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1 décembre 2004 3 01 /12 /décembre /2004 00:22


La-Revolution-Roosevelt.jpg


La Révolution Roosevelt
Georges Boris – 1934

 


Annexes

 

 

 

 

 

    Les idées monétaires sur lesquelles sont fondées, dans cet ouvrage, l'interprétation des faits récents et les pronostics d'avenir ont reçu dans le passé une vérification. Elles ont permis en effet de prévoir dès 1931 que les Etats-Unis seraient acculés au moratoire général et à l'abandon de l'étalon-or ; d'une manière générale elles ont fourni une explication satisfaisante des principaux événements d'ordre économique et financier dont l'Amérique a été le théâtre.

    La reproduction en annexe de quelques passages d'articles anciens ne servira pas seulement à justifier les vues de l'auteur ; elle aidera à faire comprendre l'évolution de l'Amérique, la situation à laquelle M. Roosevelt a dû faire face.

    L'article suivant a paru le 31 octobre 1931 dans La Lumière sous le titre :
le Maintien de l'étalon-or aux Etats-Unis dépend entièrement de l’évolution prochaine des prix. Il est consécutif au voyage de M. Laval à Washington et à la publication d'un communiqué où les gouvernements français et américains affirmaient leur commun attachement à l'étalon-or. Il se réfère à une note technique publiée par le Bulletin de la Société d'Études et d'Informations économiques.

    L'auteur de cette note commence par déclarer que le dollar n'a pas grand'chose à craindre ni des retraits de fonds appartenant à l'étranger, ni d'une fuite des capitaux. Il y a là matière à une discussion qui nous entraînerait assez loin. Je dirai seulement que, sans être aussi affirmatif que le Bulletin Quotidien, j'incline à me ranger à sa manière de voir sur ce point. Passons donc.

    Le danger extérieur étant écarté, reste le danger intérieur, celui qui peut provenir de la situation bancaire aux Etats-Unis.

    Supposons que le mouvement de retraits de fonds et de thésaurisation se poursuive. Les banques, on le sait, ne sont jamais en mesure de rembourser tous leurs déposants. Les banques américaines pas plus que les autres. Il y a aux Etats-Unis 52 milliards de dollars de dépôts. La circulation monétaire n'est que de 5 milliards, chiffre qui, en poussant à l'extrême la capacité d'émission des banques de réserve, pourrait atteindre 9 à 10 milliards En cas de run généralisé, le moratoire s'imposerait donc. Le Bulletin Quotidien ajoute qu'il prendrait vraisemblablement la forme d'un cours forcé du chèque.

    Nous ferons remarquer qu'entre le dollar-chèque à cours forcé et le dollar-billet convertible en or, s'établirait nécessairement une différence de valeur, au moins sur le marché des changes pour commencer. Sérieuse entorse, en tout cas, au système de l'étalon-or.

    Mais le Bulletin Quotidien poussant plus loin son analyse, se demande si les banques américaines sont, à l'heure actuelle, dans leur ensemble solvables. En d'autres termes, leur actif est-il supérieur à leur passif?

    Considérant pour exemple les derniers bilans de 7.800 banques faisant partie du système de réserve, le B. Q. mesure leur passif composé de 40 milliards de dépôts et d'engagements divers, contre un actif de 45 milliards, constitué par diverses sortes de placements et représentés pour les deux tiers environ par des immeubles, des hôtels et des stocks de marchandises.

    Qu'est devenu cet actif depuis le début de l'année 1931 ? Il s'est déprécié dans une proportion énorme. Pour en donner une idée, le B. Q. publie le petit tableau que voici et qui montre la baisse enregistrée en 9 mois environ.

                                      Début 1931    Sept. 1931    Pourcentage de dépréciation

    Valeurs à revenu variable   
1913=100                                  430               180         — 55,4%

    Blé (cents p. bushel)                129                59          — 54,3%

    Maïs (id.)                                 96                 51          — 40,9%

    Coton (cents par livre)            172                 58          — 60,3%

    Cuivre                                    176                 72        — 58,9%

    On observera ici l'étonnante concordance du coefficient de dépréciation entre des choses aussi diverses que des titres de Bourse, des céréales, une matière textile et un métal. Est-il preuve plus flagrante que, conformément à ce que nous avons toujours soutenu, c'est en réalité l'étalon de valeur, donc la monnaie, c'est-à-dire l'or, qui s'est « apprécié » vis-à-vis de toutes les marchandises?

