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1 décembre 2004 3 01 /12 /décembre /2004 00:14


La-Revolution-Roosevelt.jpg


La Révolution Roosevelt
Georges Boris – 1934

 


Chapitre IV : Les procédés de reflation

 

2 : Les travaux publics

 

 

 

 

 

    De tout temps, l'exécution de grands travaux publics a été proposée pour combattre les crises. C'est un remède naturel au chômage, préconisé dans les manuels classiques d'économie politique ; l'école libérale elle-même reconnaît que l'Etat, en période de dépression, peut se substituer à l'initiative privée pour financer des investissements et donner du travail aux industries de capital.

    L'originalité du programme Roosevelt de travaux publics réside dans son envergure ; les sommes engagées sont du même ordre que les dépenses budgétaires d'une année entière. En outre, c'est sans doute la première fois qu'un tel programme est destiné, dans l'esprit de ses auteurs, à jouer un rôle monétaire et à opérer une reflation de crédit.

    Or, quelles qu'aient été depuis les vicissitudes de la politique monétaire américaine, c'est bien ainsi qu'il avait été conçu à l'origine, lorsque fut inséré dans la loi du Redressement Industriel National (N. I. R. A.) tout un chapitre relatif à l'exécution de 3.300 millions de dollars de travaux publics. La somme fut trouvée énorme à l'époque ; aujourd'hui, elle paraît trop faible, et on l'augmentera sans doute (1).

    L'administration des Travaux publics (P. W. A.) placée sous la haute direction du secrétaire d'Etat à l'Intérieur, M. Ickes, a rencontré les plus grandes difficultés dans l'accomplissement de sa tâche.

    Elle a dû lutter contre les éléments conservateurs de l'Administration, et notamment contre les fonctionnaires de la Trésorerie et du Budget qu'effrayait une politique d'emprunts. Surtout, elle a eu le plus grand mal à élaborer des projets de travaux. Si extraordinaire que la chose paraisse, il n'existait pas, aux Etats-Unis, de programme tout prêt, et pour l'exécution duquel il ne manquait que l'argent. Il a fallu, au contraire, solliciter de chaque Etat des propositions, et bien entendu l'élaboration en a été souvent retardée par les discussions et les rivalités locales. Chacun des projets a dû ensuite faire l'objet à Washington d'une critique serrée pour barrer la route au gaspillage, au favoritisme, à la fraude et à la corruption. M. Ickes, homme intègre et consciencieux, tenait à ce que son administration donnât l'exemple de la plus sévère probité. Elle éplucha les contrats et n'y laissa rien subsister qui prêtât au moindre soupçon. Mais ce fut aux dépens de la rapidité. On a dit qu'un excès de scrupules avait fait perdre de vue l'urgence de l'entreprise.

    Bref, ce n'est qu'à la fin du mois de décembre, plus de sept mois après le vote des crédits, que l'administration des Travaux publics a pu annoncer qu'elle avait engagé intégralement les 3.300 millions de dollars de dépenses prévues. Encore ce résultat n'avait-il été atteint qu'en affectant une partie des crédits à des usages qui n'avaient pas été envisagés tout d'abord. Par exemple, 238 millions ont été employés à la construction de navires de guerre, 100 millions ont été versés aux Caisses de crédit agricole, une centaine de millions a été mise à la disposition du ministère de la Guerre.

    An titre des Travaux publics proprement dits, 571 millions de dollars ont été attribués, sous forme de prêts, aux Etats et aux municipalités, 200 millions de dollars aux chemins de fer, 400 millions sont destinés à la construction de routes, 148 millions à la construction de logements à bon marché.

    Les Etats et les municipalités ont employé l'argent qui leur a été prêté à des travaux d'adduction d'eau, à la construction d'égouts, de ponts, d'hôpitaux, d'écoles, de bibliothèques, à la réfection des rues, etc...

    Le gouvernement fédéral lui-même a prélevé sur les fonds de la P. W. A. des sommes importantes pour la continuation et l'achèvement de travaux commencés antérieurement et pour l'amélioration de nombreux services publics. En outre, certains organismes de crise ont eu leurs frais couverts sur les crédits de la P. W. A.

    Parmi les postes principaux, on relève les travaux du Boulder Canyon et le réservoir du Grand Coulee, les travaux contre les inondations du Mississipi et de l'Ohio, l'aménagement des ports et des rivières, et surtout l'exécution de programme de la vallée du Tennessee (Tennessee Valley Authority), l'organisation et l’entretien du Corps de Conservation civile (C. C. C.).

