d’une société qui accorde une grande valeur à l’effort individuel et qui est susceptible de subir les changements de goûts et d’habitude de la population qui la compose. Mais il aurait pu être évité en grande partie par de meilleures prévisions et de meilleures mesures de planification sociale.


   Ces forces de contrôle et de direction, qui se sont développées depuis quelques années, se trouvent dangereusement accaparées par des groupes ayant des intérêts particuliers dans notre ordre économique, intérêts qui ne coïncident pas avec les intérêts de l’ensemble de la nation. Je crois que notre histoire récente a démontré que, bien que nous puissions utiliser leurs expertises de certains problèmes et les capacités spéciales avec lesquelles ils sont familiers, nous ne pouvons permettre que notre vie économique soit contrôlée par ce petit groupe d’hommes dont l’idée essentielle qu’ils se font de l’intérêt général est voilée par le fait qu’ils peuvent obtenir des profits immenses en prêtant de l’argent et en vendant des actions – idée qui mérite les adjectifs « égoïste » et « opportuniste ».


   Il y a dans notre situation économique présente une ironie tragique. Nous n’en sommes pas arrivés là à cause d’une calamité naturelle – des sécheresses, des inondations, des tremblements de terre, ou la destruction des nos forces productives ou de notre main-d’œuvre. Nous bénéficions d’une surabondance de matières premières, d’équipements pour en fabriquer les biens dont nous avons besoins, et de moyens de transports et de commercialisations pour les rendre disponibles à tous ceux qui en auraient besoin. Une grande partie de ces fabriques et de ces structures est à l’arrêt, pendant que des millions d’hommes et de femmes intelligents et aptes au travail, privés de tout, réclament l’opportunité de travailler. Notre capacité à faire fonctionner le système économique que nous avons créé est mise au défi. [...]

 

Suite ici.



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22 septembre 2008 1 22 /09 /septembre /2008 16:24
    Chers lecteurs,
    voici un documentaire extraordinaire, d'une durée d'environ 1h30, dont le projet est de donner aux visionneurs une vue d'ensemble sur le combat entre les deux principales traditions économiques de cette planète.
    D'une qualité exceptionnelle et d'une richesse remarquable, vous devriez pouvoir y trouver des réponses aux questions urgentes que nous pose la désintégration financière internationale en cours.
    Voici la présentation qu'en donnent les auteurs sur Dailymotion :


    "Ce film a été réalisé par les membres du mouvement de jeunes de LaRouche aux Etats-Unis (LYM). Il est présenté ici avec un sous-titrage en français.

    Il dépeint le combat entre Système Américain et Empire Britannique, particulièrement à travers Lincoln, la guerre de sécession, jusqu'à la convention démocrate de 1932 où Roosevelt fut finalement nominé candidat.

    Le sous-titrage à été réalisé par Solidarité et Progrès, le parti politique français dirigé par Jacques Cheminade.

    Pour en savoir plus sur notre bataille et nos propositions politiques, autant en France qu'aux Etats-Unis, rendez-vous sur www.solidariteetprogres.org ."


    Bon visionnage.



1932 - le Système Américain contre l'Empire Britannique
envoyé par Solidarite_et_Progres
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22 septembre 2008 1 22 /09 /septembre /2008 12:11

Franklin Delano Roosevelt
Looking Forward
Le regard vers demain


The John Day Company, New York - Imprimé en mars 1933




Chapitre Un : Réexamen de nos valeurs (autres chapitres)
   
    La question centrale du gouvernement a toujours été de savoir si les individus doivent servir un système, qu'il soit de gouvernement ou économique, où s'il existe un système, économique et de gouvernement, voué à servir les individus.

    Cette question a dominé avec persistance les discussions sur le gouvernement durant de nombreuses générations. A ce sujet, les hommes se sont opposés, et il est probable que pour longtemps encore ils s'opposeront.

    Mais il n'est donné à aucun homme d'avoir le dernier mot ; cependant nous pouvons encore espérer le changement et le progrès. La Démocratie, comme l'a décrite Meredith Nicholson, est une quête, une recherche permanente de ces choses et un combat pour les obtenir. Plusieurs routes s'offrent à nous. Si nous les suivons, nous nous apercevons qu'elles ne nous dirigent que vers deux directions générales. La première vers le gouvernement au bénéfice d'un petit nombre, et la seconde vers le gouvernement au bénéfice du grand nombre.

    L'apparition des gouvernements nationaux d'Europe a été le fruit d'un combat pour le développement d'une force centralisée dans la nation, suffisamment puissante pour imposer la paix aux baronnies régnantes. Dans la plupart des cas, la victoire du gouvernement central, la création d'un gouvernement centralisé puissant, fut un refuge pour l'individu. Le peuple préférait le grand maître lointain à l'exploitation et à la cruauté du petit maître local.

    Mais les créateurs de gouvernements nationaux étaient par force impitoyables. Leurs méthodes étaient souvent cruelles, cependant ils s'efforcèrent avec constance d'obtenir ce dont la société avait besoin et qu'elle désirait puissamment – un état central fort, capable de maintenir la paix, d'éradiquer la guerre civile, de remettre à sa place le noble indiscipliné et de permettre à la majorité des individus de vivre en sûreté.

    L'homme à la puissance inflexible a eu sa place dès lors qu'il s'agissait de développer un pays précurseur, de même que lorsqu'il s'agissait d'assurer le pouvoir du gouvernement centralisé au cours du développement des nations. La société l'a largement récompensé pour ses services en faveur de son progrès. Cependant, lorsque les développements des différentes nations furent achevés, l'ambition et l'inflexibilité, ayant remplis leur mission, eurent tendance à sortir de leurs limites.

    C'est alors qu'apparut le sentiment grandissant que le gouvernement était dirigé au bénéfice d'un petit nombre, prospérant indûment au détriment de tous. Le peuple rechercha des moyens d'équilibrage, de limitation. Apparurent alors graduellement, grâce aux assemblées urbaines, aux guildes commerciales, aux parlements nationaux, aux constitutions,  au contrôle et à la participation populaire, les limitations au pouvoir arbitraire. Un autre facteur tendant à limiter le pouvoir des dirigeants fut la montée en puissance de la conception éthique selon laquelle le dirigeant est responsable du bonheur de ses sujets. Les colonies américaines naquirent de cette lutte. La révolution américaine en fut un point d'inflexion majeur. A la suite de la révolution, cette lutte continua et devint partie intégrante de la vie publique ce pays.

    Il y en eu qui, ayant assisté à la confusion qui accompagna les années de guerre pour l'indépendance américaine, se soumirent a l'idée que le gouvernement populaire est essentiellement dangereux et fondamentalement impossible à faire fonctionner. Ces penseurs étaient – généralement – honnêtes, et nous ne pouvons nier que leurs expériences rendaient légitimes certaines de leurs inquiétudes.

    Le représentant le plus brillant, honnête et compétent de ce point de vue était Hamilton. Il était trop impatient pour supporter les lentes procédures. Fondamentalement, il était convaincu que la sûreté de la république reposait dans la force autocratique de son gouvernement, que le destin des individus était de servir ce gouvernement, et qu'un grand et solide groupe d'institutions centrales, guidées par  un petit nombre d'hommes capables et voués au service public, serait le mieux à même de diriger l'ensemble du gouvernement.

    Mais Jefferson, durant l'été de 1776, après avoir rédigé la Déclaration d'Indépendance, tourna son esprit vers le même problème et suivit un chemin différent. Il ne se laissa pas tromper par les apparences extérieures. Pour lui, le gouvernement n'était que le moyen d'atteindre un but, et non pas le but lui-même ; il pouvait aussi bien être un refuge et un soutien qu'une menace et un danger, en fonction des circonstances. Le voici analysant soigneusement la société pour laquelle il allait devoir organiser un gouvernement :

    " Nous n'avons pas de pauvres – la grande masse de notre population est composée de travailleurs, nos riches ne peuvent vivre qu'en travaillant, qu'ils soient manuels ou professionnels, sont peu nombreux et d'une richesse modeste. L'essentiel de la classe travailleuse est propriétaire, cultive sa propre terre, élève une famille, et est capable pour fruit de son travail d'obtenir des riches et des compétents des salaires suffisants leur permettant de se nourrir abondamment, de s'habiller au delà de la simple décence, de travailler modérément et d'élever leur famille. "

    Ces gens, considérait-il, ont deux système de droits, ceux s'attachant à la "compétence personnelle" et ceux impliqués dans l'acquisition et la possession de propriété. Il entendait par "compétence personnelle" le droit de libre pensée, la liberté de former et d'exprimer  des  opinions et la liberté d'organiser sa vie personnelle, chacun selon ses propres lumières.

    Afin de garantir ce premier système de droits, un gouvernement se doit d'organiser ses fonctions de manière à ne pas empiéter sur le domaine individuel. Mais même Jefferson réalisa que l'exercice du droit de propriété risquait tant d'empiéter sur les droits individuels que le gouvernement, sans l'assistance duquel le droit de propriété n'existerait pas, devait intervenir, non pour détruire l'individualisme, mais pour le protéger.

    Nous connaissons tous le grand duel politique qui s'ensuivit ; et comment Hamilton et ses amis, travaillants à l'élaboration d'un pouvoir dominant et centralisé, furent finalement vaincus par le parti de Jefferson lors de la grande élection  de 1800. De ce duel naquirent les deux partis, le parti Républicain et le parti Démocratique, tels que nous les connaissons aujourd'hui.

    Ainsi débuta, dans la vie politique américaine, le jour nouveau, celui de l'individualisme contre le système, celui où l'individualisme devint le terme de référence de la vie américaine. Les conditions économiques les plus heureuses en firent un jour long et splendide. Sur la frontière occidentale, les terres étaient en général libres. Nul ne se trouvait entièrement sans opportunité de gagner sa vie, s'il ne reculait pas devant la tâche. Les dépressions pouvaient passer, passèrent, mais elles ne purent altérer ce fait fondamental, que l'essentiel du peuple vivait partie en vendant son travail et partie en tirant du sol ses moyens de subsistance, de sorte que famine et dislocation étaient pratiquement impossibles. Dans les pires situations, il restait toujours la possibilité de monter dans un chariot bâché et de partir vers l'Ouest, où les prairies vierges accueillaient les hommes à qui l'Est avait refusé une place.

    Nos ressources naturelles étaient si immenses que nous pouvions non seulement offrir ce secours à notre peuple, mais encore aux affligés du monde entier. Nous pouvions appeler d'Europe l'immigration, et l'accueillir à bras ouvert.

    Chaque fois qu'une dépression apparaissait, une nouvelle portion de territoire était ouverte à l'ouest. Cela devint une tradition. De sorte que même nos malheurs temporaires servirent à notre destinée manifeste.

    Puis une nouvelle force fut libérée, un nouveau rêve fut créé, au milieu du dix-neuvième siècle. Cette force était ce qu'on appelle la révolution industrielle, avec le progrès de la vapeur et des machines et l'apparition des précurseurs des sites industriels modernes. Ce rêve était celui d'une machine économique, capable d'élever les standards de vie pour tous, de mettre le luxe à la portée des plus humbles, d'annihiler les distances grâce à la puissance de la vapeur et plus tard de l'électricité, et de libérer tout le monde de la corvée du travail manuel pénible.

    L'on pouvait s'attendre à ce que cette force et ce rêve aient nécessairement une influence sur le gouvernement. Jusqu'à présent, le gouvernement n'avait simplement été appelé que pour produire les conditions dans lesquelles les gens puissent vivre avec bonheur, travailler paisiblement et se reposer en sûreté. Il était maintenant sollicité pour aider à la consommation de ce nouveau rêve. Mais sur ce rêve, cependant, planait une ombre. Le réaliser demandait l'utilisation des talents d'hommes à la volonté et à l'ambition formidables, puisque d'aucune autre manière ne pouvaient être résolus les problèmes de financement, d'ingénierie et de nouveaux développements.

    Les avantages de l'âge de la machine étaient cependant si évidents, que les Etats-Unis acceptèrent avec courage, joie et, je pense, raison de prendre l'amer avec le doux. L'on pensait alors qu'aucun prix n'était trop élevé pour les avantages que l'on pouvait tirer d'un système industriel complètement développé.

    L'histoire du dernier demi-siècle est en conséquence et dans une large mesure une histoire de titans financiers, dont les méthodes n'étaient pas examinées avec trop d'attention et qui étaient honorés en proportion des résultats produits, sans regards pour les moyens utilisés. Les financiers qui emmenèrent les rails jusqu'au Pacifique, par exemple, étaient toujours impitoyables, souvent gaspilleurs et fréquemment corrompus, mais ils construisirent les voies ferrées et nous en disposons aujourd'hui. Il a été estimé que l'investisseur américain a payé le système ferroviaire américain plus de trois fois sa valeur au cours de sa construction, mais malgré ce fait il reste pour les Etats-Unis un avantage net.

    Tant que nous eûmes des terres libres, tant que la population augmenta par  vagues de millions, tant que nos usines ne suffirent pas à satisfaire nos besoins, la société fit le choix de donner à l'homme ambitieux toutes libertés et des récompenses illimitées, pourvu seulement qu'ils produisent le matériel économique tant désiré.

    Tant que durait la période d'expansion économique, il y avait pour tous égalité d'opportunité économique, et l'affaire du gouvernement n'était pas de se mêler mais de soutenir le développement de l'industrie. Et cela à la demande même des hommes d'affaires. Les tarifs avaient à l'origine été imposés en vue de "promouvoir les industries naissantes", phrase qui rappellera aux plus âgés de mes lecteurs une controverse politique pas si vieille que ça.

    Les voies ferrées furent subventionnées, parfois avec de l'argent, souvent par le don de terres. Quelques uns des terrains pétrolifères les plus prometteurs furent donnés afin de soutenir le financement de la voie ferrée qui avançait par le sud-ouest. La marine marchande balbutiante fut soutenue soit par financement, soit par les subsides du transport postal, afin que nos navires à vapeurs puissent parcourir les sept mers….

    Nous ne voulons pas que le gouvernement se mêle des affaires. Mais nous devons prendre en compte les implications du passé. Cela a pendant longtemps été une doctrine américaine que le gouvernement ne doit pas se lancer dans les affaires en compétition avec des entreprises privées, cependant le milieu des affaires s'est fait une tradition de demander au gouvernement la mise à disposition privée de toutes sortes d'assistance gouvernementale.

    Le même homme qui déclare qu'il ne veut pas voir le gouvernement se mêler des affaires – et il le pense et a plein de bonnes raisons pour cela – est le premier à filer à Washington demander au gouvernement un tarif prohibitif pour protéger ses produits. Et lorsque les choses se gâtent suffisamment – comme en 1930 – il ira à une vitesse égale réclamer au gouvernement des Etats-Unis un prêt. C'est pour cela qu'a été créé la Reconstruction Finance Corporation.

    Chaque groupe a sollicité la protection du gouvernement pour ses intérêts particuliers sans s'apercevoir que la fonction du gouvernement ne doit pas être de favoriser tel ou tel groupe au dépend de son devoir de défendre les droits à la liberté individuelle et à la propriété privée de tout ses citoyens.

    Nous pouvons voir maintenant rétrospectivement que le changement de marée s'est produit en même temps que le changement de siècle. Nous avions alors atteint notre dernière frontière ; il n'y avait plus de terres libres et nos cartels industriels étaient devenus de grands centres de pouvoir incontrôlés et irresponsables au sein même de l'état.

    Des hommes avisés virent avec effroi le danger que les chances d'opportunité ne soient plus égales ; que les corporations grandissantes, à l'instar du baron féodal de l'ancien temps, puissent menacer la liberté économique des individus à gagner leur vie. C'est alors que naquirent les lois anti-cartels.

    Un cri s'éleva contre les grandes corporations. Théodore Roosevelt, le premier grand progressiste républicain, mena le combat autour des questions de décartellisations durant la campagne présidentielle, et discuta franchement de ces malfaiteurs qui disposent d'une immense fortune. Selon lui, si le gouvernement devait avoir une politique à ce sujet, il ferait bien de faire marche arrière, de détruire les grands cartels et de revenir au temps où chaque homme était propriétaire de sa petite affaire individuelle. Mais c'était impossible. Théodore Roosevelt, abandonnant cette idée de décartellisation, fut forcé de trouver le moyen de faire une différence entre les "bons" et les "mauvais" cartels. La Cour Suprême mis en œuvre la fameuse "règle de raison", selon laquelle il semble qu'elle ait voulu affirmer que la concentration de puissance industrielle était tolérable si les moyens de l'obtenir et l'usage qui en était fait étaient raisonnables.

    Cette situation fut examinée avec plus de clairvoyance par Woodrow Wilson, élu en 1912. Là où Jefferson craignait que le pouvoir politique n'empiète sur la vie des individus, Wilson compris que le nouveau pouvoir était financier. Il vit dans le système économique hautement centralisé le despote du vingtième siècle, duquel dépendait pour leur sûreté et leur gagne-pain de grandes masses d'individus, et dont l'irresponsabilité et l'avidité (si laissés sans contrôle) conduiraient ceux-ci à la famine et à la pénurie.

    La concentration des puissances financières n'était pas rendue aussi loin en 1912 qu'aujourd'hui, mais elle était assez avancée pour que Wilson en comprenne pleinement les implications. La lecture de ses discours est intéressante de ce point de vue. Ce qui est décrit comme "radical" de nos jours (et j'ai de bonnes raisons de savoir de quoi je parle) est bien doux, comparé à ce qu'on entendait lors de la campagne présidentielle de Wilson.

    "Nul ne peut nier", disait-il, "que les frontières de l'entrepreneuriat se sont de plus en plus rétrécies et durcies ; il n'a pu échapper à quiconque ayant quelque connaissance du développement  d'industrie dans ce pays que les types de crédits les plus larges sont de plus en plus difficiles à obtenir, sauf à les obtenir sous condition d'unir ses efforts à ceux qui contrôlent déjà l'industrie du pays, et personne ne peut manquer de constater que tout homme qui tenterait de se mettre en compétition avec des processus manufacturiers établis sous le contrôle de grandes associations de capitaux se trouvera rapidement soit éjecté soit forcé de vendre et de finir absorbé."

    Si la guerre mondiale n'avait pas eu lieu – si Wilson avait pu consacrer les huit années de ses mandats aux affaires intérieures plutôt qu'internationales – nous aurions pu nous trouver aujourd'hui dans une situation complètement différente. Malheureusement, le lointain grondement d'alors des canons européens, devenant de plus en plus fort, le força à abandonner l'examen de cette question. Ce problème qu'il vit si clairement nous est transmis en héritage ; et aucun d'entre nous de quelque parti que ce soit ne peut nier qu'il s'agit d'un sujet d'inquiétude majeur pour le gouvernement.

    Un simple coup d'œil à la situation d'aujourd'hui n'indique que trop clairement que l'égalité d'opportunité telle que nous la connaissions a disparue. Notre système industriel est construit. Il n'est besoin pour le constater d'autre preuve que ce que nous avons devant les yeux chaque jour. Néanmoins, examinons notre histoire récente et les aspects économiques simples, ceux dont vous, moi et les hommes et femmes du pays parlent.

    Dans les années antérieures à 1929 nous savons que ce pays a bouclé un vaste cycle de construction et d'inflation ; pendant dix années, nous nous sommes développés sous prétexte de réparer les pertes de la guerre, mais en réalité nous sommes allés largement au delà de cet objectif, et bien au delà de notre besoin de croissance naturelle et normale. Durant cette période, les froid chiffres de la finance nous prouvent qu'il n'y eu que peu, ou pas du tout, de baisse des prix pour les consommateurs, bien que les mêmes chiffres nous montrent que les coûts de production s'effondrèrent ; durant cette période, les profits des entreprises furent énormes ; dans le même temps, la portion de profit vouée à la baisse des prix fut minuscule. Le consommateur fut oublié. Il n'y eu quasiment pas d'augmentation salariale ; le travailleur fut oublié, et qu'on le tourne d'une manière où d'une autre, la proportion reversée sous forme de dividendes ne fut certainement pas adéquate – l'actionnaire fut oublié.

    Incidemment, il est à noter que sur ces profits, l'impôt et les taxes du gouvernement de l'époque furent très légers.

    Quel fut le résultat de ce processus ? Les excédents énormes des entreprises s'accumulèrent – une accumulation sans précédent dans l'histoire. Ces excédents furent dirigés dans deux directions principales : premièrement, vers la construction de nouvelles et inutiles usines que l'on voit maintenant immobiles et sinistres ; et deuxièmement, dans le marché de crédit au jour le jour de Wall Street, soit directement par les entreprises, soit indirectement au travers des banques.

    Puis vint le krach. Les excédents investis dans les usines inutiles furent immobilisés. Les gens perdirent leur travail ; le pouvoir d'achat s'évapora ; les banques prirent peur et commencèrent à demander le recouvrement des prêts. Celles qui avaient de l'argent n'osaient plus s'en séparer. Le marché de crédit se contracta. L'industrie stoppa. Le commerce déclina, et le chômage augmenta.

    Traduisez tout cela, selon vos connaissances, en termes humains. Regardez comment les évènements des trois dernières ont touché des groupes spécifiques de citoyens. Premièrement, le groupe dépendant de l'industrie ; deuxièmement, le groupe dépendant de l'agriculture ; troisièmement, le groupe composé en grande partie de membres du premier et du deuxième – les "petits investisseurs et épargnants". Rappelez-vous que les liens les plus solides existent entre ces deux groupes, l'industriel et l'agricole, en ce que l'épargne et dans une certaine mesures les placements de chacun se trouvent liés dans ce troisième groupe – et constituent la structure de crédit de la nation. Nous savons tous ce qui est arrivé à cette structure.

    Mais revenons à notre problème principal – le fait que l'égalité d'opportunité, telle que nous l'avons connue, n'existe plus. Posons-nous la question économique suivante, tragiquement évidente : où est passée l'opportunité ? Devons-nous l'abandonner, elle qui tout au long de notre histoire a été notre salut ?

    Il y a longtemps que notre dernière frontière a été atteinte, et il ne reste pratiquement plus de terres libres. Plus de la moitié de la population ne vit ni dans une ferme ni à la campagne, et ne peut donc tirer ses moyens d'existence de la culture de sa propriété. La soupape de sécurité que constituaient les prairies de l'ouest, vers lesquelles tous ceux qui se retrouvaient privé de travail par les machines économiques pouvaient aller pour y tenter un nouveau départ, n'existe plus. Nous ne sommes plus capables d'inviter les immigrants d'Europe à venir partager notre abondance sans fin, et ne pouvons offrir qu'une terne existence à notre propre peuple.

