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1 novembre 2004 1 01 /11 /novembre /2004 10:58

PRINCIPES DE LA SCIENCE SOCIALE
PAR M. H.-C. CAREY (De Philadelphie)

 

henry_charles_carey.jpg


TRADUITS EN FRANÇAIS PAR MM. SAINT-GERMAIN-LEDUC ET AUG. PLANCHE

  1861

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE VI :

DE LA VALEUR.

 

    § 2. — L'idée de comparaison se lie d'une façon indissoluble à celle de valeur. Les denrées et les choses diminuent de valeur, à mesure que la puissance d'association et la combinaison des efforts actifs deviennent de plus en plus complètes.


    
    L'idée de comparaison se lie d'une façon inséparable à celle de valeur ; nous estimons qu'un daim vaut le travail d'une semaine et un lièvre celui d'un jour ; c'est-à-dire qu'en échange de ces animaux, nous donnerions volontiers cette quantité de travail. L'habitant isolé d'une île a donc ainsi un système d'échange établi, avec une mesure de valeur exactement semblable à celle en usage parmi les divers membres d'une société considérable. Lorsque cet habitant rencontre un autre individu, les échanges se forment entre eux, et sont régis suivant les mêmes lois, que lorsqu'ils s'accomplissent entre des nations dont la population se compte par millions.

    En mesurant la valeur, la première idée, et la plus naturelle, est de comparer les denrées avec la résistance qu'il a fallu vaincre pour se les procurer, ou en d'autres termes, avec le travail physique et intellectuel qu'on a donné en échange de ces denrées. Dans l'échange, le mode le plus évident, c'est de donner travail pour travail. La terre de A donne plus de fruit qu'il n'en peut consommer, et celle de B plus de pommes de terre. Aucune ne possède de valeur dans son état actuel, et chaque individu peut approprier l'une ou l'autre à son gré. Comme il convient parfaitement à chacun de récolter ce qui est le plus à sa portée, chacun aussi veut que l'autre individu travaille ainsi pour lui, en recevant du travail en échange. Cependant chacun désirant avoir une quantité aussi considérable que celle qu'il pourrait se procurer, avec la même somme d'effort, veille avec soin à ne pas donner plus de travail qu'il n'en reçoit.

    Nos colons ayant ainsi établi entre eux un système d'échanges, désirent, naturellement, se procurer pour leur travail les meilleurs auxiliaires qui soient à leur portée ; et il devient bientôt évident que, pour le défrichement des terres, la construction des maisons, et presque toute espèce de travaux, ils seraient puissamment aidés par la possession d'une hache, ou de tout autre instrument tranchant. N'ayant point de fer, ils sont forcés de se servir de l'équivalent dont ils peuvent disposer, un caillou ou quelque autre pierre dure ; et ils réussissent, à la longue, à en fabriquer un instrument, qui, bien que grossier, les aide si essentiellement dans leurs opérations que maintenant ils construisent une maison, en moins de temps qu'il n'en eût fallu pour construire la première. Ce résultat produit un changement immédiat dans la valeur de tous les articles existant antérieurement, et pour la production desquels une hache peut être utile. Le bateau qui aurait coûté une année de travail peut maintenant être reproduit, en n'y employant que la moitié de ce temps ; et maintenant l'on peut, en une semaine, couper la même quantité de bois de chauffage qui eût, autrefois, exigé quinze jours de travail. Cependant, comme aucun nouveau progrès n'a eu lieu dans la manière de prendre le daim ou le poisson, leur valeur en travail demeure la même. Si maintenant l'un des individus a plus de poisson qu'il ne lui en faut, en même temps que l'autre possède un surcroît de combustible, il faut que ce dernier en donne le double de ce qu'il aurait donné, avant qu'on eût fabriqué des haches ; en effet, il peut maintenant reproduire cette même quantité, avec la même somme d'efforts qui eût été nécessaire, antérieurement, pour s'en procurer la moitié.

