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1 novembre 2004 1 01 /11 /novembre /2004 09:00

 

Franklin Delano ROOSEVELT
Président des États-Unis

 


SUR

LA BONNE VOIE

(ON OUR WAY)


New-Deal-NRA.jpg 

 


Traduit de l'Anglais par
PIERRE DUTRAY

 

1934


Les Éditions
DENOËL ET STEELE
19, rue Amélie, 19
PARIS

 

 

 

 

    CHAPITRE VI

    Ce n'est pas une exagération de ma part de dire que si la situation économique de l'hiver de 1932-1933 avait continué, tout le système ferroviaire des Etats-Unis, à peu de chose près, serait tombé dans les mains d'un liquidateur en un laps de temps très bref. L'aide de la « Reconstruction Finance Corporation » et l'accroissement du trafic qui se manifesta à la fin du mois d'avril, nous firent croire que les réseaux les plus solides pourraient subsister. En même temps, nous constatâmes que les chômeurs étaient nombreux dans les rangs des travailleurs des réseaux et qu'une réorganisation et une coordination de tous les réseaux et des autres modes de transports s'imposaient. Nous n'avions pas le temps d'élaborer un programme complet et définitif ; de plus la situation n'était pas entièrement éclaircie. En conséquence, je demandai au Congrès une législation « bouche-trou ». Ce message du 4 mars est suffisamment éloquent par lui-même :

 

 

 

     « Les chemins de fer à vapeur constituent encore les principales artères du commerce aux Etats-Unis. Toutefois, à l'heure présente, le trafic utile ne rapporte pas suffisamment pour que l'on utilise toutes les commodités des réseaux déjà existants et le supplément de commodités offert par les nouveaux modes de transport.

    « Notre but général est de coordonner tous les services de transport de manière à posséder un service approprié aux circonstances. Je ne suis pas encore prêt à soumettre au Congrès un programme d'ensemble de mesures législatives définitives.

    « Je crois, toutefois, que trois mesures d'exception peuvent et doivent être prises à cette session extraordinaire du Congrès.

    « En premier lieu, je propose d'abroger les stipulations de la loi adoptée par les membres de la Commission chargée du commerce à l'intérieur des Etats, relatives à la récupération des marchandises. La Commission a déclaré que les stipulations existantes sont irréalisables et impraticables.

    « En deuxième lieu, les compagnies holding de chemin de fer devraient être soumises définitivement aux règlements et à la surveillance de la Commission du Commerce, tout comme les chemins de fer eux-mêmes.

    « En troisième lieu, je propose la création d'un « Coordinateur Fédéral » des transports qui, travaillant avec des groupes de chemins de fer, pourra encourager les compagnies, susciter ou exiger leur collaboration en vue d'éviter le double emploi des services, d'empêcher le gaspillage et de réorganiser les finances. Ce coordinateur devrait également, lors de l'exécution de ces mesures, rendre des services utiles, en laissant un salaire raisonnable au personnel des réseaux.

    « Le bénéfice de l'expérience de cette année, permettra au Gouvernement et aux compagnies de préparer un système plus stable et d'une portée plus considérable pour la session ordinaire du Congrès en 1934. »

    Encore plus que les chemins de fer, l'industrie avait souffert de la crise. Il était évident que si on se mettait à attendre que des forces naturelles vinssent lui redonner vie, un chômage intolérable en serait la première conséquence. C'est pourquoi le 4 mai, Je pris prétexte d'une réunion de la Chambre de Commerce des Etats-Unis pour lancer un appel précis aux chefs d'industrie du pays. En un sens, ce discours annonce la N.R.A.

    « Par suite d'une situation nationale et mondiale, dont l'examen m'a pris tout entier au cours des deux mois qui viennent de s'écouler, j'ai dû renoncer à aborder beaucoup de sujets d'intérêt public avec les membres de la Chambre de Commerce des Etats-Unis. Pour le même motif, je vous avouerai franchement que je n'ai eu ni le temps ni l'occasion de préparer pour ce soir, à votre intention, un exposé complet de nos problèmes nationaux.