    Notre manie de constamment augmenter nos tarifs douaniers s'est finalement retournée contre au point de nous fermer la frontière canadienne au nord, les marchés européens à l'est, la plupart de nos marchés latino-américains au sud et une grande proportion de nos marchés pacifiques à l'ouest, pour cause de riposte tarifaire de la part de ces pays et régions. Cela a forcé la plupart de nos grandes institutions industrielles, qui exportaient leur surplus vers ces pays, à faire construire des usines à l'intérieur des murailles douanières de ces derniers. Il en résulta la réduction des opérations de leurs usines américaines et des opportunités d'emplois.

    L'opportunité en affaires s'est encore rétrécie depuis l'époque de Wilson, de même que la liberté de se lancer dans l'agriculture a disparu. Il est encore vrai que des hommes peuvent lancer de petites entreprises, faisant confiance à leur perspicacité naturelle et à leur capacité à se tenir au courant de leurs concurrents ; mais des secteurs entiers l'un après l'autre ont été totalement préemptés par les grandes sociétés, et même dans des secteurs n'ayant pas trop de problèmes le petit entrepreneur commence avec un handicap. Les froides statistiques des trois dernières décades montrent que le petit entrepreneur indépendant cours une course perdue d'avance. Il sera peut-être acculé ; peut-être ne pourra-t-il obtenir de crédits ; peut-être sera-t-il "éjecté", selon le mot de Wilson, par les sociétés concurrentes très organisées, comme vous le dira l'épicier du coin de la rue.

    Une étude précise sur la concentration des affaires aux Etats-Unis a été récemment réalisée. Elle montre que jusqu'à maintenant notre vie économique a été dominée par environ six-cent sociétés qui contrôlent les deux-tiers de l'industrie américaine. Dix millions de petits entrepreneurs se partagent le dernier tiers.

    Plus frappant encore, il apparaît que si le processus de concentration se poursuit à la même vitesse, alors la fin du siècle verra l'industrie américaine sous le contrôle d'une douzaine de sociétés et dirigé par peut-être une centaine de personnes. Pour parler franchement, nous filons à pleine vapeur vers l'oligarchie économique, si nous n'y somme pas déjà arrivé.

    Tous cela nous appelle clairement à réexaminer nos valeurs. Le constructeur de nouvelles usines, le développeur de nouveaux réseaux ferroviaires, l'organisateur de nouvelles entreprises, peut tout aussi bien être une menace qu'un bénéfice. Le temps des grands développeurs ou des titans financiers, à qui nous accordions tous pourvu qu'ils construisissent ou qu'ils développassent, est fini.

    Nos tâches dorénavant ne sont plus la découverte ou l'exploitation de ressources naturelles ni forcément la production de plus de nouveaux biens, mais celles plus sérieuses et moins spectaculaires de l'administration des ressources et des usines déjà disponibles, de l'effort en vue de rouvrir les marchés extérieur pour nos productions en surplus, de la résolution du problème de la sous-consommation ou de l'ajustement de la production à la consommation, de la distribution plus équitable des richesses et des produits, de l'adaptation de l'organisation économique existante afin de mieux servir le peuple.

    De même que par le passé le gouvernement central fût d'abord un refuge puis devint une menace, aujourd'hui au sein de notre système économique l'ambitieuse et centrale unité financière n'est plus un serviteur de la volonté nationale mais un danger. Je voudrai même pousser plus loin ce parallèle : nous ne croyons pas que, parce que le gouvernement était devenu un danger au dix-huitième siècle, nous aurions dû en conséquence abandonner le principe du gouvernement national.

    Nous ne devrions non plus abandonner le principe des solides unités économiques appelées sociétés pour la seule raison que leurs puissances peuvent être facilement détournées. En d'autres temps, nous avons affronté le problème de l'excès d'ambition du gouvernement central en le modifiant graduellement pour en faire un gouvernement démocratique constitutionnel. Aujourd'hui, nous modifions et contrôlons nos unités économiques.

    De mon point de vue, la mission du gouvernement dans sa relation avec le milieu des affaires est de participer au développement d'une déclaration des droits économique, d'un ordre constitutionnel économique. Voici la mission des hommes d'états et des hommes d'affaires. Voici le critère minimum d'une plus durable sûreté de l'ordre social. Par bonheur, l'époque nous montre que créer un tel ordre est non seulement la bonne politique gouvernementale, mais encore le seul moyen de garantir la sécurité de notre structure économique.

    Nous savons dorénavant que ces unités économiques ne peuvent exister que si la prospérité est uniforme – c'est-à-dire si le pouvoir d'achat est correctement distribué à travers tous les groupes de la nation. C'est pourquoi même la plus égoïste des sociétés, dans son propre intérêt, serait contente de voir les salaires relevés et le chômage corrigé, de voir les fermiers retrouver leurs niveaux habituels de prospérité, et de voir assurer à ces deux groupes une sécurité permanente. C'est pourquoi certaines industries éclairées s'efforcent de limiter les actions des hommes et groupes d'affaires au sein de l'industrie dans l'intérêt commun de tous. C'est pourquoi partout les hommes d'affaires réclament une forme d'organisation qui ramènerait l'équilibre dans l'ensemble de la structure, quand bien même cela pourrait dans une certaine mesure encadrer la liberté d'action de certaines unités dans le domaine concerné.

    Je pense que quiconque effectivement engagé dans la bataille économique – c'est-à-dire quiconque n'est pas né fortuné – sait, selon son expérience et sa propre vie, que nous devons maintenant appliquer les principes premiers du gouvernement américain aux conditions contemporaines. La Déclaration d'Indépendance exprime le problème du gouvernement en termes de contrat. Le gouvernement établi une relation donneur-receveur – un contrat, nécessairement, si nous voulons suivre l'esprit duquel il s'est développé. Selon ce contrat, les dirigeants se virent remettre le pouvoir, et le peuple consentît à ce pouvoir sous la condition de se voir accorder certains droits. L'acte de gouverner a toujours consisté en la redéfinition de ces droits fonction d'un ordre social se développant et se transformant. De nouvelles conditions imposent de nouvelles exigences au gouvernement et à ceux qui le dirigent.

    Les termes du contrat sont aussi anciens que la République et aussi nouveaux que le nouvel ordre économique. Chaque homme a droit à la vie, et cela signifie qu'il a aussi le droit de gagner confortablement sa vie. Il se peut que par paresse où par crime il renonce à exercer ce droit, mais celui-ci ne peut lui être dénié. Notre gouvernement, formel et informel, politique et économique, doit à chaque homme la route qui lui permettra d'obtenir de quoi satisfaire à ses besoins par son propre travail. Chaque homme a droit à la propriété, ce qui implique le droit d'être assuré de la manière la plus complète possible de la sûreté de ses profits. Car il n'existe aucun autre moyen pour les hommes d'assumer la charge de ces périodes de la vie qui par la nature des choses n'offrent aucune chance de travailler – l'enfance, la maladie, la vieillesse. De toutes les réflexions sur la propriété, celle-ci est prépondérante : toutes les autres doivent y être soumises. Si, en accord avec ce principe, nous devons restreindre les opérations du spéculateur, du négociateur, voire du financier, je crois que nous devons accepter cette restriction et la considérer nécessaire, non pour porter atteint à l'individualisme mais pour le protéger.

    Les termes finaux du haut contrat nommaient la liberté et la poursuite du bonheur. Nous en avons appris grandement sur eux au cours du siècle dernier. Nous avons appris que la liberté individuelle et le bonheur individuel ne signifient rien tant qu'ils ne sont ordonnés selon le principe que la nourriture de l'un ne peut être le poison de l'autre. Nous avons appris que le vieux "droit de compétence personnelle" – le droit de lire, de penser, de parler, de choisir son mode de vie et de vivre selon – doit être respecté à tout prix. Nous avons appris que la liberté de faire quoi que ce soit privant les autres de ces droits fondamentaux est totalement en dehors de la protection de quelque contrat ou entente que ce soit, et que le gouvernement est le garant de l'équilibre de la justice pour tous.

    Nous remplirons nos obligations gouvernementales présentes, comme nous avons remplis les obligations de l'apparente Utopia que Jefferson avait imaginé pour nous en 1776, et que Jefferson, Théodore Roosevelt et Wilson cherchèrent à rendre réelle. Nous devons faire de même, à moins de nous voir submergé par le flot grandissant de la misère que notre échec commun aura engendrée.
   
Franklin Delano Roosevelt, 1932
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Reappraisal of Values

The issue of government has always been whether individual men and women will have to serve some system of government or economics or whether a system of government and economics exists to serve individual men and women.

This question has persistently dominated the discussions of government for many generations. On questions relating to these things men have differed, and from time immemorial it is probable that honest men will continue to differ.

The final word belongs to no man; yet we can still believe in change and progress. Democracy, as Meredith Nicholson has called it, is a quest, a never-ending seeking for these things and striving for them. There are many roads to follow. If we take their course we find there are only two general directions in which they lead. The first is toward government for the benefit of the few, the second is toward government for the benefit of the many.

The growth of the national governments of Europe was a struggle for the development of a centralized force in the nation, strong enough to impose peace upon ruling barons. In many instances the victory of the central government, the creation of a strong central government, was a haven of refuge to the individual. The people preferred the great master far away to the exploitation and cruelty of the smaller master near at hand.

But the creators of national government were perforce ruthless men. They were often cruel in their methods, though they did strive steadily toward something that society needed and very much wanted—a strong central State, able to keep the peace, to stamp out civil war, to put the unruly nobleman in his place and to permit the bulk of individuals to live safely.

The man of ruthless force had his place in developing a pioneer country, just as he did in fixing the power of the central government in the development of the nations. Society paid him well for his services toward its development. When the development among the nations of Europe, however, had been completed, ambition and ruthlessness, having served its term, tended to overstep the mark.

There now came a growing feeling that government was conducted for the benefit of the few who thrived unduly at the expense of all. The people sought a balancing—a limiting force. Gradually there came through town councils, trade guilds, national parliaments, by constitutions and popular participation and control, limitations on arbitrary power. Another factor that tended to limit the power of those who ruled was the rise of the ethical conception that a ruler bore a responsibility for the welfare of his subjects. The American colonies were born during this struggle. The American Revolution was a turning point in it. After the Revolution the struggle continued and shaped itself into the public life of this country.

There were those who, because they had seen the confusion which attended the years of war for American independence, surrendered to the belief that popular government was essentially dangerous and essentially unworkable. These thinkers were, generally, honest and we cannot deny that their experience had warranted some measure of fear.

The most brilliant, honest and able exponent of this point of view was Hamilton. He was too impatient of slow-moving methods. Fundamentally, he believed that the safety of the Republic lay in the autocratic strength of its government, that the destiny of individuals was to serve that government and that a great and strong group of central institutions, guided by a small group of able and public-spirited citizens, could best direct all government.

But Jefferson, in the summer of 1776, after drafting the Declaration of Independence, turned his mind to the same problem and took a different view. He did not deceive himself with outward forms. Government with him was a means to an end, not an end in itself; it might be either a refuge and a help or a threat and a danger, depending on the circumstances. We find him carefully analyzing the society for which he was to organize a government:

"We have no paupers—the great mass of our population is of laborers, our rich who cannot live without labor, either manual or professional, being few and of moderate wealth. Most of the laboring class possess property, cultivate their own lands, have families and from the demands for their labor are enabled to extract from the rich and the competent such prices as enable them to feed abundantly, clothe above mere decency, to labor moderately and raise their families."

These people, he considered, had two sets of rights, those of "personal competency" and those involved in acquiring and possessing property. By "personal competency" he meant the right of free thinking, freedom of forming and expressing opinions and freedom of personal living, each man according to his own rights.

To insure the first set of rights a government must so order its functions as not to interfere with the individual. But even Jefferson realized that the exercise of the property rights must so interfere with the rights of the individual that the government, without whose assistance the property rights could not exist, must intervene, not to destroy individualism but to protect it.

We are familiar with the great political duel which followed; and how Hamilton and his friends, building toward a dominant, centralized power, were at length defeated in the great election of 1800 by Jefferson's party. Out of that duel came the two parties, Republican and Democratic, as we know them today.

So began, in American political life, the new day, the day of the individual against the system, the day in which individualism was made the great watchword in American life. The happiest of economic conditions made that day long and splendid. On the Western frontier land was substantially free. No one who did not shirk the task of earning a living was entirely without opportunity to do so. Depressions could, and did, come and go; but they could not alter the fundamental fact that most of the people lived partly by selling their labor and partly by extracting their livelihood from the soil, so that starvation and dislocation were practically impossible. At the very worst there was always the possibility of climbing into a covered wagon and moving West, where the untilled prairies afforded a haven for men to whom the East did not provide a place.

So great were our natural resources that we could offer this relief not only to our own people but to the distressed of all the world. We could invite immigration from Europe and welcome it with open arms.

When a depression came a new section of land was opened in the West. This became our tradition. So even our temporary misfortune served our manifest destiny.

But a new force was released and a new dream created in the middle of the nineteenth century. The force was what is called the industrial revolution, the advance of steam and machinery and the rise of the forerunners of the modem industrial plant. The dream was that of an economic machine, able to raise the standard of living for everyone; to bring luxury within the reach of the humblest; to annihilate distance by steam power and later by electricity, and to release everyone from the drudgery of the heaviest manual toil.

It was to be expected that the force and the dream would necessarily affect government. Heretofore, government had merely been called upon to produce conditions within which people could live happily, labor peacefully and rest secure. Now it was called upon to aid in the consummation of this new dream. There was, however, a shadow over it. To make the dream real required use of the talents of men of tremendous will and tremendous ambition, since in no other way could the problems of financing and engineering and new development be met.

So manifest were the advantages of the machine age, however, that the United States fearlessly, cheerfully and, I think, rightly accepted the bitter with the sweet. It was thought that no price was too high for the advantages which we could draw from a finished industrial system.

The history of the last half century is accordingly in large measure a history of financial titans, whose methods were not scrutinized with too much care and who were honored in proportion as they produced the results, irrespective of the means they used. The financiers who pushed the railroads to the Pacific, for example, were always ruthless, often wasteful and frequently corrupt, but they did build railroads and we have them today. It has been estimated that the American investor paid for the American railway system more than three times over in the process, but despite this fact the net advantage was to the United States.

As long as we had free land, as long as population was growing by leaps and bounds, as long as our industrial plants were insufficient to supply our own needs, society chose to give the ambitious man free play and unlimited reward, provided only that he produced the economic plant so much desired.

During the period of expansion there was equal economic opportunity for ail, and the business of government was not to interfere but w assist in the development of industry. This was done at the request of the business men themselves. The tariff was originally imposed for the purpose of "fostering our infant industry," a phrase which the older among my readers will remember as a political issue not so long ago.

The railroads were subsidized, sometimes by grants of money, oftener by grants of land. Some of the most valuable oil lands in the United States were granted to assist the financing of the railroad which pushed through the Southwest. A nascent merchant marine was assisted by grants of money or by mail subsidies, so that our steam shipping might ply the seven seas. . . .

We do not want the government in business. But we must realize the implications of the past.
For while it has been American doctrine that the government must not go into business in competition with private enterprises, still it has been traditional for business to urgently ask the government to put at private disposal all kinds of government assistance.

The same man who says he does not want to see the government interfere in business—and he means it and has plenty of good reasons for saying so—is the first to go to Washington to ask the government for a prohibitory tariff on his product. When things get just bad enough—as they did in 1930—he will go with equal speed to the United States Government and ask for a loan. And the Reconstruction Finance Corporation is the outcome of that.

Each group has sought protection from the government for its own special interests without realizing that the function of government must be to favor no small group at the expense of its duty to protect the rights of personal freedom and of private property of all its citizens.

In retrospect we can see now that the turn of the tide came with the turn of the century. We were reaching our last frontier then; there was no more free land and our industrial combinations had become great uncontrolled and irresponsible units of power within the State.
Clear-sighted men saw with fear the danger that opportunity would no longer be equal; that the growing corporation, like the feudal baron of old, might threaten the economic freedom of individuals to earn a living. In that hour our antitrust laws were born.

The cry was raised against the great corporations. Theodore Roosevelt, the first great Republican Progressive, fought a Presidential campaign on the issues of "trust busting" and talked freely about malefactors of great wealth. If the government had a policy it was rather to turn the clock back, to destroy the large combinations and to return to the time when every man owned his individual small business. This was impossible. Theodore Roosevelt, abandoning his idea of "trust busting," was forced to work out a difference between "good" trusts and "bad" trusts. The Supreme Court set forth the famous "rule of reason" by which it seems to have meant that a concentration of industrial power was permissible if the method by which it got its power and the use it made of that power was reasonable.

The situation was seen more clearly by Woodrow Wilson, elected in 1912. Where Jefferson had feared the encroachment of political power on the lives of individuals, Wilson knew that the new power was financial. He saw, in the highly centralized economic system, the despot of the twentieth century, on whom great masses of individuals relied for their safety and their livelihood, and whose irresponsibility and greed (if it were not controlled) would reduce them to starvation and penury.

The concentration of financial power had not proceeded as far in 1912 as it has today, but it had grown far enough for Wilson to realize fully its implications. It is interesting now to read his speeches. What is called "radical" today (and I have reason to know whereof I speak) is mild compared to Wilson's Presidential campaign.

"No man can deny," he said, "that the lines of endeavor have more and more narrowed and stiffened; no man who knows anything about the development of industry in this country can have failed to observe that larger kinds of credit are more and more difficult to obtain unless you obtain them upon terms of uniting your efforts with those who already control the industry of the country, and nobody can fail to observe that every man who tries to set himself up in competition with any process of manufacture which has taken place under the control of large combinations of capital will presently find himself either squeezed out or obliged to sell and allow himself to be absorbed."

Had there been no World War—had Wilson been able to devote eight years to domestic instead of international affairs—we might have had a wholly different situation at the present time. However, the then distant roar of European cannon, growing ever louder, forced him to abandon the study of this issue. The problem he saw so clearly is left with us as a legacy; and no one of us of whatever political party can deny that it is a matter of grave concern to the government.

Even a glance at the situation today only too clearly indicates that equality of opportunity as we have known it no longer exists. Our industrial plant is built. That hardly requires more proof than we see about us constantly. Nevertheless, let us look at our recent history and the simple economics, the kind of economics that you and I and the average man and woman talk.
In the years before 1929 we know that this country had completed a vast cycle of building and inflation; for ten years we expanded on the theory of repairing the wastes of the war, but actually expanded far beyond that, and also far beyond our natural and normal growth. During that time the cold figures of finance prove there was little or no drop in the prices the consumer had to pay, although those same figures prove that the cost of production fell very greatly; corporate profit resulting from this period was enormous; at the same time little of the profit was devoted to the reduction of prices. The consumer was forgotten. Little went into increased wages; the worker was forgotten, and by no means an adequate proportion was paid out in dividends—the stockholder was forgotten.

Incidentally, very little was taken by taxation to the beneficent government of those days.
What was the result? Enormous corporate surpluses piled up—the most stupendous in history. These surpluses went chiefly in two directions: first, into new and unnecessary plants which now stand stark and idle; second, into the call money market of Wall Street, either directly by the corporations or indirectly through the banks.

Then came the crash. Surpluses invested in unnecessary plants became idle. Men lost their jobs; purchasing power dried up; banks became frightened and started calling loans. Those who had money were afraid to part with it. Credit contracted. Industry stopped. Commerce declined, and unemployment mounted.

Translate that within your own knowledge into human terms. See how the events of the past three years have come home to specific groups of people. First, the group dependent upon industry; second, the group dependent upon agriculture; third, that group made up in large part of members of the first two—the "small investors and depositors." Remember that the strongest possible tie between the first two groups, agriculture and industry, is the fact that the savings and to a degree the security of both are tied together in that third group—the credit structure of the nation. We know what has happened to that.

But go back again to the main fact before us today—that equality of opportunity, as we have known it, no longer exists. Pick up the next tragically obvious economic question—where is opportunity? We must dismiss that historic one which has heretofore been our salvation.

Our last frontier has long since been reached, and there is practically no more free land. More than half our people do not live on farms or on lands and cannot derive a living by cultivating their own property. There is no safety valve in the form of Western prairie to which those thrown out of work by the economic machines can go for a new start. We are not able to invite the immigrants from Europe to share our endless plenty. We are now providing a drab living for our own people.

Our system of constantly rising tariffs has at last reacted against us to the point of closing our Canadian frontier on the north, our European markets on the east, many of our Latin-American markets to the south and a large proportion of our Pacific markets on the west through the retaliatory tariffs of these countries. It has forced many of our great Industrial institutions, who exported their surplus production to such countries, to establish plants in those countries, within the tariff walls. This has resulted in the reduction of the operation of their American plants and of opportunity for employment.

Opportunity in business has further narrowed since Wilson's time, just as freedom to farm has ceased. It is still true that men can start small enterprises, trusting to their native shrewdness and ability to keep abreast of competitors; but area after area has been preempted altogether by the great corporations, and even in the fields which still have no great concerns the small man starts under a handicap. The unfeeling statistics of the past three decades show that the independent business man is running a losing race. Perhaps he is forced to the wall; perhaps he cannot command credit; perhaps he is "squeezed out," in Wilson's words, by highly organized corporate competitors, as your corner grocery man can tell you.

Recently a careful study was made of the concentration of business in the United States. It showed that our economic life was dominated by some six hundred odd corporations who controlled two thirds of American industry. Ten million small business men divided the other third.

More striking still, it appeared that, if the process of concentration goes on at the same rate, at the end of another century we shall have all American industry controlled by a dozen corporations and run by perhaps a hundred men. Put plainly, we are steering a steady course toward economic oligarchy, if we are not there already.

Clearly all this calls for a reappraisal of values. A mere builder of more industrial plants, a creator of more railroad systems, an organizer of more corporations, is as likely to be a danger as a help. The day of the great promoter or the financial titan, to whom we granted everything if only he would build or develop, is over.

Our task now is not discovery or exploitation of natural resources or necessarily of producing more goods. It is the soberer, less dramatic business of administering resources and plants already in hand, of seeking to reestablish foreign markets for our surplus production, of meeting the problem of under-consumption, or adjusting production to consumption, of distributing wealth and products more equitably, of adapting existing economic organization to the service of the people.

