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1 novembre 2004 1 01 /11 /novembre /2004 10:58

PRINCIPES DE LA SCIENCE SOCIALE
PAR M. H.-C. CAREY (De Philadelphie)

 

henry_charles_carey.jpg


TRADUITS EN FRANÇAIS PAR MM. SAINT-GERMAIN-LEDUC ET AUG. PLANCHE

  1861

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE XIX :

CONTINUATION DU MÊME SUJET.

 

    § 4. — Nécessité d'étudier avec soin le système qui a donné naissance à la théorie de l'excès de population.


    Comme la théorie de l'excès de population est née en Angleterre, et que c'est là également qu'a pris sa source la théorie de M. Ricardo, relative à l'occupation de la terre, sur laquelle elle s'appuie, nous avons regardé comme juste et convenable d'étudier avec soin le système anglais, dans le but de constater jusqu'à quel point la politique particulière que l'on a essayé d'établir, a tendu à introduire une pareille erreur de la part des économistes d'Angleterre. Si les doctrines enseignées par l'école anglaise sont vraies, alors le Créateur a commis une grave bévue, en établissant l'esclavage comme condition finale de l'immense majorité de l'espèce humaine. Si, au contraire, ces doctrines sont erronées, alors la liberté est, en dernière analyse, le partage de l'homme, et l'on trouve dans les lois naturelles qui règlent le système social, le même ordre, la même beauté et la même harmonie dans les dispositions que nous voyons régner partout dans les mondes organique et inorganique. L'une de ces choses est vraie d'une façon absolue et générale, et l'autre est tout aussi absolument et généralement fausse. Ou la Divinité, qui n'est que sagesse, a commis une erreur, ou c'est l'homme lui-même qui l'a commise et qui a inventé une théorie qu'il emploie comme un commentaire.

    Que le système de Malthus tende, en fin de compte, à l'esclavage, c'est ce qui deviendra évident pour le lecteur, lorsqu'il aura réfléchi un moment sur cette proposition, que, d'après le cours naturel des choses, la population tend à dépasser les moyens de subsistance, le nombre des individus tendant à s'accroître dans une proportion géométrique, tandis que les moyens de subsistance ne peuvent s'accroître que dans une proportion arithmétique. Les choses étant ainsi, alors l'individu possédant la machine qui produit les subsistances, doit devenir le maître des individus dont les besoins exigent qu'ils emploient cette machine. L'un tient entre ses mains la clef de l'immense grenier de la nature, et l'autre doit payer pour obtenir le privilége d'y pénétrer, quel que soit le prix demandé pour y être admis. La doctrine de l'excès de population est, conséquemment, une doctrine de centralisation, d'esclavage et de mort.

    Que telle soit, en réalité, l'opinion personnelle de Malthus en pareil cas, c'est ce qui est prouvé dans le passage où il énonce cette assertion : « Que, d'après la loi de notre nature, qui rend les subsistances nécessaires à la vie humaine, la population ne pouvant jamais réellement s'accroître au-delà des moyens de nourriture les plus infimes susceptibles de l'entretenir, un obstacle puissant à l'augmentation de la population, résultant de la difficulté de se procurer des subsistances, doit être constamment en action. Cette difficulté doit se rencontrer quelque part, et doit nécessairement se rencontrer sous une des formes variées de la misère, ou de la crainte de la misère qu'éprouve une portion considérable de l'espèce humaine (3). » L'espèce humaine est ainsi soumise à une pression constante, et se trouve forcément acculée à ce point où il est impossible de se procurer « la nourriture la plus chétive, » et où la misère est forcée d'intervenir, et, — en éclaircissant les rangs, — de maintenir cette espèce dans les limites de la quantité de nourriture. Dans de telles circonstances il ne peut exister d'autre loi que celle de la force, l'homme qui est robuste de corps ou d'esprit asservissant son voisin, s'il est faible sous ces rapports, et agissant ainsi en vertu des lois divines.

    La théorie de l'excès de population est née en Angleterre au milieu d'un état effrayant de paupérisme, et elle trouve son principal appui dans les faits que fournit l'empire britannique. Pourquoi les choses doivent-elles se passer ainsi? parce que la politique anglaise a eu, de longue date, pour but constant d'augmenter le grand obstacle au progrès de l'homme, obstacle qui résulte de la nécessité d'effectuer les changements de lieu de la matière. Partout où il existe, la quantité de subsistances est la moins considérable et la population la plus surabondante. A mesure qu'il s'amoindrit, la quantité de subsistances augmente, l'homme acquiert plus de valeur, et l'on arrive à reconnaître, de plus en plus, que la proportion des trésors de la nature est infinie et n'attend que la demande de leur production.

    C'est précisément à l'instant où cet obstacle disparaît que les prix des matières premières et des produits achevés, tendent de plus en plus à se rapprocher, fournissant ainsi la preuve la plus parfaite d'une civilisation en progrès. A mesure que ces prix s'équilibrent, le pouvoir du travailleur sur la nature et sur lui-même s'accroît, mais le pouvoir des autres hommes sur lui diminue aussi constamment ; et c'est ainsi qu'il passe de la condition d'esclave à celle d'homme libre. Le système anglais ayant pour base l'idée de la terre à bon marché, du travail à bon marché, du coton à bon marché, du blé à bon marché, et de la toile et du fer à un prix élevé, plus ce système est mis en pratique, plus il y a tendance à la diminution dans le pouvoir de l'homme sur la nature, à sa soumission à la volonté de son semblable et à la réalisation de la théorie malthusienne, en vertu de laquelle l'homme devient nécessairement le bûcheron et le tireur d'eau de son semblable.





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PRINCIPES DE LA SCIENCE SOCIALE
PAR M. H.-C. CAREY (De Philadelphie)

 

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TRADUITS EN FRANÇAIS PAR MM. SAINT-GERMAIN-LEDUC ET AUG. PLANCHE

  1861

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE XIX :

CONTINUATION DU MÊME SUJET.

 

    § 5. — Les lois de la nature agissent constamment dans la même direction. Mouvement oscillatoire de la théorie de la population offerte à l'examen par Malthus.


