Il est temps, selon Stephen King, "Managing director" de la Hong Kong & Shanghaï Banking Corporation, un des pivots financiers de la City et joyau de la couronne, de détruire l'épargne des peuples, des entreprises et des nations pour sauver le système financier international, c'est-à-dire essentiellement l'empire britannique, de la révolution qui vient. Comment ? Par l'hyperinflation monétaire, les "rotatives" - la "planche à billet" électronique, de nos jours -, comme il le dit lui-même dans l'article ci-dessous.
Mais ce ne sont pas les gouvernements que Stephen King appelle à l'action, ce sont les banques centrales "indépendantes", ces entités vers lesquelles a été délégué tout au long du vingtième siècle le droit souverain, régalien, de battre monnaie, par force, corruption, mensonge, chantage, meurtre ou guerre si nécessaire.
Leur "indépendance" n'existe qu'envers les états-nations, bien sûr. Nous avons tous pu voir, à travers les multiples tentatives de relance et de sauvetage de l'année écoulée, que ces banques centrales obéissent comme un seul homme à la parole du représentant de l'empire britannique, qui pour l'instant semble être Gordon Brown, et à personne d'autre.
Lors d'une discussion autour d'une vidéo sur Dailymotion opposant Roosevelt à Keynes, j'avais lancé l'idée suivante, qui me trottait dans la tête depuis un moment, en réponse à un commentateur attribuant sans s'en rendre compte une valeur intrinsèque à la monnaie sans la justifier, et opposant l'usage maléfique de la monnaie à l'usage bénéfique du troc. J'avais, en écrivant cela, l'intention de montrer que toute forme de monnaie, de crédit, n'existe que par l'accord - tacite ou explicite - du souverain, et que le concept de monnaie privée est impossible, ou à tout le moins illégal du point de vue du droit naturel. C'est pourtant ce qu'on tente de nous faire avaler avec cet ordre mondial de banques centrales "indépendantes" à la botte de Londres :
"Sur votre remarque sur le troc :
Je ne suis pas sûr que le troc ait jamais servi au delà des petites communautés chasseuses ou/et agricoles situées aux marges des civilisations. Et je veux bien admettre que, dans ce cadre, on puisse le considérer comme équitable, mais ce n'est pas difficile : tout le monde se connait et produit la même chose, en gros.
Et je suis convaincu que lorsque certaines de ces communautés se sont agglomérées, contrôlant ainsi par leur unification un plus vaste territoire, et permettant à certains membres de cette société de se dégager de l'urgente recherche et du traitement de la nourriture, alors l'idée du médium d'échange est venue. Car plus grand est le territoire, plus difficile est le transport des produits, s'il est possible vu la nature périssable de certaines denrées.
Dès lors, le premier médium d'échange, de répartition et d'affectation des biens a été la volonté du chef, ou de ce qui tenait lieu d'autorité, tentant d'organiser les ressources pour le bénéfice de tous, idéalement. Le sceau, le symbole, la parole du hérault ou du représentant reconnu, ou un genre de document de l'autorité "royale", tenait lieu de monnaie, et l'ordre donné suffisait à faire se déplacer des biens sur l'ensemble du territoire, en échange de la garantie du bénéfice d'un autre bien ou d'un service.
Ce que je veux dire, c'est que la monnaie ne doit pas être vue comme un bien, ni même comme un moyen utilitaire d'échange, car elle ne l'est pas si elle ne revêt pas l'autorité "royale", sous une forme ou sous une autre (que ce soit les pièces de monnaies en métal précieux, les monnaies fiduciaires ou les monnaies scripturales).
Et conséquemment, la monnaie exprime l'autorité "royale", ce que j'appelle pour notre époque la volonté de la nation.
Je crois d'ailleurs que, pour clarifier le sujet, nous devrions tomber d'accord sur le fait que toute monnaie est un crédit, issu d'une création ex-nihilo - un prêt, comme le font toutes les banques -. Il n'est pas toujours évident de savoir l'origine de l'émission de telle ou telle monnaie, mais ce qui est certain, c'est qu'elle a été mise en circulation à la suite d'une création, qu'elle constitue donc un prêt pour le receveur.