Just as in older times the central government was first a haven of refuge and then a threat, so now, in a closer economic system the central and ambitious financial unit is no longer a servant of national desire but a danger. I would draw the parallel one step further. We do not think, because national government became a threat in the eighteenth century, that therefore we should abandon the principle of national government.

Nor today should we abandon the principle of strong economic units called corporations merely because their power is susceptible to easy abuse. In other times we dealt with the problem of an unduly ambitious central government by modifying it gradually into a constitutional democratic government. So today we are modifying and controlling our economic units.

As I see it, the task of government in its relation to business is to assist the development of an economic declaration of rights, an economic constitutional order. This is the common task of statesmen and business men. It is the minimum requirement of a more permanently safe order of society. Happily, the times indicate that to create such an order is not only the proper policy of government but is the only line of safety for our economic structure as well.

We know now that these economic units cannot exist unless prosperity is uniform—that is, unless purchasing power is well distributed throughout every group in the nation. That is why even the most selfish of corporations, for its own interest, would be glad to see wages restored and unemployment aided, and to bring the farmer back to his accustomed level of prosperity, and to assure a permanent safety for both groups. That is why some enlightened industries endeavor to limit the freedom of action of each man and business group within the industry in the common interest of all. That is why business men everywhere are asking for a form of organization which will bring the scheme of things into balance, even though it may in some measure qualify the freedom of action of individual units within the business.

I think that everyone who has actually entered the economic struggle—which means everyone who was not born to safe wealth—knows in his own experience and his own life that we now have to apply the earlier concepts of American government to the conditions of today. The Declaration of Independence discusses the problem of government in terms of a contract. Government is a relation of give and take—a contract, perforce, if we would follow the thinking out of which it grew. Under such a contract rulers were accorded power, and the people consented to that power on consideration that they be accorded certain rights. The task of statesmanship has always been the redefinition of these rights in terms of a changing and growing social order. New conditions impose new requirements upon government and those who conduct government.

The terms of the contract are as old as the Republic and as new as the new economic order. Every man has a right to life, and this means that he has also a right to make a comfortable living. He may by sloth or crime decline to exercise that right, but it must not be denied him. Our government, formal and informal, political and economic, owes to every man an avenue to possess himself of sufficient for his needs through his own work. Every man has a right to his own property, which means a right to be assured to the fullest extent attainable, in the safety of his earnings. By no other means can men carry the burdens of those parts of life which in the nature of things afford no chance of labor—childhood, sickness, old age. In all thought of property, this right is paramount; all other property rights must yield to it. If, in accordance with this principle, we must restrict the operations of the speculator, the manipulator, even the financier, I believe we must accept the restriction as needful, not to hamper individualism but to protect it.

The final term of the high contract was for liberty and the pursuit of happiness. We have learned a great deal of both in the past century. We know that individual liberty and individual happiness mean nothing unless both are ordered in the sense that one man's meat is not another man's poison. We know that the old "rights of personal competency"—the right to read, to think, to speak, to choose and live a mode of life—must be respected at all hazards. We know that liberty to do anything which deprives others of those elemental rights is outside the protection of any compact, and that government in this regard is the maintenance of the balance of justice for all.

We shall fulfill our present day governmental obligations, as we fulfilled the obligations of the apparent Utopia which Jefferson imagined for us in 1776 and which Jefferson, Theodore Roosevelt and Wilson sought to bring to realization. We must do so lest a rising tide of misery, engendered by our
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22 septembre 2008 1 22 /09 /septembre /2008 01:49
   Vous ne vous en êtes peut-être pas aperçu, mais la semaine dernière, le système financier a rendu l'âme : disparition de Lehman Brothers, absorption de Merril Lynch et de la Halifax-Bank of Scotland, nationalisation du Federal Home Loan Mortgage Corporation (Freddie Mac), du Federal National Mortgage Association (Fannie Mae) et du géant mondial de l'assurance AIG, etc.
   Pour éviter le grippage du système bancaire, les banques centrales de la planète ont ouvert simultanément des lignes de crédits "en-veux-tu-en-voilà" et ont inondé le marché mondial de liquidités hyperinflat
ionnaires.

   Mais puisque des lignes de crédits de 50 ou 100 milliards de $ ou d'€, cela ne suffit plus à maintenir la fluidité du système, le secrétaire au Trésor des USA Henry Paulson vient de pondre une nouvelle catastrophe internationale : un plan de sauvetage du système financier mondial constitué de 700 milliards de dollars ! Et le plus drôle, c'est qu'il prétend emprunter cette somme (à qui ? aux banques ?), et qu'il appelle les nations du monde à mettre au pot. Idiot !

   En 1929, une crise d'une ampleur similaire avait frappé le monde. A l'époque, la "mondialisation" s'appelait encore le "Système Colonial", le système monétaire international fondé sur l'étalon-or était sous le contrôle encore et toujours de... Londres, et le traité de
Lisbonne Versailles offrait les nations européennes une à une aux PPP (partenariats public-privé) de l'époque : les régimes fascistes (Mussolini, Salazar, Hitler, Dollfuss, Franco, Metaxas, Pétain...). George Soros naissait en Hongrie en l'année 1930, et la famille Sarkozy de Nagy-Bosca n'avait pas encore fuit l'effroyable invasion communiste de 1944. Le président Hoover, aux USA, se contentait de protéger les intérêts de certains cartels et de répéter "la reprise est au coin de la rue" jusqu'en 1933.

   C'est alors que Franklin Delano Roosevelt entre en scène, et que commencent 12 années de ce que j'appelle une révolution universelle.

   J'ai pu acquérir "Looking Forward", édité en 1933 par FDR avant son investiture. Ce livre est un recueil-programme des discours et déclarations du candidat Roosevelt. Quel type de dialogue a-t-il engagé av
ec le peuple ? Comment voyait-il les choses ? Quelles solutions amenait-il, avec quelles méthodes ? J'espère que les traductions laborieuses de votre serviteur vous permettront de vous en faire une idée, et inspireront ceux qui prétendent tenir la barre durant l'ouragan financier.

  Bonne lecture.




Franklin Delano Roosevelt

Looking Forward
Le regard vers demain


The John Day Company, New York - Imprimé en mars 1933


Introduction
(autres chapitres)

    Ceci est essentiellement une compilation des nombreux articles que j’ai écris et des discours que j’ai donné avant le 1er mars 1933. J’y ai ajouté de quoi lier l’ensemble et en faire un tout.

    Dans les textes qui suivent, je ne parlerai pas de politique mais de gouvernement, ni de partis mais de principes universels. Ces textes ne sont pas politiques, sauf à les considérer dans le sens plus large selon lequel un grand américain avait alors défini la politique – qu’il n’est rien dans toutes les affaires humaines qui soit étranger à la science de la politique.

    La qualité de la politique nationale, considérée comme une science capable d’affecter pour le mieux les vies de chaque homme et femme d’Amérique, est ce à quoi la direction du pays doit s’intéresser – tout particulièrement lors d’années telles que celles que nous vivons, alors que la lourde main du découragement s’abat sur nous, alors qu’il semble que les choses soient devenues routinières, immobiles, installées, et que le monde soit devenu vieux, fatigué et tout à fait désarticulé. C’est cet esprit de dépression, de terrible et épuisante dépression, qui, si la qualité de notre direction politique est correcte, s’évanouira si subitement qu’il deviendra même difficile de se le remémorer.

    Tout nous crie que cette philosophie absurde est fausse. L’Amérique est neuve. Elle change,  se développe. Elle possède les immenses potentiels de la jeunesse. Mais la jeunesse peut fort bien mourir d’épuisement à force de se heurter au mur de l’incompétence politique et gouvernementale.

    Que notre gouvernement ait été créé par nous-même, que ses principes et par conséquent la plupart de ses lois soient issues de notre volonté, est évident. Il est également vrai que notre intérêt envers le gouvernement est un intérêt personnel, et cependant on ne peut l’appeler égoïsme, dans la mesure où lorsque nous établissons une loi de gouvernement en vue de nous aider nous-même, nous la voulons utile à l’humanité. Tant que nous ne nous retrouverons pas nous-même, il y a de fortes chances que nous oubliions combien le peuple a durement travaillé pour se garantir le privilège de se gouverner.

    Le bon gouvernement doit maintenir l’équilibre dans lequel chaque individu peut avoir une place s’il veut la prendre, dans lequel chaque individu peut trouver la sécurité s’il la souhaite, dans lequel chaque individu peut obtenir le pouvoir autant que le lui permettent ses capacités, tout en acceptant les responsabilités qui l’accompagne.

    La construction d’un bon gouvernement est par conséquent une tâche longue et lente. Rien n’est plus frappant que la naïveté simple de ces hommes, qui exigent dès qu’un objectif se présente la production du plan impeccable qui produira à coup sûr le résultat.

    L’activité humaine n’est pas si simple que cela. Gouverner, cela comprend l’art de formuler des politiques et d’utiliser des techniques politiciennes pour les mettre en œuvre pour autant qu’on ait réussi à leur obtenir le soutien général. Persuader, diriger, sacrifier, éduquer toujours, car il est probable que le plus important devoir de l’homme d’état soit d’éduquer.

    Nous devons bâtir en vue du temps où jamais plus une dépression majeure ne sera plus possible ; et si cela veut dire abandonner les profits faciles des booms inflationnistes, hé bien qu’il en soit ainsi – et bon débarras.

    Nos récentes expériences avec la spéculation ont troublé les vues de nombre d’esprits. Une génération entière est devenue folle à cause du mot coopération ; il y a eu une multitude de conférences de telle et telle industrie, des articles sur le commerce, des codes d’éthiques, des garde-fous, des discussions – tout cela voué à développer les ventes et la production. Ce qui manqua fut la planification nécessaire qui aurait prévenu la surproduction au lieu de la stimuler. Il est naturel que dans l’esprit de beaucoup, mettre en place un premier plan d’action, puis un second, semble être de la plus haute importance. Il est naturel que la suppression d’industries, et même d’institutions qui semblaient être les forteresses de notre puissance, ait plongé dans la perplexité tout le monde, y compris ceux qui jusque là avaient été capables de trouver dans l’histoire passée des suggestions pratiques adaptées à l’action présente. Et il aurait été naturel, ces expériences ne semblant rien solutionner, que le grand phénomène social de cette dépression produise des manifestations désordonnées. Pourtant, le radicalisme extrême n’a fait que peu d’émules, et le plus grand hommage que je puisse rendre à mes concitoyens est qu’en ces jours d’oppressante nécessité a persisté, de la part de ceux de notre peuple qui par millions ont tant souffert, un esprit d’ordre et d’espoir. Ne pas réussir à leur offrir une nouvelle chance ne serait pas seulement trahir leurs espérances, mais mésestimer leur patience.

    Contrer par la réaction ce danger de radicalisme n’est que courir au désastre. C’est lancer un défi, une provocation. La bonne manière de faire face à ce danger est de présenter un programme de reconstruction faisable. Cela, et cela seulement, constitue la protection correcte contre d’une part l’aveugle réaction, et d’autre part les improvisations hasardeuses et l’opportunisme irresponsable.

    Mon parti n’est ni nouveau, ni inexpérimenté. La direction nationale que j’y assume est nouvelle dans la mesure où de l’intérieur du parti elle date légalement, si l’on peut utiliser ce terme, du moment où ses délégués, assemblés en convention, m’ont nommé pour la présidence. Mais qu’un nouvel homme arrive à la tête de la nation ne devrait pas signifier qu’il y amène des concepts politiques jamais éprouvés ; au contraire, ils doivent prendre fermement racine dans l’expérience gouvernementale passée.

    Le fédéralisme, comme Woodrow Wilson l’a si sagement présenté, se constituait en un groupe « épris d’unité et instruit par la conscience de la solidarité d’intérêt ». C’était le but de Jefferson d’enseigner au pays que la solidarité du fédéralisme n’était que partielle, qu’elle ne représentait qu’une minorité du peuple et qu’afin de bâtir une grande nation les intérêts de tout les groupes quels qu’ils soient devaient être pris en compte. C’est parce qu’il passa des années à construire un parti politique qu’on l’appela un politicien. Mais son travail fut en lui-même une contribution précise et utile à l’unification de toutes les parties du pays autours de principes communs. Lorsque les gens, par insouciance ou par snobisme, se moquent des partis politiques, ils oublient le fait que le système de gouvernement pluripartite est l’une des meilleures méthodes d’unification et d’enseignement du peuple à réfléchir en termes communs sur notre civilisation.

    Nous avons dans notre histoire trois hommes qui, par l’universalité de leur intérêt et de leur connaissance, se distinguent principalement – Benjamin Franklin, Thomas Jefferson et Théodore Roosevelt. Tous trois avaient une connaissance intime de chaque courant de la vie nationale et internationale. Tous trois étaient habités d’une profonde culture dans le meilleur sens du mot, et pourtant tous trois comprirent les aspirations et les manques d’opportunité – les espoirs et les peurs de millions de leurs compagnons. Et toute culture véritable, finalement, ne se résume qu’à l’appréciation de cela précisément.

    Et des trois, je pense que Jefferson était de plusieurs manières le plus profond – celui qui disposait de l’intellect le plus curieux et diversifié et, par-dessus tout, celui qui chaque instant jetait son regard le plus loin possible vers le futur, examinant sur l’humanité les effets ultimes des actions du présent.

    Les méthodes de Jefferson illustraient généralement l’idée du gouvernement basé sur l’universalité d’intérêt. Je peux m’imaginer les semaines à chevaucher lorsque qu’il voyageait à travers tous les états de l’union, accumulant lentement et laborieusement la connaissance du peuple de son pays. Il ne se contentait pas seulement de s’imprégner des besoins des gens de toutes catégories, mais il donnait aussi de quoi comprendre les principes essentiels du soi gouvernement.

    Jefferson avait l’esprit et l’intellect si vaste qu’il savait que le citoyen lambda le comprendrait lorsqu’il dirait : « J’irai souvent dans la mauvaise direction pour cause de jugement défectueux. Et lorsque j’irai dans la bonne, je me verrai accusé d’être dans l’erreur par ceux dont les positions n’exigeront pas d’eux qu’ils aient une vue d’ensemble de la question. Je vous demande votre soutien contre les erreurs d’autres, qui pourraient condamner cela même que, s’ils en voyaient toutes les parties, ils ne condamneraient pas. »

    Je ne parlerai pas d’une vie économique complètement planifiée et régulée. Cela est aussi impossible qu’indésirable. Je parlerai de la nécessité, toutes les fois qu’il devient impératif que le gouvernement interfère pour réajuster les parties de la structure économique de la nation, qu’il y ait une réelle communauté d’intérêt – non seulement parmi les grands secteurs de ce grand pays, mais aussi parmi les unités économiques et les différents groupes de ces unités ; qu’il y ait une participation collective dans la mise en oeuvre des solutions, organisée sur la base de la volonté partagée de vouloir vivre ensemble, le modeste aussi bien que le puissant. Dans la plupart de nos plans à l’œuvre actuellement, il se trouve beaucoup trop de dispositions pour ne pas confondre la partie avec le tout, la tête avec le corps, le capitaine avec sa compagnie ou le général avec son armée. Je prêche non pas pour le contrôle de classe mais pour un véritable concert d’intérêts.

    Les plans que nous préparons pour répondre à l’urgence présente, si nous les concevons avec sagesse et les faisons reposer sur une base suffisamment étendue, pourront montrer la voie vers une protection plus pérenne de notre vie sociale et économique, afin que nous puissions dans une large mesure éviter le cycle terrible de la prospérité se désintégrant en dépression. C’est dans ce sens que je défends la planification économique, non seulement pour cette période mais pour garantir nos besoins futurs.

    Si Jefferson pouvait revenir dans nos assemblées, il pourrait constater que si les méthodes nécessaires de l’action gouvernementale ont été modifiées par un siècle de transformation économique, les principes de cette action sont toujours entièrement les siens. Il oeuvra pour la concorde la plus générale, capable d’actions concertées, sur la base d’une communauté d’intérêt juste et honnête. Il oeuvra pour réunir les fermiers éparpillés, les ouvriers, les hommes d’affaires, en vue de les faire participer aux affaires nationales. C’était son but et c’est le principe sur lequel fut établi le parti qu’il fonda. Celui-ci doit maintenant se comporter comme un organisme voué à l’unité nationale.

    La foi en l’Amérique, la foi dans la tradition de nos responsabilités personnelles, la foi dans nos institutions, la foi en nous-même, exige que nous acceptions les nouveaux termes de notre vieux contrat social. Dans les commentaires qui suivent je résume ma conception fondamentale de ces termes, ayant confiance que vous soutiendrez l’action de votre nouvelle administration nationale, comprendrez que ses buts et ses intérêts sont vôtre et que notre responsabilité est mutuelle.

FRANKLIN DELANO ROOSEVELT, Hyde Park, 1er mars 1933.

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INTRODUCTION

This is essentially a compilation from many articles written and speeches made prior to March 1, 1933. I have added parts which bind the material together as a whole.

In the comments to follow I speak not of politics but of government, not of parties but of universal principles. They are not political except in that large sense in which a great American once expressed a definition of politics—that nothing in all human life is foreign to the science of politics.

The quality of national politics, viewed as a science which is capable of affecting for the better the lives of the average man and woman in America, is the concern of national leadership—particularly in such years as these when the hand of discouragement has fallen upon us, when it seems that things are in a rut, fixed, settled, that the world has grown old and tired and very much out of joint. That is the mood of depression, of dire and weary depression which, if the quality of our political leadership is right, should vanish so utterly that it will be difficult to reconstruct the mood.

Everything tells us that such a philosophy of futility is wrong. America is new. It is in the process of change and development. It has the great potentialities of youth. But youth can batter itself to death against the stone wall of political and governmental ineptitude.
That our government has been created by our-selves, that its policies and therefore many of its detailed acts have been ordered by us, is obvious. It is just as true that our interest in government is a self-interest, though it cannot be called selfish, for when we secure an act of government which is helpful to ourselves it should be helpful to all men. Until we look about us we are likely to forget how hard people have worked for the privilege of government.

Good government should maintain the balance where every individual may have a place if he will take it, where every individual may find safety if he wishes it, where every individual may attain such power as his ability permits, consistent with his assuming the accompanying responsibility.

The achievement of good government is therefore a long, slow task. Nothing is more striking than the simple innocence of the men who insist whenever an objective is present, on the prompt production of a patent scheme guaranteed to produce a result.
Human endeavor is not so simple as that. Government includes the art of formulating policies and using the political technique to attain so much of them as will receive general support; persuading, leading, sacrificing, teaching always, because perhaps the greatest duty of statesmanship is to educate.

We must build toward the time when a major depression cannot occur again; and if this means sacrificing the easy profits of inflationist booms, then let them go—and good riddance.

Our recent experiences with speculation have distorted the perspective of many minds. A whole generation had gone mad over that word cooperat ion; there had been many conferences of this and of that industry, trade papers, codes of ethics, red fire and "pep talks"—all aimed to build up sales, and more production. What had been lacking was the kind of planning which would prevent and not stimulate overproduction. It is natural that in the minds of many, first one plan of action and then another seemed of paramount importance. It is natural that the scrapping of industries, and even institutions which seemed the bulwarks of our strength, bewildered even those who had heretofore been able to find in past history practical suggestions for present action. It would be natural, when such experience seemed to contribute nothing, that the great social phenomenon of this depression would produce disorderly manifestations. Yet wild radicalism has made few converts, and the greatest tribute I can pay my countrymen is that in these days of crushing want, there persists an orderly and hopeful spirit on the part of the millions of our people who have suffered so much. To fail to offer them a new chance is not only to betray their hopes but to misunderstand their patience.

To meet by reaction that danger of radicalism is to invite disaster. It is a challenge, a provocation. The way to meet that danger is to offer a workable program of reconstruction. This and this only, is a proper protection against blind reaction on the one hand and improvised hit-or-miss, irresponsible opportunism on the other.

My party is neither new nor untried. My national leadership of it is new to the extent that within the party it legally dates, if that term may be used, from the moment its delegates, in convention assembled, nominated me for the Presidency. But a new man in that leadership should not mean an untried concept of policies; they must be firmly rooted in the governmental experience of the past.
Federalism, as Woodrow Wilson so wisely put it, was a group "possessed of unity and informed by a conscious solidarity of interest." It was Jefferson's purpose to teach the country that the solidarity of Federalism was only a partial one, that it represented only a minority of the people and that to build a great nation the interests of all groups in every part must be considered. He has been called a politician because he devoted years to the building of a political party. But his labor was in itself a definite and practical contribution to the unification of all parts of the country in support of common principles. When people carelessly or snobbishly deride political parties, they overlook the fact that the party system of government is one of the greatest methods of unification and of teaching people to think in common terms of our civilization. We have in our own history three men who chiefly stand out for the universality of their interest and of their knowledge—Benjamin Franklin, Thomas Jefferson and Theodore Roosevelt. All three knew at first hand every cross current of national and of international life. All three were possessed of a profound culture in the best sense of the word, and yet all three understood the yearnings and the lack of opportunity—the hopes and fears of millions of their fellow beings. All true culture finally comes down to an appreciation of just that.

And of the three, I think that Jefferson was in many ways the deepest student—the one with the most inquiring and diversified intellect and, above all, the one who at all times looked the farthest into the future, examining the ultimate effects on humanity of the actions of the present.

Jefferson's methods were usually illustrative of government based upon a universality of interest. I can picture the weeks on horseback when he was travelling into the different states of the union, slowly and laboriously accumulating an understanding of the people of his country. He was not only drinking in the needs of the people in every walk of life, but he was also giving to them an understanding of the essential principles of self-government.

Jefferson was so big in mind and spirit that he knew the average man would understand when he said, "I shall often go wrong through defective judgment. And when right, I shall be thought wrong by those whose positions will not command a view of the whole ground. I ask your support against the errors of others who may condemn what they would not, if seen in all the parts."

I shall not speak of an economic life completely planned and regulated. That is as impossible as it is undesirable. I shall speak of the necessity, wherever it is imperative that government interfere to adjust parts of the economic structure of the nation, that there be a real community of interest - not only among the sections of this great country, but among the economic units and the various groups in these units; that there be a common participation in the work of remedial figures, planned on the basis of a shared common life, the low as well as the high. On much of our present plans there is too much disposition to mistake the part for the whole, the head for the body, the captain for the company, the general for the army. I plead not for a class control but for a true concert of interests.