    « Je n'ai pas à vous dire que les pouvoirs exécutif et législatif des Etats-Unis se sont efforcés de trouver et de mettre en pratique une série de mesures concernant notre propre économie intérieure et à prendre l'initiative de l'esprit de coopération entre toutes les nations du monde. Nous avons cherché, par des mesures sages et modérées, à accroître le volume de notre commerce, à trouver du travail aux chômeurs, et à provoquer une hausse étendue des prix des matières premières.

    « Je vous présente trois requêtes. Au cours des dernières semaines nous avons assisté en même temps qu'à une reprise légère mais certaine de la plupart de nos industries à une hausse des prix de la plupart des matières premières. L'expérience du passé a montré que, quand le niveau des prix commence à monter après que les prix des matières premières sont restés longtemps en baisse, les salaires précédemment réduits restent en arrière sur la hausse des prix.

    « Il en est résulté jadis que la classe laborieuse a dû supporter des charges injustes; elle n'a pu obtenir une répartition juste et équitable des bénéfices de l'industrie et le pouvoir d'achat de l'immense majorité de notre population en a été limité

    « En conséquence, je vous demande à vous qui représentez, selon toute probabilité, la majorité des employeurs de la nation de ne plus opérer de nouvelles réductions sur les salaires de vos employés, et je vous demande aussi d'augmenter les échelles des salaires en proportion de l'augmentation des matières premières, pour autant que cela est en votre pouvoir.

    « Le fait est que la moyenne de l'échelle des salaires de la nation a baissé au cours de ces quatre dernières années plus rapidement que le coût de la vie. Il importe essentiellement, au point de vue de la justice nationale, que l'échelle des salaires soit en rapport avec le coût de la vie et que cette mesure soit prise dès maintenant et pas plus tard.

    « Ma seconde demande tend à ramener de l'ordre dans le chaos. Au cours des quatre années qui viennent de s'écouler, le système industriel, que l'on avait considéré comme ordonné, a dégénéré en un système où règne le plus grand désordre. Vous vous rendez compte comme moi de l'existence des méthodes de concurrence déloyale, des prix exorbitants et du chaos général. Vous reconnaissez avec moi qu'il faut remédier à cette situation et rétablir l'ordre. C'est à vous d'atteindre ce but, par un désir de coopération les uns avec les autres, et avec votre Gouvernement.

    « Dans presque toutes les industries, l'immense majorité des ressortissants désire collaborer, pour empêcher la surproduction, pour empêcher les salaires iniques et pour supprimer les mauvaises conditions de travail. Dans le passé, une petite minorité a suffi à empêcher la réalisation de ces trois objectifs. Je puis vous assurer que le Gouvernement collaborera avec vous si vous désirez faire comprendre à ces minorités que leurs agissements déloyaux nuisent à l'intérêt général.

    « Ma troisième demande est de nature quelque peu différente, bien qu'elle influe considérablement sur les deux autres. Il est dans la nature de l'homme de considérer un problème en regard de son existence particulière et des intérêts de sa compagnie ou de l'affaire dans laquelle il est personnellement engagé. Il n'est donc pas contraire à la nature que les différentes industries du pays appliquent à elles-mêmes ce même point de vue. Et pourtant j'attire votre attention sur ceci que vous devez tous comprendre : C'est que chacun d'entre vous et vous tous dans vos propres domaines et dans vos propres industries n'êtes qu'une partie intégrale d'un grand tout et que notre économie nationale doit envisager l'ensemble plutôt que les différentes unités qui composent la nation.

    « En fin de compte, il est de peu d'utilité à l'un d'entre vous de connaître une prospérité temporaire tandis que d'autres sont dans une gêne continuelle. Je vous demande de chercher votre prospérité dans une prospérité générale, d'envisager la restauration économique du point de vue général de la nation, et non pas des industries particulières, de faire abstraction des intérêts particuliers et égoïstes, de songer et d'appliquer un programme d'ensemble de restauration nationale. »

 

 

 

    A ce message succéda, le 7 mai, un discours-programme à la T. S. F., le premier que j'aie prononcé depuis mon discours sur les banques au début de mars. II me fournit l'occasion de passer en revue les différents événements des deux premiers mois de mon Gouvernement :

 

 

 

    « Dimanche soir, une semaine après mon inauguration, j'empruntai la T. S. F. pour vous parler de la crise bancaire et des mesures que nous allions prendre pour y faire face. Je crois qu'en agissant de la sorte j'ai jeté de la clarté sur différents faits qui, autrement, auraient pu être mal interprétés; et, d'une manière générale, j'ai fait comprendre la situation au pays, ce qui a contribué, pour une grande part, au rétablissement de la confiance.