Et si, lorsque nous recevons un ordre d'une hiérarchie reconnue, nous l'accomplissons, lorsque que nous recevons de l'argent (salaire, produit d'une vente etc.), ce n'est pas pour faire n'importe quoi, mais la volonté de l'émetteur - la nation dans ce cas -. Et la volonté de la nation est exprimée par la Constitution. C'est ainsi que je regarde aujourd'hui la monnaie : c'est un crédit que m'offre mon pays afin que je me maintienne et me perfectionne pour mieux le servir, selon les principes de la Constitution.
La trahison monétariste, c'est d'avoir développé une théorie où la monnaie est un bien privé, une marchandise créée par les banques et qui leur appartient. C'est évidemment une escroquerie, tolérée par l'ignorance ou la corruption de nos dirigeants et de nos universitaires. Les banques, privées ou publiques, sont dépositaires par la loi de la capacité d'émettre du crédit, qui est un pouvoir régalien. Tout crédit émis par une banque est réputé l'être par la nation, le souverain, c'est à dire l'universalité du peuple exprimée dans la Constitution.
La crise qui nous frappe aujourd'hui n'a pas, selon moi, pour origine un supposé vice intrinsèque de la monnaie, mais plutôt l'abandon par le souverain du contrôle de la monnaie, de la "volonté nationale", entre les mains d'entités ennemies.
Dès lors, quelle facilité pour semer le chaos dans un pays, ou dans plusieurs."
Stephen King est un représentant de ces entités ennemies. Ce qu'il réclame, par cet article, ce sont les pleins pouvoirs de l'Empire sur l'économie mondiale. Car lorsque les "rotatives" tourneront à plein, ce ne seront pas les gouvernements qui affecteront les crédits nouvellement créés, mais les banques centrales. Et les banques centrales ne prêtent qu'à certaines banques privées agréées, mais certainement pas aux gouvernements. Cela est même interdit à la Banque centrale européenne (art. 104).
Et lorsque les banques privées agréées par l'empire britannique auront entre les mains les flots de liquidités gratuites des banques centrales, votre épargne, les réserves des entreprises, les réserves nationales ne vaudront plus rien, comme cela s'est vu lors de la crise hyperinflationnaire de la République de Weimar dans les années 20.
Après la triste farce du G20, où Sarkozy s'est vu expliquer fermement par Gordon Brown - conseillé par Alan Greenspan - comment il pouvait se rouler bien serré son "Nouveau Bretton Woods" et où il pouvait se le mettre, et qu'il ferait peut-être mieux d'arrêter de la ramener sur les paradis fiscaux et de se préparer à gérer la crise sociale française qui arrive très vite, la City a les coudées franches pour réorganiser à son goût le système financier international, et ne se gêne pas pour le faire savoir par voie de presse.
Ironiquement, Stephen King est aussi le nom d'un écrivain américain spécialisé dans les romans d'horreur (Carrie, Shinning, etc.). Coïncidence regrettable, mais appropriée à l'auteur de l'article qui suit, qui a de quoi faire dresser les cheveux sur la tête :
(Traduction de votre serviteur, ainsi que les caractères en gras)
Stephen King : Si les baisses de taux d’intérêt ne peuvent résoudre la pénurie de liquidités, lancez les rotatives.
Tant que les gens thésauriseront, les rendements chuteront ainsi que les prix, comme dans les années 30.
Lundi 24 novembre 2008
Pour la Réserve Fédérale, la Banque d’Angleterre et les autres banques centrales du monde, le temps est venu des actes de bravoures non conventionnels. Ces actes sont nécessaires car la crise financière est en train de muter. Ce n’est plus simplement une histoire de mauvaise volonté ou d’incapacité des banques à prêter. Cela devient rapidement une crise de liquidation. Vous pouvez le constater dans la rue, avec ces ventes soudaines et agressives pré-noël. Vous pouvez le voir à la bourse, où la panique ne cesse de grandir. Vous pouvez le voir dans l’immobilier, où les prix ne se sont jamais effondrés si vite.
