9 novembre 2006
4
09
/11
/novembre
/2006
08:55
Chose très rare de nos jours, un éditorialiste de magazine "sérieux" ose émettre des doutes sur le traitement médiatique du réchauffement climatique et aussi des OGM. A lire aussi, cet article (et ses commentaires).
Ces deux extraits sont tirés de l'édito de François Lenglet, dans le magazine "Enjeux-Les Echos". Le reste du magazine demeure vraiment trop libéral à mon goût.
(...)Haro sur le baudet! La dégelée de critiques qui s'est abattue sur Claude Allègre, après ses déclarations contestant le réchauffement climatique, inspire la plus grande méfiance. Car l'unanimité est suspecte en toute matière. L'irrésistible attraction de l'homo sapiens pour les mouvements de foule pousse à équarrir la vérité qui, généralement, le supporte mal. Faut-il rappeler que les avancées scientifiques naissent souvent au creux du doute? Qu'elles procèdent d'une rupture avec les doctrines validées? Dans le dialogue entre théorie et observation, rappelait le philosophe Georges Canguilhem, c'est toujours l'esprit qui parle en premier: si Pasteur découvre les microbes, c'est parce qu'il a rompu avec le consensus de l'époque.
Ecoutons donc Allègre: « Il y a sans doute un changement climatique, mais ce dernier est caractérisé plus par de brusques fluctuations [...] que par un réchauffement général. La cause de ce changement climatique reste inconnue.» l'ex-ministre rejoint ici le Danois Bjorn Lomborg, qui conteste les analyses écologistes, et le romancier Michael Crichton. Celui-ci explique, dans son dernier livre, State Of Fear, que si les glaces de l'Arctique fondent à vive allure, celles du pôle Sud progressent, tandis que de nombreux points du globe connaissent un mystérieux refroidissement. Pour l'Américain, le catastrophisme est entretenu par les hommes politiques, les médias et les avocats - qui vivent du business de la Grande Trouille -, appuyés par des scientifiques qui flattent les peurs de la société pour obtenir des crédits. Des voix minoritaires, moins séduisantes que le film d'Al Gore, mais dignes d'attention. Parce qu'elles dérangent(...)
(...)La Grande Trouille, deuxième épisode. En 1811, les ouvriers textiles anglais, suivant l'exemple de l'ouvrier mythique John Ludd, se révoltèrent pour détruire les « machines à chômage» qu'étaient les métiers à tisser. Nos luddites modernes ont des fourches et des moustaches: ce sont les faucheurs d'OGM, menés par José Bové, qui assimilent, sans preuve scientifique, les manipulations génétiques à la cuisine de Frankenstein. Mais l'époque a changé. Alors que les luddites britanniques avaient été décapités, les nôtres ont été relaxés par le tribunal d'Orléans, le 9 décembre 2005. Les juges se sont appuyés sur un mystérieux « état de nécessité» qui aurait conduit les écologistes à écrabouiller des plants de maïs. En nos temps précautionneux, cette relaxe relaye un puissant mouvement d'opinion contre la modernité.
La décision n'était pourtant pas anodine. Quelques mois plus tard, elle débouche sur la probable délocalisation des activités françaises en matière d'OGM. Le semencier Vilmorin vient en effet d'annoncer un projet important en Chine, après avoir réduit considérablement ses travaux en France. Les Chinois figurent parmi les spécialistes mondiaux de la modification génétique des plantes, expérimentant depuis plus de vingt ans de nouvelles espèces de riz. Et, chez eux, on peut travailler. De plus, Vilmorin n'a rien du capitalisme sans scrupules dénoncé par les faucheurs. C'est la filiale d'une coopérative fondée à Clermont-Ferrand par des paysans, Limagrain, qui s'est hissée au quatrième rang mondial de la semence. Quant à l'hybridation des plantes, elle a plusieurs millénaires d'âge. C'est grâce à elle qu'a pu naître la civilisation humaine. En accroissant les rendements et l'apport nutritionnel, elle a permis la sédentarisation des populations, l'organisation de la société et des échanges. Les OGM prolongent cette tradition avec les technologies d'aujourd'hui. Ils laissent espérer bien sûr des emplois qualifiés dans ces nouvelles spécialités, mais aussi des cultures sans pesticides, des variétés plus résistantes aux climats extrêmes, destinées aux régions déshéritées de la planète. Au point que certaines ONG comme Cambia dévouent leurs efforts à la diffusion de ces techniques pour lutter contre la famine et la malnutrition. Et si les faucheurs avaient tué le mauvais cochon?