    Pour en revenir au bilan des banques, les 40 milliards qui figurent au passif sont payables en monnaie ; ils restent par conséquent ce qu'ils étaient, c'est-à-dire 40 milliards de dollars.

    Si donc les deux tiers environ de l'actif se sont dépréciés de plus de 50 %, tandis que le passif ne variait pas, la solvabilité des banques américaines est devenue plus que douteuse.

    Elle ne pourrait être rétablie que si les avoirs figurant à l'actif reprenaient de la valeur, c'est-à-dire si les prix des titres, des immeubles et des matières premières remontaient.

    La solution du problème bancaire américain, conclut très justement le B. Q., est d'aboutir à une hausse des prix.

    Nous avons toujours soutenu ici que c'était la solution de la crise en général. Nous enregistrons avec satisfaction la confirmation apportée à notre thèse par l'analyse du B. Q. qui n'a pas accoutumé de développer des idées subversives.

    L'auteur de l'étude ne manque point d'observer que les autorités américaines, ayant reconnu le danger, s'emploient actuellement à faire monter les prix. Nous avons montré ici que c'était là toute la portée de la dernière proclamation de M. Hoover.

    En souscrivant ensuite à la déclaration relative au maintien de l'étalon-or, le Président des Etats-Unis n'a pas perdu de vue son objectif essentiel. Sans doute il ne demande pas mieux que de l'atteindre, tout en conservant l'étalon-or. En d'autres termes, il désire faire monter les prix exprimés en or, c'est-à-dire dévaluer l'or par rapport aux marchandises.

    Mais s'il n'y parvient pas ? Si la thésaurisation de la monnaie-or, la raréfaction de l'or se poursuivent? Si la France exige — pour continuer de se solidariser avec le dollar — une politique déflationniste de la part de la Federal Reserve Board, politique déflationniste aboutissant à une nouvelle baisse des prix?

    Dans ce cas, le Président Hoover n'aura qu'une seule ressource pour sauver le système bancaire et social de son pays : ce sera de dévaluer le dollar, en rompant son amarre avec l'or.

    Nous ne serons donc pas grands prophètes en prédisant l'avenir de la manière suivante :

    Ou bien les mesures à tendance inflationnistes récemment prises en Amérique, réussiront en respectant le système de l'étalon-or, à faire monter les prix des matières premières essentielles, ainsi que des valeurs immobilières et mobilières, ce qui revient à une dévaluation de l'or, et l'Amérique, sauvée du krach bancaire, voyant se résoudre la crise économique, demeurera fidèle à l'étalon-or.

    Ou bien ces efforts auront été vains. Et l'Amérique n'hésitera pas à dévaloriser son dollar en reniant à son tour l'étalon-or par un geste délibéré.


    ***



    L'article suivant, paru le 26 décembre 1931 précise encore davantage :

    Nous y montrions (dans l'article du 31 octobre précédent), chiffres à l'appui, que même au niveau actuel des prix, les banques américaines sont, dans leur ensemble, insolvables : car ce qu'elles doivent à leurs déposants est représenté par une quantité d'espèces égale à celle qui leur a été confiée ; tandis que ce qu'elles possèdent et qui est représenté, en fin de compte, par des immeubles, des titres et des stocks de marchandises, a subi une dépréciation colossale ; en d'autres termes, leur actif est inférieur à leur passif.

    A cette situation banqueroutière, qu'un run des déposants risque, à tout moment, de faire apparaître en pleine lumière, il n'existe, avons-nous expliqué, qu'un seul remède imaginable : la hausse générale, des prix qui restituerait à l'actif des banques sa valeur ancienne. Donc, ajoutions-nous, toute la politique américaine doit tendre à la hausse des prix. S'il est possible de la réaliser dans le cadre de l'étalon-or, les Etats-Unis y demeureront attachés. Si la tâche s'avère impossible, force leur sera d'abandonner le gold standard.

    Deux mois se sont écoulés depuis. Le gouvernement américain a tenté un grand effort : voyons-en les résultats avant d'examiner les moyens employés et ceux qu'on se propose d'appliquer encore.

    Les marchés de matières premières avaient paru un instant répondre aux mesures anti-déflationnistes. Une hausse s'était dessinée ; elle n'a pas duré. Et tout ce dont on puisse se flatter, c'est d'avoir enrayé la baisse.

