
Tous les moyens sont bons pour le respecter.
La Société Générale s'est fait prendre. SIV, CDO, titres de créances, dérivés et options de dérivés, la Générale touchait à tout et était devenue une géante en appliquant les méthodes de "comptablité créative" de ses consoeurs anglo-saxonnes.
Elle s'en est très bien sortie tant que les marchés étaient haussiers, et s'est pris une claque au retournement de celui-ci. C'est normal, c'est bien fait.
Comme ses consoeurs, la Générale était - est toujours - surexposée. Mais il est quasi impossible de savoir où ni de combien, grâce aux diverses dérégulations du système financier européen et mondial, et grâce aux montages sophistiqués possibles qui permettent de camoufler de mille manières des pertes, même colossales. C'est d'ailleurs la défense qu'offre M. Guaino à ses amis Bouton et Mustier (ce n'est pas une contrepèterie), dans ce cable AFP :
Banque: "corriger les règles" (Guaino)
Source: AFP
Henri Guaino, conseiller du président Nicolas Sarkozy, a affirmé aujourd'hui qu'il fallait réfléchir à "la manière de corriger les règles" d'un système bancaire "devenu fou", lors du grand jury RTL/Le Figaro/LCI.
Interrogé sur l'affaire de la Société générale, qui affirme être victime d'une "fraude" record de 4,9 milliards d'euros de la part de l'un de ses traders, M. Guaino a estimé que dans le système bancaire "tel qu'il est, nulle part dans le monde, un patron de banque ne sait exactement ce qui se passe dans sa banque pour des raisons qui tiennent à la nature du capitalisme financier".
En fin de semaine dernière, la panique s'était emparée des opérateurs financiers mondiaux suite à l'annonce de la dégradation probable des réhausseurs de crédits. Lundi et mardi dernier, on a vu les bancaires chuter spectaculairement partout sur la planète. La cause : les dépréciations d'actifs dues aux dégradations des réhausseurs, qui obligeraient les banques à chercher du capital pour garantir leurs en-cours, dans un marché de crédit asséché et archi-méfiant, au point que même les réhausseurs réputés archi-sûrs n'arrivaient pas à trouver de fonds.
La SocGen, en déroute depuis un petit moment déjà, devait présenter comme tout le monde ses comptes début janvier. Dire la vérité était impossible : la vérité, c'est que toutes les banques sont en faillite.

Il était risible de voir M. Bouton raconter sa fable avec une tête de pénitent très réussie, et encore plus drôle de le voir se défendre face aux journalistes furieux, comme un môme pris la main dans le pot de confiture. Une petite question en passant : qui a vendu du SocGen en masse depuis début janvier ?
Mais bon, malgré l'invraisemblance totale de cette histoire, ordre a été donné à la presse dite "de référence" de la vendre. Photos sinistres, problèmes affectifs, comportement associal, "en fuite", la totale.
J'ignore, comme à peu près tout le monde, le rôle exact de Kerviel dans tout cela. Comme tous les jeunes loups du trading, il sait que la "prise de risque" - tout ce qui est possible selon le 11ème commandement - est sollicitée par la hiérarchie avec insistance, et que les bonus juteux la récompense, si ça marche. Je suppose que les enquêteurs de la brigade financière doivent en ce moment se régaler de la cuisine interne de la Générale. Quelques nouvelles :
Société Générale: garde à vue prolongée
© France 3
La garde à vue du trader accusé par la Société Générale d'avoir causé près de 5 milliards de pertes a été prolongée
Jérôme Kerviel, 31 ans, est entendu à la Brigade financière depuis samedi 14h. Selon la police, "il s'est présenté spontanément, collabore et est prêt à s'expliquer".
Les avocats de Jérôme Kerviel ont accusé dimanche la banque de vouloir "élever un écran de fumée qui détournerait l'attention du public de pertes beaucoup plus substantielles".
Me Elisabeth Meyer et Christian Charrière-Bournazel, les avocats de J.Kerviel, ont affirmé que ce dernier n'avait "commis aucune malhonnêteté, n'a pas détourné un seul centime, n'a profité d'aucune manière des biens de la banque".
Les enquêteurs veulent savoir comment il aurait fait pour contourner les multiples protections de la banque, s'il a agi seul, et la nature de ses motivations.
Le parquet de Paris, du fait de sa compétence de juridiction interrégionale spécialisée, est saisi actuellement de deux plaintes. La première contre X a été déposée jeudi matin au nom d'un petit porteur pour "escroquerie, abus de confiance, faux et usage de faux, complicité et recel" et a conduit à l'ouverture d'une enquête préliminaire, confiée à la brigade financière. La seconde a été déposée par la Société Générale contre M. Kerviel pour "faux et usage de faux" et "atteinte au système de traitement automatisé des données".