    Le caractère distinctif et principal des lois de la nature, c'est qu'elles agissent toujours dans une direction unique. Après avoir constaté que la loi de gravitation est vraie à l'égard de la pomme qui tombe de l'arbre en ce moment, on peut affirmer infailliblement qu'elle l'est aussi, relativement à toutes les planètes dont se compose notre système, qu'elle a régi les mouvements de toutes les pommes qui sont tombées en tout temps, et régira à jamais les mouvements de celles qui tomberont, quelle que soit la durée du globe terrestre. Si nous admettons qu'il en est de même relativement aux lois qui dirigent les mouvements de l'homme, et si nous constatons qu'aux époques les plus reculées de l'état social, il est tout à fait pauvre et misérable, tandis qu'à des époques plus récentes, il devient plus fort et plus capable de se procurer des subsistances, il suit de là, nécessairement, que son pouvoir de commander les services de la nature, doit constamment augmenter, à mesure qu'il devient plus capable d'associer ses efforts à ceux des individus qui l'entourent.

    Tout le monde admet, que telle est la tendance dans les premiers siècles de la société, les subsistances devenant alors plus abondantes, à mesure que la population s'accroît et que les individus peuvent, ite plus en plus, travailler en s'associant réciproquement. Et cependant, selon Malthus, la loi ayant atteint un certain point, accomplit une évolution en sens contraire, et à chaque nouveau progrès qui a lieu dans la population et la richesse, les subsistances deviennent plus rares ; et il est nécessaire qu'une portion des individus qui occupent la terre « meurent régulièrement de besoin (4), » ainsi que l'avaient fait les Sauvages des premiers siècles (5).

    Ceci, ainsi que le lecteur le remarquera maintenant, représente exactement le cours des événements tel qu'il a été en Irlande, à la Jamaïque, dans l'Inde, en Portugal et en Turquie, et ce qui se passait également à la date de l'ouvrage de Malthus, au moment même où la propriété foncière commençait à s'immobiliser, au moment où commençait à surgir le paupérisme qui depuis est devenu si effrayant. En voyant de pareils faits, il semblera évident que sa théorie ne doit être regardée simplement que comme une description de ce qu'ont été, et devaient être nécessairement, les effets résultant d'une forme mauvaise de l'activité humaine, regardés à tort comme la conséquence nécessaire des lois divines.

 

 

 


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CHAPITRE XIX :

CONTINUATION DU MÊME SUJET.

 

    § 6. — La doctrine Ricardo-Malthusienne a une tendance inévitable, celle de faire de l'esclavage, la condition finale du travailleur.


    Il en est de même à l'égard de la loi Ricardo-Malthusienne, relative à l'occupation de la terre, en vertu de laquelle l'homme commence par cultiver les terrains fertiles et obtient alors abondamment les subsistances, mais, avec le temps, se trouve forcé de s'adresser à des terrains récompensant, de moins en moins, son travail, et permettant au propriétaire de la terre de réclamer une proportion constamment croissante sous le nom de rente. Telle étant la loi, le travailleur devient nécessairement l'esclave, le fendeur de bois et le tireur d'eau, de l'individu qui revendique la possession de la terre. Que tel soit le résultat inévitable, c'est ce, qui ne peut être un instant mis en doute par quiconque croit avec M. Mac Culloch : « que par suite de l'action de causes fixes et permanentes, la stérilité croissante du sol doit infailliblement, à la longue, triompher des perfectionnements introduits dans les machines et l'agriculture, » l'homme devenant ainsi, de plus en plus l'esclave de la nature, dont le représentant, — le propriétaire du sol, — tient la clef, à l'aide de laquelle seulement on peul obtenir ses dons.

    L'homme devient plus libre, à mesure que le travail du présent acquiert du pouvoir sur les accumulations du passé, et moins libre à mesure que celles-ci acquièrent du pouvoir sur lui. Si la théorie de Ricardo est vraie, alors l'esclavage a été prévu par les lois divines, et conséquemment tout effort pour affranchir l'homme, n'a dû aboutir qu'à des efforts stériles.

    Cette théorie implique nécessairement que les hommes soient séparés de leurs semblables pour chercher des terres lointaines et fertiles ; et cependant séparés ainsi qu'ils peuvent l'être, la malédiction primitive les suit encore, « la stérilité croissante du sol doit l'emporter infailliblement » sur tout perfectionnement qu'ils peuvent accomplir. L'utilité des matières dont la terre se compose doit diminuer, la valeur des denrées nécessaires à l'homme doit augmenter, et la valeur de l'homme lui-même doit baisser, en même temps que la nécessité d'avoir recours aux services du trafiquant et du voiturier, doit devenir constamment croissante. Plus leurs services sont nécessaires, plus doivent être considérables les différences entre les prix des matières premières et ceux des produits terminés, et plus doit être grande la tendance à un état de choses où la force constitue le droit, où la barbarie remplace la civilisation. Considérez la doctrine d'un point de vue quelconque, elle entraîne l'homme si infailliblement à l'esclavage, que si elle était vraie, il y aurait folie à entreprendre de lutter contre elle.

 

 

 

 

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PRINCIPES DE LA SCIENCE SOCIALE
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  1861

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE XIX :

CONTINUATION DU MÊME SUJET.

 

    § 7. — Le système de l'école anglaise est un système rétrograde. Il a pris naissance dans une politique rétrograde.


    Heureusement pour l'homme, l'histoire nous fait un récit bien différent de celui de Malthus. Tout ce qu'il nous peint comme étant une conséquence de l'accroissement de la population, est précisément ce dont nous avons constaté l'existence dans le passé lorsque la population était faible, et que les hommes pouvaient occuper, à leur gré, ou les terrains situés sur les hauteurs, ou ceux des vallées, lorsque aucun individu n'exerçait sur eux de droit de propriété, et que personne ne pouvait exiger de rente, mais que la nature toute-puissante interdisait l'occupation des terrains plus bas et plus riches, et bornait les travaux de l'homme à la culture des terrains stériles situés sur les hauteurs. Les choses s'étant passées ainsi, et l'homme ayant constamment acquis la puissance comme le résultat de l'association, qui ne pouvait arriver à se produire qu'avec l'accroissement de la population, il semblerait très-évident que de pareilles théories n'ont aucun titre à être prises le moins du monde en considération, à moins qu'il ne nous fût possible de conclure que le Créateur eût institué des lois qui dussent agir tantôt en avant, tantôt en arrière, tantôt en haut, tantôt en bas, en même temps qu'il eût institué, relativement à toutes les autres matières, des lois qui fonctionnent si invariablement dans une direction unique, qu'ayant une fois déterminé quelle est cette direction, l'homme se sent complètement rassuré en affirmant qu'elle a été telle à toutes les époques passées, et qu'elle sera la même à toutes les époques futures. Que le Créateur puisse avoir établi un pareil système, qu'il puisse avoir agi ainsi à l'égard de cet être qu'il a placé à la tête de la création, c'est là une idée tellement absurde, qu'elle nous autorise à ne croire qu'avec hésitation que ceux qui l'ont d'abord suggérée aient pu réellement y ajouter foi ; et cependant on ne peut, aujourd'hui, douter qu'ils ne l'aient admise réellement et sincèrement. Quelle a donc pu être la cause de l'erreur dans laquelle sont tombés des hommes doués d'une aussi haute intelligence, ainsi qu'ils l'étaient incontestablement. Pour obtenir une réponse à cette question, il faut que nous fassions un rapide examen des tendances du système, dans les divers pays auxquels nous avons fait allusion précédemment.