    Par contre, la dégringolade des titres s'est poursuivie : valeurs immobilières, actions et obligations des chemins de fer et de l'industrie se sont encore dépréciés.

    Dans l'ensemble donc, aggravation des éléments essentiels de la situation économique et financière. Toutefois, on a pu bénéficier d'une sorte de répit grâce à l'amélioration de certains facteurs psychologiques : le public a témoigné d'une moindre méfiance envers le système bancaire. Amélioration purement temporaire et qui paraît être en train de prendre fin, à en juger par les derniers krachs, de sorte qu'un retour de panique peut à tout moment transformer un état de choses catastrophique en une catastrophe tout court.

    Il faut prendre de nouvelles mesures puisque les premières n'ont pas suffi. Un mot sur celle-ci.

    Il y a deux mois environ, le président Hoover était venu en aide aux banques par la création de la National Credit Corporation dont le capital d'un demi-milliard de dollars était destiné à secourir les établissements menacés par des retraits de dépôts. L'intervention de la National Credit Corporation a incontestablement servi à rassurer, pendant un temps, l'opinion ; On lui doit le répit de quelques semaines auquel nous faisons allusion plus haut. Il faut noter toutefois que ce sont les banques elles-mêmes qui ont souscrit le capital du nouvel institut, de sorte qu'il n'a pas encore été mis d'argent frais à la disposition du système bancaire pris dans son ensemble.

    Les nouveaux projets du président Hoover sont infiniment plus audacieux.

    Pour venir en aide à l'industrie, à l'agriculture, et au commerce d'exportation, il sera créé un nouvel organisme intitulé la Reconstruction Finance Corporation ; pour secourir les chemins de fer, un second intitulé le Railroad Credit Corporation. D'autre part, une série de douze nouveaux établissements, les Federal Home Loan Discount Banks, autorisés à escompter les prêts hypothécaires, auront pour tâche de protéger les petits propriétaires d'immeubles et de favoriser les constructions.

    L'innovation, dont il est à peine besoin de souligner la gravité, c'est que le capital-actions  de ces institutions nouvelles sera entièrement souscrit par l'Etat, et que c'est encore l'Etat, qui donnera sa garantie pour les émissions d'obligations. Or, il s'agit de sommes énormes : rien que pour la Railroad Credit Corporation 1/2 milliard de dollars, et pour la Reconstruction Finance Corporation, 1 /2 milliard d'actions et 1 milliard ½ d’obligations.

    Où le gouvernement des Etats-Unis trouvera-t-il cet argent? Les caisses publiques sont vides. Le déficit budgétaire, pour l'exercice clos, l'exercice en cours et l'exercice suivant atteindra 4 milliards 1/2 de dollars et sera tout juste réduit à 2 milliards 1/2 après le vote des nouveaux impôts projetés. De sorte que les besoins de la Trésorerie, tant pour les dépenses courantes que pour le financement des projets destinés à sauver l'économie américaine, sont de l'ordre de quatre ou cinq milliards de dollars — 100 à 125 milliards de francs qu'il va falloir obtenir par voie d'emprunts. Somme qui ne tient pas compte des besoins des municipalités, des comtés et des Etats.

    La question est de savoir si l'épargne publique et les banques voudront et pourront fournir les fonds, c'est-à-dire s'il sera possible de mobiliser des capitaux existants, actuellement thésaurisés et stériles, ou s'il faudra créer de toutes pièces de nouveaux capitaux par une inflation proprement dite.

    Depuis que la crise a éclaté, les épargnants n'ont pas été sollicités directement. On retrouve dans le portefeuille des Banques à peu près tous les titres émis par le gouvernement fédéral, sous forme de Bons à très court terme qui viennent à renouvellement tous les trois ou six mois, ajoutant chaque fois leur poids à celui des émissions nouvelles. Du 30 juin 1929 au 30 juin 1931, la valeur des titres du gouvernement fédéral détenus par les Banques a passé de 4.144 millions de dollars à 5.343 millions ; celle des obligations des comtés, municipalités et Etats s'est élevée de 1.144 millions à 1.535. Pour faire les fonds nécessaires à ces souscriptions, les Banques ont rejeté sur le marché au moins autant d'actions et d'obligations industrielles. Ce n'est pas là une des moindres causes de la persistance et de l'aggravation de la crise boursière et financière.