The plans we make during the present emergency, if we plan wisely and rest our structure upon a base sufficiently broad, may show the way to a more permanent safeguarding of our social and economic life, to the end that we may in a large measure avoid the terrible cycle of prosperity crumbling into depression. In this sense I favor economic planning, not for this period alone but for our needs for a long time to come.

If Jefferson could return to our councils he would find that while economic changes of a century have changed the necessary methods of government action, the principles of that action are still wholly his own. He labored for a widespread concert of thought, capable of concert of action, based on a fair and just concert of interests. He labored to bring the scattered farmers, the workers, the business men into a participation in national affairs. This was his purpose and this is the principle upon which the party he founded was based. It should now present itself as an agency of national unity. Faith in America, faith in our tradition of our personal responsibility, faith in our institutions, faith in ourselves, demands that we recognize the new terms of the old social contract. In this comment I outline my basic conception of these terms, with the confidence that you will follow the action of your new national administration, understanding that its aims and objects are yours and that our responsibility is mutual.

FRANKLIN D. ROOSEVELT.
Hyde Park, March 1, 1933.



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14 mai 2008 3 14 /05 /mai /2008 07:03
Voici quelques photos du très joli musée du moyen âge de Paris. On a souvent tendance à associer le moyen âge  à une période grossière et artistiquement pauvre. C'est une erreur.
L'entrée du musée de Cluny est gratuite (tout comme le musée des arts et métiers).








Photos : K. Desplanques
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19 mars 2008 3 19 /03 /mars /2008 19:08
Seconde partie ici.

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Le devoir de tous ceux qui savent la vérité

    Il ne fait aucun doute que les hommes des trusts tenteront de se justifier en déclarant qu'ils ont servi les boches malgré eux, souscrit des accords avec leurs compères allemands sous la contrainte, qu'ils ont eu la main forcée par les gouvernants de Vichy, etc. Déjà, nous voyons s'esquisser des systèmes de défense de ce genre.

    C'est ainsi que l'industrie française des matières colorantes et des produits chimiques, qui a accepté criminellement la mainmise du trust allemand I. G. Farben exprimée par la constitution de la Société Francolor, voudrait faire croire aujourd'hui que rien n'est de la faute de Duchemin et de ses autres dirigeants. Le président de Kuhlmann, nous affirme-t-on, a résisté tant qu'il pouvait, mais, « non soutenu par Vichy, a été obligé de s'incliner pour éviter le pire, c'est-à-dire la réquisition des usines par l'occupant ». Ensuite, quand s'est posée la question de la quotité de la participation allemande, l'I. G. Farben a exigé 51 % des actions, les Français n'accordaient que 50 %. Ils se sont dignement retirés de Wiesbaden, où avait lieu la discussion, sans qu'une décision ne fut intervenue. Le sinistre Pucheu, à cette époque ministre de la Production Industrielle, leur donnait à croire qu'ils pouvaient « avoir bon espoir de faire triompher leur point de vue ». Mais alors, un certain Bréart de Boissanger, devenu depuis Gouverneur de la Banque de France, serait allé à Wiesbaden au nom de Vichy et aurait souscrit à la prépondérance boche, « ayant cru comprendre que le gouvernement français acceptait les 51 % pour les Allemands ».

    La comédie a été bien montée. Voilà le trust Kuhlmann couvert par ses domestiques de Vichy. Et si cette couverture est jugée trop mince, il y a un bouc émissaire tout trouvé : le sieur Bréart de Boissanger, qui a exécuté si mal les commissions, tout Gouverneur de la Banque qu'il est !

    Pendant ce temps, M. Duchemin ferait presque figure de patriote, il se présenterait comme l'homme de caractère qui a osé seul tenir tête aux boches. Le trust Kuhlmann sortirait indemne de l'affaire : mieux, il reprendrait à l'I. G. Farben, grâce au sang des soldats, au sang des fusillés, au sang de la Résistance, le fameux paquet d'actions.

    En réalité, la France tient M. Duchemin et le trust Kuhlmann, avec Pucheu et tous les criminels de guerre, et elle ne les lâchera pas.

    Pas davantage la France n'admettra à titre d'excuse le fait qu'on aura joué sur les deux tableaux. Les Compagnies de navigation ont beau entretenir par Lisbonne des relations avec la « French Line Incorporation », fondée avec à sa tête l'ancien directeur de l'agence de New-York de la Transatlantique : cela ne les rachète pas d'avoir livré à l'armée allemande jusqu'au mobilier, jusqu'aux ustensiles de cuisine et à la vaisselle de leurs bateaux.

    Les trusts, qui ont supprimé le secret professionnel des entreprises au profit des contrôleurs des Comités d'Organisation, ne seront pas surpris que le gouvernement de la France libérée promulgue un texte de loi autorisant toutes les investigations nécessaires pour dépister, malgré tous leurs subterfuges et toutes leurs dissimulations, le commerce avec l'ennemi et la trahison. Dès maintenant, quiconque ferait disparaître, mutilerait, adultèrerait n'importe quel document susceptible de révéler plus tard la vérité doit savoir qu'il sera traité en complice de la trahison.

    Les notaires, les fonctionnaires de l'enregistrement, ceux des Tribunaux de Commerce, les directeurs de banques, tous les détenteurs de procès-verbaux, de rapports, de comptes des Sociétés sont responsables devant la nation. Ils auront à déposer devant la Commission d'Enquête sur la trahison des trusts que la France libérée aura hâte de constituer en la munissant de pouvoirs extraordinaires.

    Dès maintenant, fonctionnaires, hommes de loi et techniciens de la Banque et de l'Industrie ont le devoir strict de renseigner les organisations de Résistance. La plupart des actes de trahison des trusts sont certainement encore inconnus : c'est la tâche sacrée des patriotes qui peuvent percer le mystère savamment entretenu de dire la vérité au pays. Cette recherche est toujours possible, en dépit des précautions prises par les plus avisés. L'unanimité des Français patriotes et honnêtes attend des techniciens qu'ils servent la justice et la nation en coopérant de toutes leurs forces à l'oeuvre d'élémentaire salubrité publique aujourd'hui même.

    Aux employés de banque, il appartient, par exemple, d'établir un répertoire alphabétique central des hommes des trusts et de leurs prête-noms, de façon à dépister les doubles emplois (précaution prise par beaucoup, semble-t-il, pour diminuer l'importance de leur avoir dans chaque banque), de signaler les augmentations de soldes créditeurs, disons le 10 juin 1940 et à fin décembre de chacune des années suivantes. Des obligations analogues s'imposent au personnel des Agents de Change et de tous les établissements recevant des dépôts d'espèces à un titre quelconque.

    Le contrôle des achats de valeurs et de biens de toute nature ne sera pas moins révélateur.

    Mais répétons-le, c'est dans chaque secrétariat de grosse firme et de trust que les archives, la correspondance, les bulletins de commande et de livraison, les procès-verbaux des réunions du Conseil d'administration, etc., doivent être dépouillés, copiés, photographiés, mis de côté tout de suite, avant que les intéressés ne les fassent disparaître au jour de la défaite. Non seulement le personnel des bureaux, mais tous les ingénieurs, tous les fonctionnaires des Comités d'Organisation, tous ceux de l'Office de Répartition des matières premières sont particulièrement bien placés pour démasquer les trusts qui ont fait passer leurs intérêts particuliers avant les intérêts du pays en guerre, qui ont armé l'ennemi contre la France et ses alliés.

 

Au nom de la sécurité nationale pour la transformation des entreprises des trusts en entreprises publiques

    Ce n'est pas seulement en France que les agissements des trusts ont compromis la sécurité nationale. Et tant s'en faut qu'ils ne soient attaqués que par le secteur ouvrier de l'opinion ou par la tendance socialiste ! Au meeting du 11 septembre 1943, à Chicago, M. Wallace, vice-président des Etats-Unis, a dévoilé, dans un discours retentissant, l'existence et l'action du « supergouvernement secret » qui a « usurpé la souveraineté du peuple dans les relations internationales ». Ce gouvernement secret, c'est celui des trusts, des « cartels internationaux qui étranglent la production, font une concurrence déloyale et usent de méthodes qui conduisent à la guerre ».

    D'après le « Times » du 13 septembre, M. Wallace a rappelé qu'en sa qualité de Secrétaire d'Etat à l'Agriculture, il avait participé aux efforts pour créer des stocks de caoutchouc et fabriquer du caoutchouc synthétique. Ce que je ne savais pas et ce que 130 millions d'Américains ne savaient pas, c'est que les dirigeants privés de l'industrie mondiale avaient leur façon personnelle d'envisager la question du caoutchouc synthétique. Le caoutchouc synthétique était l'objet d'un accord privé entre une grande compagnie américaine de pétroles et l'I. G. Farben... La compagnie américaine eut à choisir entre son loyalisme envers les Etats-Unis et ses obligations commerciales envers son associé allemand. La compagnie américaine fit trois choses : elle induisit le gouvernement américain en erreur relativement au caractère restrictif des brevets... La production de caoutchouc Butyl fut arrêtée pendant cinq ans, bien que la compagnie américaine eut inventé le Butyl et sût que le Butyl avait de meilleures qualités que le Buna (caoutchouc synthétique allemand). Des informations complètes et des rapports réguliers sur le Butyl furent donnés à l'associé allemand du cartel, mais en même temps la compagnie américaine essayait de tromper le représentant de la marine des Etats-Unis qui avait été spécialement chargé d'enquêter sur le Butyl. Un autre membre américain du cartel se considéra comme obligé d'envoyer en Allemagne des informations que le Ministère de la guerre lui avait spécialement demandé de ne pas divulguer. Un autre encore donna son accord pour aider les Allemands à cacher le vrai propriétaire de biens allemands aux Etats-Unis afin que le Sequestre des Biens ennemis ne put s'en saisir.

    Comme ils sont chez nous les auteurs de la politique de Munich et du sabotage de quatre ans de pacte franco-soviétique, les trusts sont aux Etats-Unis les responsables de la politique d'isolationnisme et de collusion avec Hitler, qui n'a jamais cessé dans certains milieux. Ce sont eux qui, dans les journaux à leurs ordres, font passer des allusions flagrantes de l'opportunité d'une paix séparée et négociée au lieu de la capitulation de Hitler et qui inséraient il y a quelques mois, dans toute la presse Hearst, un éditorial intitulé : « La guerre du Pacifique, seule, est la guerre de l'Amérique. » Ainsi se continue aux Etats-Unis la politique de « non-intervention » si chère aussi de tout temps aux trusts français.

    Ce sont les trusts qui, en Amérique et en Grande-Bretagne, ont pendant deux longues années tourné en dérision la promesse de leurs gouvernements concernant la constitution d'un deuxième front.

    A la veille de cette guerre, les trusts britanniques fournissaient du fer au japon et inséraient des réclames de tanks à vendre dans les journaux militaires de Hitler. La semaine même où Hitler entrait à Prague, les gros industriels d'Angleterre étaient sur le point de s'asseoir à la même table que les industriels hitlériens pour se partager le monde. Un des hommes du gros capital, Hudson, toujours ministre, assura Litvinov, la main sur le cœur, que la politique « d'apaisement », était enterrée, et quelques jours plus tard offrit au représentant du Trésor de Hitler un crédit d'un milliard de livres.

    Dans le procès intenté tout récemment devant la Cour Suprême des Etats-Unis aux trusts britanniques des Imperial Chemical Industries et à son congénère américain le trust Dupont, il a été fait de nouveau allusion à la connivence de ces trusts avec des agents allemands en Amérique du Sud. Aussi bien qui ne connaît les relations étroites de feu Chamberlain, l'homme de toutes les capitulations, avec les Imperial Chemical Industries dont il avait, dit-on, un paquet de 11.747 actions.

    Les circonstances ont permis aux trusts français de faire beaucoup mieux encore que leurs émules anglo-saxons. En France, la trahison des trusts a été consommée, pour ainsi dire, à la perfection.

    C'est pourquoi, notons-le en passant, les patriotes de France, c'est-à-dire le pays quasi entier, se félicitent quand il leur arrive d'entendre à la radio d'Alger, le porte-parole de la France Combattante donner un avertissement « aux industriels français qui ont accepté librement de travailler pour l'Allemagne » et déclarer qu'ils auront à répondre de leurs actes devant la justice et qu'ils paieront le prix de leur trahison.

    Les patriotes de France, les mineurs du Nord, du Pas-de-Calais et du bassin de la Loire, dont la grève héroïque d'octobre a fait perdre 300.000 tonnes de houille à l'occupant d'après les propres documents de Bichelonne et qui continuent à faire baisser la production de mois en mois, les Francs-Tireurs et Partisans qui sont arrivés, nous disent les mêmes documents officiels, à « interrompre le trafic sur la plupart des voies fluviales » et à rendre « angoissant » le problème du transport de courant électrique, tous ces combattants trouvent que la déclaration d'Alger est bonne, mais ils trouvent aussi qu'elle ne dit pas assez.

    Elle ne dit pas assez parce qu'elle ne nomme pas par leur nom les principaux responsables : les trusts.

    Elle ne dit pas assez parce qu'elle ne désigne pas par leur nom les peines qui leur seront infligées.

    Elle ne dit pas assez parce qu'elle ne dénonce pas les manœuvres des trusts pour échapper au juste châtiment, soit qu'il s'agisse de ridicules excuses comme celles du trust Kuhlmann s'abritant derrière ses valets Pucheu et Bréart de Boissanger, soit que les trusts s'appliquent à fomenter pour demain des discordes civiles grâce auxquelles ils sauveraient leur situation.

    Dans l'été de 1943, les trafiquants de la Patrie qui composent le Comité des Forges ont tenu une importante réunion. A côté des de Wendel, Peyrimhof, feu Schneider, se trouvaient des requins de moindre envergure comme le fameux Lambert-Ribot. L'objet de la réunion était l'établissement d'un plan pour continuer à aider Hitler ou ses remplaçants même quand ils auront dû évacuer la France.

    Ces messieurs ont, en effet, admis que les boches seraient bientôt obligés de vider les lieux. Pour prolonger leur œuvre sur le sol de France, ils méditent de lever, dans la France libérée, le drapeau de la lutte à main armée contre le parti des fusillés pour cause de patriotisme, contre le parti communiste. Encore ont-ils stipulé qu'il convenait d'élargir la définition du communiste, en l'étendant à tout ce qui se situe entre l'agitateur de 1936 et le simple partisan du suffrage universel.

    Comme moyen d'action, les âmes basses du Comité des Forges, pour qui tout peut s'acquérir au poids de l'or et qui jugent chaque conscience d'après la leur, n'avaient rien imaginé de mieux que d'acheter 20.000 des héros du maquis pour écraser les patriotes de la région parisienne après le départ des boches.

    Les faits que nous rapportons sont incontestables. Ils sont connus de toutes les organisations et de tous les dirigeants de la Résistance. Les combattants du maquis qui ont tressailli sous l'insulte, et avec eux tous les Français patriotes, se demandent pour quelle raison des agissements aussi criminels n'ont pas été dénoncés avec l'unanimité et la force nécessaires.

    En outre, les Français patriotes sont d'avis qu'il faut tirer une bonne fois la conclusion de la haute trahison des trusts. L'exécution des individus coupables est certes indispensable, mais elle ne résoudra pas tout le problème. Ce ne sont pas seulement les consciences qui étaient pourries, c'est aussi et d'abord le système.

    M. Wallace met le doigt sur la plaie quand il accuse les trusts d'usurper fatalement, grâce à leur puissance économique, l'autorité de l'Etat dans les relations internationales, de subordonner fatalement leur respect des lois et décisions de la nation à la propre loi de leurs cartels et organismes internationaux dictés par l'argent seul. Si les trusts ne sont pas supprimés, il arrivera nécessairement ce que M. Wallace annonçait le 1 er août 1943 dans son discours de Détroit : la paix nous fera passer « des camps de concentration et des assassinats en masse des fascistes à une jungle de gouvernements gangsters conduits dans les coulisses par des impérialismes assoiffés de pouvoir et avides d'argent ». Comme disait encore le Vice-Président des Etats-Unis, on ne peut pas combattre le fascisme à l'étranger et tolérer chez soi l'action des groupes puissants qui entendent faire de la paix « une simple reprise d'haleine entre la mort d'une vieille tyrannie et la naissance d'une nouvelle ».

    Sous peine de duperie, il ne faut donc pas se contenter de passer par les armes les traîtres du Comité des Forges, du Comité des Houillères, du trust Kuhlmann, des grandes Banques, etc... Il faut extirper pour l'avenir aussi les racines de la trahison en supprimant l'indépendance de la féodalité financière par rapport à l'Etat ; en abolissant les trusts de même que les rois de France ont aboli les grands fiefs, ces foyers de perpétuelles rébellions ; en prononçant la confiscation des entreprises et des biens des trusts pour cause d'utilité publique, comme nécessaire à la souveraineté nationale et à la sûreté du pays.

    Car c'est uniquement la satisfaction de l'utilité publique et la garantie de la sûreté nationale qui sont en cause dans ce débat. Il ne sera permis à personne d'y intervenir en reprochant aux accusateurs des trusts d'obéir à des opinions préconçues, à des théories éloignées de la vie. C'est l'expérience de la vie, c'est la leçon des événements qui parlent contre les trusts.

    Autrefois, on pouvait discuter dans l'abstrait sur les mérites comparés de la gestion privée et de l'exploitation des entreprises industrielles ou commerciales par l'Etat, telle que celui-ci était amené à l'entreprendre en vue d'un intérêt fiscal, social ou autre. Autrefois, on aurait pu tirer des arguments analogiques de lois inspirées par les trusts eux-mêmes ou promulguées par leurs amis : par exemple, la loi sur le service du travail obligatoire ou la loi sur la réquisition des exploitations agricoles abandonnées. Autrefois, on aurait pu faire appel, pour démontrer que la gestion de l'Etat n'est pas moins économique ou moins habile que la gestion de groupements particuliers, à des documents officiels de l'Etat fasciste de Vichy lui-même ; c'est ainsi qu'on aurait pu invoquer l'exemple de la Société Française de Transport et Entreprises frigorifiques (S.T.E.F.). La S.T.E.F. a été constituée le ter janvier 1940 pour assurer, sous le contrôle de la Société Nationale des Chemins de fer, une utilisation enfin rationnelle du parc de wagons frigorifiques de la France. Or la comparaison entre l'année 1938, avec les trois sociétés privées qui existaient alors dans cette branche, et les années 1941 et 1942, avec l'exploitation d'Etat, montre que non seulement la nouvelle forme d'exploitation a rétabli malgré la guerre et l'occupation, l'ancien trafic, mais a obtenu un rendement plus élevé : 660.478 tonnes transportées en 1942 contre 597.537 tonnes en 1938 C'est l'officielle « Revue Générale des Chemins de fer » qui nous l'apprend.

    Tel est le genre d'arguments auxquels on aurait pu recourir autrefois pour instituer à loisir une discussion où il eut été question des frais de gestion, de la rentabilité des entreprises, du rendement, etc.

    Mais aujourd'hui, c'est d'autre chose, de quelque chose de beaucoup plus grave qu'il s'agit. Les valeurs qui sont en jeu n'admettent pas de commune mesure avec les considérations purement économiques.

    Quand on aurait apporté une démonstration qui n'a jamais pu être fournie : celle de l'infériorité économique de la gestion publique des grands établissements par rapport à la gestion privée, cette démonstration même serait sans efficacité contre la nécessité publique et nationale, qui est d'un ordre supérieur. Même en ce cas, il en serait de l'industrie lourde, de la haute banque et de toute l'économie aujourd'hui soumise aux trusts comme il en était de la vieille armée de fantassins et de cavaliers : économiquement, la vieille armée coûtait sans doute moins cher à la nation que l'armée moderne et motorisée, mais politiquement, nationalement, on a vu ce qu'elle coûte au malheureux pays qui la conserve !

    La question n'est donc pas de savoir qui, de la collectivité ou des trusts, peut gérer à moindre frais les grands établissements et les mieux développer.

    La question n'est même pas de savoir ce que la morale et la conscience publiques exigent, si nécessaire que l'expropriation des trusts, considérée comme un châtiment, puisse assurément apparaître.

    La question est de savoir si un système de domination économique qui fait forcément des sans-patrie et des traîtres sera maintenu ou supprimé. C'est au nom du salut public qu'il faut exproprier les trusts. Toute autre position de la question, aujourd'hui, n'est qu'une manœuvre propre à sauver les trusts.

    Il ne s'agit pas ici de frapper les trusts au nom de la maxime socialiste d'un ou de plusieurs partis, il s'agit de mettre fin à une trahison dans l'intérêt suprême de la Patrie, tel qu'il est évident à tous ses fils.

    La confiscation proposée ne sera pas une nouveauté dans l'histoire de la France. La vieille monarchie n'a pas hésité à confisquer les biens des rebelles et des traîtres. La Convention a exproprié les émigrés ; elle a ordonné par les décrets de Ventôse la redistribution aux patriotes pauvres des biens de tous les ennemis du pays en guerre. Cette fois encore, la confiscation devra frapper tous les traîtres, gros et petits, et la nation devra rester maîtresse de toutes les entreprises des trusts puisque celles-ci, par leur nature, ne sauraient être aliénées sans péril de mort pour le pays.

    Impossible également de prétendre que pareille mesure introduise une innovation plus ou moins révolutionnaire dans le Droit français. N'importe quel étudiant de première année sait : 1° que, d'après la règle constante du Droit positif français, il faut et il suffit, pour la transformation d'une entreprise privée de caractère industriel ou commercial en entreprise publique, que cette transformation soit justifiée par l'intérêt public ; 2° que la jurisprudence du Conseil d'Etat s'est toujours livrée à une interprétation très constructive des textes qui pouvaient exister en la matière, admettant par exemple que « l'intérêt public » s'entendait des besoins du ravitaillement en période de crise. Qui ne voit dès lors que, si le droit traditionnel de la France autorise les pouvoirs publics à se substituer à un commerçant défaillant quand il s'agit de nourrir la population, il ne saurait à plus forte raison s'opposer à la prise en charge par l'Etat d'entreprises dont les propriétaires agissaient pour la mort des citoyens et de l'Etat.