    Quels étaient en premier lieu les buts que ce système cherchait à atteindre ? Se proposait-il de favoriser l'association et la combinaison des efforts? Se proposait-il le développement des facultés de l'homme ? Se proposait-il le développement, ou même le maintien des forces productives de la terre ? Cherchait-il à amoindrir le plus grand obstacle qui entrave le commerce, la taxe qui pèse sur le transport ? Tendait-il d'une façon quelconque, à augmenter l'utilité de la matière dont la terre se compose, à diminuer la valeur des denrées nécessaires aux besoins de l'homme, ou à augmenter la valeur de l'homme lui-même? Si tels étaient les buts qu'il se proposait, alors il tendait à la civilisation.

    Nous savons qu'il n'a fait aucune de ces choses. Il cherchait à empêcher l'association. Il interdisait la diversité des travaux, et s'opposait ainsi au développement de l'intelligence et à l'accroissement de la puissance d'association. Il réduisait le peuple soumis à son action, à la condition de simples défricheurs du sol, en même temps qu'il imposait par la force l'épuisement de la terre. Tous ces phénomènes sont ceux qui accompagnent les premiers âges de la société, ces âges que nous appelons barbares, où l'on ne se procure les subsistances qu'avec la plus grande difficulté, où les famines et les pestes sont fréquentes, où existe avec le plus d'intensité la maladie de l'excès de population. Le système tendait à réduire la quantité des choses nécessaires à la vie ; et c'est pourquoi nous trouvons dans l'Irlande, dans l'Inde et à la Jamaïque les preuves les plus concluantes de la vérité des doctrines de l'école anglaise. C'était une politique rétrograde tendant à faire retourner la société à l'état de barbarie dont elle sortait ; et conséquemment, c'était une théorie rétrograde, nécessaire pour permettre aux individus qui cherchaient à en profiter, d'expliquer les maladies dont elle-même était la cause. Malthus et Ricardo fournirent cette théorie, qui nous offrit des lois divines, au moyen desquelles on nous rendait compte des famines, des pestes et de l'esclavage, qui n'étaient que le résultat inévitable de la conduite déraisonnable de l'homme.

    Telle fut l'origine de cette économie politique moderne qui répudie si complètement les idées d'Adam Smith, et trouve dans le trafic un équivalent du commerce. Rétrograde de tout point, elle exige que nous ignorions immédiatement et à jamais l'existence d'une Divinité qui n'est que sagesse et bienveillance, et que nous mettions notre confiance dans un Être qui a établi les grandes lois naturelles, en vertu desquelles les hommes doivent nécessairement et « régulièrement mourir de besoin. »

    Rétrograde sur tous les points, cette théorie enseigne :

    Que, dans les premiers âges de la société, lorsqu'on s'est procuré les premiers instruments misérables à l'aide desquels ou peut travailler, les hommes sont en état de forcer la terre à récompenser plus largement leurs travaux ; mais qu'aussitôt « qu'ils se sont adonnés à la culture avec une certaine énergie et qu'ils ont appliqué à cette culture des instruments passables (6), » il survient une nouvelle loi en vertu de laquelle la récompense du travail devient plus faible chaque année.

    Que, bien que le progrès dans la voie de la civilisation ait été partout signalé par un accroissement dans la puissance de l'homme sur la matière, il existe des causes « fixes et permanentes » pour que la matière, partout et en toute circonstance, obtienne un pouvoir plus considérable sur l'homme.

    Que, bien que la valeur de l'homme ait augmenté partout, à mesure que la valeur des denrées nécessaires à ses besoins a diminué, la véritable route du progrès doit se trouver dans une seule direction ; à savoir l'emploi plus fréquent des navires et des charrois, par la raison que leur emploi donne le plus grand accroissement à la valeur de ces denrées.

    Que, bien que les hommes soient devenus partout plus libres, à mesure que les travaux sont devenus plus diversifiés, et que l'utilité des diverses espèces de matière s'est de plus en plus développée, la voie du progrès se trouve cependant dans la division des nations en agricoles et en manufacturières, avec un atelier unique placé à des milliers de milles de distance, des lieux où les matières sont produites.

    Que, bien que l'homme se soit toujours enrichi dans la proportion directe où le prix des matières premières s'est rapproché de celui du produit fabriqué, il doit accomplir un progrès nouveau et plus considérable, en adoptant un système qui a pour but de mettre à bas prix les matières premières et d'augmenter la quantité qui doit en être donnée, en échange du produit achevé.

    Que, bien que l'homme ait toujours acquis plus de valeur, avec le développement du commerce et la diminution dans la nécessité d'avoir recours au trafic et aux moyens de transport, sa condition doit s'améliorer par l'établissement de la suprématie du trafic.

    Que, bien que le progrès ait toujours été signalé par l'accroissement dans la puissance du travail sur le capital, il est nécessaire aujourd'hui « que le travail soit abondant et à bas prix » pour qu'il puisse être maintenu « suffisamment sous l'empire du capital. »

    La tendance de toutes ses leçons étant telle que nous venons de l'exposer, il n'y a pas lieu d'être surpris que l'économie politique moderne ne voie dans l'homme qu'un animal destiné à procréer, qui doit être nourri, et qui peut être rendu apte à travailler, un instrument qui sera mis en oeuvre par le trafic ; qu'elle répudie toutes les qualités distinctives de l'homme et se borne à prendre en considération celles qu'il partage avec les bêtes de somme ou les animaux carnassiers ; qu'elle nie que le Créateur ait voulu que tout homme trouvât place au banquet de la vie, ou qu'il existe un motif quelconque pour qu'un pauvre ouvrier, pouvant et voulant travailler, ait plus de droit à être nourri que n'en a le filateur de coton à trouver un marché pour son tissu ; ou qu'elle assure à ses disciples, ainsi que le lecteur l'a déjà vu, « que le travail est une denrée, » et que, si les individus veulent se marier et ont des enfants sans avoir préalablement pris des mesures pour les nourrir, c'est à eux de subir leur sort, et que « si nous nous plaçons entre l'erreur et ses conséquences, nous nous plaçons entre le mal et son remède, que si nous nous opposons au châtiment (lorsqu'il n'aboutit pas positivement à la mort), nous perpétuons le péché (7). »

 

 

 

 

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PRINCIPES DE LA SCIENCE SOCIALE
PAR M. H.-C. CAREY (De Philadelphie)

 

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TRADUITS EN FRANÇAIS PAR MM. SAINT-GERMAIN-LEDUC ET AUG. PLANCHE

  1861

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE XIX :

CONTINUATION DU MÊME SUJET.