    « Ce soir, huit semaines plus tard, je viens, pour la seconde fois, vous faire mon rapport — dans le même esprit et de la même manière, — pour vous entretenir de ce que nous avons fait et de ce que nous avons l'intention de faire.

    « Il y a deux mois, nous nous trouvions en face de graves problèmes. Le pays tombait à la ruine, pouce par pouce. II se mourait parce que le commerce et l'industrie étaient tombés à un niveau dangereusement bas; les prix de nos matières premières menaçaient de détruire la valeur de l'actif de nos établissements nationaux : banques, caisses d'épargne, compagnies d'assurance et autres instituts. Ces établissements, par suite de leurs besoins importants, opéraient des forclusions, réclamaient des emprunts, refusaient de faire crédit. II en résulta donc en fait que des millions de personnes furent menacées de perdre leurs propriétés, puisqu'elles avaient emprunté de l'argent sur ces propriétés avec des dollars qui avaient eu une valeur totalement différente de celle de mars 1933. Cette situation ne nous permettait pas des considérations compliquées sur les panacées économiques ou de combiner des plans de fantaisie. Nous nous trouvions, non pas devant des théories mais devant une situation concrète.

    « II n'y avait que deux solutions : la première consistait à suivre la même voie, à permettre les forclusions, le retrait du crédit et la thésaurisation, à amener ainsi la liquidation et la faillite des banques, des compagnies de chemins de fer et d'assurances jusqu'à la capitalisation de toute l'économie et de la propriété à un niveau inférieur. Cette solution signifiait la continuation de la campagne de déflation dont le résultat immédiat eût été une misère extraordinaire pour tous les possédants, et, par voie de conséquence, une misère immense pour tous les salariés en raison de l'accroissement du chômage et d'une nouvelle réduction de l'échelle des salaires.

    « II est évident que cette solution n'aurait pas eu seulement des effets d'ordre économique très graves, mais aussi des conséquences d'ordre social qui auraient causé un mal énorme. Même avant mon accession au pouvoir, j'étais arrivé à la conclusion qu'une telle politique aurait fait supporter au peuple américain une charge trop lourde. Elle aurait entraîné, non seulement une nouvelle dévalorisation des richesses représentées par les maisons, fermes, économies et salaires, mais aussi des pertes d'ordre spirituel, la perte de ce sentiment de sécurité pour le présent et l'avenir, si nécessaire à la paix et à la satisfaction de l'individu et de sa famille. Si vous détruisez ces valeurs, vous trouverez difficilement le moyen de rétablir toute confiance dans l'avenir. Il était évident qu'il ne suffisait pas, pour arrêter cette course à la ruine, de lancer de Washington des appels à la confiance et de prêter des sommes d'argent plus considérables à des établissements craquant de toutes pans. Il me semblait non seulement légitime mais encore obligatoire pour la sécurité nationale d'appliquer le plus rapidement possible un programme précis. Le Congrès, et quand je dis le Congrès, je parle des membres des deux partis politiques, comprit très bien la situation et me donna un appui généreux et intelligent. Les membres du Congrès virent clairement que les méthodes des temps normaux devaient faire place, en période de crise, à des mesures adaptées aux nécessités graves et impérieuses du moment. Il n'y eut pas à proprement parler d'abandon du pouvoir, le Congrès conserva encore son autorité constitutionnelle, et personne n'a eu le moindre désir de changer l'équilibre politique. La fonction du Congrès est de décider les mesures à prendre et de choisir l'instrument de ses volontés. II a suivi étroitement cette politique. La seule chose qui s'est passée fut qu'il désigna le Président pour exécuter certaines de ses mesures. C'était conforme à la constitution et à la tradition du peuple américain.

