La Révolution Roosevelt
Georges Boris – 1934
Chapitre IV : Les procédés de reflation
1 : Le renflouement des banques
En dehors des prêts dont il avait été question plus haut, la R. F. C. a souscrit et mis en portefeuille des actions de banques. Ces prises de participation véritable ont été autorisées par l'Emergency Banking Act du 10 juin 1933, loi qui a pour objet le renflouement des établissements demeurés fermés depuis le moratoire, et, d'une façon générale, la consolidation de la situation bancaire du pays.
La R. F. C. est ainsi intervenue dans les augmentations de capital d'environ 4.500 établissements (soit plus du quart des banques existant aux Etats-Unis) au nombre desquels figurent les plus importants (1). Le plus souvent, la R. F. C. a souscrit des actions de préférence, parfois des capital notes gagées sur des actions. L'importance des participations varie beaucoup ; elle représente, dans d'assez nombreux cas, un intérêt de contrôle.
Toutefois, le plus souvent, les statuts des Sociétés n'accordent de droit de vote aux actions de préférence qu'autant qu'il ne leur est pas payé de dividende. Il est donc difficile de dire dans quelle mesure et dans quels cas la R. F. C. possède un pouvoir de contrôle sur les banques américaines. Dans certaines circonstances elle a déjà exercé une influence déterminante sinon dans la gestion, du moins dans la désignation des directeurs de certaines banques.
Pour le moment, c'est avec la plus grande discrétion que la R. F. C. intervient ; le gouvernement se défend même de vouloir exercer autre chose qu'une surveillance lointaine, et prétend ne jamais donner d'ordres, mais tout au plus des conseils.
Mais le seul fait que la R. F. C., c'est-à-dire l’Etat, soit devenu actionnaire des banques, est en soi un événement gros de conséquences : ce peut être un jour, en effet, le point de départ d’une mainmise complète sur le système bancaire.
1 - D'après un article du professeur Moley dans le To Day du 3 février, la R.F.C. possède 12 % du capital des banques aux Etats-Unis.
Dans un communiqué daté du mois de mars 1934, le président de la R.F.C., ajoutant les autorisations de souscriptions aux souscriptions effectives, indique un total de 1 milliard 19 millions pour 6.191 banques.