    Au point de dépression où l'économie américaine et le marché des valeurs, en particulier, sont arrivés, comment imaginer que le même processus puisse se poursuivre jusqu'à absorber quatre ou cinq milliards de titres nouveaux émis par le Gouvernement? Pareillement, comment croire que le public pourrait prélever une telle somme d'argent frais sur les épargnes liquides thésaurisées afin de souscrire à des emprunts à long terme?...

    Si les capitaux existants se refusent à alimenter le Trésor-Public, il ne restera qu'une ressource ; en créer de nouveaux. Les Banques du Federal Reserve System devront fabriquer la monnaie et le crédit qui serviront à combler le déficit budgétaire et à édifier les organismes chargés de sauver l'économie américaine. Elles le feront par les procédés connus : achats de titres sur le marché, réescompte. Pure inflation : il en faudra des milliards de dollars.

    Mais dès que les premiers signes de cette inflation apparaîtront, le retrait des capitaux étrangers se précipitera. En même temps qu'elles émettront de nouveaux billets et de nouveaux crédits, les Banques de Réserve Fédérales verront fuir l'or de leurs caisses. A ce moment, le dénouement sera proche ; il est facile de l'imaginer dès maintenant. Sous prétexte de protéger l'encaisse métallique et la couverture, on mettra l'embargo sur l'or ; en qui, en bon français, voudra dire suppression de la convertibilité et abandon de l'étalon-or.

    Tel est le scénario probable, sans qu'on doive exclure une étape intermédiaire toujours possible: le moratoire général, qui s'imposerait en cas de panique et de run sur les Banques. Mais le moratoire lui-même ne saurait, en tout état de cause, avoir d'autre issue que l'inflation.


    ***



    Un article daté du 30 juillet 1932 pose de nouveau le problème, à la suite des premières mesures de reflation prises par le président Hoover, et annonce la situation devant laquelle se trouvera dix mois plus tard la Conférence économique et monétaire de Londres :

    Les risques de dévaluation du dollar ne résultent pas seulement des mesures d'expansion de crédit, que le gouvernement fédéral est obligé de prendre pour permettre les émissions d'emprunts destinés soit à couvrir les dépenses publiques, soit à venir en aide à l'économie privée et à empêcher l'écroulement des banques ou des compagnies de chemins de fer ou des principales entreprises industrielles.

    Mais la menace essentielle réside bien plutôt dans l'impossibilité où se trouvent d'une façon générale les débiteurs privés de faire face à leurs engagements. Cette situation a pour cause l'avilissement des prix. Le salut ne peut donc venir que d'une hausse et cette hausse, si elle ne se réalise pas avec l'étalon monétaire actuel, il faudra l’obtenir par une altération de cet étalon. C'est là le grand problème en présence duquel se trouvera la future Conférence internationale (monétaire)...

    Comment croire que les Etats-Unis viendront à la Conférence dans des dispositions d'esprit favorables aux thèses déflationnistes chères aux bureaux du ministère des Finances et à la Banque de France?

 

 

***



    Dans la seconde quinzaine de février 1933 les prédictions commencent à se réaliser. L'Etat de Michigan proclame le moratoire. Dès le 25 février la suite des événements ne fait plus guère de doute :

    Malheureusement, comme nous en exprimions la crainte, la thésaurisation s'est développée aussi rapidement, ou même plus vite, que l'inflation ; il n'y a eu ni hausse des prix, ni reprise des affaires. Les débiteurs se sont endettés davantage et sont devenus moins solvables encore. Dans les campagnes, la situation n'a pas tardé à prendre un tour tragique : les fermiers s'opposent par des moyens insurrectionnels à la mise en vente de leurs propriétés ; ils ont réussi à imposer une sorte de moratoire hypothécaire de fait. Le Congrès est en train d'élaborer une législation sur les faillites qui ajourne les procédures d'exécution aussi bien pour les entreprises industrielles et commerciales que pour l'agriculture.

    Mais il va de soi que la situation des créanciers — en particulier celle des banques — s'aggrave en même temps que celle de leurs débiteurs et se ressent de toutes les concessions faites.

    Ces derniers jours, on redoutait quelque désastre dons les régions agricoles. Mais voici qu'un Etat industriel a pris les devants. C'est dans le Michigan, pays de l'industrie automobile, que vient de s'écrouler le premier pan de l'édifice financier américain. Du jour au lendemain, 550 banques ont clos leurs guichets. Un moratoire a été édicté ; il ne vient d'être levé que de façon très limitée.