La garde à vue de M. Kerviel est intervenue au lendemain d'une perquisition des enquêteurs de la Brigade financière à son domicile de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Les policiers ont emporté des documents, peu dignes d'intérêt selon une source proche du dossier citée par l'AFP.
Précisions de la Société Générale
Les positions frauduleuses prises par son trader atteignaient "environ 50 milliards d'euros" avant d'être liquidées dans l'urgence, les pertes se montant finalement à 4,9 milliards d'euros, a indiqué dimanche la Société Générale.
La banque précise, dans une "note explicative", que la position frauduleuse a été "débouclée" (vendue) en trois jours, "suivant un mode opératoire contrôlé", c'est-à-dire dans des limites de volumes inférieures à 10% des volumes traités sur les indices européens concernés, pour "respecter l'intégrité des marchés. L'opération était terminée le 23 janvier au soir.

La version donnée par la Société Générale, selon laquelle un trader isolé aurait provoqué des pertes de 4,9 milliards d'euros, suscite des doutes. Alors que les explications de la banque sur ses pertes colossales ont suscité l'incrédulité voire les critiques, le PDG Daniel Bouton s'est défendu samedi dans un entretien au Figaro . Il a réfuté notamment toute dissimulation: "Ce qui est arrivé à la Société Générale n'a rien à voir avec une catastrophe qui aurait été le fait de notre stratégie. Cela s'apparente à un incendie volontaire, qui aurait détruit une grosse usine d'un groupe industriel". Il a rejeté l'hypothèse d'avoir "transféré dans un trou nouveau des pertes provenant d'un autre trou", en l'occurrence celui généré par la crise financière internationale. "Cela, a-t-il souligné, ne tient pas debout, ni techniquement ni comptablement." Il a aussi démenti la responsabilité de la banque dans la chute des marchés financiers en début de semaine, ainsi que dans la décision mardi de la Réserve fédérale américaine (Fed) d'abaisser son principal taux directeur de 0,75 point.
Les plus hautes autorités de l'Etat, de Nicolas Sarkozy à François Fillon en passant par le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer, se sont employées vendredi et samedi à rassurer. Samedi en Inde, où il était en visite d'Etat, M. Sarkozy a plaidé pour une meilleure "transparence" des marchés financiers, estimant qu'ils devraient favoriser les entrepreneurs plutôt que les spéculateurs. "Il faut arrêter avec un système financier qui marche sur la tête et qui perd de vue sa finalité", a-t-il ajouté.
Des pertes en Allemagne, selon le Spiegel
Le trader accusé de "fraude" à la Société Générale avait acheté 140.000 contrats sur l'indice-vedette DAX en Allemagne, affirmait samedi le site internet de l'hebdomadaire Spiegel.
Ces contrats auraient été négociés il y a "quelques semaines" sur le marché dérivé Eurex, filiale suisse de Deutsche Börse. Le DAX a perdu 600 points entre le début de l'année et le 18 janvier, souligne le site, et Kerviel "probablement autour de 2 millards d'euros", estime-t-il.
"Les chefs de la banque parisienne ont reçu d'Allemagne les signaux d'alerte" sur ces pertes colossales, affirme le site du Spiegel.
Rappel de l'affaire
Jeudi, la Société Générale annonce avoir été victime d'une "fraude" de 4,9 milliards d'euros, concernant ses activités de produits financiers dits dérivés. Cette annonce a éclipsé une autre perte de 2 milliards d'euros, liées à la crise de "subprime".
La banque explique que l'un de ses traders, Jérôme Kerviel, 31 ans, a profité de "sa connaissance approfondie des procédures de contrôle" pour "dissimuler ses positions grâce à un montage élaboré de transactions fictives". Il aurait ainsi dissimulé des transactions portant sur plusieurs milliards d'euros.
Le trader est mis à pied et la Banque de France annonce qu'elle va diligenter une enquête.
Le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire, confiée à la brigade financière, après la plainte d'un actionnaire. La Société Générale dépose elle aussi une plainte pour "faux en écritures de banque, usage de faux en écritures de banque et intrusions informatiques.
Le PDG de la banque Daniel Bouton annonce qu'elle va procéder à une augmentation de capital de 5,5 milliards d'euros pour renforcer ses fonds propres.
