Franklin Delano ROOSEVELT
Président des États-Unis
SUR
LA BONNE VOIE
(ON OUR WAY)
Traduit de l'Anglais par
PIERRE DUTRAY
1934
Les Éditions
DENOËL ET STEELE
19, rue Amélie, 19
PARIS
DÉCLARATION SUR L'ACHAT ET LA FRAPPE D'ARGENT
(31 décembre 1933.)
En vertu de l'autorité que m'a conférée la dernière session du Congrès, j'ai procédé aujourd'hui par une proclamation, à la ratification de l'accord de Londres sur l'argent, accord que le Gouvernement de l'Inde a déjà mis en vigueur et que d'autres nations intéressées vont, comme je l'apprends, appliquer également.
Cette proclamation, en conformité avec la loi du Congrès, autorise nos hôtels de monnaies à frapper des dollars basés sur l'étalon-argent avec l'argent produit aux. Etats-Unis ou dans ses possessions avec devoir pour les déposants de cet argent d'en céder la moitié au Gouvernement, à titre de seigneuriage et de couverture des charges et frais ordinaires. Les dollars réduits de la moitié de l'argent nouvellement extrait seront rendus aux déposants. L'autre moitié cédée au Gouvernement sera conservée dans le Trésor.
Rappelons-nous qu'à la Conférence de Londres, soixante-six nations ont adopté à l'unanimité la motion proposée par notre Gouvernement, sur la valeur de l'argent, motion selon laquelle ces gouvernements s'abstiendraient de fondre et de déprécier la monnaie, remplaceraient le papier-monnaie par des pièces d'argent et refuseraient d'appliquer toute législation qui déprécierait la valeur de l'argent sur le marché mondial. Toutefois, la valeur de cette motion dépendait d'un accord que les gouvernements de ces pays qui produisent de l'argent en grandes quantités et les gouvernements de ces pays qui détiennent ou emploient de grandes quantités d'argent prendraient pour supprimer toute vente excessive d'argent sur les marchés mondiaux. Par cet accord, on voulait réglementer le prix de l'argent par la limitation et la neutralisation de cette surproduction qui provenait de la fonte des pièces d'argent.
L'Inde pouvait écouler sur les marchés mondiaux, à n'importe quel moment et à n'importe quel prix, des centaines de millions d'onces d'argent. En fait, l'Inde pouvait jeter sur les marchés mondiaux une quantité d'argent qui provenait de la fonte des pièces d'argent de l'Inde, égale à la production mondiale des mines — pour une période de deux ans. Ce pouvoir et l'incertitude qu'entraînait son exécution, détruisit la valeur et la stabilité de l'argent dans le monde entier.
La Chine consentit à ne pas autoriser, au cours de la période de quatre années qui commence le 1er janvier 1934 et se termine le 1er janvier 1938, la vente de l'argent qui proviendrait de l'altération ou de la fonte des pièces d'argent. L'Inde consentit à limiter la vente de cet argent à un maximum de 35.000.000 onces par an durant cette période, et l'Espagne consentit à ne pas vendre annuellement au cours de cette période plus de 5.000.000 onces de cet argent. De la sorte, ces gouvernements doivent être liés par la résolution générale adoptée à la Conférence de Londres et à laquelle j'ai fait allusion.
Toutefois, la Chine, l'Inde et l'Espagne posaient comme condition l'obligation pour l'Australie, le Canada, le Mexique, le Pérou et les Etats-Unis de prendre sur la production de leurs mines respectives une somme de 35.000.000 onces, et ce, chaque année de ladite période. Les Etats-Unis, en raison de leur population considérable et de leur importante production d'argent consentirent à tirer de leurs mines chaque année au moins 24.421.410 onces d'argent au cours de ladite période.
La production des Etats-Unis pour l'année 1932 était d'environ 24.000.000 d'onces d'argent.