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1 novembre 2004 1 01 /11 /novembre /2004 10:58

PRINCIPES DE LA SCIENCE SOCIALE
PAR M. H.-C. CAREY (De Philadelphie)

henry_charles_carey.jpg

TRADUITS EN FRANÇAIS PAR MM. SAINT-GERMAIN-LEDUC ET AUG. PLANCHE

  1861

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE IX :

DE L'APPROPRIATION.

   

    § 10. — Phénomènes sociaux qui se révèlent dans l'histoire de l'Espagne.


    Si nous tournons ensuite nos regards vers l'Espagne, nous voyons que, par suite d'une longue série de guerres entre les divers prétendants au pouvoir, l'anarchie, dans la période immédiatement antérieure à la réunion des divers royaumes en 1474, avait atteint son apogée. Les châteaux des nobles étaient convertis en repaires de brigands ; repaires d'où ils s'élançaient pour piller les voyageurs, dont les dépouilles étaient ensuite vendues publiquement, en même temps qu'eux-mêmes étaient vendus comme esclaves chez les Maures. Les communications sur les grandes routes étaient partout suspendues, tandis qu'à l'intérieur des villes les nobles rivaux se faisaient des guerres particulières, attaquant les églises, et incendiant des maisons quelquefois par milliers. Au lieu de cinq établissements royaux pour frapper la monnaie, il n'y en avait pas alors moins de 150 particuliers ; et celle-ci arriva à un tel point de dépréciation que les denrées ordinaires nécessaires à la vie atteignirent un prix trois, quatre et même six fois plus élevé que leur valeur courante.

    Comme il n'y avait plus aucune sécurité pour les individus ou les propriétés, le cultivateur, dépouillé de sa récolte et chassé de son champ, s'abandonna à l'oisiveté, ou bien eut recours au pillage comme au seul moyen de conserver la vie. Les famines dès lors devinrent fréquentes, et aux famines succédèrent des pestes dont les ravages s'étendirent au loin ; et c'est ainsi que le peuple se trouva réduit à la misère la plus hideuse, à mesure que ses maîtres nombreux devinrent capables d'acquérir la propriété et la puissance. Nous constatons cependant, à l'époque de la réunion de la Castille à l'Aragon, sous le règne de Ferdinand et Isabelle, un changement dans la condition et des souverains et du peuple ; partout les châteaux sont détruits et le pays est purgé des hordes de bandits dont il était infesté.

    La sûreté des individus et des propriétés étant ainsi établie, et l'attention des souverains se portant alors sur la résurrection du commerce, les mesures restrictives à l'intérieur furent écartées et les étrangers furent invités à visiter les ports de l'Espagne. On construisit des routes et des ponts, des môles, des quais et des phares ; on creusa et on élargit des ports, dans le but de servir le développement considérable du trafic. Le droit de battre monnaie fut réservé aux établissements royaux, et des dispositions furent prises pour établir, dans toute l'étendue du royaume, un système uniforme de poids et mesures : On abolit de nombreux droits de péage et de nombreux monopoles, et l'alcavala, taxe levée sur les échanges, qui antérieurement était arbitraire, fut alors fixée à 10%.

    L'habitude de l'association prenant alors un accroissement rapide, la marine marchande, à la fin du siècle, compta jusqu'à mille navires, et les fabriques de soieries et d'étoffes de laine de Tolêde, donnèrent du travail à dix mille ouvriers. Ségovie fabriqua des draps fins, tandis que Grenade et Valence produisirent des soieries et des velours ; et Valladolid se fit remarquer par sa vaisselle d'un travail curieux et sa coutellerie fine, en même temps que les manufactures de Barcelonne rivalisaient avec celles de Venise. La foire de Medina del Campo devint le grand marché pour les échanges de la Péninsule ; et les quais de Séville commencèrent à être encombrés de marchands, venus des parties de l'Europe les plus reculées. L'impulsion ainsi donnée se faisant bientôt ressentir dans les dispositions prises en vue de l'amélioration intellectuelle, on rouvrit d'anciennes écoles et on en créa de nouvelles ; dans toutes affluèrent de nombreux disciples, et elles donnèrent de l'emploi à plus de presses typographiques qu'il n'en existe en Espagne aujourd'hui.

    L'union à l'intérieur donna cependant le pouvoir aux souverains qui, bien malheureusement, désiraient en faire usage pour détruire l'habitude de l'association au dehors, et pour concentrer entre leurs mains la direction des modes d'action et de pensée de leurs sujets. Des millions d'individus les plus industrieux du royaume, chez lesquels l'individualité était développée à un point alors inconnu dans toute autre partie de l'Europe, furent expulsés pour des différences de croyance ; et c'est ainsi que fut arrêté, en grande partie, le mouvement de la société qui commençait à se développer. Celui-ci, à son tour, tendit considérablement à faciliter le recrutement des armées que l'on devait employer à piller l'Italie et les Pays-Bas, le Mexique et le Pérou ; et plus la tendance à la dispersion fut prononcée, plus devint rapide la diminution dans la compensation du travail honnête. Plus les armées furent nombreuses, plus fut considérable l'accroissement et de la splendeur et de la faiblesse ; et le résultat est évident dans ce fait, que pendant un siècle et demi, Madrid fut le foyer d'intrigues relatives à la question de savoir qui, de la France ou de l'Angleterre, aurait la direction de son gouvernement ; et que le royaume fut appauvri par des guerres fréquentes ayant pour but de déterminer l'ordre de succession au trône. Dans ses efforts pour anéantir tout pouvoir de se gouverner soi-même, chez les étrangers, l'Espagne avait perdu toute individualité à l'intérieur (7). Maîtresse des Indes, elle fut trop faible pour conserver la domination sur Gibraltar qui lui  appartenait ; et il y a aujourd'hui plus d'un siècle qu'elle s'est vue forcée de le voir occupé, dans le seul et unique but de permettre à des étrangers de mettre à néant ses propres lois. A chaque page de son histoire nous trouvons la confirmation de cette leçon donnée jadis à Athènes et à Sparte, à Carthage et à Rome : que si nous voulons commander le respect pour nos droits personnels nous ne pouvons l'obtenir qu'en respectant nous-mêmes les droits d'autrui (8).

 

 

 

 

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