    Pour légitimer la transformation des entreprises des trusts en entreprises publiques, il n'y a pas lieu de faire appel à une conception nouvelle, à une conception socialiste du Droit ; la conception traditionnelle du Droit administratif français est la vraie base de cette opération. En effet, s'il est exact que, pour cette conception traditionnelle, « les intérêts publics sont des intérêts à caractère politique, c'est-à-dire touchant à ce qu'on peut appeler, au sens large, la police de la cité », il n'est pas moins certain que « le contrôle de la production et de la répartition des richesses peut rentrer dans la police de la cité... en tant qu'il est une garantie de bon ordre et de développement social ». « L'utilité publique peut donc viser des objectifs économiques..., mais à titre de moyen et non pas de fin ». D'où la définition suivante : « Ressortit à l'utilité publique cette part des intérêts communs aux membres d'une collectivité qui touche à la police de la cité et garde un caractère politique, alors même qu'il lui est donné satisfaction par un contrôle de l'économie » (souligné dans le texte).

    Nous empruntons la formule à l'édition de 1943 du « Précis élémentaire de Droit administratif », d'Hauriou, ouvrage orthodoxe s'il en est. Cette formule suffit à notre démonstration « c'est au seul nom de la police de la cité », sous sa forme suprême : la sauvegarde de la sûreté, la défense nationale, que nous demandons la transformation des entreprises des trusts en entreprises publiques.

 

Pourquoi l'aliénation des entreprises confisquées serait contre-indiquée

    Théoriquement, à vrai dire, une contre-proposition est possible. On peut suggérer d'aliéner au profit du Trésor les biens des trusts confisqués, comme on aliénera éventuellement ceux d'un paysan, d'un commerçant, d'un industriel petits ou moyens frappés, eux aussi, pour trahison.

    Nous répondrons d'abord que, si l'intervention de prête-noms est relativement facile à déceler lors de la vente d'une propriété ou d'une entreprise de proportions modestes dans un cadre local bien connu, aucune précaution ne pourrait empêcher les trusts de faire racheter par des hommes de paille leur avoir confisqué : la puissance et l'ampleur de leurs relations feront de cette opération un jeu d'enfants.

    Mais admettons, hypothèse la plus favorable à nos contradicteurs, que l'avoir des trusts expropriés soit acquis par d'autres personnes, par d'autres sociétés, sans lien avec les premières, on aboutit dans ce cas à renforcer la concentration, autrement dit la puissance des trusts. Impossible de sortir de ce dilemme ; par l'aliénation des biens des trusts confisqués ou on favorisera les manœuvres des mauvais Français qu'on voulait punir, ou on favorisera des trusts similaires.

    Ce n'est pas tout, une entreprise faisant l'objet d'une aliénation au profit du Trésor se dépréciera sur le marché. Et les hommes des trusts y aideront, on peut en être sûr ! Si les actions de cette entreprise sont cotées en Bourse, elles subiront une baisse importante. Dira-t-on qu'on suspendra les cotations ? Le remède serait pire que le mal. L'offre d'un grand nombre d'entreprises aboutira forcément à l'effondrement des prix et des cours. Qui en profitera ? La réponse est trop claire pour qu'on la formule. C'est le scandale de l'aliénation des mines et usines de Lorraine après la guerre de 1914 qui se répétera sur une échelle beaucoup plus vaste.

    Du point de vue de la production également, de telles méthodes seraient très préjudiciables aux intérêts du pays. Elles risqueraient de porter un coup à la production au moment précis où il s'agira de la réorganiser, de l'intensifier. Le sort d'une entreprise ne peut, en effet, rester en suspens sans de graves inconvénients. Vendre les entreprises confisquées, ce n'est pas seulement les déprécier, c'est introduire le trouble dans la vie économique du pays et ouvrir la porte à toutes les opérations des hommes des trusts, comme à celles de la concurrence économique étrangère.

    Objectera-t-on qu'on procèdera par étapes pour limiter de tels inconvénients ? Il n'est pas démontré qu'en prolongeant une situation anormale, on atténue le mal. C'est le contraire qui se produira plutôt. Et puis, la volonté du pays est qu'on châtie les traîtres vite et fort : qui ne l'observerait pas, provoquerait un malaise national, s'ajoutant au malaise économique et aux conséquences politiques de ce premier malaise,

    En opposition à tous les procédés aboutissant finalement à remettre les entreprises des trusts à leurs anciens propriétaires, ou à d'autres tout pareils, et cela au milieu de dangereux troubles économiques et politiques, c'est donc la transformation des entreprises des trusts en entreprises publiques qui s'impose. Seule, elle élimine toute possibilité de corruption et de manœuvres ; seule, elle atteint efficacement les coupables, au point de vue économique. Seule surtout, elle soustrait définitivement le pays à l'emprise de l'étranger.

    L'expropriation des trusts frappés pour trahison ne peut se faire que de manière, non seulement à expulser les hommes des trusts de leurs anciennes entreprises, mais à leur rendre impossible pour autant qu'ils n'auront pas subi la peine capitale, toute intervention dirigeante dans la vie économique du pays.

 

La sauvegarde des droits des actionnaires patriotes

    En revanche, il ne peut être question de léser en quoi que ce soit des Français patriotes ayant des intérêts dans les affaires dont la confiscation sera nécessaire.

    Ce n'est pas ici le lieu d'examiner en détail la sauvegarde des droits de ce genre. Il suffira d'indiquer des directions générales.

     La transformation des entreprises privées en entreprises publiques prendra sans doute des formes variées selon la nature de l'entreprise.

    Pour les Banques, les Assurances, la Houille Blanche, les Mines, etc., il ne peut s'agir que d'une propriété exclusive de l'Etat. Les titres des gros actionnaires jugés coupables sont confisqués et annulés sans autre formalité. Les actionnaires reconnus irresponsables de la trahison déposent leurs titres avec fins de remplacement. Plusieurs moyens peuvent être envisagés pour déterminer la valeur des actions ; en aucun cas la difficulté d'évaluation du cours ne saurait être invoquée comme empêchement de la nationalisation, car il est aisé d'imaginer un grand nombre de combinaisons équitables.

    L'ex-actionnaire non compromis reçoit donc notification de la valeur de sa créance sur l'Etat. Il lui est loisible de la transformer en fonds d'Etat à moyen ou à long terme, portant le titre, par exemple, de « Rente française pour l'amortissement du secteur économique nationalisé ». Des émissions multiples donneront plus de souplesse au système et offriront aux ex-actionnaires des possibilités adaptées au niveau de vie de chacun.

    Le service de ces titres sera assuré par le Comité de Gestion du Secteur économique nationalisé. Celui-ci, qui gèrera commercialement pour le compte de l'Etat les entreprises et industries nationalisées, balancera les dépenses du service financier de sa dette initiale par les produits de sa gestion. Le solde bénéficiaire viendra s'inscrire dans les recettes annuelles du budget de l'Etat.

    On peut supposer que certaines entreprises, certains groupes d'entreprises resteront sous un régime d'économie mixte pour une durée donnée : la gestion par l'Etat, détenteur, après confiscation de la majorité des actions, coexistera avec le maintien d'un capital actions minoritaire aux mains de particuliers. C'est toujours la section financière du Comité de Gestion qui sera chargée des règlements. La France de demain aura pour principe de défendre l'ensemble des classes moyennes contre les effets de la politique d'extermination que les trusts ont si cruellement poursuivie à leur égard. De même que doivent être sauvegardés les intérêts des actionnaires honnêtes des entreprises confisquées, les souscripteurs aux emprunts d'Etat, la masse des petits et moyens rentiers, des retraités, etc., seront protégés contre les conséquences de l'inflation catastrophique, aux frais des coupables. Et ces coupables ce sont les boches (197 milliards 370 millions de frais d'occupation prévus pour 1944 !) et les trusts maitres absolus de l'Etat, solidairement responsables d'une situation telle que le volume des billets en circulation a augmenté de 351 % de la fin de 1938 à la fin de 1943.

 

Vers l'épanouissement de l'initiative des Cadres

    La confiscation des entreprises des trusts sera décidée, nous l'avons dit, exclusivement pour des motifs tirés de la nécessité publique et nationale. Il n'y a pas lieu d'invoquer des motifs d'utilité sociale.

    On ne saurait pourtant omettre de signaler ici l'extension considérable des responsabilités et du rôle des ingénieurs et techniciens ainsi que le développement sans précédent de la Recherche théorique et appliquée industrielle et agricole, qui résulteront de la nationalisation. Pour la première fois, les cadres seront appelés à jouer un rôle à la mesure de leurs capacités et de leur dévouement.

    La nationalisation des entreprises des trusts s'accompagne obligatoirement de la création d'instituts nouveaux d'étude de la Conjoncture économique et d'organes du Plan. Les principes d'étranglement de la technique, de malthusianisme économique, d'étouffement de la recherche et de l'initiative des cadres qui étaient ceux des trusts font place à des règles d'action diamétralement opposées. Le but est : rendre à la France d'en deçà et d'au delà des mers, une et indivisible, la place qu'elle doit normalement occuper dans le monde et que le parasitisme putride des trusts l'avait mise hors d'état de conserver. Le but est l'indépendance économique et politique de la France.

    Des architectes aux économistes, des urbanistes aux ingénieurs des mines, des techniciens des usines aux agronomes, il y aura du travail, un champ d'action vaste, une liberté créatrice inconnue jusqu'ici, pour tout le monde. Les amendes et restitutions imposées aux hommes des trusts serviront à doter initialement le Fonds de Recherches et d'Expansion Economique indispensables. Les spécialistes les plus haut placés aujourd'hui pourront demain servir le pays dans des conditions bien meilleures, qu'il s'agisse des directeurs commerciaux, des directeurs de banques, des chercheurs de laboratoires ou des organisateurs de l'industrie. L'ancienne méthode isolait les cadres, elle les parquait sur leur lieu de travail en limitant leur horizon au maximum : demain, au contraire, ils seront reliés à l'ensemble de leur branche, à l'ensemble du système économique, en contact avec toutes les idées, tous les plans et toutes les possibilités.

    Au sein même de l'entreprise nationalisée, l'ingénieur, le chef de fabrication, le chef de vente, le chef des prix de revient, tous les autres techniciens auront accès au Comité de Production, recevant ainsi une vue d'ensemble sur le fonctionnement de leur maison. Nul doute qu'un ingénieur ne soit mille fois plus apte à coopérer à la direction de son entreprise qu'un gros actionnaire dont toute la compétence s'épuise à faire le compte des rémunérations supplémentaires attachées à son titre.

    Parce que le système nouveau aura pour but le développement de la production, ce sera une de ses nécessités internes d'assurer le libre épanouissement de toutes les capacités des cadres à l'échelle de l'entreprise comme à l'échelle de l'économie nationale.

 

La France unanime contre les trusts

    Il est certain que la nationalisation des entreprises des trusts comportera des avantages non moins importants pour le personnel ouvrier, pour le public, pour les finances ou la monnaie de l'Etat, etc... On a maintes fois montré, par exemple, comment la nationalisation des assurances débarrasserait l'Etat français de la menace que font peser sur lui les compagnies détentrices de valeurs d'Etat acquises avec l'argent soutiré à la masse des Français, comment elle permettrait d'abaisser le taux des primes et ainsi de suite.

    Tout le monde a vu pendant cette guerre les Banques se borner à empocher des dizaines de milliards en remplissant simplement le rôle d'intermédiaires entre le public et l'Etat pour le placement des titres, ce qu'un service public bancaire aurait fait à bien meilleur compte ; si les Caisses d'Epargne ont maintenu un taux d'intérêt en rapport avec le loyer de l'argent, les Banques ne servent pratiquement plus d'intérêts à leurs déposants, exception faite pour quelques gros comptes. Les Banques exercent en tout temps une pression sur les gouvernements, sur les industriels et les commerçants.

    On pourrait accumuler les considérations de ce genre. Nous les avons toutes laissées de côté dans l'exposé qui précède. L'intérêt national sous ses formes les plus directes a été notre seul critérium. Nous n'attaquons pas ici les trusts au nom de leur malfaisance sociale, en nous plaçant à un point de vue démocratique. Nous les attaquons avec tous les Français comme traîtres au pays.

    La France elle-même se dresse contre les hommes des trusts. Elle leur dit :

    Vous êtes coupables de haute trahison, parce que maîtres de l'économie nationale depuis plus de cinquante ans, vous avez par votre soif du profit, par votre malthusianisme égoïste, provoqué progressivement l'affaiblissement économique et démographique, politique et militaire de mon peuple.

    Vous êtes coupables de haute trahison, parce que de 1933 à 1940, vous m'avez trahie par haine des travailleurs, sabotant les fabrications de guerre par opposition aux lois sociales, subventionnant la cinquième Colonne hitlérienne pour abattre la démocratie et ruinant mes alliances.

    Vous êtes coupables de haute trahison, parce que, depuis 1940, vous avez partagé mes dépouilles avec l'ennemi, livrant toutes mes richesses, déportant mes enfants, convertissant en fleuves d'or les larmes de mes yeux, et le sang des meilleurs des Français désignés par vous aux exécuteurs.

    Vous êtes coupables de haute trahison, parce qu'aujourd'hui encore, vous ne songez à rien d'autre qu'à constituer des groupes de guerre civile en essayant, d'une part, d'agir par ruse dans les organisations de résistance, et en subventionnant d'autre part les milices fascistes.

    Vous êtes coupables de haute trahison, et c'est pourquoi vous n'inspirez qu'horreur à tous les bons Français, vous ne méritez que la perte de vos biens et le châtiment suprême.

 

Imprimerie Générale - Grenoble

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19 mars 2008 3 19 /03 /mars /2008 19:00

Première partie ici.
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"Réformes " fiscales


    Les trusts ont encore tiré un autre bénéfice de la présence des nazis en France. Ils ont été en mesure de manipuler la législation fiscale dans un sens positif pour eux, avec effets écrasants pour leurs concurrents.

    Sur le modèle des procédés appliqués en Allemagne, toute une série de mesures ont d'abord été prises à leur profit direct :

1° Avantages fiscaux très importants pour favoriser les « fusions » de sociétés, c'est-à-dire la concentration.

2° Exonération d'impôts sur le revenu des dividendes distribués par une société française, exonération qui est accordée aux « sociétés-mères » possédant 39 % du capital de leurs filiales contre 50 % auparavant.

3° Exonération de l'impôt sur le revenu cédulaire en faveur des plus-values résultant de l'attribution gratuite d'actions, de parts bénéficiaires, de parts sociales ou d'obligations à la suite de fusion de sociétés en capitaux.

4° Suppression de l'impôt sur le revenu global qui frappait, dans le cas de distribution de réserves (sous forme de fusion de sociétés ou sous celle d'augmentation de capital) l'attribution d'actions gratuites ou les plus-values résultant de cette attribution.

    L'Etat nouveau n'aurait su mieux démontrer quil était, sans partage, l'Etat des trusts. Mais ce n'est pas tout : aux dégrèvements massifs en faveur de l'oligarchie ont correspondu des aggravations de charges pour les petits commerçants et les artisans. La cédule de l'impôt sur les bénéfices commerciaux a été augmentée ; la déduction pour « salaire de la femme mariée » est abolie ; on a vu, à Paris, augmenter la taxe sur la valeur locative des locaux professionnels de 100 % pour les petites boutiques et les petits ateliers, quand elle n'était majoré que de 14,28 % pour les usines et les grands magasins.

    L'aggravation des charges fiscales a été étendue par l'Etat fasciste à l'agriculture. L'impôt sur les bénéfices agricoles a été appliqué à un million de paysans.

    A l'heure présente, l'occupant et les trusts exercent conjointement une action très puissante sur le gouvernement à leur dévotion, en faveur d'une grande « réforme fiscale » accablante pour l'agriculture familiale, le petit commerce, l'artisanat et les professions libérales.

 

La situation actuelle de l'agriculture

    En même temps, les trusts imposaient à la paysannerie une politique des prix qui la ruine, qui dévore la substance des exploitations, malgré l'augmentation des signes monétaires qu'on peut constituer à la campagne dans certains cas : la terre dépourvue d'engrais et appauvrie, le cheptel mort tombé au dernier degré du délabrement, l'augmentation foudroyante des prix des chevaux et de tous les produits nécessaires en culture, voilà ce qui caractérise la politique agricole du régime des trusts omnipotents. En 1937, un quintal de blé, vendu 160 fr. payait 500 kg. de charbon ; en 1943, taxé à 410 fr. il ne paie plus que 350 kg. de charbon. En 1937, un hectolitre de vin, vendu 155 fr. permettait d'acheter une paire de souliers : en 1943, taxé à 450 fr., il ne paie plus qu'un seul soulier. En 1937, 100 litres de lait, vendus 100 fr., équivalaient à quatre ferrures de cheval ; en 1943, taxés à 275 fr., ils ne paient plus que deux ferrures. Dans ces chiffres s'inscrit, en dépit d'apparences trompeuses, la ruine du paysan français.

    Ceux qui ne se ruinent pas, ce sont les trusts du lait, des fruits, du vin, etc. Sur le marché du lait, les trusts si souvent dénoncés imposent plus que jamais leur volonté aux producteurs comme aux consommateurs. La ménagère parisienne qui paie à la saison 50 fr. le kilo de poires, sait-elle que sur ce prix, les quatre cinquièmes au moins constituent la marge des gros intermédiaires ? Les vignerons ont été soigneusement exclus du droit de vendre directement à la clientèle et astreints à passer sous les fourches caudines des riches négociants. Le plan de collecte des céréales est astucieusement calculé de manière à favoriser le négoce parasitaire au détriment des coopératives, dont l'Etat a d'ailleurs détruit la structure démocratique au milieu des protestations les plus vives des agriculteurs, et que les grossistes s'efforcent par tous les moyens d'anéantir.

 

Quand l'avoir des trusts augmente onze fois plus vite que le salaire ouvrier

    Il serait inutile d'insister longuement sur la compression des salaires que l'occupation hitlérienne a permis aux trusts de réaliser. Les millions d'ouvriers français savent aujourd'hui, par l'expérience de la faim, du froid, du complet dénuement ce que c'est que le « nouvel ordre européen » des trusts et le « socialisme » à la mode nazie : avec leur salaire, ils ne peuvent ni se nourrir ni se vêtir ni se chauffer.

    La méthode des trusts est bien simple : fixité des salaires, augmentation vertigineuse du coût de la vie. La statistique officielle estime elle-même que la dépense journalière, en denrées alimentaires seulement, d'une famille ouvrière de 4 personnes à Paris est passée de 57 fr. en 1941 à 78 fr. en octobre 1943. Les indices pondérés des prix de détail (base 100 en 1914 à Paris) sont passés de 764 en août 1939 à 1.705 en octobre 1943 pour l'ensemble des trente-quatre articles. Ces prix s'entendent du marché régulier des produits taxés, qui ne peuvent suffire à assurer la vie de personne.

    Une étude basée sur des chiffres officiels a été établie en décembre 1942 dans une Ville du centre de la France en vue de déterminer le budget nécessaire pour faire face aux besoins vitaux d'une famille ouvrière de 4 personnes, où la femme demeure au foyer. Il en résulte qu'un minimum mensuel de 3.576 fr. est indispensable. Or, les salaires de la ville en question sont de beaucoup inférieurs. On sait que dans la région parisienne elle-même, la moyenne des salaires horaires de la métallurgie, allait en mai 1943, de 10 fr. (pour les manoeuvres) à 13 fr. 70 (pour les chaudronniers). La statistique générale de la France a donné la hausse des salaires en avril 1943 par rapport à octobre 1938 pour la région parisienne considérant 20 professions : cette hausse est de DIX-SEPT POUR CENT.

    Les propres collaborateurs du journal « La Vie Industrielle », qu'on ne suspectera pas de peindre trop en noir la condition ouvrière, déclarent que la part du salaire est tombée de 52 % du revenu national en 1938 à 46 % en 1942. Il y a de bonnes raisons de croire que ces pourcentages sont trop élevés, mais la tendance est hors de doute.

    Pour la plus grande prospérité des trusts, la misère physiologique tue en masse les enfants français. Quant aux adultes, la « Presse Médicale » a publié les résultats d'une enquête portant sur 500 ouvriers et 250 ouvrières d'une grande usine métallurgique de la région parisienne : 76,4 % des hommes, soit plus de 3 hommes sur 4, maigrissent ; chez les ouvrières, la proportion est de 55 %. La moyenne des hommes a perdu en chiffres ronds 7 kg. sur 70, soit 10 % ; cette baisse moyenne est de 6 % pour les femmes.

    On sait le sort des vieillards, des autres couches les plus faibles de la société.

    Les médecins ont observé que dans les hospices de vieillards soumis au régime alimentaire de Vichy, les pensionnaires, tant qu'ils conservent un souffle d'énergie manifestent individuellement contre l'insuffisance de la nourriture, réclament, assiègent les cuisines... Puis, à un certain moment, on les voit un à un cesser toute protestation, tous ressorts brisés. Quinze jours après, ils sont morts !

    Jamais il n'y a eu autant de sang sur les carnets de chèques des hommes des trusts.

    Mais jamais non plus des chiffres aussi astronomiques ne s'y sont inscrits.

    Les hommes des trusts ne connaissent pas, eux, les augmentations de « salaire » de 17 % pendant que le coût de la vie, d'après les seuls prix à la taxe, augmente d'une fois et quart.

    Non, leurs revenus ne s'accroissent pas comme ceux des ouvriers de la région parisienne, de 17 % en cinq ans, de 3,4 % par an.

    Leur rythme d'augmentation, à eux, c'est 37,5 % par an. Consultons en effet les tableaux de la capitalisation boursière moyenne des actions et parts de fondateurs sur le marché officiel de Paris : en face de l'indice de base 100 au 19 mars 1941, nous trouvons le chiffre 198 au 17 décembre 1943, 98 % d'augmentation en 33 mois, 35,7 % par an.

    Ainsi la fortune des trusts, sous le régime nazi, grandit plus de dix fois plus vite que le salaire de la classe ouvrière.

    La « Revue Economique franco-suisse » de novembre 1943, aboutit sensiblement aux mêmes conclusions. Etudiant le niveau des salaires horaires industriels en été 1943, elle le chiffre à 140 contre 100 avant la guerre, et cela compte non tenu du relèvement à 16 % du taux de l'impôt sur les salaires. Mais, ajoute-t-elle, l'indice des actions industrielles est passé de 100 en 1938 à 560 en automne 1943. Ainsi, les rapports des deux augmentations sont de un à onze et demie !

    La production globale de l'industrie française est au maximum, à la moitié du bas niveau de 1938, d'où il résulte que l'enrichissement des trusts n'est pas fonction du développement de la production. Il n'est donc absolument pas vrai que le super-profit permis aux chefs de l'économie trustifiée joue comme stimulant du rendement, il a été dans le passé et il reste aujourd'hui simultané à une compression de la production.