 

    § 8. — Dissidences entre Adam Smith et les économistes Anglais modernes.


    Adam Smith ne connaissait en aucune façon « la science sinistre » que nous venons de décrire. Ayant complètement foi dans les avantages du commerce, il tenait en grand dédain le système basé sur l'idée de transformer une nation entière en une masse d'individus, simples trafiquants des produits des autres pays. Croyant « que la seule chose nécessaire était, évidemment, » que la terre donnât le plus grand excédant possible, » il favorisait sa division parce que « les petites fermes, » ainsi qu'il le voyait bien, « pouvaient fournir un plus grand excédant que des portions semblables d'une ferme plus considérable, » et parce que ses yeux n'avaient pas aperçu ce fait imaginaire, que l'immobilisation de la propriété foncière « élève généralement le niveau de l'aisance » et ajoute une nouvelle force aux ressorts qui mettent l'industrie en mouvement (8). » Si cette idée lui fût venue, il eût probablement recherché comment il était arrivé que dans tous les autres pays cette immobilisation avait été accompagnée de la dépopulation, de l'esclavage, et de la mort politique et morale.

    Fermement convaincu de l'égalité des droits pour tout individu, il était aussi peu capable d'apercevoir la justice des mesures prohibitives du commerce appliquées aux colonies (9), qu'il le serait aujourd'hui de découvrir la convenance ou l'avantage, pour l'Angleterre elle-même, « d'un état de guerre » de la part des grands capitalistes nationaux, dans le but d'anéantir la concurrence à l'intérieur et au dehors. Ayant une ferme confiance dans l'existence de l'être qui lui est connu sous le nom d'homme, être possédant des sentiments et des affections, il avait une grande admiration « pour le petit propriétaire, » qui, connaissant « toutes les parties qui forment son petit territoire, le considère avec toute l'affection que la propriété, particulièrement la petite propriété, inspire naturellement ; et qui, par cette raison, prend plaisir, non-seulement à le cultiver, mais encore à l'embellir, » et il aurait rejeté avec dédain l'idée de l'homme que conçoit l'économie politique moderne, c'est-à-dire un être qui dort, mange et procrée, et doit recevoir un salaire qui lui permette de satisfaire les besoins les plus restreints de sa nature, et ces besoins uniquement. Voyant clairement « que l'emploi le plus avantageux du capital du pays auquel celui-ci appartient est celui qui entretient la quantité la plus considérable de travail productif, et augmente le plus le produit annuel de la terre et du travail de ce pays, il avait peu de considération pour les opinions de ceux qui voyaient dans « le commerce étranger » l'indice unique de la prospérité ; et s'il vivait aujourd'hui, il respecterait aussi peu les opinions de ceux qui voient, dans l'importation de « la richesse des climats que parcourent en nomades les nations sauvages, pillées par des esclaves, pour acheter des esclaves à l'intérieur, » une compensation, quelle qu'elle soit, à l'établissement d'un système, sous, l'empire duquel « l'homme devient un poison, et la population un fléau. » S'attachant à peine à une seule opinion qui lui soit commune avec cette économie politique moderne, née, depuis, de l'école anglaise (10), il n'y a guère lieu d'être surpris que nous ne trouvions dans le grand ouvrage de Smith aucune preuve, qu'il croie que « la misère, » décrite par Malthus, existe en vertu d'aucune des lois établies par Dieu, que cet Être si grand et si bienfaisant n'ait aucune place à sa table pour des fractions considérables de la famille humaine ; ou que cet écrivain pense qu'une nation devait s'enrichir par cette extirpation, de hardis paysans, l'orgueil de leur patrie, qui a eu lieu, depuis cette époque, dans toutes les parties du Royaume-Uni.

    Appréciant pleinement les avantages pécuniaires et politiques, moraux et sociaux, résultant du commerce, Smith vit clairement qu'il prenait des accroissements à mesure que diminuait la nécessité d'avoir recours aux services de l'individu chargé du transport, à mesure que les individus occupés d'effectuer les changements mécaniques et chimiques dans la forme de la matière, nécessaires pour l'approprier à la consommation de l'homme, se rapprochaient de plus en plus de ceux qui s'occupaient de développer les trésors de la terre et d'augmenter la quantité de matières premières à transformer, et que chaque pas dans cette direction était suivi d'une diminution dans la valeur des denrées, et d'un accroissement de la valeur et de la liberté humaines (11).

 

 

 

 

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PRINCIPES DE LA SCIENCE SOCIALE
PAR M. H.-C. CAREY (De Philadelphie)

 

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TRADUITS EN FRANÇAIS PAR MM. SAINT-GERMAIN-LEDUC ET AUG. PLANCHE

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CHAPITRE XIX :

CONTINUATION DU MÊME SUJET.

 

    § 9. — Lois des proportions définies, manifestée dans les changements graduels de la répartition sociétaire.


    Le lecteur peut maintenant comprendre facilement la simple et magnifique loi, en vertu de laquelle la société tend graduellement à revêtir la forme que nous avons décrite dans un chapitre précédent (12).

    Parmi les Sauvages, le prix de la matière première est peu élevé, tandis que les produits fabriqués sont chers. Parmi les hommes civilisés, c'est le contraire qui est vrai, les matières premières sont chères et les produits fabriqués à bon marché. Les premiers donnent des peaux de bêtes qui leur ont coûté des journées de travail, en échange de couteaux, produits par un travail d'à peine quelques minutes. Les seconds reçoivent du meunier voisin, sous la forme de farine, presque tout ce qu'ils lui ont donné sous la forme de froment.

