10 juin 2008
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Le 22 janvier dernier, je vous avais proposé un tour de presse commenté sur l'évènement du moment dans le monde financier : la menace de dégradation des assureurs monolignes (ou "monolines"), qu'on appelle en France les "réhausseurs de crédits". L'affaire faisait trembler de peur et de fièvre les banques antropophages de Londres et Wall-Street, et de joie les opposants à la dictature financière internationale, dont je suis.
Pourtant, depuis, la menace semblait s'être éloignée et, à part FGIC et AMBAC, le calme semblait revenu. Mais, comme le dis si bien notre bon Jean de la Fontaine : " Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés". Et donc, depuis janvier, les bons docteurs Bernanke et Trichet, l'un accusant le poumon et l'autre le foie, l'un gavant le malade et l'autre le saignant, s'affairaient au chevet des pauvres créatures, et tentaient de les soulager du poids de leurs papiers "toxiques" : les titres hypothécaires, CDO's et autres titres de dettes monétisés.
Depuis janvier donc, ils ont prié les banques en possession de ces titres, dont les assureurs monolines garantissent la valeur, de les déposer en pension auprès de la Réserve Fédérale et de la Banque Centrale, en échanges de liquidités qu'on a fort bien vues dégringoler en déluge sur les marchés des matières premières, dernier refuge du spéculateur aux abois.
Soit dit en passant, le fait que la BCE prennent ces titres en pension signifie que c'est toi, lecteur, ainsi que tous les citoyens d'Europe, qui êtes en train d'offrir un tour gratuit aux truands de la spéculation et du pillage financier, en assumant pour eux le risque inhérent à ces titres, pendant une période pouvant aller "jusqu'à trois ans", dixit Trichet il y a quelques semaines. Après, quand tout cela se sera calmé, il faudra le leur rendre. Comment ? Vous n'êtes pas d'accord ? Ah mais monsieur, c'est prévu dans le traité de Lisbonne, comme ça l'était dans le traité constitutionnel.
Les banques s'étant purgées, il semble qu'on ait décidé de débrancher les Monolines, qui agonisaient là, sous perfusion, dans l'attente du sauvetage de ceux qui étaient autrefois leurs clients.
C'est ainsi que semble le voir cet excellent article, trouvé sur le site Contreinfo, que je vous propose de lire de suite :
Monolines : le pronostic vital est engagé
C’est Standard & Poor’s qui a eu la première le courage d’annoncer aux grandes malades que sont les monolines le diagnostic confirmant ce que tous pressentaient. Ambac et MBIA ont perdu leur note AAA, autant dire leur fond de commerce, et le potentiel de contagion de la dégradation du papier qu’elles assurent va coûter quelques dizaines - voire centaines - de milliards à un secteur financier qui se serait volontiers épargné cette nouvelle épreuve.
Contre Info, 7 juin 2008
Les lecteurs de Contre Info savent depuis longtemps que les monolines, les assureurs du crédit, sont l’un des points faibles du sytème financier - l’autre étant la pyramide instable des Credit-Default Swaps, atteignant aujourd’hui le montant astronomique de 62 000 milliards de dollars, que Warren Buffet qualifie « d’arme de destruction financière massive. » ( c'est effectivement le prochain épisode, si les patriotes ne se réveillent pas)
Après plusieurs mois d’atermoiements durant lesquels les agences de notation hésitaient à prononcer le verdict que tous les observateurs savaient inévitable (et pour cause - voir ci-dessus) , Standard & Poor’s a décidé franchir le pas. Les monolines - dont la valeur réelle se situe dans le registre du junk - se sont vues retirer la note d’excellence, pourtant indispensable à l’exercice de leur activité.
Les notations attribuées aux deux majors du secteur, Ambac et MBIA, ont été rétrogradées de deux niveaux, passant de « AAA » à « AA ».
Le métier des réhausseurs de crédit consiste à assumer le risque intrinsèque de défaillance sur les titres adossés à des crédits, permettant ainsi de leur attribuer la note AAA, indice d’une fiabilité maximum.