    Le danger d'une pareille situation, c'est la contagion de l'exemple. Pourquoi le déposant de l'Illinois ou de la Pennsylvanie ne prendrait-il pas peur en constatant le sort fait à son frère du Michigan? Pourquoi ne courrait-il pas au guichet de sa banque pour retirer son argent?

    S'il le fait, si le run se déclare, à l'instar de celles du Michigan, toutes les banques américaines devront fermer leurs portes. La menace du moratoire général plane sur l'Amérique.

    Or, l'issue du moratoire, à moins d'adopter les méthodes rigoureusement déflationnistes à la manière allemande — méthodes qui répugnent profondément à l'Amérique — c'est l'inflation monétaire massive pour payer à guichets ouverts dès leur réouverture.

    Mais l'inflation monétaire massive, ou la seule crainte de cette inflation, c'est aussi le retrait et la thésaurisation privée de l'or, c'est l'exode des capitaux et l'exportation de l'or.

    L'Amérique risque donc, à bref délai, d'être amenée à prendre des mesures destinées à sauvegarder les réserves métalliques des banques fédérales : suspension de la circulation des pièces d'or et de la convertibilité intérieure de la monnaie, suspension de la convertibilité extérieure, c'est-à-dire abandon de l'étalon-or ou dévaluation délibérée du dollar à une nouvelle parité, ou encore taxe à l'exportation de l'or, qui n'est qu'une dévaluation camouflée.

    Mesures qui peuvent être imposées par la nervosité, mais qui répondraient également aux voeux de toute une partie de l'opinion, laquelle escompte, non sans raison, que la dévaluation provoquerait la hausse des prix de gros et une reprise économique.


***



    Le 4 mars 1933 le moratoire général et l'embargo sur l'or sont proclamés. Mais les économistes et les financiers d'Europe et d'Amérique, M. Roosevelt lui-même se refusent encore à admettre la nécessité de la dévaluation et de la reflation. Un article paru le 11 mars, soit plus d'un mois avant l'abandon officiel de l'étalon-or, prévoit le cours inéluctable des événements :

    Qu'ils l'avouent ou non, les Etats-Unis abandonnent l'étalon-or, à moins qu'ils ne se décident à dévaluer le dollar à une nouvelle parité. Le gouvernement de M. Roosevelt a beau jeter le manteau de Noé sur ce geste impudique, la Banque d'Angleterre et la Banque de France, également effrayées (quoique pour des raisons différentes) des conséquences d'une chute du dollar, ont beau tenter de masquer la réalité ou d'arrêter le cours inéluctable des choses. Rien n'y fera.

    Nous en sommes encore à la première étape prévue par nous : le moratoire général. Demain ou après-demain, ce sera l'inflation. Ceux qui croient que les Etats-Unis pourraient imiter l'Allemagne, faire de la déflation et maintenir longtemps un cours fictif du dollar, se trompent singulièrement.

    Les conditions psychologiques — l'impatience du peuple américain, ses habitudes d'indépendance, son absence de résignation — le rendent a priori réfractaire à une discipline, à laquelle le peuple allemand lui-même ne s'est soumis qu'en souvenir d'une expérience purement personnelle et par crainte de voir se reproduire la grande catastrophe de 1922.

    De même les conditions matérielles. Rien ne serait résolu en Amérique par les mesures restrictives et par la déflation : ni l'insolvabilité des banques, des entreprises industrielles ou commerciales, des agriculteurs et des débiteurs privés. Ni la mévente, ni le chômage, ni la question des prix de revient. Ni celle du budget, ni surtout celle de la Trésorerie. Bien au contraire, la situation ne cesserait de s'aggraver.

    M. Roosevelt ne pourra pas hésiter longtemps entre quelques vagues scrupules de doctrine ou de bienséance et les aspirations, voire les exigences de tout un peuple : déposants et ouvriers, agriculteurs et commerçants ou hommes d'affaire.

    Sans nous arrêter aux tergiversations du moment, voyons donc l'avenir.

    L'inflation, indispensable à l'Amérique — mais dont on peut craindre néanmoins qu'elle devienne excessive et échappe à un sage contrôle — va régler le problème des dettes privées, par le jeu de la hausse des matières premières et des prix de gros ainsi que de la revalorisation des actifs. Elle encouragera l'investissement et développera la consommation ; elle ranimera les échanges ; elle fera disparaître les stocks. Bref, elle rétablira l'économie.

    Les Etats-Unis en sont donc à la fin de leur crise...

 

 

 

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