    L'entreprise de la vallée du Tennessee est antérieure à la crise. Pendant la guerre déjà, sous Wilson, l'administration fédérale avait construit sur le Tennessee des barrages, des stations hydro-électriques, des fabriques de nitrate et d'explosifs (à Muscle Shoal). Quelques années plus tard, des journaux et des hommes politiques d'opinions avancées avaient demandé que le gouvernement prît les travaux déjà exécutés pour base et qu'il produisît et distribuât à bas prix la force et la lumière électriques, de manière à concurrencer l'industrie privée et à la contraindre à abaisser ses tarifs.

    Avant même de prendre le pouvoir, M. Roosevelt déclara faire sien ce projet. Les experts du Brain Trust en poursuivirent la mise au point ; ils le développèrent même jusqu'à en faire un grand programme d'aménagement et d'enrichissement d'une région couvrant 640.000 milles carrés. La mise en valeur des terres, la production d'engrais, la création de communautés tout à la fois agricoles, artisanales et industrielles, capables de se suffire à elles-mêmes : bref, l'exploitation planifiée des richesses naturelles de la vallée du Tennessee doit non seulement améliorer les conditions d'existence d'une population qui a toujours compté parmi les plus pauvres des Etats-Unis, mais permettre encore d'y adjoindre des éléments immigrés

    Ce programme est en cours d'exécution. Les installations hydro-électriques produiront bientôt du courant qui sera livré à la moitié, et, dans certains cas, au tiers des tarifs en vigueur à New-York. L'apparition de l'Etat comme concurrent direct d'une grande industrie privée est un événement dont les conséquences sociales peuvent être considérables et dont les grands intérêts directement menacés s'inquiètent d'ailleurs très vivement.

    Au contraire de l'aménagement de la vallée du Tennessee, la création du Civilian Conservation Corps est une mesure de crise, prise en vertu d'un vote du Congrès du 31 mars 1933. Le financement en a été assuré par les Travaux Publics. Elle avait pour but immédiat le relèvement matériel et la rééducation morale des jeunes chômeurs de 18 à 25 ans qui, traînant dans les rues ou vagabondant dans les campagnes, constituaient des éléments redoutables d’agitation et de désordre.

    Des camps de travail ont donc été institués, au nombre de 1.451, répartis dans 47 Etats. 250.000 jeunes gens ont été enrôlés, depuis le printemps, revêtus d'un uniforme et soumis à une discipline quasi militaire, sous les ordres d'officiers et de sous-officiers de l'armée. Ils sont employés principalement au reboisement des forêts, mais aussi à l'installation de lignes téléphoniques et à la construction de routes. Ils travaillent 40 heures par semaine et reçoivent 30 dollars par mois, dont ils doivent reverser 25 à une personne de leur famille. Les loisirs sont occupés par des jeux et des sports organisés.

    Les résultats obtenus varient naturellement selon les sujets recrutés, et surtout selon les qualités des chefs de camp. On cite des réussites remarquables et aussi des échecs désastreux, sanctionnés par des désertions en masse.

    Le directeur de l'Emergeney Conservation Corps, dans son premier rapport semestriel, vante les effets de la vie disciplinée et du travail au grand air sur le physique des recrues (2).

    Il a été payé en six mois 77 millions de dollars de salaires, dont les familles des jeunes gens ont reçu 50 millions. Par l'achat de denrées alimentaires, de vêtements et de fournitures, l'Administration des C. C. C. a versé plus de 150 millions de dollars dans l'économie générale du pays.

    Les critiques adressées au C.C.C. sont surtout d'ordre politique. Il est certain que le gouvernement a vu dans cette organisation une mesure de protection contre le risque de mouvements sociaux. Mais c'est aussi bien contre l'agitation fasciste que contre la propagande communiste qu'il a cherché à se prémunir.

 

 

***



    Contrairement à ce que prévoyaient les plans primitifs, la P. W. A. finance relativement peu de travaux comportant des commandes à l'industrie de capital, à la métallurgie et au bâtiment. C'est évidemment une grave lacune de son programme, du point de vue du rétablissement général de l'économie.

    On ne manquera pas d'être frappé notamment, en parcourant la liste des dépenses engagées, qu'il y en ait si peu qui soient consacrées à l'édification d'habitations à bon marché. Ce n'est pas faute cependant que la nécessité ne s'en fasse sentir ; et il n'y a eu à cet égard ni oubli, ni mauvaise volonté de la part de l'Administration. Mais elle a rencontré des difficultés impossibles à surmonter dans les courts délais qui lui étaient impartis.





1 - Une partie en a été avancée par le gouvernement fédéral aux Etats ou aux autorités locales pour l'exécution de projets les intéressant ; ces créances sont représentées par des obligations qu'il est question maintenant d'émettre dans le public pour se procurer de nouveaux fonds en vue du financement de nouveaux travaux.

2 - Les examens médicaux accusent une augmentation de poids qui atteint 3 kilos en moyenne.

 

 

 

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