Cette décision de S&P équivaut à leur arrêt de mort. La qualité de leur assurance ne pouvant par nature être supérieure à la notation de l’entreprise, elles ne sont plus à même de délivrer la garantie AAA exigée par la plupart des investisseurs.
L’agence de notation Moody’s, qui a placé à nouveau les assureurs sous observation, devrait vraisemblablement imiter sous peu sa consoeur.
MBIA assure 668 milliards de crédit et Ambac 551 milliards.
Depuis le début de la crise, le cours de MBIA a perdu 91% et celui d’Ambac 97%.
Il est difficile de chiffrer dans l’immédiat l’ampleur des secousses qui vont à nouveau ébranler le système, mais une chose est sûre : la baisse de la note des assureurs, lorsqu’elle sera confirmée par Moody’s, va se propager sur celle du papier qu’ils garantissent.
D’ores et déjà, l’économiste Yves Smith fait état d’une première estimation. Sur les 1 200 milliards d’actifs garantis par les monolines, 600 milliards seraient détenus par les banques.
Selon Barclay’s, les dépréciations totales induites par cette rétrogradation atteindraient 143 milliards. UBS les estime à 203 milliards.
Citi, Merrill et UBS enregistreraient à elles trois entre 40 et 70 milliards de pertes.
Outre les banques, les municipalités sont également concernées. Historiquement, les monolines avaient débuté leur activité en garantissant les emprunts des collectivités locales. Des milliers d’obligations émises par les municipalités, dont Mobile, en Alabama, et Yonkers, dant l’état de New York, ont été dégradées par Standard & Poor’s.
Tous les gestionnaires de fonds qui se sont engagés auprès de leurs clients à ne détenir que des actifs classés AAA vont devoir également procéder à des ventes ou tenter de réassurer le papier désormais à découvert.
Sont concernés de la même façon les collatéraux gagés auprès de la Fed en échange des liquidités massives que la banque centrale a accordées aux banques. La Fed exige du AAA et contraindra les banques à reprendre les actifs dégradés.
De toute évidence, il s’agit d’un nouveau tournant dans cette crise, et il s’annonce délicat à négocier pour des établissements déjà fragilisés par les centaines de milliards qui se sont évaporés depuis le début de la crise.
Contre Info avec Bloomberg, Yves Smith
Pourtant, depuis, la menace semblait s'être éloignée et, à part FGIC et AMBAC, le calme semblait revenu. Mais, comme le dis si bien notre bon Jean de la Fontaine : " Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés". Et donc, depuis janvier, les bons docteurs Bernanke et Trichet, l'un accusant le poumon et l'autre le foie, l'un gavant le malade et l'autre le saignant, s'affairaient au chevet des pauvres créatures, et tentaient de les soulager du poids de leurs papiers "toxiques" : les titres hypothécaires, CDO's et autres titres de dettes monétisés.
Depuis janvier donc, ils ont prié les banques en possession de ces titres, dont les assureurs monolines garantissent la valeur, de les déposer en pension auprès de la Réserve Fédérale et de la Banque Centrale, en échanges de liquidités qu'on a fort bien vues dégringoler en déluge sur les marchés des matières premières, dernier refuge du spéculateur aux abois.
Soit dit en passant, le fait que la BCE prennent ces titres en pension signifie que c'est toi, lecteur, ainsi que tous les citoyens d'Europe, qui êtes en train d'offrir un tour gratuit aux truands de la spéculation et du pillage financier, en assumant pour eux le risque inhérent à ces titres, pendant une période pouvant aller "jusqu'à trois ans", dixit Trichet il y a quelques semaines. Après, quand tout cela se sera calmé, il faudra le leur rendre. Comment ? Vous n'êtes pas d'accord ? Ah mais monsieur, c'est prévu dans le traité de Lisbonne, comme ça l'était dans le traité constitutionnel.
Les banques s'étant purgées, il semble qu'on ait décidé de débrancher les Monolines, qui agonisaient là, sous perfusion, dans l'attente du sauvetage de ceux qui étaient autrefois leurs clients.