Ces prix de ventes au détail, ceux des titres financiers et des biens immobiliers en baisse nous indiquent que nous sommes au bord de la déflation mondiale. La réponse conventionnelle à une baisse de la demande est de réduire les taux d’intérêts. La crise bancaire, cependant, a réduit l’efficacité de ces réductions de taux. Bien qu’il soit vrai que les taux britanniques puissent encore baisser significativement, les taux US sont déjà à un pour cent. Si nos économies n’y répondent toujours pas, qu’arrivera-t-il ?
Le problème peut-être décrit simplement. Malgré les efforts de diverses autorités, les prêts bancaires sont sévèrement modérés. Il y a une bonne raison à cela. Certaines banques ont prêté bien au-delà de leur niveau de dépôts, finançant les prêts additionnels grâce à la vente de produits de dettes hypothécaires et autres actifs ésotériques. Ces sources de financement se sont à présent évaporées et, par conséquent, le volume général des prêts diminue. Dans un monde idéal, bien sûr, les banques auraient été capables de trouver des sources alternatives de financement, mais jusqu’à présent elles ne l’ont pas fait. Le résultat net est un assèchement du crédit.
Jusqu’ici, rien que de très conventionnel. Cependant, nous nous dirigeons maintenant vers ce que je décris comme un territoire non conventionnel. En réponse à l’assèchement du crédit, les compagnies, les foyers et les investisseurs craignent une pénurie de liquidité. Toutes les liquidités qu’ils possèdent, ils les conservent. Toutes les liquidités dont ils ont besoin, ils les obtiennent par la vente d’autres actifs qui peuvent être échangés contre de l’argent. La panique est aux commandes.
Il y a en économie une relation très simple qui permet d’exprimer ce problème particulier. Elle est connue sous le nom d’identité de Fischer (d’après Irving Fischer) et s’écrit ainsi : MV=PT. M est la réserve de monnaie, V la rapidité de circulation (le nombre de fois où la monnaie change de mains au cours de l’année), P le niveau de prix et T le volume de transactions. En langage courant contemporain, PT est simplement la valeur du revenu national.
La contraction du crédit a eu un grand impact sur M. La quantité d’argent prêtée par les banques a été sévèrement réduite, ce qui a soumis les prix (P) et les rendements (T) à une pression baissière. Dans le même temps, alors que les gens ont commencé à se demander où ils pourraient bien trouver leur prochain prêt, ils se mirent à thésauriser leurs liquidités – à cacher ce qu’ils ont sous le matelas – et à liquider. Leurs actions réduisent la rapidité (V).
Ceci, pourtant, mène à une crise bien pire. A proportion que les gens thésaurisent, les rendements faiblissent et les prix chutent. Ces dépréciations, en retour, laisse ceux qui avaient trop emprunté au départ avec encore plus de dettes, pour cause de revenus en chute et d’actifs dévalorisés. Cela les pousse encore plus à thésauriser, et le problème ne fait qu’augmenter. C’est ce qui arriva dans les années 30. Puisque les banques ne pouvaient plus prêter, les gens conservèrent leur argent et, aux USA du moins, l’économie s’effondra.
La réponse conventionnelle du gouvernement à tout cela est d’emprunter encore plus d’argent. Au Royaume Uni, nous entendrons parler de ça dans les jours qui viennent. Pourtant, cela risque de ne pas être suffisant. Pour comprendre pourquoi, jetons un coup d’œil à l’expérience japonaise des deux dernières décennies.
