25 octobre 2007
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Enfin une voix discordante! Pas pour dire que les OGM c'est pas bien ou que le nucléaire va nous tuer, mais pour poser la question (osée) de la legitimité de l'hyper-médiatique Grenelle de l'environnement. Et Ferry le dit clairement : "Ce "Grenelle" n'a de légitimité ni scientifique, ni républicaine"! Alors là, moi, j'applaudis. Si Ferry pouvait aussi déclarer "Ce prix Nobel de la paix n'a de légitimité ni scientifique, ni républicaine, ni morale", je serais aux anges...
Extraits de l'article de Luc Ferry paru dans le Figaro:
Au fond de l'écologie contemporaine, il y a toujours cette « grande peur planétaire » que les militants déclinent en une multitude de rubriques : épuisement des ressources naturelles, dangers nucléaires, traitement des déchets, manipulations génétiques, réchauffement climatique, atteintes à la biodiversité, pollution des mers et des rivières...
Craintes factuelles et empiriques, portant sur des périls dont on devrait bien parvenir un jour à mesurer de manière scientifique la réalité et la portée exactes.
Mais il y a plus, et autre chose, dans le souci de préserver la nature telle qu'elle est, voire de la restaurer telle qu'elle fut pour la transmettre aux futures générations : le principe fondateur d'une « autre politique », plus ou moins anticapitaliste et altermondialiste, qui soumette enfin l'économie à l'écologie.
Et pour la justifier, rien n'est plus précieux que de pouvoir s'appuyer sur cette formidable et si commune passion qu'est la peur.
(...) Car nos écologistes militants, de gauche comme maintenant de droite, associent de manière imparable trois logiques qui, au final, forment un redoutable piège : une logique de la peur selon laquelle cette passion, naguère encore honteuse, serait désormais un vecteur de sagesse - ce dont témoigne la calamiteuse inscription du principe de précaution dans une Constitution où il n'a que faire ; une logique médiatique, où les people, animateurs télé, vedettes de cinéma, de la chanson ou de la politique, relèguent les scientifiques et les économistes sérieux au fond du fond du panier ; enfin une logique d'interdiction qui, une fois la panique bien ancrée dans les esprits, n'a plus qu'à se baisser pour en ramasser les dividendes politiques.
(...) Quoi qu'il en sorte, c'est fort heureusement au Parlement qu'il reviendra de trancher. Voilà pourquoi il est indispensable de l'éclairer plus et mieux qu'aujourd'hui, et de créer à cette fin, en s'inspirant des enseignements qu'on peut maintenant tirer du fonctionnement des comités d'éthique, une véritable institution républicaine, composée au premier chef d'authentiques scientifiques, qui soit enfin chargée d'éclairer l'espace public.
Il est désormais vital qu'existe sur ces questions un lieu dans lequel on organise le nécessaire débat contradictoire sur des sujets, par exemple les OGM, dont la simple honnêteté intellectuelle oblige à affirmer qu'ils sont loin d'être tranchés.
Un lieu dans lequel on puisse distinguer les vrais risques des rumeurs absurdes, mais aussi construire une hiérarchie des priorités sans laquelle aucune politique ambitieuse n'a de sens.
Pour l'instant, c'est l'alliance de la peur et des médias qui domine. Il faut lui substituer celle de la science et de la République.