    « La législation qui a été votée ou qui est en voie d'être appliquée peut être raisonnablement considérée comme faisant partie d'un programme complet.

    « En premier lieu, nous fournissons du travail à 250.000 chômeurs, spécialement aux jeunes gens qui ont des charges. Ils se consacrent au reboisement et aux travaux contre les inondations. C'est une niche importante parce qu'elle comporte la nourriture, l'habillement et l'entretien d'un nombre de personnes, près de deux fois plus grand que celui des soldats de notre armée régulière. En créant ce corps civil, nous faisons d'une pierre deux coups. Nous rehaussons notablement la valeur de nos ressources naturelles et, d'autre part, nous soulageons un lot considérable de personnes qui se trouvent dans la détresse. Cet important groupe d'hommes s'est mis au travail volontairement; il n'est pas soumis à un règlement militaire, et nous conservons non seulement nos ressources naturelles mais encore nos ressources humaines. Un des grands mérites de ce travail est qu'il s'accomplit directement et ne nécessite pour ainsi dire pas l'intervention des machines.

    « En deuxième lieu, j'ai soumis à l'approbation du Congrès des mesures que, par la suite, j'ai fait appliquer, à savoir : l'exploitation des vastes propriétés du Gouvernement à Muscles Shoals que l'on a négligées pendant tant d'années de coûteuse inaction; en outre, j'ai proposé un plan d'ensemble pour l'aménagement d'une grande partie de la vallée du Tennessee. Ces mesures augmenteront le bien-être et le bonheur de centaines de milliers de gens, et leur effet bienfaisant se fera sentir à la nation tout entière.

     « Ensuite, le Congrès va voter une législation qui libérera, en grande partie, de la misère de l'hypothèque les fermiers et les petits propriétaires de la nation, ceci grâce à une disposition qui allégera le fardeau des dettes qui pèse si lourdement sur des millions de nos compatriotes.

    « Une autre mesure immédiate est l'octroi d'un demi-milliard de dollars aux Etats, cantons et municipalités afin qu'ils puissent pourvoir aux besoins de ceux à qui un secours formel et immédiat est indispensable.

    « Le Congrès a aussi voté une législation autorisant la vente de la bière dans les Etats qui le désiraient. Il en est déjà résulté une reprise considérable du travail et par suite un accroissement du rendement de l'impôt, dont le besoin se faisait vivement sentir.

    « Nous avons l'intention de demander au Congrès une législation qui permettra au Gouvernement d'entreprendre des travaux publics, ce qui provoquera ainsi directement et indirectement une reprise dans beaucoup d'autres domaines que nous avons soumis à un examen approfondi.

    « Une nouvelle législation a été promulguée qui pénètre plus avant dans nos problèmes économiques. La loi d'aide aux fermiers, le « Farm Relief Bill », cherche, par l'emploi de plusieurs méthodes isolées ou réunies, à accroître le rendement des principaux produits agricoles, tout en s'efforçant de prévenir la surproduction désastreuse qui, si souvent dans le passé, a fait tomber les prix à un niveau bien inférieur à un rapport rationnel. Cette mesure prévoit l'octroi de pouvoirs étendus dans les cas critiques. L'usage qu'on en fera, dépendra uniquement de ce que l'avenir nous réserve.

    « Nous proposerons également des mesures de sauvegarde mûrement réfléchies par quoi nous tenterons de donner des salaires plus équitables aux ouvriers de l'industrie du pays et d'empêcher la concurrence déloyale, de nous opposer aux trop longues semaines de travail et, en même temps, d'encourager toutes les industries à éviter la surproduction.

    « Notre loi sur les chemins de fer rentre dans la même catégorie; son objectif est de permettre aux chemins de fer, avec l'aide du Gouvernement, d'aménager et de mettre sur pied un plan bien arrêté qui supprimera les doubles emplois et les gaspillages, lesquels ont amené à l'heure actuelle la faillite de nombreux réseaux et des déficits continuels.

