A défaut de pouvoir faire baisser le prix des carburants, Christine Lagarde conseille aux Français...d'utiliser leur vélo.
Ce n'est pas un scoop. Les politiques d'aujourd'hui sont des gestionnaires. Gestionnaires d'une crise financière internationale, ils n'osent pas s'attaquer aux causes des problèmes et changer les règles du jeu. Dernier exemple en date avec les prix du pétrole (voir ci-dessous). Bientôt nous aurons certainement droit aux bon conseils de Madame Lagarde en matière de chauffage: "Face aux prix de l'énergie, chauffez-vous au poêle à charbon!". Et que dira-t-elle lorsque les prix des produits de base alimentaires dépasseront les limites de ce que les ménages moyens peuvent budgéter? "Qu'ils pratiquent le jeûne, c'est très sain"? ; "Qu'ils mâchent quarante fois, cela rassasie"?
Ce n'est pas la peine de chercher très loin pour trouver qui promeut les décroissants et autres zozos verdâtres malthusiens. D'ici à ce qu'elle embauche Nicolas Hulot comme secrétaire d'état à la consommation!
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A esprit pratique, vie économique. Telle est la solution prônée par Christine Lagarde. La ministre de l'Economie et des Finances part en effet d'un syllogisme: "Les énergies fossiles vont devenir de plus en plus rares". "Ce qui est rare est cher." Donc le pétrole va devenir de plus en plus cher... et les Français vont devoir utiliser leurs "deux jambes et [leurs] deux roues." Partant d'un constat inéluctable, la ministre "en appelle à l'intelligence des Français." Par exemple, "sur l'autoroute, lever le pied, c'est rouler intelligent". Elle se dit "prête à donner l'exemple", en favorisant notamment les transports en commun, "considérés en France comme de grande qualité". Quant à ceux qui n'ont pas d'autre alternative que la voiture, l'ancienne ministre déléguée au Commerce extérieur leur propose le covoiturage. "Nous on n'a pas de pétrole, mais des idées!", ironise-t-elle, en faisant référence à la consommation "excessive et abusive" des Etats-Unis et au slogan français des années 1970.
En d'autres termes, Christine Lagarde ne voit pas de solution "concrète" pour réduire les prix du brut. Si elle s'engage à éviter que les grands distributeurs ne se fassent des "super-marges", elle souligne que celles-ci n'atteignent que 7% en moyenne ces derniers temps. "L'engagement de modération pris dans le passé doit être respecté", affirme-t-elle. En revanche, à la question de savoir si elle envisageait de réduire les marges arrières de l'Etat, la réponse est sans détour: "Non. Nous évoluons avec des contraintes budgétaires qui ne nous permettent pas d'écraser les sources de revenus pour le budget de l'Etat." Interrogée sur le conflit avec les marins pêcheurs, qui menacent de bloquer des dépôts de carburant, celle qui fût également ministre de la Pêche estime que le dialogue est "la meilleure solution pour trouver des solutions". Enfin, elle s'est voulue rassurante en assurant ne pas augmenter les prix du gaz dans l'immédiat.
"En choisissant bien son pompiste, on peut faire entre 15 et 20% d'économie"
Et n'en déplaise aux réfractaires d'un euro trop vigoureux, la ministre souligne par ailleurs que le prix de l'essence à la pompe augmente beaucoup moins vite que le prix du baril grâce à la force de l'euro. "Si l'euro valait un dollar, les Français paieraient le litre de sans-plomb 1,50 euros, et non 1,30 euros comme c'est le cas en ce moment", souligne-t-elle. "Je conseille aussi aux automobilistes de consulter notre site Prix-carburants.gouv.fr qui donne les prix de l'essence à la pompe dans 80% des stations services recensées en France. En choisissant bien son pompiste, on peut faire entre 15 et 20% d'économie sur un plein", conclut-elle, avouant implicitement son impuissance à répondre aux craintes des Français.