    Toutes les accumulations existant antérieurement sous la forme de maisons, de bateaux, ou de combustibles, s'échangent maintenant, uniquement, contre la quantité de travail nécessaire pour leur reproduction ; de telle façon que l'acquisition de la hache, à l'aide de laquelle ils ont pu commander les services de la nature, a augmenté la valeur de travail, estimé en maisons ou en combustible, et diminué la valeur des maisons et du combustible estimé en travail. Le prix de production a cessé d'être la mesure de la valeur, le prix auquel ces choses peuvent être reproduites ayant baissé. Toutefois la baisse ayant été occasionnée par le perfectionnement dans les moyens d'appliquer le travail, les valeurs actuelles continueront de rester identiques, jusqu'à ce qu'il s'opère de nouveaux changements. Plus ces progrès s'accomplissent lentement, plus demeure constante la valeur de la propriété comparée avec le travail ; et plus ils s'accomplissent rapidement, plus est rapide aussi le développement de la puissance d'accumulation, et la diminution de valeur de tous les instruments existants mesurée par le travail.

    Dans cet état de choses, supposons qu'il arrive un navire dont le patron désire des fruits, du poisson, ou de la viande, en échange desquels il offre des haches ou des fusils. Nos colons évaluant les denrées qu'ils doivent céder, d'après la somme de travail qu'elles ont coûté pour leur reproduction, — c'est-à-dire les fruits moins que les pommes de terre, les lièvres et les lapins moins que le daim, — Nos colons, disons-nous, ne donneront pas le produit du travail de cinq jours, en venaison, s'ils peuvent se procurer ce dont ils ont besoin, contre des pommes de terre qu'ils peuvent obtenir en échange du travail de quatre jours.

    En estimant la valeur des produits qu'on leur offre en échange des leurs, ils suivront une marche exactement semblable, mesurant la somme de difficultés qu'ils rencontrent pour les obtenir par tout autre procédé. Pour fabriquer une hache grossière, il leur en a coûté le travail de plusieurs mois, et s'ils peuvent s'en procurer une bonne au même prix, il sera plus avantageux d'agir ainsi que d'employer le même laps de temps à produire une autre hache, semblable à celle qu'ils possèdent déjà. Toutefois ils peuvent se fabriquer ces outils, mais des fusils ils ne le pourraient pas ; et ils attacheront plus de valeur à la possession d'un seul fusil qu'à celle de plusieurs haches. Pour l'un des objets ils donneraient les provisions obtenues par le travail de plusieurs mois ; mais ils seraient disposés à donner pour l'autre toutes les épargnes d'une année.

    Supposons que chacun peut se pourvoir d'un fusil et d'une hache, et examinons le résultat. Les deux individus se trouvant dans une situation exactement identique, c'est-à-dire chacun possédant les mêmes instruments, leur travail aurait une valeur égale et le produit moyen du travail de l'un, pendant un jour, continuerait à s'échanger contre le produit du travail de l'autre, pendant le même temps.

    La maison qui avait coûté d'abord le travail d'une année pourrait, avec le secours de la première hache grossièrement faite, être reproduite en six mois ; mais aujourd'hui on en pourrait bâtir une semblable en un mois. Toutefois, cette maison est tellement inférieure à celles que l'on peut construire maintenant, qu'elle est abandonnée et cesse d'avoir aucune espèce de valeur. Elle n'exigerait peut-être pas les efforts d'un seul jour. La hache primitive diminue pareillement de valeur. L'accroissement de capital de la communauté a été, ainsi, accompagné de la diminution dans la valeur de tout ce qui avait été accumulé avant l'arrivée du navire ; tandis que celle du travail comparée avec les maisons, s'est élevée ; deux mois suffisent, aujourd'hui, pour se construire un abri bien supérieur à celui que l'on obtenait dans le principe, en échange du travail d'une année.

    La valeur des provisions qui avaient été accumulées subit une baisse analogue. Le travail de huit jours, d'un individu armé d'un fusil, produit plus de gibier que celui du même individu pendant plusieurs mois, privé du secours de cette arme ; et la valeur du capital existant se mesure par l'effort exigé pour sa reproduction, et non par ce qu'a coûté sa production. Le travail étant maintenant secondé par l'intelligence, il faut une moindre dépense de force musculaire pour produire un effet donné.