    « Je suis persuadé que les habitants de ce pays comprennent et approuvent les nouvelles mesures gouvernementales qui ont trait à l'agriculture, à l'industrie et aux moyens de transport. Notre production agricole dépassait notre consommation; nous nous trouvions devant des excédents que les autres nations ne pouvaient acheter qu'à des prix désastreusement bas. Nos usines étaient en mesure de fabriquer plus de produits que nous ne pouvions en consommer, et, en même temps, les demandes de l'étranger baissaient. Il se faisait que nous disposions de plus moyens de transport des marchandises et des récoltes que nous n'avions de marchandises et de récoltes à transporter. Cette situation était due en grande partie à un manque complet de plan général et à une incompréhension totale du danger qui n'avait cessé de flotter dans l'air depuis la fin de la guerre mondiale. Les habitants de ce pays ont été poussés à croire — mais c'était une erreur — qu'ils pourraient continuer à accroître indéfiniment la production agricole et industrielle et que je ne sais quel magicien trouverait le moyen d'écouler ces produits, tout en laissant au producteur des bénéfices raisonnables.

    « Aujourd'hui nous sommes fondés à croire que les choses vont un peu mieux qu'il y a deux mois. L'industrie a repris, les chemins de fer transportent plus de marchandises, les prix des produits agricoles se sont améliorés, mais je ne me laisserai pas aller à lancer des proclamations d'une confiance débordante d'enthousiasme. Nous ne pouvons pas crier de nouveau à la prospérité.

    « Je ne cesserai jamais d'être franc avec les habitants de ce pays. Je ne veux pas que mes compatriotes, à la faveur de cette amélioration, fassent déferler sur ce pays une nouvelle vague de spéculation. Je ne veux pas que l'on croie que, par suite d'un optimisme injustifié, nous pouvons reprendre le système désastreux de l'accroissement de notre production agricole et industrielle, dans l'espoir qu'une Providence bienveillante permettra de l'écouler à des prix élevés. Pareil système peut nous ramener une prospérité immédiate et factice, mais elle sera de ces prospérités qui nous conduiront à de nouveaux désastres.

    « On a bien tort de désigner les mesures que nous avons prises, sous le nom de contrôle gouvernemental de l'agriculture, de l'industrie et des transports. C'est plutôt une association entre le Gouvernement, d'une part, et l'agriculture, l'industrie et les transports d'autre part, non pas une association qui se partage les bénéfices, car les bénéfices iraient aux citoyens, mais plutôt une association qui conçoit les mêmes plans et veille à leur exécution.

    « Laissez-moi vous donner un exemple. Prenons l'industrie cotonnière. Selon toute probabilité, quatre-vingt-dix pour cent des fabricants de coton s'accorderaient pour supprimer les salaires de famine, les longues journées de travail, le travail de l'enfant; Ils s'accorderaient également pour empêcher une surproduction qui se traduit par des excédents invendables. Mais à quoi peut servir un tel accord si les dix autres pour cent des fabricants de coton donnent des salaires de famine, exigent de nombreuses heures de travail, emploient des enfants dans leurs usines et se livrent à une surproduction vexatoire? Par leurs agissements déloyaux, ces dix pour cent pourraient produire des marchandises à si bon marché que les quatre-vingt-dix pour cent des fabricants honnêtes en seraient réduits à adopter une ligne de conduite douteuse. C'est ici que le Gouvernement entre en jeu. Le Gouvernement, après s'être livré à une enquête sur une industrie et après avoir adopté un plan, devrait avoir le droit — et il l'aura — d'empêcher, avec l'aide de la grande majorité des membres de cette industrie, les agissements déloyaux. Les lois dites « antitrusts » avaient pour but d'empêcher la création des monopoles et d'interdire à ces monopoles de réaliser des bénéfices excessifs. On doit continuer à respecter le principe de ces lois, mais elles ne se proposèrent jamais d'encourager cette concurrence déloyale dont nous avons dit les méfaits.

    « Le même principe s'applique aux produits agricoles, aux moyens de transport et à tout autre domaine de l'industrie privée organisée.