    Les trusts vont encore répétant que le gonflement de leurs avoirs est nécessaire à titre de précaution, parce que demain, la paix revenue, il sera nécessaire de renouveler le matériel épuisé. Telle est la seule et unique excuse « morale » qu'ils aient découverte. Pour en apprécier la valeur, il suffit de demander si le capital humain, si les forces et la santé de la classe ouvrière ne s'épuisent pas à l'heure actuelle d'une façon infiniment plus grave que l'outillage. Pourtant, les hommes des trusts se sont mis d'accord avec les hitlériens pour maintenir les salaires quasi immobiles en sapant d'un cœur léger le minimum vital de millions et de millions d'êtres !

 

Part à deux !

    De même qu'ils étaient d'accord pour surexploiter la main-d’œuvre, les hommes des trusts et les boches ont été d'accord pour piller le pays, en vue de renforcer la capacité militaire de l'ennemi de la France. Dans le phénomène de la trahison, l'aspect national et l'aspect social sont si étroitement unis qu'ils se confondent.

    Souvent, la trahison des trusts a pris une forme tout à fait déclarée : les sociétés françaises ont apporté un concours direct et délibéré à l'envahisseur sur le terrain financier, industriel ou commercial, agissant ainsi, sans contestation possible, en intelligence avec l'ennemi, aux termes mêmes du code.

    On connaît tous ces accords qui tendent à l'étranglement de l'économie nationale : constitution dans l'industrie chimique du groupement Francolor ; commission « inter-européenne » de l'automobile ; accords de réassurance négociés par le secrétaire de Laval, Guérard ; conventions souscrites par le cinéma, le verre, la céramique, l'industrie du froid, etc. Les Pucheu et les Bichelonne, en patronnant ces prétendus accords, ont sacrifié allègrement aux trusts allemands le patrimoine de la France, l'ossature du pays. Mais les hommes des trusts français n'ont pas seulement obéi, ils ont consenti, applaudi, provoqué. Ils sont plus coupables même que les Pucheu et les Bichelonne, ces gibiers de potence, car il y a toujours plus de culpabilité dans le maître que dans le valet.

    La Société Francolor, société anonyme de matières colorantes et produits chimiques, a été créée en 1941 au capital de 800 millions avec l'apport de quatre usines du trust français Kuhlmann traitant la branche des matières colorantes : 51 % des actions sont aux mains du trust allemand I. G. Farben, qui est ainsi maître de l'affaire et contrôle donc toute l'industrie française des matières colorantes. En contrepartie de ses usines de Villers-Saint-Paul et d'Oissel et ses filiales de Saint-Denis et de Saint-Clair-du-Rhône, Kuhlmann a reçu un paquet d'actions de l'I. G. Farben. Francolor est administré par un Conseil comprenant quatre Allemands et quatre Français, dont René Duchemin, président des Etablissements Kuhlmann : Clemenceau a envoyé à Vincennes de moins grands coupables ; il faudra bien que ce criminel y soit traîné.

    Pas davantage il ne sera besoin d'une longue enquête pour les dirigeants de l'automobile : tout le monde connaît les décisions de Mai 1941 des trusts de cette industrie pour « une étroite collaboration » avec leurs congénères d'Allemagne et d'Italie. C'est en vertu de cet accord que fut constituée une commission pour la soi-disant coopération de l'industrie automobile européenne sous le patronage du « Délégué général (boche) à l'Automobile ». Les constructeurs français se sont spécialisés dans la production de pièces standardisées pour quatre types de camions, de une tonne et demie à quatre tonnes et demie, avec interdiction pour eux de fabriquer des voitures de tourisme, ces voitures de tourisme qu'ils fabriquaient de si bon cœur, au lieu de livrer du matériel de guerre à la France, dans l'hiver 1939-1940.

    Pour mieux souligner les accords, il a été créé une Société Générale Française de Construction Automobile, comprenant le groupe Peugeot, Hotchkiss, Saurer, Latil et les firmes Unic, Lafly, Delahaye, la Licorne. Ainsi nous assistons à une étape nouvelle de la concentration, et cette fois sous le contrôle et pour le compte de l'ennemi.

    L'ignominie des Usines Renault mérite une mention particulière. Les bombardements de l'aviation anglo-saxonne ayant causé à cette maison une perte de trois milliards, l'Etat de Vichy a refusé de l'indemniser en déclarant lui-même que les usines Renault n'avaient pas été réquisitionnées par l'occupant, qu'elles ne pouvaient donc pas invoquer la force majeure puisqu'elles s'étaient mises spontanément à la disposition des Allemands dès l'armistice. Tout le monde sait d'ailleurs que le directeur général de Peyrecave moucharde en personne à la Gestapo tous les ouvriers suspects. De Peyrecave et Louis Renault devront payer, sans compter un François Lehideux aux précautions tardives. Ils devront payer pour les soldats des nations unies tués à cause de leur empressement volontaire à équiper l'ennemi. Ils devront payer pour les centaines d'innocents tués dans les bombardements que leur trahison avait rendus nécessaires. Ils devront payer pour les ouvriers patriotes livrés au bourreau.

    La société Louvroil-Montbard-Aulnoye, firme métallurgique appartenant au trust Marcel Champin, lequel administre ou contrôle plus de quarante sociétés de hauts fourneaux, d'aciéries, d'industries diverses de la métallurgie, est le seul grand producteur de tubes en France. En 1941, elle a conclu, avec le Cartel allemand des Tubes, des accords pour la livraison à l'Allemagne « d'une partir considérable de sa production ». Le rapport à l'Assemblée Générale de 1941 déclarait cyniquement : « NOUS AVONS LE PLAISIR de reconnaître que des accords maintenant conclus tiennent largement compte de nos intérêts ». Qu'importe la Patrie, pourvu que l'anti-France respecte les intérêts.

    Citons encore, dans la métallurgie, « Krupp, Société anonyme pour la fabrication, la vente et la réparation de machines agricoles ». Il s'agit d'une filiale de la Société Fried-Krupp d'Essen, créée à Paris en 1943, au capital de 20 millions. Krupp apporte une usine située à Liancourt (Oise) : il faudra pourtant savoir comment cette usine a été acquise ! Premiers administrateurs : trois Français, dont Amidieu du Clos.

    En 1943 également a été créé une Société à responsabilité limitée Hoeschdris. Elle doit s'occuper de matières premières, produits industriels, industries du fer et de l'acier. Le gérant est allemand, mais les complices français sont connus, eux aussi ils auront à rendre des comptes.

    La Société pour la fabrication du métal dur « Sicamet » s'occupe depuis1942 de la production d'alliages et de tous métaux. Un apport a été fait par la Société Industrielle et Commerciale des Aciers. Les administrateurs sont trois Français, dont un, pour faciliter la liaison sans doute, est domicilié à Essen.

    Cette énumération pourrait être longuement continuée. Qu'il nous suffise de dire que les accords volontaires pour la fourniture à l'Allemagne de produits métallurgiques finis ou semi-finis ne se comptent plus. Le meneur du jeu, on s'en doute, n'est autre que l'officiellement dissous, mais toujours existant Comité des Forges. Les trusts sidérurgiques ont une responsabilité écrasante dans l'entretien de l'équipement de guerre de l'Allemagne. Ils se sont faits les serviteurs de Hitler : personne ne comprendrait qu'ils survivent à sa chute.

    Le rôle de l'électrochimie grandit tous les jours dans l'économie moderne. Toutes les firmes françaises de cette branche, Péchiney, Ugine, Boyel-Malétra, sont liées à l'Aéro-Banque, banque parisienne de l'aviation allemande créée en 1941, spécialement en vue de l'importation en Allemagne du magnésium et de l'aluminium français. L'Aéro-Banque est dirigée par trois administrateurs allemands. C'est donc au premier rang des « collaborateurs » qu'il faut placer les trusts électrochimiques et les aciéries électriques.

    En 1941 des accords ont été conclus entre autorités allemandes et françaises pour la construction de lignes de transport d'électricité à haute tension atteignant 400.000 volts afin d'assurer le transport de courant sur des, distances encore plus étendues et par là de se rapprocher du but : une exploitation européenne combinée. Tels étaient les termes employés par la « Gazette de Francfort ». L'exploitation européenne combinée, tout le monde comprit aussitôt que ce n'était qu'une hypocrite périphrase pour désigner l'approvisionnement de l'Allemagne en courant électrique. Le devoir des Sociétés françaises était donc clair : elles avaient, du point de vue national, l'obligation stricte d'arrêter l'application du programme décennal d'extension établi en 1938, de saboter la production, à la fois pour gêner la fabrication de guerre de l'occupant en France et pour appauvrir l'Allemagne en courant. Or, elles ont fait juste le contraire.

    Les entreprises principales, comme le groupement d'Electricité de la Compagnie du Rhône, les Forces Motrices de la Truyère, l'Hydro-Electrique de la Cère, ont poussé autant qu'elles ont pu la mise en exécution du programme. La Compagnie d'Electricité Industrielle a fait entrer en service, en 1941, les installations neuves du Lac de Portillon dans les Pyrénées ; la Force et Lumière des Pyrénées a entrepris l'aménagement de la chute d'Artige (rendement annuel de 28 millions de Kwh) et la Compagnie d'Electricité de la Loire et du Centre a établi sur l'Allier une centrale au débit de 17.000 Kwh.

    Les Forces Motrices de la Vienne se sont efforcées d'achever leurs nouvelles installations hydroélectriques du Massif Central dès 1943. L'Hydro-Electrique d'Auvergne a travaillé aussi d'arrache-pied à une nouvelle centrale. La Compagnie Générale d'Electricité ainsi que l'Union de l'Electricité, deux des plus grandes sociétés parisiennes, se sont intéressées, soit directement, soit par des filiales, au développement du réseau à haute tension. L'Energie Industrielle a aidé à l'expansion de nombreuses filiales, qui, comme la Société Lyonnaise des Forces Motrices du, Rhône, ont travaillé à des aménagements nouveaux du Rhône et de l'Isère avec une capacité totale de 440 millions de Kwh.

    Le Congrès franco-allemand de l'Energie est encore dans toutes les mémoires. La fourniture de courant à l'Allemagne par l'interconnexion s'est complétée par une besogne particulièrement scandaleuse : au cours des opérations de guerre, la grande centrale alsacienne de Kembs, sur le Rhin, avait été détruite. Ce sont les spécialistes français qui, en un temps record, l'ont remise en état ; et ce travail accompli uniquement par des Français, profite maintenant exclusivement à l'Allemagne.

    On peut dire que le capital de 120 milliards de francs des sociétés françaises d'électricité (estimation de 1940) a en grande partie travaillé volontairement pour l'ennemi. Et ce n'est pas sans de bons motifs que le « Pariser Zeitung » du 19 septembre 1942 qualifiait de réjouissante l'activité de l'industrie électrique française dans le domaine des installations neuves, en soulignant que ses dirigeants avaient toujours répondu avec le plus grand empressement aux impulsions du gouvernement des traîtres.

    Les autorités boches et leur succursale de Vichy ont payé cet « empressement » en accordant d'abord une augmentation de tarifs de 20 % aux sociétés, puis dans la deuxième moitié de 1942 un second relèvement de 12,5 %. On comprend que les valeurs d'électricité aient continué à être classées par les spéculateurs boursiers parmi les plus « solides » ! En groupant 25 sociétés représentatives de cette branche de production avec un capital-actions de 5 milliards 43, et un chiffre d'affaires de 32 milliards 19, on voit qu'elles ont été assez florissantes en 1942 pour inscrire aux réserves et amortissements la somme incroyable de 9 milliards 13, sans parler d'un compte de participations et valeurs de 6 milliards 28 : le compte réserve équivaut donc à 168 % du capital nominal, et la capacité financière à 116 % !

    Un des buts auxquels les sociétés d'électricité ont tendu en développant au maximum leurs installations de montagne, c'était de diminuer la part des centrales thermiques dans la fourniture de courant et de permettre l'exportation de la houille française chez l'ennemi, malgré l'insuffisance de la production charbonnière pour assurer les besoins français Cette exportation est indéniable, malgré les truquages de chiffres et la fausse argumentation sur la compensation des qualités. Elle est indéniable parce que, outre les témoignages directs, nous disposons, ici encore, des aveux de la presse ennemie : par exemple, pour la fourniture à l'Italie fasciste du charbon de Saint-Etienne. Cette trahison s'inscrit au dossier du Comité des Houillères et de l'Union des Mines, où siège un de Wendel.

    S'il en fallait des preuves supplémentaires, nous les trouverions dans l'activité d'organismes comme l'O. R. M. A. et le groupement de charbons allemands. L'Office de Réception, de Manutention et d'Armement (O.R.M.A.), a été créé en 1941 par deux agents français des charbonnages et un administrateur allemand de Duisbourg. Il a pour objet le contrôle, la réception du charbon et des sous-produits, de tous minerais et des matières provenant de l'extraction.

    Le Groupement de charbons allemands est une société à responsabilité limitée française, créée en 1943, qui groupe un certain nombre de firmes de charbonnages non seulement pour opérer les achats, l'importation, la répartition entre associés, mais pour procéder « à l'étude et à la conclusion de tous accords »

    Il n'y avait pas de raison pour que les magnats de l'industrie du Bois se ruent moins vite à la trahison que les barons de la mine. On a donc vu se créer, dès 1941, la Société des Dérivés du Bois, au capital de 11 millions 500.000 fr. Objet : carbonisation et distillation du bois. Dans l'équipe des administrateurs fraternisent les Houillères de Sarre-et-Moselle sous contrôle allemand et des firmes françaises.

    Signalons encore la Société Centrale d'Exploitation Forestière, créée en 1942 à Paris. Administrateurs, trois Français et un Allemand.

    Toute l'industrie française du caoutchouc a accepté le contrôle allemand. Ce contrôle a la forme suivante : les cinq principales firmes françaises sont jumelées avec une firme allemande. A ce « correspondant », elles ont consenti certains avantages, en échange elles reçoivent du caoutchouc synthétique et ont obtenu, avec le titre de « maison-pilote », le droit de subordonner un certain nombre de maisons françaises secondaires. Ainsi, Hitler est sûr que l'industrie française tout entière travaille pour la Wehrmacht, et la servilité des trusts français ne lui coûte rien, puisque le prix dont il la paie, c'est l'indépendance des anciennes maisons autonomes.

    Hutchinson, par exemple, ne contrôle pas moins d'une vingtaine de firmes françaises, placées ainsi par son intermédiaire sous la tutelle allemande. En échange de la moitié des participations italiennes et espagnoles de ce trust français, l'industrie allemande lui cède du caoutchouc synthétique, mais... pour les seuls besoins de l'Allemagne en produits finis, naturellement.

    L'empressement des trusts du Textile à se mettre aux ordres de l'ennemi ne pourra pas non plus faire l'objet de longues discussions devant l'instance chargée de les juger. Les Allemands n'ont-ils pas déclaré eux-mêmes que « la collaboration entre les industries textiles de France et d'Allemagne et les spécialistes est très étroite » (« Pariser Zeitung », 13 octobre 1943). Le consortium France-Rayonne n'est ni plus ni moins coupable que tous ses pareils quand il passe un accord antifrançais avec le trust allemand de la ThüringischeZellwolle, au nom de tous les producteurs de soie artificielle (qui, notons-le, ne peuvent agir ainsi qu'avec l'agrément des trusts de produits chimiques, Saint-Gobain, Gillet de Lyon, etc, etc., dont ils dépendent). Nous retrouvons France-Rayonne parmi les administrateurs allemands et français mêlés de la société Celtex, au capital de 30 millions, créée en 1942 pour la fabrication de tous produits à base de cellulose.

    Un autre dossier devra être ouvert au nom de la Société Française de Cellulose, société créée le 3 juillet 1942, au capital de 40 millions. Objet : production de cellulose pour la fabrication de textiles artificiels, de papier et d'explosif. Cette entreprise fonctionne avec le « concours » et les « conseils » des Etablissements Wagner-Dorries, de Herichsdorf (Allemagne). Il y a au Conseil d'administration un Allemand à côté de cinq administrateurs français, dont la société Henry Bergerat-Monnoyeur et Cie, président. Le Ministère de la Production a donné sa lettre d'agrément pour la garantie de l'Etat accordée à un emprunt obligatoire de 400 millions. En même temps, la société bénéficie d'appuis de toute sorte de la part des autorités d'occupation. Elle a de nombreuses filiales, comme par exemple, la Fermière et Agricole du Midi.

    On trouverait difficilement une branche de l'industrie qui n'ait pas été vendue par les trusts à l'Allemagne.

    L'ennemi a-t-il besoin de cuirs ? Aussitôt des hommes des trusts se proposent pour fonder avec les Allemands des Sociétés de tanneries, de corroieries, etc., comme les tanneries de Mareuil (1942) au capital de 2 millions.

    Telefunken-France, filiale de la grosse firme de Berlin, se crée à Paris en 1941 au capital de 2 millions. Objet : fabrication, vente, exploitation industrielle et commerciale concernant la téléphonie sans fil, la télévision, le film, le gramophone, etc. Administrateurs : quatre Allemands et quatre Français.

    Bien entendu, les potentats des entrepôts n'agissent pas autrement que ceux de l'industrie. C'est ainsi que nous voyons les milieux du gros commerce fonder en 1941 la Franco-Continentale d'Importation et d'Exportation (C.I.M P.E.X), avec les buts suivants : relations économiques et échanges entre la France et ses colonies d'une part, et, d'autre part, l'Allemagne et les pays situés à l'Est de la France.

    Même le marché du cinéma a été vendu à l'ennemi. Sous prétexte « d'assainir » et de « réorganiser » le cinéma français, on a créé une situation telle que, d'après les propres prévisions budgétaires du Comité d'Organisation de l'Industrie du film pour 1944, les distributeurs allemands doivent encaisser sur les recettes françaises de cette année, 314 millions, soit l'équivalent des trois quarts de la part française (417 millions). Au nom de l'organisation « européenne » on tourne 110 grands films en Allemagne quand 26 seulement sont autorisés en France ! Les 70.000 travailleurs français du cinéma peuvent toujours aller gagner leur pain comme débardeurs à Stettin ou manœuvres à Berlin.

    Le rôle des banques est naturellement de première importance dans cette vassalisation de l'économie française. Le dévouement aux intérêts allemands de la Banque Worms (avec ses dépendances comme Potin et la Grande Maison de Blanc) ; de la Banque de Paris et des Pays-Bas, de la Banque Lambert-Biltz (apparentée à Kuhlmann), de la Banque Miraband (unie par des liens si étroits au trust Marcel Champin, plus haut cité) est universellement connu. Mais ce qu'on ne soulignera jamais assez fortement c'est la responsabilité des grandes banques. Comme les trusts de l'industrie, qui n'auraient pu d'ailleurs agir dans leur propre sphère sans l'appui des banques, elles ont vendu la France, son appareil économique, son indépendance, sans une seconde d'hésitation, sans paraître soupçonner qu'il se posât une question morale, qu'il y eut une loi de la conscience nationale plus forte que la loi du profit.

    C'est ainsi qu'on a vu les quatre grandes banques françaises : le Crédit Lyonnais, la Société Générale, le Comptoir d'Escompte et la Banque Nationale pour le Commerce et l'Industrie, créer au service de l'ennemi une prétendue Association Financière pour le Développement de l'Industrie en France et aux Colonies. Objet : la réalisation des projets industriels franco-allemands. L'Association, nous dit-on, sera à la disposition de toutes les grandes entreprises françaises ou allemandes pour la mise en œuvre de projets importants. Le « Journal de la Bourse » du 24 octobre 1942 annonçait que, selon les besoins, d'autres établissements financiers pourraient éventuellement être admis à participer à cette affaire. Depuis, les Grandes Banques ont organisé, dans toute la presse économique et financière, le silence complet sur leur activité « pour la réalisation des projets franco-allemands ». Mais elles se trompent si elles croient que l'opinion patriotique a oublié leurs agissements, leur félonie, ou qu'elle les oubliera jamais.

    Notons enfin, pour mémoire, le cas bien connu des Assurances. C'est Jacques Guérard, secrétaire de Laval, président du Comité d'Organisation des Assurances, qui a placé cette fraction si importante du capital français sous la tutelle allemande (Association Internationale pour la couverture de gros risques, groupements de réassurances, Bourse d'Assurances maritimes). Des sociétés italiennes d'assurances ont été installées à Alger ; des sociétés allemandes à Paris, à Nantes, au Havre, etc.

    La liste qui précède n'a aucun caractère exhaustif. Bien au contraire : elle ne contient que quelques exemples, pris presque au hasard. Et on n'y a inscrit que des cas de trahison par accords explicites : accords généraux conclus par les hommes des trusts comme représentants de toute une industrie ou de toute une branche d'activité économique, ou bien accords particuliers tendant soit à la création de firmes françaises avec participation mixte de capitaux allemands et français, soit à la création de firmes françaises placées directement sous la tutelle de l'ennemi, soit à la création en France de firmes allemandes ou de filiales avec participation de capitaux français.

    Nous n'avons pas parlé des entreprises ayant, par exemple, sous-traité avec des maisons allemandes, sans conclure des accords en forme. Pourtant, dans ce cas, la collaboration avec l'ennemi est typique encore.

    Ce n'est pas ici le lieu d'examiner le degré de culpabilité des firmes ayant reçu soit des commandes directes de l'Office de l'Armement (Heereswaffenamt) soit des commandes de l'Office de Centralisation des Commandes de Paris, organisme allemand. Indiquons simplement que dans ce cas encore le poids principal de la trahison retombe sur quelques grosses firmes ; sur 70.000 commandes passées avant octobre 1942 à des maisons françaises par l'Office dé Centralisation de Paris les grosses commandes supérieures à cinq millions de marks ne représentaient que 1 % du nombre de commandes, mais 26 % de leur valeur totale.

    Nous n'entrerons pas non plus dans l'étude détaillée de la situation des Entreprises Rüstung, des entreprises dites V. A. Betriebe ou V. B. Betriebe. Notre objet n'est pas de rechercher la part de responsabilité de chaque entreprise dans le fait qu'elle tourne pour l'ennemi. Ce travail nécessaire sera fait en d'autres temps. Nous nous sommes proposé un objet à la fois plus limité et beaucoup plus important : donner un aperçu convaincant de la culpabilité des hommes des trusts dans le passage de l'économie française aux mains des Allemands.