    Entre ces deux conditions de la société, il existe un grand nombre de degrés ; pour les démontrer nous donnons les chiffres suivants, soit :

-Le produit terminé :                10, 10, 10, 10, 10, 10, 10, 10, 10
-Les frais de transport

et transformation :                  9,    8,   7,   6,   5,   4,   3,   2,   1
-La matière première :             1,    2,   3,   4,   5,   6,   7,   8,   9

    Nous avons ici un accroissement rapide dans la proportion retenue par le producteur, accompagné d'une décroissance correspondante dans la proportion afférente aux divers individus qui s'occupent du trafic, du transport et de la transformation. Dans le premier cas, la part du dernier paie le travail de neuf fois autant d'individus occupés de la culture, qui sont conséquemment esclaves à.la fois de la nature et de leurs semblables. Dans le dernier, cette part ne paie que le travail d'un neuvième du nombre d'individus ; il en résulte, comme conséquence naturelle, que l'esclave des premiers temps est représenté par l'homme libre des temps nouveaux.

    Admettant maintenant que tous étaient également payés, que les salaires pour tous les travaux étaient identiques, la société tendrait graduellement à revêtir les formes indiquées par les chiffres énoncés ci-dessous :

Individus employés au trafic,
au transport et
à la transformation :              900,    800,     700,    600,    500,    400,    300,    200,    100

Employés à développer
les ressources de la terre :    100,    200,     300,    400,    500,    600,    700,    800,    900

                                                    1,000, 1,000, 1,000, 1,000, 1,000, 1,000, 1,000, 1,000, 1,000

    La société abandonne ainsi par degrés la forme instable, et trop lourde au sommet, de la pyramide renversée, pour la forme belle et durable d'une véritable pyramide, la masse de la puissance physique et intellectuelle de la société étant, dans le dernier cas, consacrée à opérer ces changements vitaux dans les formes de la matière qui se résolvent en une augmentation des denrées à consommer, tandis qu'il ne faut qu'une petite portion de cette puissance pour opérer les changements de lieu, de forme ou de propriété des choses produites. A chaque phase de progrès, l'agriculture devient de plus en plus une science, les individus employés à développer les ressources de la terre s'élèvent dans l'échelle des êtres, les diverses utilités de la matière sont de plus en plus mises en activité ; des centres locaux sont créés, les subsistances et les moyens de se vêtir s'obtiennent de plus en plus avec facilité, et l'homme devient plus heureux et plus libre. A chaque progrès qui s'accomplit, l'intelligence est de plus en plus provoquée à l'action, les sentiments et les affections se développent davantage, et d'année en année, l'homme devient plus propre à occuper la place à laquelle il a été destiné, celle de maître de la nature et de lui-même.

    Tels sont, sous l'empire d'un système naturel, les résultats d'un accroissement de population. Chaque page de l'histoire des nations en progrès démontre qu'il en est ainsi. Si Malthus a représenté sous un faux jour l'action du Créateur, s'il a fait, de l'esclavage, et non de la liberté, la condition finale de l'espèce humaine, il faut l'attribuer à ce fait qu'il vivait au milieu d'un système artificiel, dont la tendance à produire l'asservissement de l'homme, se démontre plus clairement chaque jour (13).

 

 

    

 

FIN DU TOME PREMIER.

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PRINCIPES DE LA SCIENCE SOCIALE
PAR M. H.-C. CAREY (De Philadelphie)

 

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TRADUITS EN FRANÇAIS PAR MM. SAINT-GERMAIN-LEDUC ET AUG. PLANCHE

  1861

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE XIX :

CONTINUATION DU MÊME SUJET.

 

Notes de bas de page

 

 

1  Le mot absentee (absent) implique, en anglais, l'idée d'un propriétaire qui dépense ses revenus hors de son domaine, dans une autre résidence ; ce qu'on ne peut rendre par un seul mot. (Note des traducteurs).         Retour

