24 septembre 2007
1
24
/09
/septembre
/2007
00:41
Voici l'intégralité d'un très bon papier publié hier dans le JDD. Pourfendeur de l'unanimisme actuel sur l'écologie, Jean de Kervasdoué, membre de l'Académie des technologies et ancien directeur des hôpitaux, vient de publier Les prêcheurs de l'apocalypse (Plon). Peut-être une lueur d'espoir dans un monde gavé de catastrophisme écologique?
A noter aussi, le dernier numéro de Courrier International qui aborde lui aussi le thème des "septiques du réchauffement climatique" (de façon très inégale). J'y reviendrai.
Par Jean de Kervasdoué
"Nous, citoyens des pays riches, avons eu la chance de gagner des batailles contre la nature. Nous,avons peu à peu réussi à nous fabriquer un monde plus favorable. Un milieu artificiel, rempart contre les aléas naturels. Rien qu'en ajoutant du chlore dans l'eau, nous avons gagné au XIX' siècle plusieurs années d'espérance de vie. Il suffit aujourd'hui de regarder les principales causes de mortalité,dans les pays du Nord pour s'en convaincre. Le tabac, l'alcool, l'obésité: le principal danger qui menace l'Occident ne se trouve plus dans son environnement, il est en lui. Dans les pays du Sud, il en va tout autrement. Si on continue d'y mourir en masse, c'est que l'on n'y mange pas à sa faim, que l'accès à l'eau potable et aux réseaux d'assainissement y est difficile, que le bois de chauffage ou le charbon utilisés pour faire la cuisine - une énergie aussi naturelle que renouvelable - entraînent des maladies respiratoires sévères. Nous n'avons pas donné aux pauvres de la planète les moyens de se protéger de la nature. Et pour ces milliards d'êtres humains, les questions d'environnement n'ont rien à voir avec le comptage des papillons, mais évoquent plutôt la diarrhée des enfants empoisonnés par l'eau du puits.
Alors oui, le discours de l'écologie politique m'indigne! Il n'est pas question ici de remettre en cause la question du réchauffement climatique, même s'il n'a pas encore permis à la Terre d'atteindre en 2006 la température moyenne qu'elle avait en l'an 1000. Mais comment ces prophètes de l'apocalypse vont-ils expliquer aux Chinois ou aux Indiens qu'il faudra pour le bien commun renoncer aux machines à laver, aux voitures ou à la climatisation? Leur dire que ce dont ont bénéficié les pays du Nord leur est désormais interdit? Comment vont-ils s'y prendre pour convaincre les Occidentaux de vivre dans le froid ou la chaleur afin que l'eau ne remonte pas dans le Pacifique? Il faut se rendre à l'évidence, ce qui est bon pour l'homme est souvent mauvais pour la nature. L'écologie humaine ne peut donc être qu'en conflit avec l'écologie planétaire.
Arrêtons avec ce discours simpliste, ces croyances quasi religieuses, pour en revenir aux faits et à la vérité des chiffres. La première source de gaz à effet de serre, ce sont les centrales thermiques, notamment celles au charbon. Vient ensuite la déforestation, et en troisième position seulement le transport. Les écologistes politiques s'emploient depuis des années à déformer la réalité en pointant les dangers du nucléaire alors qu'il peut être une solution, car il ne crache pas de CO2. Les dangers, je ne les nie pas, je veux juste rappeler des ordres de grandeur: il y a chaque année dans le monde 14.000 morts dans les mines de charbon alors que le dramatique accident de Tchernobyl a tué une centaine de personnes et, selon les estimations, devrait entraîner la mort de 4.000 autres en cinquante ans.
Ils veulent nous faire croire aussi que l'on pourra résoudre le problème de l'énergie avec des éoliennes. Mais ils ne disent pas qu'elles coûtent dix fois plus cher que le nucléaire et qu’il faut 25.000 éoliennes pour atteindre la production d'une seule centrale nucléaire en France. Même chose pour les OGM. Si l'on ne fabrique pas des plantes qui permettent d'augmenter la productivité des surfaces cultivées pour nourrir les hommes qui vont naître, les paysans seront obligés de continuer à brûler les forêts pour y faire pousser leurs cultures et de détruire la biodiversité. Y a-t-il une solution? Augmenter très fortement le prix de l'énergie, oui; mais une fois de plus au détriment des pauvres."
--------------------------------------------------------
Plus sur les mouvements écologistes :
"Etude sur la nature des mouvements écologistes et leurs véritables objectifs"