    Ce sont les trusts qui étaient les maîtres. C'est leur trahison qui a été décisive.

    Les hommes des trusts étaient les capitaines de l'économie française. Il a eu en France des héros pour se saborder plutôt que de se rendre. Les hommes des trusts ne se sont même pas rendus : ils se sont vendus.

A suivre : La haute trahison des trusts, troisième partie

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19 mars 2008 3 19 /03 /mars /2008 18:15

     Je vous présente ici un document rare, que j'ai pu acquérir par chance. Il s'agit d'une étude rédigée durant l'été 1943 par Georges Cogniot, pour le secrétariat du PCF, diffusée clandestinement, qui visait à éclairer la position du PCF sur les nationalisations. Ce document est une des pièces sur lesquelles s'est élaboré le programme du Conseil National de la Résistance.
lecnrlalibration.jpg    La méthode, la hauteur et le style vous en diront long sur le caractère extraordinaire des hommes qui nous ont préparé la Renaissance de 1945 ; on ne peut qu'être ému par la puissance morale et la liberté intellectuelle dont ils firent preuve malgré l'oppression nazie et vichyste, et on doit être également raffermi quand on constate de nos jours que cette oppression, sous de nouveaux visages, tente de détruire l'ouvrage de ces héros.


la-haute-trahison-des-trusts-copie-1.jpgUN ACTE D'ACCUSATION CONTRE LES TRAITRES

    Le peuple de France, qui souffre cruellement sous l'oppression hitlérienne, voue une haine implacable aux barbares à croix gammée, mais, dans sa haine justicière, il n'oublie pas les traîtres, les organisateurs et profiteurs de la défaite.

    Chaque jour des Français sont fusillés par les boches à cause de leur patriotisme agissant et les traîtres de Vichy pour ne pas être en reste avec les boches ont chargé le Waffen SS Darnand, qui a prêté obéissance absolue à Hitler, de faire la chasse aux patriotes. Chaque jour les tribunaux d'assassins que sont les Cours Martiales, constituées par Pétain et Laval, envoient des Français à la mort pour crime de patriotisme.

    On comprend, dans de telles conditions, que le peuple de France martyrisé, opprimé et affamé soit avide de vengeance, avide de justice et se montre impitoyable pour tous ceux qui ont conduit la France à l'abîme, pour tous les assassins de Français au service de l'ennemi, et pour tous ceux qui, pactisant honteusement avec l'envahisseur, tirent de scandaleux profits des malheurs de la Patrie.

    Le Parti Communiste Français, qui mène un inlassable combat contre l'ennemi et contre les traîtres à son service, est sûr d'exprimer la pensée profonde de l'immense masse des Français en soumettant au jugement des groupements de Résistance et de l'ensemble de nos compatriotes l'acte d'accusation qu'il a dressé contre la trahison des trusts.

    Le parti des fusillés se dresse contre les organisateurs et profiteurs de la défaite de France, il est sûr de traduire ainsi les sentiments de la masse des Français qui ne se sont jamais résignés à la défaite et qui combattent chaque jour pour que demain la France soit en somme placée parmi les nations victorieuses, pour que demain la France recouvre sa liberté, son indépendance et sa grandeur.

    Et dans cette France fortifiée et purifiée par le malheur, par la souffrance et par le combat, les traîtres ne pourront pas reprendre le cours de leurs sinistres exploits, car justice sera faite et parmi les criminels sur qui la justice devra s'abattre implacable il convient de citer en bonne place les hommes des trusts dont voici l'acte d'accusation.

LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS.

 

LA HAUTE TRAHISON DES TRUSTS : LA FRANCE ACCUSE

    De toute la France martyrisée, il s'élève dès maintenant une exigence irrésistible : celle de la punition des traîtres ! Exigence élémentaire de justice après tant d'assassinats, tant de tortures, tant de séparations déchirantes, tant de souffrances. Exigence de haute sagesse politique : il faut faire la preuve, au seuil de l'ère nouvelle, que la trahison de la France ne paie pas, mais qu'elle se paie.

    Les Francs-Tireurs et Partisans, les héroïques soldats sans uniforme, qui, sur le sol de notre pays, châtient dès aujourd'hui les traîtres à la Patrie, agissent par délégation de la volonté nationale. Cette volonté s'imposera demain au gouvernement de la France libérée.

    Gros et petits, tous les traîtres devront répondre de leur crime. Le peuple n'admettra pas de retard, pas de faiblesse larmoyante, pas de demi-complicité couverte de prétextes érudits. A la réclamation des dizaines de milliers de fusillés, des centaines de milliers de suppliciés des camps et des prisons, des deux millions de prisonniers de guerre et de déportés, des légions d'enfants innocents et de vieillards morts de faim, à la réclamation des droits sacrés de la personne humaine foulés aux pieds pendant 5 ans, il n'y a rien à opposer. L'éclatant châtiment doit entrer dans l'histoire comme un avertissement qui ne s'oubliera plus. Aucune fraternité française possible, aucune union véritable des coeurs sans cette expiation des agents de l'Allemagne hitlérienne !

    Ministre ou haut fonctionnaire, policier ou milicien, journaliste ou conférencier, agriculteur ou industriel, gros ou petit patron, bourgeois ou ouvrier, quiconque s'est fait volontairement le « collaborateur » de l'ennemi, quiconque lui a fourni sans y être sciemment obligé des hommes pour son armée, ses usines et ses geôles, des marchandises, des armes et des machines, des écrits sur commande et des discours à la radio vendue, quiconque a servi l'envahisseur de son gré devra, en proportion de son forfait, pâtir dans sa vie ou dans sa liberté et dans ses biens.

    Mais il est une catégorie de criminels qui essaiera certainement, qui essaie déjà de masquer des responsabilités pourtant plus lourdes que n'importe quelle autre : nous voulons parler des potentats des trusts, ces éléments dirigeants de l'anti-France, qui ont été les principaux organisateurs et profiteurs de la défaite.

    Ces hommes, depuis cinquante ans au moins, ont régi en maîtres quasi absolus l'économie française. Or, l'économie française, sous leur domination égoïste et jouisseuse, s'est dégradée d'un mouvement continu, si bien que le pays s'est trouvé matériellement très affaibli à côté d'un voisin arrogant et puissant, et c'est là leur première responsabilité.

    Mais il se trouve que les mêmes hommes, depuis dix ans, par intérêt de classe, par partialité politique, ont volontairement renforcé cet ennemi arrogant et puissant de leur Patrie, qu'ils lui ont ouvert, en 1939-40, les portes de leur pays, qu'ils lui ont tout livré, qu'ils ont partagé avec lui les dépouilles de la France, et c'est leur deuxième responsabilité.

    Le patriotisme les décrète d'accusation pour un double parricide.

 

Le malthusianisme des trusts

    Les trusts ne peuvent pas nier que l'appareil de production français et le volume de la production française, depuis une cinquantaine d'années, soient restés considérablement en retard par rapport à ceux des autres grands pays industriels. Mais d'habitude, leurs journalistes et leurs économistes à gages essaient de se tirer de la difficulté en disant que c'est la faute de la survivance, en France, d'un trop grand nombre d'entreprises petites et moyennes, d'un trop grand nombre d'entreprises indépendantes, non cartellisées, rebelles à la normalisation des types de fabrication, etc... C'est ainsi qu'on pouvait lire, il y a quelques mois, à la rubrique économique de l'hebdomadaire hitlérien « Je suis Partout » : « Nos industriels sont trop individualistes. Ils ne se plient pas volontiers aux disciplines rigoureuses, ils répugnent aux concentrations... De leur côté, nos ouvriers ont l'esprit trop alerte, ils sont trop imaginatifs pour se soumettre de bon gré à des travaux uniformisés ».

    Et voilà comment, si l'économie de la France est arriérée, si le pays en est affaibli, les trusts n'y sont pour rien ! Les autres sont coupables ; eux, blancs comme neige.

    Pour apprécier cette innocence à sa juste valeur, on peut étudier ce qui s'est passé, par exemple, dans l'industrie de l'automobile; une industrie, où le petit patronat n'a vraiment pas une part excessive et où le travail à la chaîne a depuis longtemps refréné la pernicieuse faculté « imaginative » des ouvriers.

    Il y a eu une époque, cela remonte au tournant du siècle et au delà, où la France avait le dernier mot pour tout ce qui touchait à l'automobile, où elle fournissait d'automobiles l'univers entier. Ici, comme en matière de navigation aérienne, comme en matière de radiotélégraphie, le génie inventif des savants, des techniciens et des ouvriers français avait fait merveille. Mais dès le début du XXe siècle, les épreuves Gordon-Bennett donnent lieu à une victoire de la fabrication italienne. En 1908, en 1914, ce sont les marques allemandes qui l'emportent dans le Grand Prix de France. Jamais, l'automobile française ne pourra reconquérir le premier rang dans le monde, et la France finira même par perdre sa place de tête dans le classement des pays exportateurs pour tomber en queue.

    Et pourtant, dans cette branche de production, les mérites des ingénieurs français et de la main-d'oeuvre française sont restés constamment et jusqu'à aujourd'hui hors de pair, de l'avis unanime des concurrents de la France eux-mêmes : La cause incontestée de la perte de la supériorité française est ailleurs : c'est un défaut de la conception générale. Les maisons Renault, Citroën, Peugeot ont beau montrer des usines qui supportent la comparaison avec les plus modernes de l'étranger. Dans une industrie où les trusts étaient souverains, où ils ont pu faire leurs preuves, en toute liberté, la France est passée en quelques dizaines d'années du premier rang au dernier, derrière les Etats-Unis, l'Allemagne, l'U. R. S. S., l'Angleterre, derrière même l'Italie et le Canada. De 1930 à 1938, la baisse de la production annuelle a été ininterrompue : on régresse de 268.000 à 202.000 voitures de tourisme, de 54.000 à 24.000 camions, tandis que l'exportation totale tombe de 49.000 à 24.000 unités.

    Prétendra-t-on qu'il s'agit d'un cas exceptionnel ? Qu'on suive l'histoire de notre marine marchande. Notre flotte de commerce était encore à la quatrième place dans le monde en 1900, mais elle était refoulée à la huitième en 1939. Elle ne comptait plus que pour 4,2 % dans le total des navires qui sillonnent les océans : proportion vraiment peu glorieuse pour un pays aussi ouvert aux influences maritimes et possesseur du troisième empire colonial de l'univers. En 1938, la marine marchande de notre pays ne pouvait contribuer que pour 40,7 % à nos importations et pour 53,5 % à nos exportations. Nous n'intervenions que pour un cinquième dans le maintien de nos propres liaisons avec l'Indochine. Une compagnie subventionnée par l'Etat pour importer les produits de Madagascar cédait 13 % de ce fret à des armateurs norvégiens. Il est aisé de deviner le résultat sur la balance des comptes.

    Nos ports déclinaient : Marseille chargeait et déchargeait quatre fois et demie moins de marchandises que Rotterdam, Rouen trois fois moins qu'Anvers, Bordeaux cinq fois moins qu'Hambourg, Dunkerque trois fois moins que Liverpool, Nantes, Saint-Nazaire sept fois moins que Newcastle. Nantes, Saint-Nazaire ne se comparent plus qu'avec le Pirée, Dunkerque et Bordeaux avec Stockholm, Marseille et Rouen ne dépassaient pas le port polonais de Gdynia.

    Retard également dans les transports de passagers. Et pourtant la qualité technique de la construction s'affirmait toujours hautement au pays du « Normandie » ! Dans la marine française, ce ne sont pas les ingénieurs ni les ouvriers, les états-majors ni le personnel navigant qui ont fait faillite : ce sont les trusts de l'armement et les compagnies de navigation incapables d'une saine gestion, ne pensant qu'à absorber les crédits de l'Etat.

    Qu'on examine n'importe quelle branche de la production contrôlée par les hommes des trusts, même spectacle : la mentalité parasitaire au lieu de l'initiative constructive et de l'esprit d'organisation, l'affairisme spéculateur au lien de la recherche passionnée du progrès technique. Les machines, dans les usines, sont vingt ou dix ans trop vieilles, et c'est seulement en comprimant le coût de la production qu'on songe à soutenir la concurrence étrangère. Pas ou peu de bureaux d'études, pas ou peu de laboratoires à outillage moderne, pas de crédits pour la recherche. Une méconnaissance générale du rôle des ingénieurs et des techniciens, aucune utilisation rationnelle de leurs capacités créatrices sauf certitude d'un profit immédiat ; les savants français font leurs découvertes pour l'étranger. Enfin, pas de plan sérieux de production industrielle par rapport à d'autres pays disposant souvent de moyens inférieurs aux nôtres.

    La France est riche en fer, elle en exporte, mais notre industrie lourde reste insuffisamment développée ; l'humiliante disproportion entre les installations du Creusot et celles de Krupp n'est qu'un des signes extérieurs de l'état arriéré de notre sidérurgie. Selon la boutade d'un banquier, en France, on construirait volontiers des hauts fourneaux dans la cuisine. L'aluminium a été appelé à bon droit le métal français, la France occupait la première place dans le monde pour cette branche en 1913 ; mais en 1939, si nous restons les premiers producteurs de bauxite dans l'univers, notre production d'aluminium est à peine le quart de la production allemande. Pour le magnésium, autre métal découvert par nos chimistes et nos ingénieurs, nous sommes distancés par tous les pays industriels de l'Europe malgré nos grandes possibilités de production. Déjà avant la guerre, notre industrie chimique est subordonnée au trust allemand, l'I. G. Farben, qui utilise lui, au maximum, ses possibilités économiques et les capacités de chercheurs.

    Pour la houille blanche, la France devrait approcher de la Norvège sinon l'égaler : or, la Norvège se classe première avec 2.758 Kwh par tête d'habitant mais la France ne produit que 428 Kwh. Notre pays n'occupe que la sixième place dans le monde pour la production d'électricité et la treizième place pour la production totale de l'énergie électrique par tête d'habitant ; cela malgré des conditions naturelles excellentes.

    On pourrait étendre ces critiques ; en composer un livre entier. Plus généralement, on pourrait étudier l'histoire de l'accroissement de la richesse nationale en France. Cette histoire est solidement établie, quoiqu'elle soit, pour des raisons intéressées, tenue aussi secrète que possible. Dans la première moitié du XIXe siècle la richesse nationale de la France grandit sans arrêt ; chaque décade est marquée par un accroissement supérieur à celui de la décade précédente. Le premier ralentissement intervient vers 1864 ; pourtant, le phénomène n'est parfaitement net qu'après 1870. La richesse de la France continue encore à se développer pendant vingt ou vingt-cinq ans, mais l'essor faiblit de plus en plus ; et à partir de 1894, il est remplacé par un état de stagnation. La régression de la natalité en résulte : elle sert à empêcher cette situation de se répercuter plus sensiblement qu'elle ne l’a fait sur le niveau de vie de chaque Français. Vers 1930, la richesse de la France n'était plus que de 150 à 180 milliards de francs or, contre 250 milliards au moins à l'époque la plus florissante.

    Si maintenant on suit l'histoire des trusts, on constate que c'est à partir de 1870 qu'ils prennent la haute main sur les anciennes formes capitalistes, sur le capitalisme de « libre » concurrence, et c'est à partir de la fin du siècle qu'ils sont les maîtres incontestés de l'économie française.

    Ni la classe ouvrière, ni les classes moyennes, ni personne d'autre ne partageaient avec eux la direction des destinées économiques du pays dans ce qu'elles ont d'essentiel. La stagnation de la production française, de l'économie française, l'affaiblissement sournois de la richesse et de la puissance de la France : c'est leur oeuvre. Ils n'ont jamais connu qu'une maxime : restreindre la production pour faire monter les prix.

 

La responsabilité des trusts dans la stagnation de l'agriculture

    Par rapport à l'agriculture des principaux pays, l'agriculture française se caractérise par un retard général dans le domaine de l'équipement technique, des rendements et de la baisse du prix de revient. C'est pourquoi la France, réserve faite d'un seul produit, le vin, a perdu toutes ses positions sur les marchés extérieurs et ne pouvait résister à la concurrence étrangère sur son propre territoire que par des mesures protectionnistes. Ce retard, notre agriculture le doit en grande partie au manque de capitaux dont souffre l'ensemble des petits paysans français. Et ici encore, la responsabilité des oligarchies financières apparaît écrasante.

    Les trusts prélèvent, dans le procès de circulation des produits agricoles des sommes énormes, soustraites de ce fait, chaque année, à l'accumulation des capitaux en agriculture. Car les trusts, qui exploitent les paysans, ne restituent pas à la terre les capitaux ainsi prélevés, mais les consacrent à autre chose, et la plupart du temps les exportent à l'étranger. Bien plus les économies paysannes elles aussi, suivent le même chemin ; le contenu des bas de laine français est collecté pour l'achat de Bons de l'Etat ou de fonds plus ou moins solides d'emprunts étrangers ; souvent le paysan se ruine, mais les banques ont empoché d'énormes commissions au moment du placement. Voilà en bref, l'histoire de spoliation de la terre de France par les trusts. Le tableau est complet quand on ajoute l'influence de la spéculation des affaires sur le renchérissement du prix des terres ; prix qui atteint en France un niveau très élevé et empêche les paysans d'employer leur argent à l'achat de matériel agricole, d'engrais, etc...

    Cependant, les trusts n'ont pas seulement saboté l'agriculture française d'une façon indirecte-en refusant d'y faire les investissements nécessaires et en soutirant leurs moyens financiers aux paysans. Ils ont pratiqué aussi le sabotage direct.

    C'est ainsi qu'en 1937, la société des produits azotés (Comptoirs Français de la Cyanamide), vendait la cyanamide de chaux 90 fr. le quintal, alors que de l'aveu même de son directeur commercial, M. Valabrègue, le prix de 60 fr. aurait laissé à la société un bénéfice aussi grand sinon plus élevé, parce que le manque à gagner de 30 fr. aurait été largement compensé par un accroissement important de la masse d'engrais vendue. Les motifs qui retenaient les trusts d'abaisser ses prix sont évidents : il s'agit, à des fins de spéculation, d'empêcher l'augmentation des rendements agricoles surtout chez le petit exploitant.

    Les mêmes trusts ont prouvé suffisamment qu'ils manquaient ou de capacité ou de la volonté d'exploiter à fond les richesses naturelles de la France. Ils n'ont donné des bases suffisantes ni à l'industrie des engrais azotés synthétiques, dont le développement aurait permis de se passer du nitrate de soude naturel du Chili, ni à l'industrie des machines agricoles laissant aux marques américaines, puis allemandes, une grande partie du marché français.

Quant aux trusts des semences, on aura une idée de leur néfaste activité en songeant aux paroles prononcées, en 1941, par le Président du Conseil d'administration de la Maison Vilmorin, le magnat de la Bourse de Commerce Lécureur, devant les techniciens de cette maison en conclusion d'une entrevue :

    « Ce que nous vous demandons, ce n'est pas de produire beaucoup, mais de produire cher. » Admirable raccourci de la philosophie des trusts.

    Pour le blé, les primes de sélection sont énormes, alors que la production de masse de semences sélectionnées ne demande que des frais très peu supérieurs à la production du blé commercial. Pour les autres mêmes semences, dont le prix n'est pas réglementé, la hausse est encore plus forte. Ainsi le plus grand nombre des cultivateurs est empêché de se procurer les semences sélectionnées indispensables pour de hauts rendements.

    Les seuls clients qui intéressent les trusts des semences sont les gros agriculteurs de la Beauce, du Soissonnais, de la Brie, du Nord. Pas de variété mise au point pour les sols moins riches des régions de petite culture familiale. Et même aucune sélection méthodique sérieuse pour les plantes de grande culture, sauf la betterave à sucre et le blé. La tromperie commerciale est courante : la luzerne sélectionnée est de la luzerne ordinaire, passée au trieur et bien ensachée ; des quantités de Vilmorin 27 atteint de la maladie du charbon ont été livrées à la culture. La maison Vilmorin a été assez riche pour acheter maint fonctionnaires du Ministère de l'Agriculture chargé du contrôle, à commencer par le directeur du service, M. Crépin, qu'elle a nommé membre de son « Conseil de perfectionnement ».

 

Les trusts, fourriers de l'invasion

    L'avènement de Hitler en 1933 aurait dû être pour tout Français un sérieux avertissement. Il fut pour les trusts de notre pays une grande satisfaction et un grand motif d'espoir. N'entendait-on pas son éloge dûment justifié dans les discours de tous les représentants de l'oligarchie financière allemande au sein des cartels internationaux ? Ses mérites ne s'inscrivaient-ils pas dans les bilans ? N'écrasait-il pas la classe ouvrière, l'artisanat, le petit commerce, le patronat indépendant ? Ne rétablissait-il pas même certains principes féodaux dans l'agriculture, avec ses « majorats » ?

    Assiégés par l'hostilité trop légitime de la nation française, les trusts de notre pays n'auront désormais qu'une seule pensée : se recommander à Hitler, se faire bien voir de Hitler, se placer sous la protection de Hitler, l'appeler en France comme gendarme. De diffuse et routinière, la trahison de l'intérêt français par les trusts devient parfaitement consciente et systématique.

    Comment elle s'est traduit dans l'histoire politique de notre pays ? Chaque Français qui réfléchit s'en rend compte aujourd'hui. Il y avait en Europe une alliée naturelle, historique de la France, et cette alliée était par bonheur une puissance extrêmement forte, l'U. R. S. S. : les hommes des trusts feront tout pour saboter le rapprochement de la France avec l'U. R. S. S. Leur raison est sans appel : il n'y a pas de place pour leurs pareils en U.R.S.S. Hitler menace la France de mort ; il le dit et il agit en conséquence : les hommes des trusts se porteront garants de la pureté de ses intentions. Et leur raison n'est pas moins pertinente, puisque Hitler, c'est l'ange gardien des deux cents familles.

    Français, n'oublions jamais que si la France a failli périr, c'est parce qu'elle s'est trouvée seule puissance continentale pour résister à l'assaut nazi : or, c'est l'antisoviétisme des trusts, de leur presse, des hommes politiques à leur solde qui avait isolé la France.

    En même temps, l'anticommunisme servait aux trusts pour affaiblir la France du dedans. Du 6 février à la cagoule de Joseph Darnand, ils montaient entreprise sur entreprise pour ruiner la cohésion morale du pays. Leurs banques, comme la banque Worms, de Pucheu, finançaient le P.P.F. de Doriot, le francisme, tous les détachements de choc de la cinquième colonne.