2  Voy. antérieurement, Chap. XVII, § 4, p. 482, relativement à cette assertion « que l'ouvrier doit d'être employé, à tout événement, aux pertes que subit celui qui l'emploie. » L'effet de ce système erroné, pour pervertir les idées, n'a jamais été démontré d'une façon plus évidente que dans le document auquel nous avons emprunté cette citation. Le raisonnement tout entier, en ce qui concerne le rapport entre le chef d'industrie et l'ouvrier, est précisément le même que nous trouvons dans les journaux de la Caroline ; et cependant, ce document a été publié par ordre de la Chambre des communes d'Angleterre !
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Essai sur le principe de population, liv. I, chap. Ier.
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4  MILL père. Éléments d'économie politique, trad. par PARISOT, p. 57.
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5  «  Après une certaine phase peu avancée dans le progrès de l'agriculture ; aussitôt qu'en réalité les hommes se sont adonnés à la culture avec quelque énergie et lui ont appliqué des instruments passables ; à partir de cette époque, la loi de la production résultant de la terre, est telle que dans tout état donné de la science agricole, en augmentant la somme du travail, le produit n'augmente pas à un égal degré ; en doublant celui-ci, on ne double pas celui-là ; ou pour exprimer la même idée en d'autres termes : tout accroissement de produit s'obtient par un accroissement plus que proportionnel dans l'application du travail à la terre. » MILL, John, Stuart. Principes d'économie politique, trad. par DUSSARD et COURCELLE-SENEUIL, tom. I, chap. XII, p. 203.
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6  JOHN STUART MILL. Principes d'économie politique, trad. par DUSSARD et COURCELLE-SENEUIL, tome I, chap. XII, p. 203.
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Revue d'Édimbourg. Octobre 1849.
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8  MAC CULLOCH. Principes d'économie politique, trad. par AUGUSTIN PLANCHE, tom : I, chap. x, p. 309.
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9  « Fonder un vaste empire dans la vue seulement de créer un peuple d'acheteurs et de chalands, semble, au premier coup d'oeil, un projet qui ne peut convenir qu'à une nation de boutiquiers. C'est cependant un projet qui accommoderait extrêmement mal une nation toute composée de gens de boutique, mais qui convient parfaitement bien à une nation dont le gouvernement est sous l'influence des boutiquiers. » (Richesse des nations, traduction du comte GERMAIN GARNIER, tome II, chap. VII, p. 243). A l'égard des mesures qui ont été adoptées pour mettre en pratique cette idée, et pour exalter le trafic aux dépens du commerce. Smith a exprimé son opinion dans les termes suivants : « Empêcher un grand peuple de tirer tout le parti qu'il peut de chacune de ses propres productions, ou d'employer ses capitaux et son industrie de la manière qu'il croit lui être la plus avantageuse, c'est une violation manifeste des droits les plus sacrés de l'espèce humaine. » (Ibid. p. 202).
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10  On trouvera le principal point d'accord entre Smith et ses partisans dans ses chapitres sur la Monnaie, où il a commis de graves erreurs.
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11  Dans les notes de son édition de la Richesse des nations, M. Mac Culloch dit à ses lecteurs « qu'il serait inexcusable » de leur faire perdre leur temps « en cherchant à prouver par des arguments l'avantage d'avoir les subsistances à bon marché. » Faciliter la production, continue-t-il, « et faire en sorte que les denrées soient à meilleur marché et s'obtiennent plus facilement, ce sont là les principaux motifs qui stimulent les facultés inventives et conduisent à la découverte et aux perfectionnements des machines et des procédés pour épargner le travail et diminuer le prix, p. 520. Les mots prix et coût sont traités ici comme s'ils se rapportaient à la même idée ; tandis que l'un se rapporte à la valeur du blé en argent, et l'autre à sa valeur, lorsqu'on mesure celle-ci par le travail. C'est précisément à mesure que les facultés inventives sont stimulées, que le premier s'élève, ainsi qu'on peut le constater en comparant la Pologne avec la France, ou l'Angleterre sous Georges I, avec la même Angleterre sous Georges III. C'est alors, conséquemment, que le second baisse, ainsi qu'on peut le voir en comparant la France d'aujourd'hui avec la France du temps de Louis XV, ou l'Angleterre actuelle avec l'Angleterre sous les Plantagenets. Plus sont nombreux les découvertes et les « perfectionnements des machines, moins sera considérable le coût des subsistances, plus sera grande la tendance à une hausse du prix et plus sera rapide le progrès dans le condition de l'homme. »
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12 Voy. plus haut, § 10, chap. VIII, p. 253.
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13  Dans un débat récent, à la Chambre des communes, il a été constaté que dans les établissements de blanchiment de toiles de l'Angleterre et de l'Écosse, les hommes, les femmes et les enfants étaient obligés de travailler, de seize à vingt heures par jour, et sous l'influence d'une température tellement élevée que très-souvent « les clous du parquet s'échauffaient et faisaient venir des ampoules aux pieds des individus employés dans les chambres, appelées ordinairement « chambres de mortalité » à raison de la mortalité exorbitante à laquelle elles donnent lieu. » Pour remédier à de pareils maux et protéger les travailleurs, particulièrement ceux auxquels leur âge, encore tendre, ne permet pas de se protéger eux-mêmes, et dont l'existence aujourd'hui, ainsi que l'a dit un des orateurs, « est dépensée absolument comme celle des bestiaux sur une ferme, » on proposa de restreindre le nombre des heures de travail ; mais le bill formulé à cet effet fut rejeté, après un discours de sir James Graham, discours dans lequel, ainsi que le verra le lecteur, le travailleur est regardé comme un pur instrument, que le trafic doit mettre en œuvre :
    « Il est admis que l'industrie du blanchisseur de toiles est exposée à la plus rude concurrence de la part des rivaux étrangers, et qu'elle exige toute l'habileté et toute l'énergie du manufacturier anglais pour lutter contre elle avec succès. Il en est exactement de même que dans une arène, où doivent courir deux chevaux, doués s exactement des mêmes qualités ; si vous chargez l'un d'eux d'un poids de trois livres en sus, sa défaite est assurée ; il en est de même à l'égard de l'industrie. M. Tremenheere admet l'âpreté de cette concurrence, mais en même temps qu'il établit très-nettement que si vous suivez son conseil, les frais additionnels de production seront de 10 % et l'addition, au prix de vente, de 1 %, il soutient que c'est là une chose tout à fait insignifiante. C'est là, en matière d'industrie, une proposition tellement étonnante que je ne puis, pour cela seul, consentir à prendre M. Tremenheere pour guide. Si le résultat est tel qu'il l'affirme, d'ajouter 10 % au coût de production, je prédis immédiatement, que par un acte législatif, aussi précipité, aussi imprudent et extravagant, vous assurerez le succès de nos rivaux étrangers, dans cette branche d'industrie. »
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PRINCIPES DE LA SCIENCE SOCIALE
PAR M. H.-C. CAREY (De Philadelphie)

TRADUITS EN FRANÇAIS PAR MM. SAINT-GERMAIN-LEDUC ET AUG. PLANCHE

 

 

 

 

 

PRÉFACE.

 

Notes de bas de page

 