Complice, lampiste, nous verrons bien. Mais la réalité, c'est que la Générale comme les autres est en déroute, que les plus malins - les insiders - ont vendus depuis longtemps, et que les conseillers financiers de toutes les agences de trading font du forcing auprès de leurs petits clients pour qu'ils conservent leurs titres, voire même qu'ils achètent selon l'adage "buy cheap, sell dear" - "achète à la baisse, vend à la hausse". C'est bien entendu criminel, cela tient de l'escroquerie, mais comme le disait Roosevelt :
Quel recours pouvait avoir le petit actionnaire, même s'il avait connaissance de ces trafics ?
Si, au nom de la morale, on demandait à ces gens-là : « Que pense votre conscience de ces procédés ? », ils répondraient : « l'essentiel pour nous est de ne pas contrevenir à la loi » ou bien « Combien de temps avons-nous encore pour continuer ces opérations ? »
Quoiqu'il en soit, cette histoire-écran de fumée n'empêchera pas la poursuite de la désintégration du système financier international, dont voici des nouvelles :
USA/Crédit - Les rehausseurs pourraient avoir besoin de $200 mds
par Neil Shah
WASHINGTON, 25 janvier (Reuters) - Les rehausseurs de crédit, mis à mal par la crise des subprime et la crise financière en général, ont tenté vendredi de rassurer les marchés alors que selon certaines estimations, ces assureurs auraient besoin de 200 milliards de dollars pour rester à flot.
Une injection de fonds propres permettrait aux rehausseurs de maintenir leur note de crédit au plus haut, outil indispensable pour leur activité qui est de garantir paiement et intérêts de toute une série d'émissions obligataires (obligations adossées, emprunts des collectivités locales, etc.)
Avec les défauts en augmentation de la part des ménages modestes ayant emprunté sur le segment du crédit immobilier à risque (subprime) et la chute de valeur des titres liés au subprime, les analystes redoutent que les rehausseurs de crédit ne soient redevables de milliards de dollars sur les émissions qu'ils ont garanties.
Les deux principales sociétés de rehaussement de crédit sont MBIA et Ambac Financial Group.
Deux commissions du Congrès s'intéressent à la question, tandis que le directeur de l'assurance de l'Etat de New York Eric Dinallo a exhorté les grandes maisons de Wall Street à mettre la main au portefeuille pour soutenir ces assureurs, dits aussi "monoline".
Wall Street, certains estiment que le plan orchestré par l'Etat de New York, qui n'en est qu'au stade de l'ébauche, pourrait ne pas être suffisant.
"Les chiffres qui circulent d'une injection de l'ordre de 15 milliards de dollars sur les monolines nous semble comme un cautère sur une jambe de bois", estiment les analystes du fonds spéculatif Bridgewater Associates dans une note diffusée jeudi à leurs clients. "Si l'on regarde les variations de cours des instruments qu'ils garantissent de même que leurs réserves, il nous semble qu'ils ont besoin d'au moins 70 milliards en plus de leurs réserves actuelles", ajoutent-ils.
TENTATIVES POUR RASSURER
Sean Egan, de la société de notation de crédit Egan-Jones Ratings, estime à 80 milliards de dollars les pertes possibles des six premiers assureurs monolines. Ce qui signifie que les rehausseurs pourraient avoir besoin de plus de 200 milliards de dollars pour conserver leur note "AAA", ajoute-t-il.
A l'inverse pour Dick Smith, analyste chez Standard & Poor's, même si l'on parvient à moins que les 15 milliards de dollars cités par la presse, cela pourrait être suffisant pour conserver les rations prudentiels des établissements concernés.
En outre, les banques de Wall Street ont investi dans les valeurs financières complexes qui bénéficient d'une notation supérieure en raison des garanties apportées par les rehausseurs de crédit. Une baisse de leur notation contraindrait les banques à déprécier la valeur de ces obligations pour refléter leur risque devenu plus élevé.
Pour compenser ces pertes potentielles, les banques pourraient avoir besoin de lever jusqu'à 143 milliards de dollars de fonds propres supplémentaires, selon une étude publiée vendredi par Barclays Capital.
De son côté, l'Association of Financial Guaranty Insurers a tenté de rassurer le marché en publiant un communiqué indiquant que ses membres étaient en "bonne santé financière" et a dit ne pas vouloir d'un sauvetage qui se ferait avec l'argent du contribuable.
"C'est un problème de liquidité, ce n'est pas un problème de fonds propres, si tant est qu'il y ait problème", a déclaré Bob Mackin, le directeur exécutif de l'association, joint au téléphone.
"Le secteur n'est pas au bord du dépôt de bilan. Rien n'est aussi éloigné que cela de la réalité", peut-on lire dans un communiqué distribué par un représentant de l'association.
Pendant ce temps, le milliardaire Wilbur Ross serait en train d'étudier diverses possibilités liées au rehaussement du crédit - créer sa propre société ou entrer au capital de firmes existantes - selon le Financial Times.
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