    Les trusts portent toute la responsabilité de la campagne de mensonges et d'excitations contre la classe ouvrière en 1936 ; toute la responsabilité du soutien de Franco qui fournit toujours de volontaires, de métaux rares, etc., l'ennemi des nations unies, toute la responsabilité de la politique munichoise de 1938, de la politique antisoviétique aboutissant au sabotage du pacte franco-soviétique et à la rupture de 1939 ; toute la responsabilité de la « drôle de guerre » et du soutien éperdu du Maréchal à partir de Juin 1940.

    Mais le grand public connaît moins un autre aspect, tout aussi important, de la trahison des trusts au cours des années de préparation immédiate de l'invasion de la France : l'aspect économique.

    Surtout à partir de Juin 1936, les trusts ont mis en application un plan mûrement délibéré de sabotage de la production et de la force françaises en vue d'atteindre deux objectifs : 1° discréditer la classe ouvrière et l'isoler dans la nation ; 2° affaiblir la capacité nationale de résistance à Hitler.

    Alors que de l'enthousiasme provoqué par les lois sociales de 1936 dans la classe ouvrière, de la fierté française qui animait les travailleurs à la suite des progrès réalisés, de la volonté de défendre les conquêtes sociales de notre France contre l'agresseur nazi, il aurait été possible à des organisateurs patriotes de la production de faire jaillir un essor sans précédent du rendement à l'aide d'une modernisation depuis longtemps nécessaire de l'outillage, les trusts n'ont été capables que de cette basse perfidie : paralyser la production pour en accuser les ouvriers.

    Rappelons qu'en ce temps-là, les propriétaires des mines du Nord et du Pas-de-Calais, qui maintenant font exploiter les meilleures veines pour les boches, ont mis cyniquement en exploitation les veines improductives pour réduire la production charbonnière. Les militants communistes placés par la confiance des ouvriers à la tête des grandes Fédérations syndicales n'ont en aucun cas négligé de lier à la question des quarante heures celle de l'augmentation du rendement en instruments de la défense nationale par l'amélioration de la technique et des méthodes d'organisation. Mais dans les usines de guerre, le haut patronat désorganisait le travail, fermait les ateliers au lieu de donner les congés payés par roulement, s'ingéniait à mettre le désordre. N'ont-ils pas mérité le châtiment suprême ceux qui freinaient nos constructions aéronautiques sous prétexte du manque d'aluminium, tandis que la bauxite française était, par eux, vendue à crédit à l'Allemagne ?

    Le député Alfred Costes, président de l'Union Syndicale des Métaux de la Région Parisienne, a accusé, en 1936, certains membres du gros patronat de saboter la sécurité nationale : les pouvoirs publics furent obligés de reconnaître la justesse de sa documentation et de son réquisitoire. Un collaborateur d'Alfred Costes au syndicat des métaux, l'ouvrier communiste Jourdain, dressa à ce moment-là le tableau des efforts des hommes des trusts pour paralyser le rendement : aujourd'hui, l'oligarchie fait tourner à plein les usines pour l'ennemi, et Jourdain est dans une prison de l'Anti-France.

    En pleine guerre, dans l'hiver 1939-40, les hommes des trusts et leurs commis du gouvernement ont poussé les intelligences avec l'ennemi jusqu'à faire fabriquer dans les usines d'automobiles trente mille voitures de tourisme au lieu de chars et à s'abstenir d'acheter en masse chars et avions aux Etats-Unis pour n'y acquérir que des machines-outils, bonnes à influencer le rapport des forces avec deux ans de délai ! Digne continuation de ce qu'avaient fait, quelque temps avant, les anciens propriétaires des usines d'armement en volant les plans de production au moment de la nationalisation, ainsi que Daladier devait le révéler, vraiment un peu tard, au procès de Riom.

    Le domestique des trusts, le sinistre Pucheu, a cru supprimer des témoins gênants du sabotage de la défense nationale par les deux cents familles en désignant aux exécuteurs de Châteaubriant : Timbaut, secrétaire de l'Union Syndicale des Métaux de la Région Parisienne ; Poulmarch, secrétaire des Produits Chimiques et tant d'autres. Mais la mémoire des crimes ne s'éteint pas avec la vie de ceux qui les ont dénoncés.

    Tant qu'il restera un patriote en France, il exigera le châtiment des fourriers de l'invasion.

 

Premier profit de la trahison : la concentration

    Nous avons vu, successivement, les trusts saper la puissance du pays par leur politique économique de malthusianisme et d'égoïsme, et se faire les auxiliaires directs de l'entreprise hitlérienne contre la France. Il nous reste à examiner quelle a été leur attitude depuis Juin 1940.

    La première chose qui saute aux yeux, ce sont les avantages qu'ils ont tirés du passage de la France sous la sanglante domination de leurs protecteurs nazis. Nous avons fourni les preuves de leur culpabilité dans la défaite, de leurs préméditations de la trahison. Mais quand ces preuves n'existeraient pas au grand jour, il suffirait, selon le vieil adage juridique, de constater à qui le crime a profité pour deviner qui en est l'auteur.

    A peine l'envahisseur hitlérien avait-il installé ses Gauleiters à Vichy que les trusts recevaient le pouvoir non plus seulement de dominer la production « indépendante » comme autrefois, mais d'écraser légalement tous leurs concurrents. La « loi » du 16 Août 1940, -on perdait pas de temps !- érigeait les Comités d'Organisation en forteresse des trusts, tout droit de suffrage étant refusé aux petits et moyens patrons pour la constitution des Comités : c'était la copie exacte de la méthode de Hitler instituant les « Fachgrussen » au service des trusts allemands.

    Sous le prétexte du manque de matières premières, les trusts tout-puissants dans les Comités d'Organisation, allaient bientôt procéder, en commun avec les services administratifs et économiques des boches, à ce qu'ils ont appelé la sélection des entreprises, en même temps qu'ils interdisaient radicalement toute installation de maisons nouvelles (lois du 17 Décembre 1941 et, pour le commerce, du 4 Mai 1943). Le principe de sélection a été dévotement emprunté à l'Allemagne nazie : on n'a pas tenu compte, par exemple : de l'ancienneté de la firme, de ses contacts avec la clientèle, ou des qualités personnelles du chef d'entreprise, de la nature familiale du capital engagé, ou encore des intérêts économiques généraux des localités et des régions, pour ne rien dire des convenances de la main-d'oeuvre. On n'a tenu compte que du rendement brut, c'est-à-dire du degré de rationalisation : admirable méthode pour étouffer l'artisanat, la petite et moyenne industrie, le petit et moyen commerce, pour faire faire un prodigieux bond en avant à la concentration au profit des grosses firmes et des trusts.

    Jusqu'aux machines des artisans ou patrons éliminés de l'économie nationale ont été bloquées dans leurs ateliers fermés, et avec obligation de les maintenir en état (ordonnance du Militaerbefehlshaber du 7 Mai 1943), pour qu'ainsi les propriétaires ne puissent les soustraire aux appétits de leurs gros concurrents. Car les trusts trouvaient l'outillage des petits patrons démodé et inutilisable quand il était aux mains des petits patrons, mais ils le trouvent parfaitement pratique quand ils peuvent eux-mêmes mettre la main dessus, en envoyant les expropriés travailler comme manoeuvres dans les bagnes de Sauckel.

    A maintes reprises, les officiels ont essayé de faire croire aux patrons dépossédés que les fermetures d'entreprises étaient provisoires, que leurs usines seraient rouvertes après la guerre et la victoire de l'Allemagne. Mais les boches ont vendu la mèche. C'est ainsi que la « Gazette de Francfort » du 17 juin 1943 écrivait cyniquement dans une étude sur la « rationalisation dans la production française » que le plan de concentration est sans doute orienté sur les besoins du moment, mais a en même temps pour conséquence une sélection durable (souligné dans le texte) de la production française. La « Pariser Zeitung » du 26 Novembre 1943 précisait pour sa part que « de nombreuses fermetures des années 1941 à 43 doivent être qualifiées de définitives ».

    Les trusts se sont arrogé le droit d'envoyer les contrôleurs des Comités d'Organisation, entièrement soumis à leur influence, dans n'importe quelle entreprise. Ces contrôleurs sont autorisés à pénétrer dans tous les locaux, à vérifier tous les livres et les documents où qu'ils soient déposés, à s'emparer de tous les secrets de fabrication. Il n'y a plus aucune garantie du patron indépendant contre la surveillance et la concurrence des hommes des trusts.

    Comme le groupement de la Petite et Moyenne Entreprise l'a signalé dans sa pétition d'Octobre 1943, la plus grande partie de l'industrie moyenne est absorbée progressivement par les grandes entreprises, d'autant plus que celles-ci ont maintenant le monopole de la distribution des commandes de l'Etat ; au lieu que cette distribution soit opérée directement par les autorités administratives. C'est ainsi que la Révolution Nationale a signifié l'écrasement de 80 % des industriels par les 20 % qui constituent le gros patronat. La « Gazette de Francfort » n'avait-elle pas déclaré doctoralement, dans une de ces prétentieuses études économiques qui faisaient loi pour nos ministres germanisés, que la fréquence des petites industries autonomes, après avoir longtemps semblé toute naturelle dans notre pays avec son malheureux amour de l'indépendance, était devenue un des problèmes les plus graves de l'économie française ? Les Pétain, Laval et Bichelonne se sont chargés d'adapter la petite entreprise aux conditions actuelles, mais, comme disait encore le grand journal boche, juste dans la mesure du possible.

    Un Comité d'Etudes des Petites et Moyennes Entreprises créé au Ministère de la Production, a eu pour tâche, soi-disant, de sauver ce qui pouvait être sauvé. En réalité, il n'a fonctionné que pour les trusts et contre les petites et moyennes entreprises, confinant celles-ci dans certaines productions, établissant par profession un minimum technique au-dessous duquel l'entreprise est déclarée économiquement indéfendable et condamnée, ne repoussant « l'absorption » que pour prescrire la « fusion », bref, s'occupant uniquement de limiter, de ligoter, d'étouffer le patronat indépendant. Présidant une séance du Comité d'Etudes, le 14 Mai 1943, Bichelonne déclarait qu'il se refusait à mettre en pratique « des régimes de faveur » pour les petites et moyennes entreprises et il les appelait d'un ton cafard à affirmer leur vitalité en affrontant la concurrence... avec les trusts tout-puissants. Il est vrai, ajouta-t-il, qu'il ne faudrait pas concevoir un optimisme « que les faits ne manqueraient pas de démentir. »

    Quant au traître de plume Déat, qu'on n'aille pas lui parler de conserver « la zone intermédiaire de l'économie française avec ses routines et ses proliférations superflues » ! (Œuvre, 13 Novembre 1943), « amenuisement des catégories moyennes », c'est, nous avait-il déjà expliqué le 31 août, une conséquence nécessaire de l'Ordre Nouveau.

    Veut-on quelques chiffres ?

    Le Dr Michel, chef de l'état-major administratif du Militaerbefehlshaber, déclaré en janvier 1943 que 10.000 entreprises industrielles avaient déjà été fermées. Et depuis, la concentration a continué.

    Il y avait en France 12.200 usines textiles avant l'armistice ; il n'y en avait plus que 8.000 au 31 Décembre 1942.

    En 1937, on comptait en France 9.000 moulins. En application des lois et dispositions de la Révolution Nationale (fondation du Comité d'Organisation de la Meunerie en 1941, fondation du groupement professionnel de la Meunerie, le 3 Décembre 1941, action de la Caisse Interprofessionnelle de l'Industrie Meunière, etc.), 2.000 de ces moulins ont été fermés. Les grandes entreprises, qui ne représentaient autrefois qu'un quart de la profession, ont gagné la partie : en 1942, elles ont reçu au bas mot 34 % des contingents de blé rachetés par la Caisse Interprofessionnelle. Au nom de la lutte contre « l'anarchie » de la production, les trusts de la meunerie ont appliqué à leurs concurrents plus faibles la loi de la jungle en les dévorant.

    Dans l'industrie du verre, on note la fermeture, par ordre du Comité d'Organisation, de plus de 40 entreprises, sur 140 firmes qui existaient. Effet voulu et atteint : le renforcement des trois trusts dominants qui ont, en 1942, fourni 60 % de la production, tandis que les 90 maisons indépendantes encore tolérées se partageaient péniblement les 40 % restants. Le plus connu des trois trusts est le trust de Saint-Gobain, au capital de 675 millions, qui règne aussi sur l'industrie chimique, qui a de nombreuses filiales à l'étranger et dispose enfin de plus de 150 participations industrielles diverses avec un chiffre d'affaires de 690 millions. Les deux autres sont le Groupe Boussois (glaces et verres spéciaux du Nord de la France) et le Groupe Souchon-Neuvesel. Malgré une diminution de la production de l'ordre de 52 %, les bénéfices de l'industrie du verre n'ont absolument pas baissé, et cela, nous dit-on, grâce aux augmentations des prix !

    L'accaparement de tout le réseau de transport de courant électrique (H. T.) vient d'être opéré par trois sociétés, avec la bénédiction de Vichy et de Berlin.

    Dans le commerce, dans la banque, même concentration que dans l'industrie.

    L'artisanat à son tour, d'après ce qu'on a déclaré en haut lieu, n'a plus besoin d'être traité en « assisté social » comme c'était le cas sous la troisième République. Toute protection contre la concurrence des trusts lui a donc été retirée par la législation nouvelle. Bichelonne n'imagine pas que l'on puisse concevoir « une entité artisanale » indépendante de l'ensemble des forces de production, lisez : des trusts ; il nie qu'il faille « opposer systématiquement les petites entreprises aux grandes » (discours du 12 octobre 1943 à l'Assemblée nationale des Commissions départementales du Travail). Pour apprécier le résultat, il suffit de se promener dans les rues de nos villes en comptant les boutiques d'artisans fermées.


A suivre : La haute trahison des trusts, seconde partie

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12 mars 2008 3 12 /03 /mars /2008 14:15
ECRITS POLITIQUES
FRANKLIN DELANO ROOSEVELT
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CHAPITRE CINQUIEME  - Cinquième partie
L'Organisation internationale et la Paix
Roosevelt-et-Churchill-10-08-1941.jpg

LA CHARTE DE L'ATLANTIQUE

    Le Président des Etats-Unis d'Amérique et M. Churchill, Premier Ministre du Royaume-Uni, représentant le gouvernement de Sa Majesté, s'étant réunis, jugent bon de faire connaître certains principes sur lesquels ils fondent leurs espoirs en un avenir meilleur pour le monde, et qui sont communs à la politique nationale de leurs pays respectifs :

1° Leurs pays ne cherchent aucun agrandissement territorial ou autre ;

2° Ils ne désirent voir aucune modification territoriale qui ne soit en accord avec les voeux librement exprimés des peuples intéressés ;

3° Ils respectent le droit qu'a chaque peuple de choisir la forme de gouvernement sous laquelle il doit vivre ; ils désirent que soient rendus les droits souverains et le libre exercice du gouvernement à ceux qui en ont été privés par la force ;

4° Ils s'efforceront, tout en tenant compte des obligations qu'ils ont déjà assumées, d'ouvrir également à tous les états, grands ou petits, vainqueurs ou vaincus, l'accès aux matières premières du monde et aux transactions commerciales qui sont nécessaires à leur prospérité économique ;

5° Ils désirent réaliser entre toutes les nations la collaboration la plus complète dans le domaine de l'économie, afin de garantir à toutes l'amélioration de la condition ouvrière, le progrès économique, et la sécurité sociale.

6° Après la destruction finale de la tyrannie nazie, ils espèrent voir s'établir une paix qui permettra à toutes les nations de demeurer en sécurité à l'intérieur de leurs propres frontières, et garantira à tous les hommes de tous les pays la possibilité d'une existence affranchie de la peur et du besoin ;

7° Une telle paix permettra à tous les hommes de naviguer sans crainte sur les mers ;

8° Ils ont la conviction que toutes les nations du monde, tant pour des raisons d'ordre pratique que d'ordre spirituel, devront renoncer finalement à l'usage de la force. Et du moment qu'il est impossible de sauvegarder la paix future tant que certaines nations qui la menacent — ou pourraient la menacer — possèdent des armes sur mer, sur terre et dans les airs, ils considèrent que, en attendant de pouvoir établir un système étendu et permanent de sécurité générale, le désarmement de ces nations s'impose. De même, ils aideront et encourageront toutes autres mesures pratiques susceptibles d'alléger le fardeau écrasant des armements qui accable les peuples pacifiques.

 

 Franklin D. Roosevelt – Winston S. Churchill

P.S. :  Bien entendu, l'empire britannique mentait, il suffit de regarder la sauvagerie avec laquelle il a remis les colonies au pas après la mort de FDR. Churchill avait manifestement pour mission de signer n'importe quoi, pourvu  qu'il obtienne l'engagement des USA sur le front d'Europe de l'ouest,  et en particulier pour empêcher l'effondrement du Royaume-uni.
    L'article révolutionnaire de ce traité est l'article 4, dont l'une des conséquences aurait été de faire disparaitre l'hégémonie de certaines nations sur les ressources. Il reste encore aujourd'hui à le mettre en application en terme de droit international et de régulation économique globale.
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12 mars 2008 3 12 /03 /mars /2008 14:08
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COMBATS POUR DEMAIN

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CHAPITRE CINQUIEME  - Quatrième partie
L'Organisation internationale et la Paix

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LE VÉRITABLE FONDEMENT DE LA PAIX : LA VOLONTÉ DES PEUPLES

    La durée et la solidité d'une paix vivante doivent être, à la longue, l'oeuvre des peuples eux-mêmes.

    Quant à nous, comme tous les peuples qui ont avancé par les chemins difficiles de la libération et de la réadaptation, nous connaissons par notre propre expérience combien les difficultés peuvent être grandes et nous savons qu'elles ne sont pas particulières à un continent ou à une nation. Notre propre révolution laissa derrière elle, dit un historien américain, « un remous de violence et le mépris de la vie humaine ».

    La paix peut être obtenue et conservée uniquement par la détermination des peuples épris de liberté et de paix prêts à travailler ensemble, prêts à s'aider les uns les autres, prêts à se respecter et à se tolérer, et qui essaient de comprendre les opinions et les sentiments des uns et des autres. Plus nous approchons de la Victoire, plus nous deviendrons inévitablement conscients des divergences de vues qui existent parmi les vainqueurs. Il ne faut pas que ces divergences nous divisent et nous empêchent de voir, en gagnant la guerre et en bâtissant la paix, nos intérêts communs les plus importants et nos intérêts permanents.

    La coopération internationale sur laquelle une paix durable doit être basée n'est pas une voie à sens unique. Les nations, comme les individus, n'ont pas toujours la même manière de voir ou la même façon de penser ; la coopération internationale et le progrès ne sont guère encouragés par une nation qui proclame qu'elle détient le monopole de la sagesse et de toutes les vertus. Dans le monde futur, l'abus de pouvoir (pris dans le sens de « politique de puissance ») ne doit pas constituer un facteur déterminant dans les relations internationales. C'est l'essence même des principes auxquels nous avons souscrit. Nous ne pouvons nier que la puissance soit un facteur de la politique mondiale pas plus que nous ne pouvons nier son existence comme facteur de politique nationale. Mais dans un monde démocratique, comme dans une nation démocratique, la puissance doit être liée à la responsabilité, et mise dans l'obligation de se défendre et de se justifier elle-même dans le cadre du bien général.

    Le perfectionnisme, non moins que l'isolationnisme ou l'impérialisme, ou la politique de puissance, peut obstruer les voies qui conduisent à la paix internationale. N'oublions .pas que le recul vers l'isolationnisme, d'il y a un quart de siècle, fut occasionné par une attaque directe non contre la coopération internationale, mais contre les prétendues imperfections de la paix.

    Dans notre désillusion, après la dernière guerre, nous avons préféré l'anarchie internationale à la coopération internationale avec les nations qui ne voyaient pas et ne pensaient pas exactement comme nous. Nous avons renoncé à l'espoir de parachever peu à peu une paix meilleure parce que nous n'avions pas le courage de remplir nos responsabilités dans un monde admis comme imparfait.

    Nous ne devons pas permettre que cela arrive de nouveau, car nous prendrions de nouveau la Même route tragique, la route qui mène vers une troisième guerre mondiale. Nous pouvons remplir nos responsabilités pour le maintien de la sécurité de notre pays, uniquement en exerçant notre pouvoir et notre influence pour réaliser les principes auxquels nous croyons et pour lesquels nous avons combattu.

    De nombreux problèmes de la paix se présentent à nous dès à présent, alors même que la fin de la guerre est encore devant nous. L'atmosphère d'amitié, de compréhension mutuelle, la résolution de trouver un point de vue commun qui dominaient les conversations à Dumbarton Oaks, nous donnent des raisons d'espérer que les discussions à venir réussiront à développer le système de sécurité mondiale, mutuelle, démocratique, vers lequel ces conversations préparatoires étaient orientées.

    Nous mêmes et les autres Nations Unies avançons avec vigueur et résolution dans nos efforts pour créer un tel système en le dotant d'institutions à la fois souples et efficaces aptes à engendrer une action collective et coopérative.

    La conscience de l'humanité en éveil ne permettra pas la faillite de cette suprême tentative.

    Nous croyons que les progrès extraordinaires dans les moyens de communication entre les peuples, réalisés depuis la dernière génération, offrent un moyen pratique de faire avancer la compréhension mutuelle sur laquelle la paix et les institutions de paix doivent s'appuyer, et c'est notre politique et notre but de faire servir ces réalisations au bien commun du monde.

    Nous favorisons la plus grande liberté possible du négoce et du commerce.

    Nous, Américains, avons toujours cru à la liberté et à l'égalité des chances pour chacun de nos concitoyens, et cette égalité reste un des principaux buts de notre vie nationale. Ce que nous croyons pour les individus, nous le croyons également pour les nations. Nous sommes opposés aux restrictions, soit par la loi publique, soit par arrangement privé, qui nuisent au commerce, au transit et aux affaires.

    De ce point de vue, nous avons beaucoup à faire chez nous. Mais c'est notre espoir, non seulement dans l'intérêt de notre propre prospérité, mais dans l'intérêt de la prospérité du monde, que le négoce, le commerce et l'accès aux matières premières et aux marchés pourront être plus libres après cette guerre que jamais ils ne le furent auparavant.

Franklin Delano Roosevelt

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