1  V. Carey, Principes d’économie politique. Philadelphie, 1837-40        Retour

2  V. Bastiat, Harmonies économiques. Paris, 1850
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3  « Carey et après lui Bastiat ont inauguré une formule, à posteriori, que je crois destinée à être généralement adoptée ; et il est très-regrettable que le dernier se soit borné à ne l'indiquer que d'une façon incidente, au lieu de lui reconnaître toute l'importance que le premier lui a donnée à si juste titre. Lorsqu'on apprécie l'équilibre entre le coût d'une denrée pour soi-même et son utilité pour ses semblables, il peut intervenir mille circonstances ; et il est désirable de savoir s'il n'existe pas parmi les hommes, une loi, un principe d'une application universelle.
    L'offre et la demande, la rareté, l'abondance, etc., sont toutes, à cet égard, des considérations insuffisantes et sujettes à de continuelles exceptions. Carey a remarqué, et avec une grande sagacité, que cette loi est le travail épargné, le prix de reproduction, idée que je considère comme très-heureuse. Il me semble qu'il ne peut surgir aucun cas où l'homme ne soit décidé à faire un échange et dans lequel, en même temps, cette loi ne trouve son application. Je ne donnerai point une certaine quantité de travail ou de peine matérielle, si l'on ne m'offre, en échange, une utilité équivalente ; et je ne regarderai point cette utilité comme équivalente, si je n'aperçois qu'elle m'arrive, en me coûtant moins de travail qu'il ne serait nécessaire pour la produire. Je regarde cette formule comme très-heureuse ; en effet, tandis que d'un côté elle conserve l'idée de prix, à laquelle l'esprit se reporte constamment, elle évite, d'un autre côté, l'absurdité à laquelle nous conduit cette théorie qui prétend voir, en toute occasion, une valeur équivalente au prix de production ; et finalement elle démontre, d'une façon plus complète, la justice essentielle, à laquelle nous obéissons dans nos échanges. » (FERRARA. Bibliothèque de l'économiste, tome XII, p. 117).
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4  « Les bas salaires, par suite de la concurrence, font baisser le prix des produits auxquels l'ouvrier travaille ; et ce sont les consommateurs des produis, a c'est-à-dire la société toute entière, qui profitent de leur bas prix ; si donc, par suite de ces bas prix, les ouvriers indigents tombent à sa charge, elle en est indemnisée par la dépense moindre qu'elle fait sur les objets de sa consommation. » (J. B. SAY, Traité d'économie politique, livre II, chap. vit, p. 379. Paris, Guillaumin, 1841, gr. in-8°.) On suppose ici que la société profite d'un état de choses qui appauvrit l'ouvrier et le réduit à l'hôpital. Les intérêts du chef d'industrie et ceux des ouvriers qu'il emploie étant identiques, un pareil état de choses ne peut exister.
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5  V. Le Passé, le Présent et l'Avenir. Philadelphie, 1848.
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Principes d'économie politique, de Mac Culloch, trad. par Augustin PLANCHE, sur la 4ème édit. 2 vol. in-8. Paris, Guillaumin, 1851. Préface de la 3ème édit. anglaise, pp. 14-15.
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7  ROSSI. Cours d'économie politique. Tom. II, p. 14.
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8  A cet égard, le présent n'est que la répétition du passé, ainsi que le prouve cette déclaration de Newton : « L'homme, dit-il, doit se résoudre à ne publier au« mine idée nouvelle, ou devenir esclave s'il veut la défendre.
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9  La croyance à cette opinion, que le soleil ne peut être un monde habitable, a été poussée si loin qu'un savant fut déclaré par un médecin, atteint de folie, pour avoir adressé à la Société royale d'Angleterre un mémoire où il soutenait que la lumière du soleil émane d'une aurore dense et universelle, qui peut donner une lumière abondante aux habitants de la surface inférieure, et que cependant elle se trouvait placée, au-dessus d'eux, à une distance assez considérable pour ne pas se trouver au milieu d'eux ; qu'il pouvait y exister de l'eau et des terrains secs, des collines et des vallées, de la pluie et du beau temps ; et que la lumière et les saisons devant être éternelles, le soleil pouvait se concevoir facilement comme étant, de beaucoup, le lieu d'habitation le plus heureux dans le système du monde.
    Moins de dix ans après que cette idée, en apparence absurde, eût été considérée comme une preuve de folie, elle était soutenue par William Herschell, comme une opinion rationnelle et probable, qui pouvait se déduire de ses propres observations sur la structure du soleil. (DAVID BREWSTER).
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10  Essai sur la publication des opinions, Sect. V.
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11  Traité d'astronomie, p. 1.
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12  Voir plus loin, tome III, chap. XXVI.
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13  Voy. le Passé, le Présent et l'Avenir, chap. III. Philadelphie, 1848. Lorsque fut offerte, pour la première fois, la nouvelle théorie de l'occupation de la terre à l'attention des économistes français, on protesta contre son admission, par ce motif qu'elle conduisait nécessairement à la protection. Voy. plus loin, tome III, chap. xxiv.
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PRINCIPES DE LA SCIENCE SOCIALE
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TRADUITS EN FRANÇAIS PAR MM. SAINT-GERMAIN-LEDUC ET AUG. PLANCHE

1861

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE XIV :

CONTINUATION DU MÊME SUJET.

    

Notes de bas de page

 

1  M. Chapman donne des tableaux, d'où il résulte qu'en même temps que la réduction dans le prix de transport du coton, du lieu de production dans l'Inde, n'a été que de sept pence par livre, la réduction en Angleterre, a été de dix pence ; ce qui démontre que la rémunération afférente à la culture de la terre et au travail, en ce pays, a baissé considérablement, avec la substitution du trafic, au commerce qui existait antérieurement. (Du coton et du commerce de l'Inde, p. 77).          Retour