Ces deux extraits sont tirés de l'édito de François Lenglet, dans le magazine "Enjeux-Les Echos". Le reste du magazine demeure vraiment trop libéral à mon goût.
(...)Haro sur le baudet! La dégelée de critiques qui s'est abattue sur Claude Allègre, après ses déclarations contestant le réchauffement climatique, inspire la plus grande méfiance. Car l'unanimité est suspecte en toute matière. L'irrésistible attraction de l'homo sapiens pour les mouvements de foule pousse à équarrir la vérité qui, généralement, le supporte mal. Faut-il rappeler que les avancées scientifiques naissent souvent au creux du doute? Qu'elles procèdent d'une rupture avec les doctrines validées? Dans le dialogue entre théorie et observation, rappelait le philosophe Georges Canguilhem, c'est toujours l'esprit qui parle en premier: si Pasteur découvre les microbes, c'est parce qu'il a rompu avec le consensus de l'époque.
Ecoutons donc Allègre: « Il y a sans doute un changement climatique, mais ce dernier est caractérisé plus par de brusques fluctuations [...] que par un réchauffement général. La cause de ce changement climatique reste inconnue.» l'ex-ministre rejoint ici le Danois Bjorn Lomborg, qui conteste les analyses écologistes, et le romancier Michael Crichton. Celui-ci explique, dans son dernier livre, State Of Fear, que si les glaces de l'Arctique fondent à vive allure, celles du pôle Sud progressent, tandis que de nombreux points du globe connaissent un mystérieux refroidissement. Pour l'Américain, le catastrophisme est entretenu par les hommes politiques, les médias et les avocats - qui vivent du business de la Grande Trouille -, appuyés par des scientifiques qui flattent les peurs de la société pour obtenir des crédits. Des voix minoritaires, moins séduisantes que le film d'Al Gore, mais dignes d'attention. Parce qu'elles dérangent(...)
(...)La Grande Trouille, deuxième épisode. En 1811, les ouvriers textiles anglais, suivant l'exemple de l'ouvrier mythique John Ludd, se révoltèrent pour détruire les « machines à chômage» qu'étaient les métiers à tisser. Nos luddites modernes ont des fourches et des moustaches: ce sont les faucheurs d'OGM, menés par José Bové, qui assimilent, sans preuve scientifique, les manipulations génétiques à la cuisine de Frankenstein. Mais l'époque a changé. Alors que les luddites britanniques avaient été décapités, les nôtres ont été relaxés par le tribunal d'Orléans, le 9 décembre 2005. Les juges se sont appuyés sur un mystérieux « état de nécessité» qui aurait conduit les écologistes à écrabouiller des plants de maïs. En nos temps précautionneux, cette relaxe relaye un puissant mouvement d'opinion contre la modernité.
La décision n'était pourtant pas anodine. Quelques mois plus tard, elle débouche sur la probable délocalisation des activités françaises en matière d'OGM. Le semencier Vilmorin vient en effet d'annoncer un projet important en Chine, après avoir réduit considérablement ses travaux en France. Les Chinois figurent parmi les spécialistes mondiaux de la modification génétique des plantes, expérimentant depuis plus de vingt ans de nouvelles espèces de riz. Et, chez eux, on peut travailler. De plus, Vilmorin n'a rien du capitalisme sans scrupules dénoncé par les faucheurs. C'est la filiale d'une coopérative fondée à Clermont-Ferrand par des paysans, Limagrain, qui s'est hissée au quatrième rang mondial de la semence. Quant à l'hybridation des plantes, elle a plusieurs millénaires d'âge. C'est grâce à elle qu'a pu naître la civilisation humaine. En accroissant les rendements et l'apport nutritionnel, elle a permis la sédentarisation des populations, l'organisation de la société et des échanges. Les OGM prolongent cette tradition avec les technologies d'aujourd'hui. Ils laissent espérer bien sûr des emplois qualifiés dans ces nouvelles spécialités, mais aussi des cultures sans pesticides, des variétés plus résistantes aux climats extrêmes, destinées aux régions déshéritées de la planète. Au point que certaines ONG comme Cambia dévouent leurs efforts à la diffusion de ces techniques pour lutter contre la famine et la malnutrition. Et si les faucheurs avaient tué le mauvais cochon?