    « Nous nous assignons un but précis, à savoir, empêcher le retour d'une situation qui fut à deux doigts de détruire ce qu'on appelle la civilisation moderne. Nous ne pouvons atteindre ce but en un jour. Nos mesures obéissent toutes à l'esprit du Gouvernement constitutionnel de l'Amérique, établi il y a cent cinquante ans.

    « Je sais que les habitants de ce pays s'en rendront compte et comprendront aussi dans quel esprit nous entreprenons cette politique. Je ne nie pas que nous ne puissions commettre des erreurs de procédure. Je ne m'attends pas à atteindre le but à chaque coup. Ce que je recherche, c'est d'atteindre le but le plus souvent possible, non seulement dans mon intérêt mais aussi dans celui de l'équipe. Theodore Roosevelt me dit un jour : « Si j'arrive à avoir raison soixante-quinze fois sur cent, j'aurai réalisé le summum de mes espérances. »

    « On a beaucoup parlé ces derniers temps des finances fédérales, de l'inflation, de l'étalon-or et d'autres choses encore. Permettez-moi de vous exposer les faits très simplement et de vous expliquer ma ligne de conduite. En premier lieu, le crédit gouvernemental et la monnaie gouvernementale ne sont vraiment qu'une seule et même chose. Derrière les bons gouvernementaux, il n'y a qu'une promesse de payement. Derrière la monnaie gouvernementale, il y a en outre, une réserve d'or et une petite réserve d'argent. A ce propos, il convient de rappeler que, jadis, le Gouvernement a consenti à convertir en or près de trente milliards de ses dettes et de sa monnaie et que des sociétés privées du pays ont consenti à convertir en or soixante ou soixante-dix milliards de dollars représentés par des titres et des hypothèques. Le Gouvernement et ces sociétés privées ont conclu ces accords en sachant pertinemment que les stocks d'or aux Etats-Unis n'étaient que de trois ou quatre milliards de dollars et que les stocks d'or mondiaux n'étaient que de onze milliards environ.

    « Si les détenteurs de bons commençaient à réclamer de l'or, les premiers arrivants auraient de l'or pendant quelques jours; leur nombre ne s'élèverait qu'à un vingt-cinquième des détenteurs de titres et de devises. Les vingt-quatre autres parties, qui ne sont pas arrivées en tête de file, se verraient dire poliment qu'il ne reste plus d'or. Nous avons décidé d'appliquer à tous le même traitement, dans l'intérêt de la justice, en vertu des pouvoirs constitutionnels de ce Gouvernement. Nous avons mis tout le monde sur le même pied, afin de sauvegarder le bien général.

    « Toutefois, l'or et, jusqu'à un certain point, l'argent peuvent servir de base très solide aux devises; c'est la raison pour laquelle j'ai décidé de mettre l'embargo sur l'or de ce pays.

    « Il y a trois semaines, une série d'événements se sont produits qui auraient pu entraîner très rapidement, tout d'abord un grave épuisement des stocks d'or nationaux à l'étranger, en deuxième lieu, par voie de conséquence, une évasion à l'étranger des capitaux américains. Je n'exagère rien en vous disant que pareille occurrence aurait pu nous enlever la majeure partie de nos réserves d'or et entraîner un nouvel affaiblissement du crédit privé et gouvernemental, au point de semer la panique et d'arrêter totalement le fonctionnement de l'industrie.

    « Le Gouvernement a un but précis, c'est de faire monter les prix des matières premières à un niveau tel que les débiteurs pourront payer leurs dettes au moyen d'une devise d'une valeur égale à celle qui existait au moment où les emprunts ont été contractés. Nous n'avons pas l'intention de leur procurer un dollar à tellement bon marché qu'ils pourraient rembourser beaucoup moins qu'ils n'ont reçu. En d'autres termes, nous cherchons à corriger une erreur et non pas à créer des erreurs nouvelles dans un sens opposé. C'est pour cela que les pouvoirs nécessaires seront donnés au Gouvernement afin de procéder, si la situation l'exige, à l'élargissement des moyens de crédit. II sera fait usage de ces pouvoirs au moment donné, d'une manière définie, et, ai la situation l'exige, dans le dessein que je viens de préciser.