2  « Si nous passons des affaires intérieures aux relations internationales, nous cherchons vainement une nation vertueuse. Chaque société, à mesure qu'elle arrive, à son tour, au pouvoir, dédaigne toutes les lois de la justice, et ne se soumet qu'à la loi de la force qu'elle cherche à imposer partout. Aussi l'histoire du monde est-elle souillée de tous les crimes qui rendent l'homme odieux. » (WESTMINSTER REVIEW. Janvier 1851.)
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3  « Plus un corps est imparfait, dit Goethe, plus les parties qui le composent ressemblent au tout. » Dans une société purement agricole, toutes les parties sont exactement semblables, et le tout n'est qu'une des parties amplifiée.
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4  L'auteur des passages cités ci dessous, bien qu'il soit en dissidence considérable avec nous relativement à des questions très-importantes, s'est trouvé forcé, en observant certains faits qui se sont passés dans nos États du sud, d'adopter les idées que nous avons exprimées antérieurement :
    « Sous l'influence du système de libre-échange, un sol fertile, avec de bonnes routes et des rivières navigables comme moyens d'écoulement, devient le plus grand fléau dont un pays puisse être affligé. La richesse du sol invite à l'agriculture, les routes et les rivières servent à exporter les récoltes, pour les échanger contre les produits manufacturés de contrées plus pauvres, où se trouvent placés les centres du trafic, du capital et de l'industrie. Dans l'espace de quelques siècles, on d'un temps moins considérable, la consommation des récoltes au dehors appauvrit le pays qui les a produites. Dans le pays doté de ce sol fertile, il ne s'élève ni villes, ni manufactures, parce que le besoin n'en existe pas. On ne se livre pas à des occupations qui exigent de l'intelligence ou du talent ; la population est, nécessairement disséminée, ignorante et illettrée ; l'absentéisme règne généralement ; les riches quittent le pays pour leur plaisir et pour leur éducation ; les individus pauvres et entreprenants pour chercher du travail. Un ami intelligent me suggère l'idée, qu'abandonné à la nature, le mal se guérira de lui-même. Il se peut que cela soit, lorsque le pays est ruiné, si la population, comme celle de la Géorgie, est douée d'un caractère élevé et se livre à d'autres travaux que la simple agriculture, et répudie complètement les doctrines du libre-échange. L'objection de notre ami ne fait que prouver la vérité de notre théorie. Nous sommes bien certains que l'esprit de l'homme ne peut imaginer un moyen aussi efficace pour appauvrir un pays que de s'adonner exclusivement à l'agriculture. Les ravages de la guerre, de la peste et de la famine sont promptement effacés ; il faut des siècles pour refaire un sol épuisé. Plus on gagne rapidement de l'argent dans ce pays qui jouit de la liberté du trafic, plus tôt ce pays s'appauvrit ; car l'épuisement du sol est plus considérable ; et ceux qui font des récoltes abondantes en dépensent le produit au dehors ; ceux qui n'en font que de faibles le dépensent à l'intérieur. En l'absence de la liberté du trafic, ce pays si riche fabriquerait pour son propre usage, bâtirait des villes, construirait des écoles et des colléges, se livrerait à tous les travaux et pourvoirait à tous les besoins ordinaires de l'homme civilisé. C'est ainsi que l'argent gagné à l'intérieur serait aussi dépensé et placé à l'intérieur ; les récoltes seraient consommées dans le pays, et chaque ville et chaque village fourniraient l'engrais qui fertiliserait le sol environnant. Nous croyons que c'est une théorie communément admise que, sans cette consommation à l'intérieur, aucun sol ne peut rester riche d'une façon durable. Il naîtrait une population compacte, parce qu'elle serait nécessaire ; les riches n'auraient plus besoin de quitter le pays natal pour leur plaisir, ni les pauvres pour trouver du travail. » (FITZHUGH. Sociologie pour le Sud, pp. 14-16.)
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5  « Je ne sais pas exactement ce qu'on entend par ces expressions : civiliser les peuples de l'Inde. Ils peuvent laisser quelque chose à désirer sous le rapport de la théorie et de la pratique d'un bon gouvernement ; mais si un bon système d'agriculture, si des manufactures sans rivales, si la capacité qui suffit à produire ce que le confort ou le luxe demande, si l'établissement d'écoles pour la lecture et l'écriture, si la pratique générale de la bienveillance et de l'hospitalité, et par dessus tout, si un respect, une délicatesse scrupuleuse envers le sexe féminin, forment les traits caractéristiques d'un peuple civilisé, alors les Hindous ne sont pas inférieurs en civilisation aux populations européennes. » (Sir THOMAS MUNRO.)
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6  « Sur dix-neuf années de la présente charte, quinze se sont passées en guerre.» (London, Daily-News.)
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7  Où aboutissent les guerres dans l'Inde, p. 56.
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8  « Le trafic ne peut d'une façon absolue s'entretenir et se développer, sans être précédé et protégé par d'autres influences qui lui frayent la route. Si nous n'avions été aveuglés par certains dogmes économiques, nous aurions appris cette vérité dans d'autres parties du globe… ; Nous avons pris ces exemples au hasard ; nous pourrions en grossir la liste ; mais nous en avons déjà en assez grand nombre pour prouver que l'épée peut tracer la route au commerce, que la diplomatie peut accomplir des alliances et ouvrir des territoires, et qu'une influence personnelle, telle que l'influence d'un Ashburton ou d'un Dunham, peut entraîner des classes considérables, ou de vastes continents dans la ligue commerciale du libre trafic. On se vantait, il n'y a pas longtemps, que le trafic pouvait agir par lui-même ; qu'il pouvait creuser ses tunnels, acheter les moyens de se protéger lui-même et s'ouvrir des territoires ; mais ici nous trouvons que le commerce compte sur l'oeuvre de l'épée et sur les négociations de la diplomatie. » (Le Spectateur, 4 septembre 1854.)
    Tous les journaux anglais récents contiennent des aperçus semblables à ceux-ci ; tous trouvent une compensation, à la perte énorme d'hommes et d'argent qui a eu lieu en Crimée, dans l'accroissement probable du trafic futur.
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9  Voy. plus haut, chap. XIII p, 394-396.
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  PRINCIPES DE LA SCIENCE SOCIALE
PAR M. H.-C. CAREY (De Philadelphie) 

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TRADUITS EN FRANÇAIS PAR MM. SAINT-GERMAIN-LEDUC ET AUG. PLANCHE

  1861

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE X :

DES CHANGEMENTS DE LIEU DE LA MATIÈRE.

 

    § 1. — Difficulté, dans la première période de la société, d'effectuer les changements de lieu de la matière. La nécessité de le faire constitue le principal obstacle au commerce. Cette nécessité diminue avec le développement de la population et de la richesse.


    Le pauvre premier colon, incapable de soulever les poutres avec lesquelles il doit construire sa demeure, est forcé de compter, pour trouver un abri, sur les rochers en saillie, ou de s'ensevelir dans les cavités de la terre qui le protègent faiblement contre la chaleur de l'été ou la rigueur du froid en hiver. Hors d'état de commander les services de la nature, il est obligé de parcourir de vastes étendues de terrain pour chercher une nourriture dont le transport à son foyer domestique, lors même qu'il se la procure, dépasse souvent sa puissance privée de secours ; aussi les fruits de sa chasse se perdent-ils sur le sol, tandis que lui et sa femme souffrent par défaut d'une alimentation convenable. Avec le temps cependant, ses fils grandissent, et alors unissant leurs efforts, ils se font des instruments à l'aide desquels ils commandent les forces naturelles, au point de pouvoir couper et transporter les poutres et de se construire quelque chose qui ressemble à une maison. On les voit encore fabriquer d'autres instruments à l'aide desquels ils se procurent des quantités plus considérables d'aliments, et sur des surfaces moins étendues, avec une diminution constante dans la proportion de leur travail nécessaire pour opérer les changements de lien de la matière, et un accroissement constant dans la proportion de ce travail qui peut être consacrée à changer sa forme, dans le but de la rendre propre à lui fournir sa nourriture et à l'aider dans l'oeuvre de production.

    La vie de l'homme est une lutte contre la nature. Le premier besoin pour lui et son premier désir, c'est de s'associer avec ses semblables, et l'obstacle, à la satisfaction de ce désir, se trouve dans la nécessité d'effectuer les changements de lieu. Pauvre et faible, le colon primitif, hors d'état de se procurer une hache, une bèche ou une charrue, est forcé de cultiver les sols les plus ingrats, qui lui donnent la subsistance en si petite quantité qu'il doit nécessairement rester isolé des autres hommes. A mesure que la population augmente, la richesse se développe, et avec le développement de la richesse et de la population, il devient capable de cultiver des sols plus riches, qui lui donnent la subsistance en quantité plus considérable, et diminuent pour lui la nécessité d'aller au dehors et de se séparer de ses semblables. De simple créature n'ayant que des besoins, il passe à l'état d'être doué de puissance, et peut chaque année se procurer plus facilement les instruments à l'aide desquels il entretient le commerce avec des individus éloignés, en même temps que chaque année, également, il devient plus individualisé et moins dépendant du commerce pour avoir à sa disposition tout ce qui contribue à la commodité, au bien-être et au luxe de la vie. Les forces de la nature s'incorporent dans l'homme, dont la valeur augmente à mesure que celle de toutes les denrées diminue ; et avec cette augmentation, il trouve chaque jour une diminution dans la résistance que la nature oppose à ses efforts nouveaux.

 

 

 

 

Table des matières - Suite

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