    Considéré simplement sous le rapport de la force brutale, un homme équivaut à la traction de 200 livres, calculée sur un chiffre uniforme de quatre milles par heure, tandis qu'un cheval peut tirer un poids de 1800 livres, en calculant dans une proportion semblable ; et conséquemment, pour égaler un seul cheval, il ne faut pas moins que neuf hommes privés du secours de l'intelligence. Mais l'intelligence permet à l'homme de maîtriser le cheval ; et dès lors ajoutant les facultés de celui-ci à ses propres facultés, il peut mettre en mouvement un poids dix fois aussi considérable, tandis que la quantité de travail exigée, pour se procurer la nourriture nécessaire à l'entretien d'activité de cette somme plus considérable d'effort musculaire, n'est pas même doublée. En acquérant de nouvelles connaissances, il dispose en maître de la puissance merveilleuse de la vapeur ; et alors, avec l'aide d'une demi-douzaine d'individus chargés de fournir l'aliment combustible, il commande à une puissance égale à celle de centaines de chevaux ou de milliers d'individus. La force, grâce à laquelle ce travail s'accomplit, est dans l'homme ; et à mesure que cette force arrive à peser sur la matière qui l'entoure, la valeur de ses travaux est augmentée, avec un constant accroissement dans son pouvoir d'accomplir de nouveaux progrès. Le capitaine de navire a obtenu, en échange d'une hache fabriquée par un ouvrier en un seul jour, des provisions qui avaient exigé plusieurs mois pour être recueillies et conservées, parce que les travaux de l'ouvrier avaient été aidés par son intelligence ; tandis que les colons pauvres et isolés ne pouvaient guère compter que sur une qualité à l'égard de laquelle ils étaient dépassés par le cheval et, beaucoup d'autres animaux, la simple force brutale.

    En parcourant le cercle des actes qui s'accomplissent dans le monde, on trouve le même résultat. Le sauvage donne des peaux de bêtes, produit de plusieurs mois d'activité, en échange de quelques colliers de verroterie, d'un couteau, d'un fusil et d'un peu de poudre. Les Polonais donnent du froment, produit du travail de quelques mois, pour des vêtements produit du travail de quelques jours, aidé du capital sous forme d'instrument et de l'intelligence nécessaire pour en diriger l'emploi. Les Indiens donnent une année de travail pour une quantité de vêtements, ou de provisions, équivalente à celle qu'aux États-Unis on pourrait se procurer en un mois. Les Italiens donnent le fruit du travail d'une année pour moins que le même travail n'obtient en Angleterre, en six mois. L'ouvrier, aidé de la connaissance de son métier obtient, en une seule semaine, autant que le simple manoeuvre peut gagner en quinze jours ; et le marchand qui a consacré son temps à acquérir une connaissance complète de sa profession gagne, en un mois, autant que son voisin moins habile à cet égard peut le faire, en une année.

    Pour que la quantité de travail puisse devenir une mesure de la valeur, il faut qu'il existe un pouvoir égal de disposer des services de la nature. Le produit du travail de deux charpentiers, à New-York ou à Philadelphie, peut, généralement, s'échanger pour celui du travail de deux maçons ; et le produit du travail de deux cordonniers ne différera guère de celui de deux tailleurs. Le temps d'un ouvrier à Boston est presque égal en valeur à celui d'un autre ouvrier à Pittsburg, à Cincinnati ou à Saint-Louis ; mais ce temps ne pourrait s'échanger contre celui d'un ouvrier de Paris ou du Havre, ce dernier n'étant pas secondé dans la même proportion par les machines et conséquemment, devant plus compter sur la simple force brute. La valeur du travail, si on la compare avec celle des denrées nécessaires pour l'entretien d'un individu, varie, sur une faible échelle, dans les diverses parties de la France, ainsi que cela a lieu dans les différentes parties de l'Angleterre et de l'Inde ; mais entre l'individu de Paris et son concurrent de Sédan ou de Lille, la variation est insignifiante, comparée avec celle qui existe entre un ouvrier d'une partie quelconque de la France et un ouvrier des États-Unis. Les circonstances qui affectent la puissance d'un individu sur la nature, à Paris et à Lille, sont en grande partie communes à toute la population de la France, comme le sont les circonstances qui affectent celles d'un ouvrier, à Philadelphie, par rapport à la totalité de la population de l'Union. Nous constatons là au même moment, mais en différents lieux, le même effet dont nous avons démontré la manifestation au même lieu, mais à divers moments. Le perfectionnement des instruments de nos colons ayant augmenté la somme de leurs forces, leur troisième année de résidence a représenté une valeur plus considérable que ne l'avait été celle des deux années antérieures ; et pareillement le travail d'une seule année, aux États-Unis, vaut plus que celui de deux années en France. Le travail croît en valeur, en raison directe de la substitution de la force intellectuelle à la force musculaire ; c'est-à-dire des qualités particulières qui distinguent l'homme de l'animal, à celle qu'il possède en commun avec tant d'autres animaux, et la valeur de toutes les autres denrées baisse exactement dans la même proportion.

 

 

 

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