    « La situation mondiale suit un chemin parallèle à celui de la situation intérieure, laquelle, évidemment, nous intéresse en premier lieu. Je dois souligner le fait que la situation intérieure est nécessairement liée d'une manière étroite à celle de tous les autres pays. En d'autres termes, selon toutes probabilités, nous pourrons connaître, dans une large mesure, un retour de la prospérité dans notre pays, mais elle ne durera que si elle s'étend au monde entier.

    « Au cours des conférences que nous avons tenues et que nous tenons avec les chefs des autres pays, nous nous assignons quatre grands objectifs : tout d'abord, une réduction générale des armements, ce qui écartera la crainte de l'invasion et d'une attaque à main armée, en même temps une réduction des dépenses, de manière à équilibrer les budgets des gouvernements et à réduire les impôts; en deuxième lieu une suppression des barrières douanières, ce qui permettrait la reprise des échanges entre nations; en troisième lieu, la stabilisation des devises: de la sorte, le commerce pourra aller de l'avant; en quatrième lieu, le rétablissement des relations amicales et une plus grande confiance de pays à pays.

    « Durant ces trois semaines, nos visiteurs étrangers ont répondu dans un sens très favorable à l'énoncé de ces desseins. Toutes les nations ont souffert également de la crise. Toutes, elles ont abouti à la conclusion qu'une action générale est le plus conforme aux intérêts de chacune. C'est dans cet esprit que nos hôtes se sont joints à nous et ont discuté les problèmes qui nous sont communs. La Conférence internationale actuelle doit réussir.

    « L'avenir du monde l'exige; nous nous sommes tous engagés à unir nos efforts pour la faire réussir.

    « Envers vous, citoyens de ce pays, nous tous, membres du Congrès et membres du Gouvernement, nous avons contracté une profonde dette de reconnaissance. Durant toute la crise, vous avez fait preuve de résignation. Vous nous avez accordé des pouvoirs étendus; votre approbation généreuse nous a encouragés. Toutes nos forces, toutes les ressources dont nous disposions, nous les avons employées à justifier votre confiance. Nous sommes incités à penser qu'un premier pas, prudent et sensé, a été accompli. C'est dans cet esprit de confiance et d'encouragement réciproque que nous irons de l'avant. »

 

 

 

    Plusieurs des mesures prises par la nouvelle législation durent subir des modifications, résultat de l'expérience acquise au cours de ces jours. C'est ainsi que les premiers décrets qui réglementaient l'octroi des pensions aux anciens combattants blessés durant la guerre mondiale, opérèrent des coupes plus som-lires qu'on ne l'avait envisagé originellement. Au début de mai, on rédigea à nouveau dans un sens plus équitable un grand nombre de règlements et de stipulations.

    Lorsque la loi d'aide aux fermiers qui a trait au redressement des dettes agricoles, reçut le paraphe présidentiel le 12 mai, j'adressai un appel spécial aux créanciers hypothécaires et à ceux qui avaient des droits sur les fermiers; je les priai de ne pas employer la procédure de forclusion, je leur demandai de collaborer à la mise en oeuvre du nouveau système.

    Aussi lorsque, le 12 mai, je signai la loi sur le budget, qui accordait cinq cent millions de dollars au fond de chômage, j'essayai de faire comprendre que cela n'enlevait pas aux Etats et aux agglomérations locales la responsabilité qui leur incombait et qu'ils devaient faire tout ce qui était en leur pouvoir pour fournir le nécessaire à leurs concitoyens qui se trouvaient dans le dénuement.

    Sans cesse, il a fallu rappeler ce principe qu'à la localité incombe, la première, le devoir de prendre des mesures; que lorsque la localité a fait son possible et plus encore, c'est à l'Etat alors d'intervenir: et que, lorsque les gouvernements locaux et d'Etat ont fait tout leur devoir, alors seulement le Gouvernement fédéral peut avancer les fonds fédéraux. C'est un fait, malheureusement, que certaines personnes qui sont les premières à s'élever contre les dépenses du Gouvernement fédéral, sont les dernières, dans leur propre agglomération, à veiller à ce que le pouvoir local tente tout pour empêcher le dénuement et la détresse.

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