Dès l’instant où le Japon succomba à la déflation, le gouvernement emprunta encore et encore pour maintenir à niveau l’activité économique. Ces emprunts supplémentaires, pourtant, n’ont pas été capables de revigorer l’économie japonaise car à chaque augmentation de l’emprunt public a répondu une augmentation supérieure des épargnes privées, en grande partie du fait de compagnies dont les dirigeants ont été déterminés à se débarrasser de dettes excessives dans les dernières années. Le niveau général d’épargne japonais a en fait augmenté malgré les efforts du gouvernement à emprunter plus. Cela est reflété par une comptabilité courante de la balance des paiements plus que jamais positive.
En d’autres termes, des emprunts gouvernementaux supérieurs, par eux-mêmes, ne semblent pas être suffisants pour redémarrer l’économie, particulièrement si les emprunts supplémentaires d’aujourd’hui sont compensés par de nouveaux impôts demain. Nous avons besoin d’autre chose.
Cet « autre chose », cela ne peut être que la monétisation. Il faut démarrer les rotatives. La monétisation exige la création de nouvelle monnaie, qui sera injectée dans l’économie. Pourquoi ? La réponse est très simple. Premièrement, la quantité de liquidité augmentera, ce qui fera augmenter le M de l’identité de Fischer. Deuxièmement, la rapidité (V) augmentera à proportion que cette nouvelle monnaie sera dépensée. Et, lors d’une dépression, qui est le plus à même de faire des dépenses ? Le gouvernement, bien sûr.
Une critique évidente de cette politique est qu’elle dévalorise la monnaie et, par conséquent, qu’elle créée l’inflation. Dans des circonstances normales, c’est vrai. Les gouvernements qui s’en sont remis à l’impression monétaire se sont souvent retrouvé avec de l’hyperinflation, comme la République de Weimar d’Allemagne le découvrit dans les années 20, et comme le découvre aujourd’hui le Zimbabwe. Mais ces exemples sont exceptionnels.
Le problème de notre monde nouvellement déflationnaire est une pénurie de liquidités. Ce n’est pas tant que les taux d’intérêts soient trop élevés, ou qu’ils ne puissent être inférieurs à zéro, mais plutôt que, quel que soit le taux d’intérêt, la quantité de monnaie en circulation est insuffisante. Cette quantité doit augmenter. Les baisses de taux d’intérêts, seules, ne peuvent accomplir cette tâche. La monétisation est un outil qui peut être utilisé pour augmenter la quantité de monnaie en circulation dans une économie où, pour l’instant, règne la pénurie de liquidités.
La monétisation est souvent considérée comme une forme de politique fiscale de vilains gouvernements. Dans les circonstances actuelles, cependant, la monétisation devrait être regardée comme la seule politique monétaire pour les banques centrales réalistes. Ensuite, pour crédibiliser cette politique, l’appel à sa mise en œuvre ne devrait pas venir des ministres des finances, mais plutôt des banquiers centraux mondiaux. Les banquiers centraux devraient se préparer à être efficaces à l’extrême au lieu de rester dans l’impotence conservative.
La monétisation n’est pas la réponse à tous nos problèmes financiers. Les banques souffriront toujours du manque de liquidités. Les gouvernements devront participer en injectant du capital dans le système financier et, peut-être, en fournissant les financements que les banques du secteur privé seront incapables de rassembler. Malgré cela, les rotatives pourront au moins empêcher un effondrement de la rapidité (V) qui sans cela jetterait nos économies dans une dépression profonde et durable. Et ce sont nos banques centrales indépendantes, et non les gouvernements, qui devraient insister pour prendre le contrôle de cette opportunité.
Stephen King,
Managing director of HSBC
Tout chef d'état devrait considérer cet article, écrit par un des leaders de la City, comme une menace de mort pour les économies nationales et pour les états-nations. Ce n'est peut-être pas un casus belli, mais une excellente raison de déchirer tout les traités nous liant à la BCE, et réorganiser nos économies grâce à une saine doctrine protectionniste et à des programmes de relance gaulliens ou rooseveltiens, sans quoi nous pourrions très bien nous retrouver "sans culotte" au printemps prochain.