C'est ainsi que semble le voir cet excellent article, trouvé sur le site Contreinfo, que je vous propose de lire de suite :
Monolines : le pronostic vital est engagé
C’est Standard & Poor’s qui a eu la première le courage d’annoncer aux grandes malades que sont les monolines le diagnostic confirmant ce que tous pressentaient. Ambac et MBIA ont perdu leur note AAA, autant dire leur fond de commerce, et le potentiel de contagion de la dégradation du papier qu’elles assurent va coûter quelques dizaines - voire centaines - de milliards à un secteur financier qui se serait volontiers épargné cette nouvelle épreuve.
Contre Info, 7 juin 2008
Les lecteurs de Contre Info savent depuis longtemps que les monolines, les assureurs du crédit, sont l’un des points faibles du sytème financier - l’autre étant la pyramide instable des Credit-Default Swaps, atteignant aujourd’hui le montant astronomique de 62 000 milliards de dollars, que Warren Buffet qualifie « d’arme de destruction financière massive. » ( c'est effectivement le prochain épisode, si les patriotes ne se réveillent pas)
Après plusieurs mois d’atermoiements durant lesquels les agences de notation hésitaient à prononcer le verdict que tous les observateurs savaient inévitable (et pour cause - voir ci-dessus) , Standard & Poor’s a décidé franchir le pas. Les monolines - dont la valeur réelle se situe dans le registre du junk - se sont vues retirer la note d’excellence, pourtant indispensable à l’exercice de leur activité.
Les notations attribuées aux deux majors du secteur, Ambac et MBIA, ont été rétrogradées de deux niveaux, passant de « AAA » à « AA ».
Le métier des réhausseurs de crédit consiste à assumer le risque intrinsèque de défaillance sur les titres adossés à des crédits, permettant ainsi de leur attribuer la note AAA, indice d’une fiabilité maximum.
Cette décision de S&P équivaut à leur arrêt de mort. La qualité de leur assurance ne pouvant par nature être supérieure à la notation de l’entreprise, elles ne sont plus à même de délivrer la garantie AAA exigée par la plupart des investisseurs.
L’agence de notation Moody’s, qui a placé à nouveau les assureurs sous observation, devrait vraisemblablement imiter sous peu sa consoeur.
MBIA assure 668 milliards de crédit et Ambac 551 milliards.
Depuis le début de la crise, le cours de MBIA a perdu 91% et celui d’Ambac 97%.
Il est difficile de chiffrer dans l’immédiat l’ampleur des secousses qui vont à nouveau ébranler le système, mais une chose est sûre : la baisse de la note des assureurs, lorsqu’elle sera confirmée par Moody’s, va se propager sur celle du papier qu’ils garantissent.
D’ores et déjà, l’économiste Yves Smith fait état d’une première estimation. Sur les 1 200 milliards d’actifs garantis par les monolines, 600 milliards seraient détenus par les banques.
Selon Barclay’s, les dépréciations totales induites par cette rétrogradation atteindraient 143 milliards. UBS les estime à 203 milliards.
Citi, Merrill et UBS enregistreraient à elles trois entre 40 et 70 milliards de pertes.
Outre les banques, les municipalités sont également concernées. Historiquement, les monolines avaient débuté leur activité en garantissant les emprunts des collectivités locales. Des milliers d’obligations émises par les municipalités, dont Mobile, en Alabama, et Yonkers, dant l’état de New York, ont été dégradées par Standard & Poor’s.
Tous les gestionnaires de fonds qui se sont engagés auprès de leurs clients à ne détenir que des actifs classés AAA vont devoir également procéder à des ventes ou tenter de réassurer le papier désormais à découvert.
Sont concernés de la même façon les collatéraux gagés auprès de la Fed en échange des liquidités massives que la banque centrale a accordées aux banques. La Fed exige du AAA et contraindra les banques à reprendre les actifs dégradés.
De toute évidence, il s’agit d’un nouveau tournant dans cette crise, et il s’annonce délicat à négocier pour des établissements déjà fragilisés par les centaines de milliards qui se sont évaporés depuis le début de la crise.
Contre Info avec Bloomberg, Yves Smith