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1 novembre 2004 1 01 /11 /novembre /2004 10:58

  PRINCIPES DE LA SCIENCE SOCIALE
PAR M. H.-C. CAREY (De Philadelphie)

 

henry_charles_carey.jpg


TRADUITS EN FRANÇAIS PAR MM. SAINT-GERMAIN-LEDUC ET AUG. PLANCHE

  1861

 

 

 

 

CHAPITRE XIV :

CONTINUATION DU MÊME SUJET.

    

    § 4. — Déperdition constante du capital dans tous les pays soumis au système anglais.


    La machine à vapeur digère le combustible, et il y a production de force. L'homme digère du combustible sous la forme de nourriture, à l'aide de laquelle il obtient la faculté d'appliquer au travail son corps ou son intelligence, ou tous les deux à la fois. Semblables, quant à ce fait, que tous deux digèrent un capital sous une certaine forme et le reproduisent sous une autre, l'homme et la machine diffèrent sur un point important : tandis que la locomotive en fer peut subsister sans nourriture, l'homme ne le peut pas. Le directeur d'un chemin de fer évite avec soin de consommer du combustible lorsqu'il n'a pas besoin des services de la machine, sachant bien qu'agir ainsi serait perdre le capital. Celui qui dirige la locomotive humaine doit brûler du combustible lors même qu'il n'y a pas demande de force ; et de là vient que dans les pays où la diversité des travaux diminue, et où le commerce diminue conséquemment, la quantité de capital consommé dépasse la quantité reproduite, dans une proportion assez considérable pour faire disparaître la richesse et ramener l'homme à sa condition première, celle d'esclave de la nature. La force musculaire et l'énergie intellectuelle sont dépensées en pure perte, en même temps que la puissance productive du sol décroît d'année en année, par suite de la disparition incessante des éléments constituants de l'alimentation et des vêtements ; système auquel la nature a attaché, comme châtiments inévitables, la pauvreté, la famine, la maladie et la mort.

    On dira peut-être que les peuples de tous les pays que nous avons cités ne sont pas civilisés ; qu'ils ont de la répugnance pour le changement, lors même que le changement est un progrès ; qu'ils continueraient volontiers de faire usage des misérables instruments par lesquels ils remplacent les charrues, les houes et les machines à vapeur, lors même qu'on leur offrirait ces dernières. Mais un pareil état de choses résulte inévitablement de ce qu'ils ne peuvent entretenir pour eux-mêmes des centres locaux d'action, fournissant la force attractive nécessaire pour résister à une attraction centrale aussi considérable que celle qui existe dans les colonies anglaises. L'attraction locale est aussi nécessaire pour le maintien des agglomérations sociales vis-à-vis l'une de l'autre, que l'est la gravitation locale en présence du soleil. Sous l'influence centralisatrice de l'Angleterre, les sociétés humaines qui constituent l'Inde, l'Irlande, le Portugal et la Turquie, se sont décomposées si complètement qu'elles ne forment plus guère aujourd'hui qu'une masse de ruines, et elles doivent rester dans cet état tant qu'il n'y aura pas de changement de système. Les choses s'étant ainsi passées en ce qui concerne les sociétés anciennement fondées, combien il eût été impossible, nécessairement, d'établir à la Jamaïque un système quelconque d'attraction opposée, lors même qu'il n'eût existé aucune de ces prohibitions imposées à l'industrie manufacturière, sur lesquelles nous avons appelé antérieurement l'attention du lecteur ! C'est le premier pas dans la voie du progrès qui est toujours le plus difficile à faire et le moins productif ; mais on ne peut jamais faire ce pas, s'il existe un système interdisant l'association et armé du pouvoir de donner à la prohibition son plein et entier effet. C'est en cela que consiste la difficulté, et non dans le caractère du peuple. Hors de l'Irlande, les Irlandais ont fait voir, dans tous les temps et partout, qu'ils possédaient toutes les qualités nécessaires pour produire l'une des nations les plus éminentes de l'univers. Les Portugais de nos jours possèdent toutes les facultés de leurs devanciers ; mais ces facultés demeurent à l'état latent, attendant que l'on provoque leur réveil et leur activité ; et c'est ce qui arrivera toutes les fois qu'on aura obtenu la possibilité de s'associer. Les facultés de l'Hindou sont aujourd'hui aussi puissantes qu'au moment où l'Europe était redevable à l'Inde de tous les beaux produits dont elle faisait usage ; et quant à ce qui concerne ses qualités morales, tout le monde s'accorde à lui reconnaître le caractère le plus élevé (5). Il y a deux siècles, la population turque entretenait dans son sein même un commerce considérable, et elle pourrait faire davantage aujourd'hui, si elle avait les mêmes facilités que celles dont jouissaient ses devanciers. Il en est de même à l'égard de la population de la Jamaïque, à laquelle on a donné une liberté nominale, mais sous l'influence de circonstances qui amènent une destruction constante du capital, et une diminution également constante dans la faculté d'entretenir le commerce.

    Le commerce économise la force résultant de la consommation des subsistances et des vêtements, et de là vient que le capital se forme vite dans les pays où la faculté de s'associer se développe rapidement, en même temps qu'il y a tendance constante à l'accroissement dans la possibilité de rembourser la dette contractée à l'égard de la terre, notre mère puissante. Le commerce diminue avec chaque accroissement dans la nécessité de recourir aux services du trafiquant ; et cela, par la raison que chaque pas fait dans cette direction est suivi d'une perte plus considérable de cette force physique et intellectuelle qui constitue la partie la plus importante du capital réel d'un pays, représentant celle qui, sous la forme de subsistances, se consomme de jour en jour. Évalué à raison de 25 cents par tête, le capital consommé chaque jour aux États-Unis est d'environ sept millions de dollars, un peu moins de cinquante millions par semaine, soit deux mille six cent millions par an. La perte forcée, même d'une seule heure par jour, équivalant à une perte annuelle de plus de deux cents millions, combien doit être énorme la perte des communautés sociales placées dans la situation où se trouvent l'Irlande et l'Inde, chez lesquelles on n'emploie pas même un dixième de la force physique et intellectuelle ! Ajoutez-y la déperdition résultant de l'épuisement constant du sol ; et l'on verra que le préjudice causé seulement au premier de ces pays, par suite de ce qu'il est borné au travail agricole, exclusivement, l'emporte trois fois et au-delà sur ce qu'il serait payé par le don gratuit des exportations de l'Angleterre dans le monde entier.

    Annulez dans l'Angleterre même ces différences de travaux, qui, en même temps, la rendent apte et l'amènent à l'association, et sa population retombera à la condition des serfs du règne des Plantagenets ; et il en serait de même à l'égard de tous les autres pays de l'Europe. L'association est la condition de l'existence de l'homme, de l'être fait à l'image du Créateur. A l'aide de l'association et d'elle seulement, il obtient le pouvoir de disposer en maître des grandes forces de la nature. Lorsqu'elle lui est refusée, il déchoit jusqu'à la condition d'esclave de la nature et de son semblable, et c'est alors que la population devient surabondante.

 

 

 

 

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